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« A Lui soit la gloire dans l’Eglise et en Jésus-Christ » à jamais.

« A Lui soit la gloire dans l’Eglise et en Jésus-Christ » à jamais.

publié dans couvent saint-paul le 11 septembre 2010


Prédication pour le 16ème dimanche après la Pentecôte.

« A celui qui, par sa puissance qui opère en nous, peut faire infiniment plus que tout ce que nous demandons et tout ce que nous pensons, à lui soit la gloire dans l’Eglise et en Jésus-Christ, dans la succession de tous les âges et de tous les siècles. Amen ».

« A Lui soit la gloire dans l’Eglise et en Jésus-Christ » à jamais.

C’est cette phrase, MBCF, que je voudrais commenter ce dimanche avec vous et pour vous.
« A Lui soit la gloire dans l’Eglise ». Ce sera la première partie de notre commentaire

« A Lui soit la gloire … en Jésus Christ », à jamais. Ce sera notre deuxième considération.

Et tout d’abord : « A Lui soit la gloire dans l’Eglise ». L’église est donc le lieu par excellence où se chante la gloire de Dieu. C’est la raison d’être de l’église, sa finalité, sa mission. Ce n’est pas d’abord et avant tout la simple « maison du peuple de Dieu », le lieu des rencontres, le lieu des « pas perdus ». Non ! Le peuple n’y est convié que pour chanter la gloire de Dieu. Et donc sous ce rapport, l’église est d’abord « la maison de Dieu » par excellence, le « lieu de sa gloire parmi les hommes ». C’est « l’aula Dei ». L’église est donc, pour s’exprimer comme saint Jean « le tabernacle de Dieu avec les hommes », « Ecce tabernaculum Dei cum hominibus » (Ap 21 3). « C’est là qu’Il habite avec les hommes ».

C’est pourquoi, l’église est le lieu de l’adoration : « J’adorerai dans votre saint Temple et je célébrerai votre nom » dit le psalmiste (Ps 137). C’est le lieu de la louange, de la louange de Dieu. C’est ce que nous disons dans ce merveilleux chant du « Gloria » : « laudamus te », nous vous louons. Nous vous bénissons, nous vous adorons, nous vous glorifions, nous vous rendons grâces – gratias agimus tibi – à cause de votre grande gloire ». Voilà le chant par excellence de l’Eglise, le chant dans l’église.

MBCF, Il est le « Roi du ciel ». Il est le « père tout puissant ». Voilà les titres de la gloire qui lui est due. Dieu est tel qu’il doit être loué, béni, adoré, glorifié. Il est grand. Il est majestueux. Il est le Créateur de tout. Il est la fin de tout. C’est pourquoi l’homme perd le sens de son être, de son existence s’il perd le sens de Dieu. Et voilà la raison première de tous les suicides. Ce n’est pas d’abord une question d’organisation du travail. C’est une question de perte du sens de Dieu et donc du sens de la vie : la vie a une finalité, Dieu : posséder Dieu. Il veut précisément se donner.

Mais revenons à nos moutons : ainsi, MBCF, « la convocation de l’assemblée en l’église a un seul but : l’adoration ; en un autre terme, le culte ». C’est ce que nous fait merveilleusement réaliser le chant du « gloria », le chant de la gloire de Dieu. « C’est au nom du culte que l’appel au peuple est lancé et c’est au culte qu’il est convié. Le culte unit les « convoqués », il donne à leur réunion, sa dignité et sa signification ». Ce sont là les paroles mêmes de Benoît XVI dans son livre « L’esprit de la liturgie ». «Le culte donne à leur réunion, sa dignité et sa signification ». Et c’est précisément parce que la signification « cultuel » de la liturgie s’estompe aujourd’hui, que sa dignité, dans les formes, disparaît. C’est parce que ces jeunes qui me servent à l’autel savent qu’ils rendent un culte à Dieu, qu’ils savent que Dieu est majestueux, qu’ils s’efforcent autant qu’ils le peuvent, de faire les gestes solennels, des mouvements dignes et en ordre. Ils ont le sens de la majesté de Dieu.

L’Eglise n’est donc pas le lieu de la fête, le lieu du rassemblement festif, ni même le lieu, à plus forte raison, des « nourritures terrestres », le lieu où l’on partage les nourritures terrestres, même lorsqu’il pleut comme lors d’un 15 août récent, à corde, même s’il fait froid comme les mardis saints passés. Et c’est pourquoi je n’irai pas dorénavant à la messe chrismale tant qu’il y aura ces agapes dans la cathédrale qui suivent la liturgie des saintes huiles. M’est avis que NSJC prendrait ses cordes à lui pour en faire un fouet, « l’œil en feu », comme le remarquèrent les apôtres, et chasserait dehors tout ce beau monde, évêque compris, ayant à la bouche ces paroles : « ma maison est une maison de prières et vous en faite une caverne de voleurs ». Les apôtres, lorsqu’ils regardèrent le Maître, en cette scène, se souvinrent de la phrase du psalmiste : « le zèle de ta maison, Seigneur, me dévore ».

Vous dis-je : Etre unis dans l’expression de la même gloire de Dieu : voilà la raison de l’Eglise.

Et cette union n’est pas seulement humaine. Elle est divine. Je veux dire que notre chant glorieux s’unit aux chants des anges et des élus dans le ciel, des chérubins et des Séraphins. L’Apocalypse ne nous dit-elle pas que « toutes les créatures qui sont dans le ciel…je les entendis qui disaient : « A celui qui est assis sur le Trône … soient la louange, l’honneur, la gloire et la force aux siècles des siècles » ? (Ap 5 13) « Et les vieillards se prosternèrent et adorèrent (Celui qui vit aux siècles des siècles.»

Retenons bien cela, MBCF : l’Eglise, comme le ciel, est un lieu de louange et nullement un lieu où l’assemblée se fête elle-même, pour s’exprimer comme Benoît XVI.

« A Lui soit la gloire … en Jésus Christ », à jamais. Nous en arrivons ainsi à la deuxième partie de notre phrase. Mais c’est bien encore ce que nous fait chanter notre « Gloria ». « A Lui soit la gloire dans l’Eglise en Jésus-Christ ». Jésus-Christ est donc la raison aussi de chanter dans l’Eglise la gloire de Dieu. Dieu est digne d’être loué, béni, glorifié non seulement en raison de sa toute puissance mais aussi en raison de son « Fils unique » qui a pour nom glorieux Jésus-Christ. Car il est le « Fils du Père » « l’Agneau de Dieu », celui qui « efface les péchés du monde » et qui est exalté « à la droite du Père », à cause de l’accomplissement de sa mission de rédempteur,

Et c’est parce que nous prions tous à la gloire du Christ, qui est la lumière du monde, que nous prions, dans l’église, « ad orientem ». Notre regard se tourne vers l’Orient, vers le soleil levant. Le Christ est ce soleil qui va sa course, de l’Est à l’Ouest. Il est la véritable lumière qui illumine désormais le monde entier.
Et c’est pourquoi le « gloria » qui est un hymne au Christ Rédempteur est entonné par le prêtre à l’autel orienté vers l’Est. Ce n’est qu’après qu’il peut descendre au siège.
La prière vers l’Est est considérée par l’Eglise comme une tradition remontant aux Apôtres. Elle a toujours été considérée comme une caractéristique essentielle de la liturgie catholique.
Et cette orientation a plusieurs significations, nous expliquera Benoît XVI :

Elle exprime d’abord la forme christologique de notre prière : en dirigeant notre regard vers l’est, nous le tournons d’abord vers le Christ et nous lui disons amoureusement les plus beaux compliments : il est « Seigneur », il est « le Fils unique de Dieu, le Père ». Il est en un mot « Jésus », le sauveur. Il est le « Christ », le « Pontife », « l’Oint » du Seigneur, le « prophète » et le « prêtre ».
Mais parce que le Christ est symbolisé par le « soleil levant », l’espérance, la christologie est alors nécessairement vue « d’une façon eschatologique ». C’est toute la signification de notre cri dans le gloria à l’Agneau de Dieu, celui qui efface le péché et qui, de ce fait, nous ouvre les portes du ciel. C’est également merveilleusement exprimé dans la strophe : « Vous qui êtes assis à la droite du Père, ayez pitié de nous », « miserere nobis ».
Et prier en direction de l’Est signifie encore, nous dit Benoît XVI, partir à la rencontre du Christ qui vient. « Une liturgie tournée vers l’est nous fait en quelque sorte entrer dans la procession de l’histoire, en marche vers le monde à venir, vers le ciel nouveau et la terre nouvelle, qui viennent à notre rencontre dans le Christ. » où tout est nouveau ou tout est saint à l’image de son Seigneur et Maître : « Tu solus sanctus. Tu solus Dominus. Tu solus altissimus Jesu Christi ».

Mais ce monde de sainteté qui vient à nous est de fait lié à la Croix du Seigneur. C’est pourquoi très tôt, également, l’orient fut « mis en relation avec la croix ». Et voilà la raison de notre croix sur l’autel. Le texte de l’Apocalypse le laisse entendre, lui qui dit : « Le voici qui vient, escorté des nuées ; chacun le verra, même ceux qui l’ont transpercé, et sur lui se lamenteront toutes les races de la terre. Oui. Amen ! » Mais c’est faire ainsi claire allusion au texte des synoptiques disant : « Ils regarderont celui qu’ils ont transpercé » et en écho, on trouve dans saint Matthieu : « Et alors apparaîtra dans le ciel le signe du Fils de l’homme ; et alors toutes les races de la terre se frapperont la poitrine ; – Nous le signifions déjà dans notre Gloria : «vous qui effacez les péchés du monde, ayez pitié de nous » et la liturgie nous fait nous frapper la poitrine. – et l’on verra le Fils de l’homme venir sur les nuées du ciel avec puissance et grande gloire ( Mt 24 30). Le signe du Fils de l’home, du « Transpercé », c’est la Croix, devenue maintenant le signe de la victoire du Ressuscité. Ainsi le symbolisme de la Croix et celui de l’orient, dit Benoît XVI, se rejoignent dans la dynamique de l’espérance qui nous porte à la rencontre de Celui qui vient ». Le gloria est un chant de gloire ! Oui ! Mais aussi un chant d’espérance.

Le « gloria est ainsi un chant de l’Eglise tout à la gloire du Père et du Fils et du saint Esprit – C’est la dernière strophe – ce qui nous fait comprendre que la convocation du peuple à l’Eglise c’est pour le culte, et nullement pour la fête.
Voilà le sens de notre gloria entonné par le prêtre à l’autel en direction de l’orient, signe d’espérance. Amen.

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