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« Heureuse la Nation qui a le Seigneur pour son Dieu» (Ps 32, 12)

« Heureuse la Nation qui a le Seigneur pour son Dieu» (Ps 32, 12)

publié dans couvent saint-paul le 18 septembre 2010


Prédication pour le 17ème dimanche après la Pentecôte

« Heureuse la Nation qui a le Seigneur pour son Dieu» (Ps 32, 12)

En latin, nous avons « beata gens ». « Gens » veut dire aussi bien « nation » que « famille », qu’un ensemble de « familles » ou même « peuple », « race », « personne ». Ainsi on peut traduire heureux les « nations » ou les « familles » ou même simplement les personnes et les peuples qui ont le Seigneur pour leur Dieu.

Mais pourquoi une nation, une famille, une personne est heureuse d’avoir le Seigneur pour son Dieu ?
On doit pouvoir donner mille réponses. J’ai essayé de réfléchir et de scruter pour vous donner seulement quelques réponses.

Je dirai tout d’abord que Dieu est source de l’espérance. Or l’espérance est un grand bien qu’il est doux de posséder. Je veux parler, bien sur, de l’espérance du Ciel. Quelle tranquillité pour le cœur ! Quelle douceur pour l’âme tout le long de sa vie et peut-être encore plus sûrement lorsqu’elle approche ou pense simplement à la mort. Savoir que cette vie terrestre a une fin et que cette fin est la vie éternelle, le Ciel, la possession de Dieu, la fruition de Dieu, le plus grand des biens, tout cela est apaisant. La vie terrestre, il est vrai, pour s’exprimer comme saint Bernard, dans son « Traité de l’amour de Dieu », est « la vie de l’absence », de l’absence de Dieu, du Dieu pas encore possédé, mais toutefois déjà espéré. Dès lors, joie et tristesse peuvent se trouver en une même âme. Dieu nous ayant révélé en son Fils son plan salvifique, plan qui est et reste le grand message de l’Eglise, nous pouvons parler de l’espérance de le posséder un jour dans sa plénitude, grâce à la passion du Christ. Ainsi « il n’est rien de plus doux que de l’attendre » ; « il se réserve pour être lui-même notre récompense » de sorte que si le souvenir de la Passion du Christ soufferte  pour nous est le lot des siècles, du temps, notre sort ici-bas, « la présence (effective) est réservé au Royaume des cieux ». « Cette présence sera la gloire des élus parvenus à leur accomplissement ». Et il est doux, il est heureux d’attendre cela, d’entendre cela.

Oui ! Dieu est principe d’espérance, ce qui est une source de joie. On pourrait multiplier les citations de l’Ecriture. Je m’arrêterai à deux textes, un de saint Jean et l’autre  de saint Pierre. Je pense que vous les avez déjà devinés.

Celui de saint Jean, c’est celui de son chapitre 3 et de son verset 16. Il nous révèle le fondement de l’espérance chrétienne: « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique afin que quiconque croit en Lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle ».

D’après cette affirmation johannique, l’espérance de la vie éternelle est en Jésus-Christ, Notre Seigneur et Notre Dieu ; l’espérance est en la foi en Lui : « afin que quiconque croit en Lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle ». Ainsi nous devons sans cesse avoir devant les yeux cette félicité si pleine et si complète, et en faire le but et la fin de toutes nos pensées et de tous nos désirs. La vie éternelle, c’est l’éternité de la béatitude espérée ici bas dans la foi, possédée un jour, dans la gloire. Aussi pouvons-nous nous dire heureux dès ce monde par l’espérance « attendant, comme le dit saint Paul à Tite (Tit 2 13), la bienheureuse espérance, c’est-à-dire l’arrivée de la gloire du grand Dieu et de notre Sauveur Jésus-Christ ».

Mais savoir, de plus, MBCF, savoir que le bonheur du Ciel une fois acquis ne peut plus se perdre est bien évidemment aussi une source de joie.

C’est ce qu’exprime l’autre texte que je veux vous citer : celui de saint Pierre, dans sa première Epître. Il affirme lui aussi que cette espérance chrétienne possédée en la foi au Christ, est source de bonheur parce qu’il est certain : « Béni soit Dieu, le Père de Notre Seigneur Jésus-Christ, qui selon sa grande miséricorde nous a régénérés par la résurrection de Jésus-Christ d’entre les morts pour une vivante espérance; pour un héritage incorruptible, sans souillure et inflétrissable, qui vous est réservé dans les cieux, à vous que la puissance de Dieu garde par la foi pour le salut, qui est prêt à se manifester au dernier moment ». – Ecoutez bien, – « Dans cette pensée, vous tressaillez de joie, bien qu’il vous faille encore pour un peu de temps être affligés par diverses épreuves… ». Plus loin, il répète encore cette formule très forte… « vous tressaillez d’une joie ineffable, et pleine de gloire, sûrs que vous êtes de remporter le prix de votre foi, le salut de vos âmes ».

Je trouve qu’il n’y a rien de plus beau, de plus consolent que ce texte, que cette pensée de saint Pierre. Il unit bien la joie à l’espérance du salut. L’espérance est bien source de béatitude et ce salut se trouve en le Christ, notre Seigneur et notre Dieu. C’est pourquoi saint Paul, très souvent, nous présente le Christ « comme étant l’espérance de la gloire. « Le Christ en vous l’espérance de la gloire ».

C’est pour moi une des plus belles affirmations de l’Evangile. Tout cela confirme bien l’affirmation que nous soutenons avec l’Ecriture Sainte: « Heureux l’homme qui a le Seigneur pour son Dieu ».

« Heureux le peuple qui a le Seigneur pour son Dieu ».

Je pense au psaume que le prêtre récite tous les jours dans son bréviaire, le psaume 94 et qui nous donne tout un ensemble de raisons de se réjouir, d’être heureux du commerce divin. « Venez, chantons avec allégresse au Seigneur ! Poussons des cris de joie vers le Rocher de notre salut » !
Voilà une raison d’être heureux d’avoir le Seigneur pour Dieu : « Il est le Rocher de notre salut ». Quand je pense : « Dieu et Seigneur », je pense « salut ». Le mot « rocher » exprime la stabilité, la constance, la force, la robustesse. Arrimé sur Lui, je ne crains pas les assauts de la mer, la tempête des vents, l’agitation des flots. Je suis stable. Quel bonheur !
Poursuivons : « Allons au-devant de lui avec des louanges, faisons retentir des hymnes en son honneur, Car c’est un grand Dieu que ce Dieu, un grand roi au-dessus de tous les dieux ». Ici le psalmiste développe l’idée de la puissance divine qui se manifeste non plus dans le salut et le rocher, mais dans sa création : « Il tient dans sa main les fondements de la terre, et les sommets des montagnes sont à lui. A lui la mer, car c’est lui qui l’a faite ; la terre aussi : ses mains l’ont formée ». Il est le Créateur. Heureux celui qui possède un tel Seigneur et Maître.
« Car il est notre Dieu, et nous, nous sommes le peuple de son pâturage, le troupeau que sa main conduit ». Ici le psalmiste n’invoque plus la puissance de Dieu en son salut et en sa création, mais il invoque au contraire sa douceur, sa mansuétude, celle du Bon Pasteur : « Nous sommes le peuple de son pâturage, le troupeau que sa main conduit ». C’est ici la douceur qui est évoqué par le psalmiste, la douceur du pasteur. Heureux le peuple qui a un tel pasteur qui le conduit sur un vert pâturage. Je vois avec émotion le Bon Pasteur conduisant ses brebis. « Oh ! Si vous pouviez écouter aujourd’hui sa voix » ! dit le psalmiste !

Je pense aussi volontiers au psaume 91. Là aussi nous trouvons autant de raisons d’être « heureux d’avoir le Seigneur pour notre Dieu ».
« Il est bon, dit-il, de louer Dieu et de célébrer ton nom, ô Très-Haut, de publier le matin ta bonté, et ta fidélité pendant la nuit, sur l’instrument à dix cordes et sur le luth, avec les accords de la harpe ». Bonté et fidélité sont ici invoqués comme motif de joie et d’allégresse. Oui ! Le Dieu que nous servons est un Dieu fidèle et bon. Fidélité du Seigneur. Bonté du Seigneur…Cela, qui se contemple tout le long de l’Evangile, est bien légitimement invoqué ici comme étant source de bonheur…Au milieu de l’infidélité…au milieu de la haine…la fidélité du Seigneur, sa bonté en ressortent plus majestueuses encore.

« Tu me réjouis, Seigneur, par tes œuvres, et je tressaille devant les ouvrages de tes mains. Que tes œuvres sont grandes, Seigneur, que tes pensées sont profondes »! La contemplation des créatures comme œuvres des « mains du Seigneur », est source de joie. Pour le comprendre il suffit de voir saint François d’Assise …C’est que lui, il attribuait tout à Dieu et nullement au fruit de l’évolution aveugle et pur hasard. François, lui, est heureux dans sa louange divine. Fasse le Ciel que nous connaissions un peu cette joie !

Et puis pourquoi, dans notre recherche, ne pas invoquer le « Magnificat » de Marie. Elle va elle aussi nous donner des raisons d’être heureux d’avoir choisi le Seigneur pour notre Dieu.

« Mon âme glorifie le Seigneur, et mon esprit tressaille de joie en Dieu, mon Sauveur » : la première raison de la joie de notre Dame c’est également le « salut » : « mon esprit tressaille de joie en Dieu, mon Sauveur ». L’insistance de l’Ecriture sur ce thème : le « salut » a quelque chose de remarquable. Nous ferions bien d’y songer nous aussi. Dieu, mon Sauveur

« parce qu’il a jeté les yeux sur la bassesse de sa servante ». Ne pourrait-on pas dire que Notre Dame veut servir le Seigneur et elle le sert joyeusement parce que ce Seigneur aime l’humilité : « la bassesse de sa servante ». Il est un Dieu qui aime l’humilité, qui n’aime pas la vaine gloire, la vanité des grands. Du reste, ceux là, il les renvoie les mains vides, dans la force de son bras : « Il a fait œuvre de force avec son bras; il a dissipé ceux qui s’enorgueillissaient dans les pensées de leur cœur; il a renversé de leur trône les potentats, et il a élevé les humbles; il a rassasié de biens les affamés, et il a renvoyé les riches les mains vides.
… « Et son nom est saint ». La sainteté de Dieu est ici invoquée par Notre Dame. Ce n’est pas la moindre raison dans le service joyeux de Dieu pour Notre Dame. Cette sainteté, l’Eglise l’acclame aussi par trois fois, en signe de la Trinité, dans sa messe. Elle veut aussi la servir. Elle s’en réjouit et le chante joyeusement.

« et sa miséricorde d’âge en âge, est pour ceux qui le craignent ». Son Dieu est un Dieu de miséricorde. Il m’est doux de le savoir ! N’est-ce pas là une idée digne de me redonner joie et bonheur…J’aime un tel Dieu. Et cette miséricorde ici invoquée par Notre Dame, elle l’a apprise au Temple en étudiant les psaumes, les Ecritures. Aussi est-elle bien fondée lorsqu’elle dit : « Il a pris soin d’Israël son serviteur, se ressouvenant de sa miséricorde, — ainsi qu’il l’avait promis à nos pères, — en faveur d’Abraham et de sa race, pour toujours. ». Elle invoque, elle aussi, vous le voyez, le bon pastorat de ce Dieu Sauveur

Voici, MBCF, quelques réflexions cueillis, pour vous, sur le thème : « Heureux le peuple qui a le Seigneur pour son Dieu ». Amen !

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