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Les Nouvelles de Chrétienté N° 174 : Enseignement du Pape durant la semaine pascale

Les Nouvelles de Chrétienté N° 174 : Enseignement du Pape durant la semaine pascale

publié dans nouvelles de chrétienté le 24 avril 2009


Le lundi de Pâques, 13 avril 2009, lors du « Regina caeli »

Chers frères et sœurs!

En ces jours de Pâques, nous entendrons souvent retentir les paroles de Jésus: «Je suis ressuscité et je suis toujours avec toi». Faisant écho à cette annonce, l’Eglise proclame avec joie: «Oui, nous en sommes certains! Le Seigneur est vraiment ressuscité! Alléluia! A lui gloire et puissance pour les siècles des siècles». C’est toute l’Eglise en fête qui manifeste ses sentiments en chantant: «C’est le jour du Christ Seigneur». En effet, en ressuscitant de la mort, Jésus a inauguré son jour éternel et a ouvert également la porte à notre joie. «Je ne mourrai pas – dit-Il, je resterai en vie». Le Fils de l’homme crucifié, pierre écartée par les bâtisseurs, est devenu désormais le fondement solide du nouvel édifice spirituel, qui est l’Eglise, son Corps mystique. Le peuple de Dieu, qui a le Christ comme son chef invisible, est destiné à croître au cours des siècles, jusqu’au plein accomplissement du dessein de salut. Alors, l’humanité tout entière sera incorporée à Lui, et chaque réalité existante sera pénétrée par sa victoire définitive. Saint Paul écrit: Il sera «l’accomplissement total de toute chose» (cf. Ep 1, 23) et «Dieu sera tout en tous» (1 Co 15, 28).

C’est pourquoi la communauté chrétienne – nous tous – se réjouit à juste titre car la résurrection du Seigneur nous assure que le dessein divin du salut, en dépit de toutes les obscurités de l’histoire, s’accomplira. Voilà pourquoi sa Pâque est véritablement pour nous espérance. Et nous, ressuscités avec le Christ au moyen du Baptême, nous devons à présent le suivre fidèlement dans la sainteté de vie, en marchant vers la Pâque éternelle, soutenus par la conscience que les difficultés, les luttes, les épreuves, les souffrances de notre existence, y compris la mort, ne pourront plus désormais nous séparer de Lui et de son amour. Sa résurrection a jeté un pont entre le monde et la vie éternelle, sur lequel tout homme et toute femme peut passer pour atteindre le véritable objectif de notre pèlerinage terrestre.

«Je suis ressuscité et je suis toujours avec toi». Cette garantie que formule Jésus se réalise surtout dans l’Eucharistie; c’est dans chaque célébration eucharistique que l’Eglise, et chacun de ses membres, fait l’expérience de sa présence vivante et bénéficie de toute la richesse de son amour. Dans le sacrement de l’Eucharistie, le Seigneur ressuscité est présent et, riche de miséricorde, nous purifie de nos fautes; il nous nourrit spirituellement et nous insuffle la force afin de soutenir les dures épreuves de l’existence et de lutter contre le péché et le mal. C’est lui le soutien sûr de notre pèlerinage vers la demeure éternelle du Ciel. Que la Vierge Marie, qui a vécu aux côtés de son Fils divin à chaque étape de sa mission sur terre, nous aide à accueillir avec foi le don de Pâques et fasse de nous d’heureux, fidèles et joyeux témoins du Seigneur ressuscité.

Au cours de l’audience générale du mercredi 15 avril 2009

Chers frères et sœurs,

L’audience générale traditionnelle du mercredi est empreinte aujourd’hui d’une joie spirituelle, qu’aucune souffrance ni peine ne peuvent effacer, car c’est une joie qui jaillit de la certitude que le Christ, par sa mort et sa résurrection, a définitivement triomphé sur le mal et sur la mort. « Le Christ est ressuscité ! Alléluia ! » chante l’Eglise en fête. Et ce climat de fête, ces sentiments typiques de Pâques, se prolongent non seulement au cours de cette semaine – l’Octave de Pâques – mais s’étendent au cours des cinquante jours qui vont jusqu’à la Pentecôte. Le mystère de Pâques embrasse même toute la durée de notre existence.

En ce temps liturgique, les références bibliques et les invitations à la méditation, qui nous sont offertes pour approfondir la signification et la valeur de Pâques, sont vraiment nombreuses. La « via crucis » que, au cours du Saint Triduum, nous avons re-parcourue avec Jésus jusqu’au Calvaire, en en revivant la douloureuse Passion, est devenue, au cours de la solennelle Veillée de Pâques, une « via lucis » réconfortante, un chemin de lumière et de renaissance spirituelle, de paix intérieure et de solide espérance. Après les pleurs, après le désarroi du Vendredi saint, suivi par le silence chargé d’attente du Samedi saint, à l’aube du « premier jour après le sabbat » a retenti avec vigueur l’annonce de la Vie qui a vaincu la mort : « Dux vitae mortuus / regnat vivus – le Seigneur de la vie était mort ; mais à présent, vivant, il triomphe ! » La nouveauté bouleversante de la résurrection est si importante que l’Eglise ne cesse de la proclamer, en prolongeant son souvenir en particulier chaque dimanche, jour du Seigneur et Pâque hebdomadaire du peuple de Dieu. Nos frères orientaux, comme pour souligner ce mystère de salut qui enveloppe notre vie quotidienne, appellent le dimanche en russe « jour de la résurrection » (voskrescénje).

Il est donc fondamental pour notre foi et pour notre témoignage chrétien de proclamer la résurrection de Jésus de Nazareth comme un événement réel, historique, attesté par de nombreux témoins faisant autorité. Nous l’affirmons avec force car, à notre époque également, beaucoup cherchent à en nier l’historicité, en réduisant le récit évangélique à un mythe, en reprenant et en présentant des théories anciennes et déjà utilisées comme nouvelles et scientifiques. Certes, la résurrection n’a pas été pour Jésus un simple retour à la vie terrestre précédente, mais elle a été le passage à une dimension profondément nouvelle de vie, qui nous concerne nous aussi, qui touche toute la famille humaine, l’histoire et tout l’univers. Cet événement a changé l’existence des témoins oculaires, comme le démontrent les récits évangéliques et les autres écrits néotestamentaires ; il s’agit d’une annonce que des générations entières d’hommes et de femmes au cours des siècles ont écoutée avec foi et dont ils ont témoigné, souvent au prix de leur sang, à travers le martyre. Cette année également, cette bonne nouvelle retentit à Pâques, de façon immuable et toujours nouvelle, dans tous les lieux de la terre : Jésus mort en croix est ressuscité, il vit glorieux car il a vaincu le pouvoir de la mort. Telle est la victoire de la Pâque ! Tel est notre salut ! Et avec saint Augustin, nous pouvons chanter : « La résurrection du Christ est notre espérance ! ».

C’est vrai : la résurrection de Jésus fonde notre solide espérance et illumine tout notre pèlerinage terrestre, y compris l’énigme humaine de la douleur et de la mort. La foi dans le Christ crucifié et ressuscité est le cœur de tout le message évangélique, le noyau central de notre « Credo ». Nous pouvons trouver une expression faisant autorité de ce « Credo » essentiel dans un passage célèbre des écrits de saint Paul, contenu dans la Première Lettre aux Corinthiens (15, 3-8), où l’Apôtre, pour répondre à certaines personnes de la communauté de Corinthe qui, paradoxalement, proclamaient la résurrection de Jésus, mais niaient celle des morts, transmet fidèlement ce que lui-même avait reçu de la première communauté apostolique concernant la mort et la résurrection du Seigneur.

Il commence par une affirmation presque péremptoire : « Frères, je vous rappelle la Bonne Nouvelle que je vous ai annoncée ; cet Evangile, vous l’avez reçu, et vous y restez attaché, vous serez sauvés par lui si vous le gardez tel que je vous l’ai annoncé ; autrement, c’est pour rien que vous êtes devenus croyants » (vv. 1-2). Il ajoute aussitôt qu’il leur a transmis ce que lui-même a reçu. Suit alors l’épisode que nous avons écouté au début de notre rencontre. Saint Paul présente tout d’abord la mort de Jésus et apporte à un texte aussi dépouillé, deux ajouts à la nouvelle que « le Christ est mort ». Le premier ajout est : il est mort « pour nos péchés » ; le deuxième est : « conformément aux Ecritures » (v. 3). L’expression « conformément aux Ecritures » place l’événement de la résurrection du Seigneur en relation avec l’histoire de l’Alliance vétérotestamentaire de Dieu avec son peuple, et nous fait comprendre que la mort du fils de Dieu appartient au tissu de l’histoire du salut, et que c’est même d’elle que cette histoire tire sa logique et sa véritable signification. Dans le mystère pascal s’accomplissent les paroles de l’Ecriture, c’est-à-dire qu’il s’agit d’un événement qui porte en soi un logos, une logique : la mort du Christ témoigne que la Parole de Dieu s’est faite jusqu’au fond « chair », « histoire » humaine. On comprend comment et pourquoi ceci a eu lieu à partir du deuxième ajout que saint Paul apporte : le Christ est mort « pour nos péchés ». Avec ces paroles, le texte de saint Paul semble reprendre la prophétie d’Isaïe contenue dans le Quatrième chant du Serviteur de Dieu (cf. Is 53, 12). Le Serviteur de Dieu « s’est livré lui-même jusqu’à la mort », a porté « le péché des multitudes », et intercédant pour les « criminels », il a pu apporter le don de la réconciliation des hommes entre eux et des hommes avec Dieu : sa mort met donc fin à la mort ; le chemin de la Croix conduit à la Résurrection.

Dans les versets qui suivent, l’Apôtre s’arrête ensuite sur la résurrection du Seigneur. Il dit que le Christ « est ressuscité le troisième jour conformément aux Ecritures ». De nombreux exégètes entrevoient dans l’expression : « il est ressuscité le troisième jour conformément aux Ecritures » un rappel significatif de ce que nous lisons dans le Psaume 16, où le Psalmiste proclame : « Tu ne peux m’abandonner à la mort ni laisser ton ami voir la corruption » (v. 10). Il s’agit de l’un des textes de l’Ancien Testament, cités aux débuts du christianisme, pour démontrer le caractère messianique de Jésus. Etant donné que selon l’interprétation juive, la corruption commençait après le troisième jour, la parole de l’Ecriture s’accomplit en Jésus qui ressuscite le troisième jour, c’est-à-dire avant que ne commence la corruption. Saint Paul, transmettant fidèlement l’enseignement des Apôtres, souligne que la victoire du Christ sur la mort a lieu à travers la puissance créatrice de la Parole de Dieu. Cette puissance divine apporte espérance et joie : c’est en définitive le contenu libérateur de la révélation pascale. Dans la Pâque, Dieu se révèle lui-même et révèle la puissance de l’amour trinitaire qui anéantit les forces destructrices du mal et de la mort.

Chers frères et sœurs, laissons-nous illuminer par la splendeur du Christ ressuscité. Accueillons-le avec foi et obéissons généreusement à son Evangile, comme le firent les témoins privilégiés de sa résurrection ; comme le fit, de nombreuses années plus tard, saint Paul, qui rencontra le divin Maître de façon extraordinaire sur la route de Damas. Nous ne pouvons pas garder uniquement pour nous l’annonce de cette Vérité qui change la vie. Et, avec une confiance humble, nous prions : « Jésus, qui, ressuscitant des morts, as anticipé notre résurrection, nous croyons en Toi ! ». Je voudrais conclure par une exclamation qu’aimait répéter Sylvain du Mont Athos : « Réjouis-toi, mon âme. C’est toujours Pâques car le Christ ressuscité est notre résurrection ! ». Que la Vierge Marie nous aide à cultiver en nous, et autour de nous, ce climat de joie pascale, pour être les témoins de l’Amour divin dans chaque situation de notre existence. Encore une fois, Bonnes Pâques à vous tous !

Le dimanche « in albis » 19 avril 2009, avant le Régina Caeli

Chers frères et sœurs !

A vous qui êtes ici présents, et à ceux qui sont unis à nous à travers la radio et la télévision, je renouvelle de tout cœur mes vœux fervents de Pâques, en ce dimanche qui clôture l’Octave de Pâques. Dans le climat de joie qui vient de la foi dans le Christ ressuscité, je désire ensuite remercier très cordialement tous ceux – et ils sont vraiment très nombreux – qui ont voulu me faire parvenir un signe d’affection et de proximité spirituelle en ces jours, aussi bien pour les fêtes pascales, que pour mon anniversaire – le 16 avril – tout comme pour le 4e anniversaire de mon élection à la Chaire de Pierre, qui tombe précisément aujourd’hui. Je remercie le Seigneur pour tant d’affection unanime. Comme j’ai eu l’occasion de le dire récemment, je ne me sens jamais seul. En cette semaine, qui pour la liturgie constitue un seul jour, j’ai fait encore davantage l’expérience de la communion qui m’entoure et me soutient : une solidarité spirituelle, essentiellement nourrie de prière, qui se manifeste de mille manières. A commencer par mes collaborateurs de la curie romaine, jusqu’aux paroisses géographiquement plus lointaines, nous, catholiques, nous formons et nous devons nous sentir une seule famille, animée par les mêmes sentiments que la première communauté chrétienne, dont parle le texte des Actes des Apôtres que l’on lit en ce dimanche : «La multitude de ceux qui étaient devenus croyants avait un seul cœur et une seule âme » (Ac 4, 32).

La communion des premiers chrétiens avait comme véritable centre et fondement le Christ ressuscité. L’Evangile raconte en effet qu’au moment de sa Passion, lorsque le divin Maître est arrêté et condamné à mort, les disciples se dispersèrent. Seuls Marie et les femmes, avec l’apôtre Jean, restèrent ensemble et le suivirent jusqu’au calvaire. Ressuscité, Jésus donna aux siens une nouvelle unité, plus forte qu’auparavant, invincible, fondée, non sur les ressources humaines, mais sur la miséricorde divine, qui les a fait se sentir tous aimés et pardonnés par lui. C’est donc l’amour miséricordieux de Dieu qui unit solidement, aujourd’hui comme hier, l’Eglise et qui fait de l’humanité une seule famille ; l’amour divin, qui, par Jésus, crucifié et ressuscité, pardonne nos péchés et nous renouvelle intérieurement. Animé par cette conviction intime, mon bien-aimé prédécesseur, Jean-Paul II, a voulu consacrer ce dimanche, qui est le 2e dimanche de Pâques, à la Miséricorde divine, et il a indiqué à tous le Christ ressuscité comme la source de la confiance et de l’espérance, en accueillant le message spirituel transmis par le Seigneur à sainte Faustine Kowalska, synthétisé dans l’invocation : « Jésus, j’ai confiance en toi ! ».

Comme pour la première communauté, c’est Marie qui nous accompagne dans la vie de tous les jours. Nous l’invoquons comme «Reine du Ciel», sachant que sa royauté est comme celle de son Fils : tout amour, et amour miséricordieux. Je vous demande de confier à nouveau à Marie mon service de l’Eglise, alors que nous lui disons avec confiance : Mater misericordiae, ora pro nobis.

Après le Régina Caeli

J’adresse tout d’abord un salut cordial et des vœux fervents à nos frères et sœurs des Eglises orientales qui, suivant le calendrier julien, célèbrent aujourd’hui la sainte Pâque. Que le Seigneur ressuscité renouvelle en tous la lumière de la foi et donne une abondance de joie et de paix.

Puis le pape a évoqué la Conférence des Nations unies à Genève sur le racisme, qui s’est ouverte lundi 20 avril :

C’est demain à Genève que commencera, organisée par les Nations unies, la Conférence d’examen de la Déclaration de Durban de 2001 contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et de l’intolérance qui y est associée. Il s’agit d’une initiative importante, car aujourd’hui encore, malgré les enseignements de l’histoire, on enregistre ces phénomènes déplorables. La Déclaration de Durban reconnaît que « tous les peuples et les tous les individus constituent une seule et même famille humaine, riche dans sa diversité. Ils ont contribué aux progrès de la civilisation et des cultures qui constituent le patrimoine commun de l’humanité… La promotion de la tolérance, du pluralisme et du respect peuvent conduire à des sociétés moins exclusives ». A partir de cette affirmation, on demande une action ferme et concrète, au niveau national et international, pour prévenir et éliminer toute forme de discrimination et d’intolérance. En particulier, une large œuvre d’éducation est nécessaire, qui exalte la dignité de la personne et en sauvegarde les droits fondamentaux. L’Eglise, quant à elle, réaffirme que seule la reconnaissance de la dignité de l’homme, créé à l’image et à la ressemblance de Dieu, peut constituer une référence pour cet engagement. En effet, de cette origine commune naît un destin commun de l’humanité, qui devrait susciter en chacun et en tous un profond sens de solidarité et de responsabilité. Je forme des vœux sincères afin que les délégués présents à la Conférence de Genève travaillent ensemble, dans un esprit de dialogue et d’accueil réciproque, pour mettre fin à toute forme de racisme, de discrimination et d’intolérance, marquant ainsi un pas fondamental vers l’affirmation de la valeur universelle de la dignité de l’homme et de ses droits, dans un horizon de respect et de justice pour chaque personne et chaque peuple.

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