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Entraide et Tradition
« En vérité, en vérité, je vous le dis, si quelqu’un garde ma parole, il ne verra jamais la mort ».

« En vérité, en vérité, je vous le dis, si quelqu’un garde ma parole, il ne verra jamais la mort ».

publié dans couvent saint-paul le 17 mars 2010


Prédication pour le Ier dimanche de la Passion.

« En vérité, en vérité, je vous le dis, si quelqu’un garde ma parole, il ne verra jamais la mort ».

« Si quis sermonem meum servaverit, mortem non videbit in aeternum »

 

MBCF,

 

Il n’y a peut-être pas de phrase plus forte, plus importante pour notre âme  que cette phrase de NSJC : « Si quelqu’un garde ma parole, il ne verra jamais la mort ».

C’est une promesse fabuleuse.
C’est une promesse réjouissante.

C’est une promesse qui fonde notre espérance du Ciel : « si quelqu’un garde ma parole il ne verra jamais la mort »

 

Elle sonne aussi fort dans mon âme que cette autre phrase de NSJC disant, lors de sa prière sacerdotale : « Père, ceux que vous m’avez donnés, je veux que là où je suis, ils y soient avec moi » ou encore « je vais vous préparer une place ».

 

Cette phrase, cet enseignement du Seigneur entre parfaitement dans notre prédication de Carême qui porte, il vous en souvient, sur le salut. Nous cherchons à savoir en quoi consiste le salut ? Nous avons répondu d’une façon catégorique que le salut c’est le Christ. C’est l’enseignement formel de saint Pierre : « Il n’y a pas d’autre nom sous le ciel que ce nom de Jésus par lequel nous pouvons être sauvés ». Nous savons que ce salut a pour objet la rémission du péché d’Adam et de nos propres péchés ; il a pour terme la vie éternelle. Nous savons que pour avoir cette vie éternelle, il faut s’adonner à la garde des dix commandements. « Maître, que dois-je faire pour avoir la vie éternelle ? » Et Jésus de lui répondre : « garde les commandements ». C’est clair.

 

C’est, me semble-t-il, un peu le même enseignement que nous donne Jésus, en ce dimanche, dans cette parole : « Si quelqu’un garde ma parole, il ne verra jamais la mort », c’est-à-dire, il vivra toujours. Il connaîtra la béatitude éternelle.

 

« Garder sa parole » est la condition sine qua non de la vie éternelle.

 

En latin, nous avons le verbe « servire ». C’est un mot très riche. Sa  multiplication de sens va déterminer, va préciser notre attitude vis-à-vis de la parole de Dieu.

 

Son sens premier est « sauver », « préserver » « protéger », « défendre contre ». C’est le sens même du verbe « custodire » que l’Eglise utilise pour définir joliment l’attitude de saint Joseph dans la garde de la sainte famille. Dans les litanies de saint Joseph nous avons bien cette belle exclamation « Custos pudice Virginis », « le gardien très pudique de la Vierge Marie ». Il fut celui qui la garda, la protégea, la conserva, la surveilla, la prit en garde, veilla sur elle.

 

Telle  doit être notre première attitude vis-à-vis de la parole de Dieu. Nous devons la « garder » fidèlement, si besoin est, la protéger, la défendre contre des ennemis. Et c’est pourquoi sonnent très juste les réclamations de Jean Madiran depuis quarante ans, demandant au Pape qu’on nous redonne « la messe le catéchisme, la sainte Ecriture ».  Trois biens précieux qui furent menacés, qui sont menacés. Le premier a été redonné à la Chrétienté : la messe tridentine, du moins son droit a été rappelé,  même s’il n’est pas encore d’application ni aisée ni universelle…Mais le mouvement est irréversible. Nul ne pourra aller contre.

 

Et cette garde, cette veille, cette défense de la parole de Dieu nous est une obligation. Souvenez-vous de cette belle phrase de Dom Guéranger disant à ses moines : « Il est dans le trésor de la Révélation des points essentiels, dont tout chrétien, par le fait même de son titre de chrétien, a la connaissance nécessaire et la garde obligé …Les vrais fidèles sont les hommes qui puisent dans leur baptême –en période d’hérésie – l’inspiration d’une ligne de conduite ; non les pusillanimes qui, sous le prétexte spécieux de la soumission au pouvoir établis, attendent, pour courir à l’ennemi ou s’opposer à ses entreprises, un  programme qui n’est pas nécessaire et qu’on ne doit point leur donner ».

 

« Servire » veut dire aussi « conserver », « garder en réserve ». Mais ce fut l’attitude la Vierge Marie qui, nous dit l’évangéliste saint Luc « conservait toutes ces choses en elle-même les repassant en son coeur ». « Maria autem conservabat omnia verba haec conferens  in corde suo ». C’est l’attitude de l’orante, de la prière. Il faut donc conclure que ne connaîtra pas la vie éternelle ou qu’il met sa vie éternelle en danger, celui qui ne prie pas. Car « servir » la parole de Dieu implique aussi cette contemplation intérieure. Et les saints dans leurs audaces catégoriques, sans ménagement, allaient de part le monde et répétaient sans cesse : celui qui prie, se sauve, celui qui ne prie pas se damne. Or la vie actuelle, l’activisme contemporain, le matérialisme présent, le bruit constant dans lequel beaucoup se meuvent, coupent non seulement  les gens les uns des autres, nous projetant  dans l’individualisme, mais leur empêche surtout tout recueillement, toute méditation. Il faut donc rompre catégoriquement avec ce mode de vivre.

 

Mais « servire » veut dire aussi, « observer », « respecter », « être fidèle à »…C’est ce que firent et Notre Dame et Saint Joseph. Ils respectèrent la parole de l’ange : ils  lui donnèrent le nom de Jésus comme l’ange l’avait ordonné donnant ainsi à entendre quelle serait sa mission : « il sauvera son peuple de ses péchés ». « Le huitième jour étant arrivé, auquel l’Enfant devait être circoncis, il fut appelé Jésus, nom que l’ange lui avait donné avant qu’il eût été conçu dans le sein de sa Mère ».  Ils observèrent la loi de Moïse et Ils portèrent l’enfant au Temple, c’est la présentation,  comme les y obligeait la loi de Moïse : « Quand les jours de leur purification furent accomplis selon la Loi de Moïse, Marie et Joseph portèrent l’enfant à Jérusalem pour le présenter au Seigneur, suivant ce qui est écrit dans la loi du Seigneur : « tout mâle premier-né sera consacré au Seigneur ; » et pour offrir en sacrifice, ainsi que le prescrit la loi du Seigneur, deux tourterelles, ou deux petites colombes ». (Lc 2 21 24)

 

Voilà qui est clair. « Servir » la parole de Dieu implique son observation, son respect, oblige à y être fidèle. L’enjeu est de taille, la récompense en est grande :  la vie éternelle.

 

« Servire » veut dire aussi « surveiller », « veiller à », « avoir l’œil sur », « faire attention à », « faire le guet », « observer les astres ». Mais c’est l’attitude sans cesse demandée par Notre Seigneur à son serviteur. Il nous demande d’être sur nos gardes, d’être comme le veilleur qui attend le retour de son maître ; il est sur le guet. L’attitude du chrétien est d’être le guetteur, le veilleur. Son attitude est toute tendue vers…le maître qui doit revenir à la première ou à la troisième veille…Heureux ce serviteur que le Maître à son retour trouvera veillant. La béatitude ici lui est offerte. Là, le Christ dit de même : « Celui qui garde ma parole ne verra jamais la mort ».

 

L’ultime sens de « servire » est « ne pas quitter un lieu », « séjourner », « habiter ». Alors que je méditais ce sens, je pensais tout spontanément à l’attitude de saint Jean prenant avec lui, dans sa demeure, « in sua », nous dit son Evangile, Notre Dame. Du haut de la Croix, Jésus dit à sa Mère « Mère voici votre fils » ; au disciple « voici votre mère » Et de cette heure, le disciple la prit chez lui : « Et ex illa hora acceptit eam discipulus in sua ».

 

Voilà notre attitude vis-à-vis de la parole du Seigneur. Nous devons la prendre chez nous. Nous devons « habiter » avec elle. Nous devons en faire nos délices. Nous devons la servir, être à son service. La pendre avec lui, fut l’honneur de saint Jean,  sa joie, sa paix. Il en sera de même pour celui qui prend  la parole de Dieu avec  soi. Elle  fera également son honneur, sa joie, sa paix. Il connaîtra l’ordre. Puisque la paix c’est la tranquillité dans l’ordre. Il connaîtra la vertu, l’aimera comme saint Jean l’a connue en vivant en contact si régulier avec Marie. La vertu, lui donnera le bonheur, puisque au dire du philosophe le bonheur est l’agir vertueux. Il connaîtra la liberté puisque la liberté est le fruit de la vertu.  La liberté n’est pas au commencement, mais à la fin. Ainsi celui qui  médite la loi, la parole de Dieu sera libre, connaîtra la liberté. La liberté  n’est pas à la racine, mais aux fleurs et aux fruits de la vertu humaine. Vertu humaine qui s’abreuve,  nous l’avons dit, dans et de la parole de Dieu On est plus libre à proportion qu’on est meilleur. Il faut le devenir. On le devient par la possession de la parole de Dieu. Il faut qu’elle soit « in sua », en son être, en son bien, en son cœur.

 

Et quelle est donc « cette parole du Seigneur » qu’il faut servir pour connaître la vie éternelle ?  C’est le sermon sur la Montagne, le sermon des béatitudes. Ce sont les mystères qu’il nous a enseignés, c’est le mystère de l’Incarnation, qui nous trace la voie royale de l’humilité, C’est le Mystère de la Rédemption qui nous présente d’une manière étonnante la charité de Dieu, C’est le mystère de la Résurrection. Depuis sa Résurrection, nous savons qu’Il vit pour Dieu » : « Vivit Deo ». « Vivere Deo ». C’est l’expression de saint Paul. C’est ce que je dois faire tout le long de mes journées. Vivre, moi aussi,  pour Dieu.   C’est le mystère de l’Ascension qui oriente notre esprit définitivement vers le Ciel. C’est le mystère de l’Eglise à qui il a confié « sa parole », ses mystères, son Eucharistie que nous nous préparons à offrir à nos toutes jeunes communiantes, le jour de l’Ascension. Ils seront nombreux cette année. Ils se préparent bien. C’est notre joie.

Amen. 

 

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