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Entraide et Tradition

« Qui prétendez-vous être ? »

publié dans couvent saint-paul le 10 avril 2011


Dimanche de la Passion

« Qui prétendez-vous être ? »

 

C’est la question des Juifs à NSJC.
Le dialogue entre Jésus et les Juifs est ici particulièrement tendu. Jésus parle d’une manière surnaturelle et divine, céleste. Les Juifs interprètent toutes les paroles de Jésus d’une manière humaine, terrestre, charnel. Ici, dans ce dialogue deux mondes s’affrontent. Le monde d’ici bas. Le monde de l’au-delà. Le monde charnel. Le monde divin.

« Qui prétendez-vous être » ? Il y a dans cette interrogation des Juifs à Jésus, beaucoup de mépris, beaucoup de scepticisme. Ils ne croient pas aux dires de Jésus, à ce que Jésus affirme de lui-même. La vraie question n’aurait pas du être « qui prétendez vous être » mais bien « qui êtes vous Seigneur, afin que nous croyons en vous ? »

Asseyons, à notre tour, MBCF, de répondre à cette question en utilisant en bonne part les affirmations de NSJC.

Qui est-il, ce Jésus que nous prenons pour modèle et idéal par notre baptême ?

« Qui de vous me convaincra de pécher », dit-il, tout d’abor à la foule des Juifs, qui l’interroge. Là, NSJC affirme sa sainteté, sa perfection, sa justice. Mais il faut, pour bien comprendre cette affirmation, la remettre dans son contexte. Elle se trouve au milieu d’un très long discours que saint Jean a retenu.
Ce discours de Jésus se situe juste après le magnifique dialogue entre Jésus et la femme adultère où l’on voit la particulière bienveillance de NSJC à l’égard de cette pécheresse, bienveillance capable de relever tout découragement : « Femme où sont ceux qui vous accusaient ? Est-ce que personne ne vous a condamnée ? Elle répondit « Personne, Seigneur ». Jésus lui dit : « Je ne vous condamne pas non plus. Allez et ne péchez plus ». Celui qui est saint, qui se dit « saint » aime la sainteté. Il la fomente autour de lui par bonté. Il aime la voir rayonner.

Celui qui se dit être saint, dit aussi être la « lumière », la « lumière du monde ». Jésus leur dit : « Je suis la lumière du monde. Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie ». Quelle affirmation ! MBCF. Soupesons la. Il est « la lumière de la vie ». Et pourquoi ne pourrais-je pas dire : parce que Il est la sainteté même, « Il est aussi la lumière de ma vie » ; aussi je ne marche pas dans les ténèbres. Je sais d’où je viens. Il me le dit. De Dieu ! Je sais où je vais. Il me le dit : « Je vais vous préparer une place ». Je sais pour quoi je suis là, en ce monde, pour servir, honorer et louer Dieu et par ce moyen sauver mon âme. Il me le dit : « On ne peut servir Dieu et l’argent. Là où est ton cœur, là est ton trésor » ! Telle est ma lumière, ma certitude.

Nul doute, MBCF, que cette affirmation de NSJC d’être « la lumière de vie », a particulièrement interpellé saint Jean qui en a fait le thème principal de sa foi, du Prologue de son Evangile, l’Evangile le plus mystique des quatre évangiles .
« En Lui était la vie et la Vie était la lumière des hommes…le Verbe était la vraie lumière qui éclaire tout homme venant en ce monde ».

Les Juifs lui répondirent : « votre témoignage ne vaut, il n’est pas digne de foi puisque «Vous (vous) rendez témoignage de vous-même ».

L’argument est vrai et va nous servir pour répondre à notre question : « Qui êtes vous Seigneur ? ». N’a-t-on pas l’habitude de dire que le témoignage d’un seul ne vaut. NSJC en prend fait et cause pour élever le débat et lever le voile sur sa véritable nature, sa nature divine. Il n’est pas seul, il est avec le Père et parle dans l’Esprit Saint. « Quoique je rende témoignage de moi-même, mon témoignage est véridique », parce « je ne suis pas seul, mais moi, et le Père qui m’a envoyé », « je sais d’où je suis venu et où je vais ». Vous ne comprenez pas parce que « Vous jugez selon la chair ». Pourtant il est « écrit dans votre Loi, que le témoignage de deux hommes est digne de foi ». Or, « je rends témoignage de moi-même », il est vrai, mais « le Père qui m’a envoyé rend aussi
témoignage de moi ».

« Où est votre Père? » lui dirent-ils. Jésus répondit: « Vous ne connaissez ni moi, ni mon Père ; si vous me connaissiez, vous connaîtriez aussi mon Père », « Qui me voit, voit le Père » dira un jour Jésus au disciple Philippe, parce « qu’Il est dans le Père et que le Père est en lui ». Voilà le mystère de NSJC dévoilé à nos yeux. Il est le Fils de Dieu. Il est Dieu et homme, tout à la fois. Il est Dieu. « Le Père et moi, nous sommes uns ». Il est Dieu étant engendré de la substance du Père avant tous les siècles. Au tribunal lors de sa Passion, Caïphe lui posera la question : « Je vous adjure, par le Dieu vivant, de nous dire si vous êtes le Christ, le Fils de Dieu. Vous l’avez dit » répond Jésus.

« Quoi, vous ne croyez pas que je suis en mon Père et que le Père est en moi. Croyez le au moins à cause de mes œuvres ». Il est Dieu. Il est homme étant né dans le temps de la substance de sa mère. Il est Dieu parfait et homme parfait ayant une âme raisonnable et une chair humaine. Il est égal au Père selon la divinité et moindre que le Père selon l’humanité. Il a pris l’humanité et l’a unie à la divinité en sa seule Personne : celle du Verbe, le Fils unique de Dieu, Jésus-Christ.

« Le Père et moi nous sommes uns »

Dès cet instant, MBCF, dès ces affirmations prononcées, le sort de NSJC est entendu, son jugement est porté. Il est « un homme perdu », un homme « condamné à mort ». C’est ce qu’ils dirent devant Pilate : « Nous avons une loi et d’après notre loi, il doit mourir, n’étant qu’un homme, « Il s’est fait Fils de Dieu ». Ils l’affirment sans le croire. Moi, je l’affirme en le croyant. Et pourquoi je le crois parce que je crois à sa parole : « Il ne peut ni nous tromper ni se tromper ». Je le crois à cause de ses œuvres.

Je crois à ses miracles.

J’aime particulièrement celui de la guérison de l’aveugle né. Récit que l’Eglise nous a fait relire cette semaine. Ce récit nous est compté malicieusement par saint Jean au chapitre 9, celui qui suit le dialogue difficile entre les Juifs et Jésus que nous méditons. Il croise une aveugle de naissance. Il s’arrête, crache à terre, fit de la boue avec sa salive, l’étendit sur les yeux de l’aveugle et lui dit d’aller se laver à la piscine de Siloé. Il y alla et s’en retourna voyant clair, nous dit l’évangéliste. Alors des doutes s’échangèrent sur la véritable identité du miraculé. C’est Lui, Non ! C’est un autre qui lui ressemble. Et lui de dire non, non ! C’est bien moi. On lui demande mais « comment tes yeux ont-ils été ouverts » ? Et lui de répondre, c’est « un homme qu’on appelle Jésus » qui a fait cela. Il est conduit devant les Pharisiens qui lui demande comment sa guérison est-elle arrivée. Il répète son histoire. Ce miracle a eu lieu le jour du Sabbat. Ils se divisent entre eux. Certains dirent : « Cet homme n’est pas envoyé de Dieu, puisqu’il n’observe pas le sabbat » ; d’autres dirent comment un pécheur peut-il faire de tels prodiges ». Finalement ils ne voulurent pas croire que cet homme eut été aveugle. Il faut vérifier à la source. Ils font venir ces parents qui confirment bien que c’est bien leur fils et qu’il est né aveugle. « Mais comment peut-il voir maintenant » ? Pour le savoir, interrogez notre fils : « Il a l’âge maintenant ».
Les Pharisiens font de nouveau appeler le miraculé. Ils lui demande comment pouvez-vous voir actuellement. Une telle insistance l’interpelle. Je vous l’ai déjà dit et vous ne l’avez pas écouté. Et de conclure : « Est-ce que vous aussi, vous voulez devenir ses disciples ». Ils enragent : Eux devenir les disciples de Jésus ? Ils sont les disciples de Moïse. « Nous savons que Dieu a parlé à Moïse ; mais celui-ci nous ne savons d’où il est » ? « Il est surprenant, dit notre miraculé, plein de bon sens que vous ne sachiez pas d’où il est, et cependant il m’a ouvert les yeux. Nous savons que Dieu n’exauce pas les pécheurs ; mais si quelqu’un l’honore et fait sa volonté, c’est celui-là qu’il exauce. Jamais on n’a ouïe dire que quelqu’un ait ouvert les yeux d’un aveugle-né. Si cet homme n’était pas de Dieu, il ne pourrait rien faire ». « Tu es né tout entier dans le péché et tu nous fais des leçons ? » « Et ils le chassèrent ».
Jésus apprit qu’il l’avait chassé et l’ayant rencontré, lui dit : « Crois-tu au Fils de Dieu. Il répondit qui est-il Seigneur, afin que je croie en lui ? Jésus lui dit : « Tu l’as vu ; et c’est celui qui te parle ». « Je crois, Seigneur, dit-il et se jetant à ses pieds, il l’adora » Alors Jésus dit : « Je suis venu dans ce monde pour un jugement, afin que ceux qui ne voient pas, voient, et que ceux qui voient deviennent aveugles ».

Oui, je crois que Jésus a affirmé sa divinité en s’attribuant des pouvoirs divins, celui entre autres de remettre les péchés. Je me souviens du récit évangélique du paralytique que l’on porte devant le Christ Seigneur. Ceux qui le portent ne peuvent entrer à cause du grand monde. On le descend par le toit devant Jésus. Il s’adresse aux Juifs et leur dit : « qu’est-il de plus facile de dire à ce paralytique, prends ton grabat et marche ou de dire tes péchés te sont remis. Afin que vous sachiez que le Fils de l’homme a le pouvoir de remettre les péchés, il dit au paralytique : prends ton grabat et marche ». Et ainsi fut fait. Mais qui peut remettre les péchés, sinon Dieu. Et ce pouvoir qui n’appartient qu’à Dieu seul, il l’a si bien en Lui qu’Il le remet à ses disciples à qui Il dit: «Vous remettrez les péchés, et ils seront remis à ceux à qui vous les remettrez et retenus à ceux à qui vous les retiendrez ».

Je sais aussi qu’il est Dieu parce qu’il a affirmé sa divinité en s’octroyant des droits divins, le droit de juger les vivants et les morts : « Quand le Fils de l’homme viendra dans sa majesté et tous les anges avec Lui, il s’assiéra sur le trône de sa gloire ». A Lui sont dus les « honneurs divins » : « Qui n’honore point le Fils n’honore point le Père » dira-t-il un jour.

Je sais qu’il est Dieu parce qu’il a réalisé en sa personne les figures et les prophéties de l’Ancien Testament. Il est « l’agneau de Dieu ». Il est « Isaac ». Il est « le serpent d’airain ». Il a prophétisé sa propre mort pour satisfaire la propre volonté de son Père qui voulait « son élévation » sur la croix pour le salut du monde.
Ici, Jésus leur dit: « Lorsque vous aurez élevé le Fils de l’homme, alors vous connaîtrez qui je suis, et que je ne fais rien de moi-même, mais que je dis ce que mon Père m’a enseigné. Et celui qui m’a envoyé est avec moi, et il ne m’a pas laissé tout seul, parce que je fais toujours ce qui lui plaît ». La Passion sera vraiment le sacrifice parfait accompli en pleine soumission à la volonté du Père. C’est pourquoi ils sont « uns », unis dans un même vouloir de sanctification du genre humain par le sang de la Croix.

La cause de Jésus, vous dis-je, est entendue à cause de son affirmation de sa divinité : une mort certaine. Mais pour l’instant, il n’en fut rien « personne ne mit la main sur lui », nous dit l’évangile parce que « son heure n’était pas encore venue ». Le Christ est libre. « Personne ne me ravit mon âme, je la pose de moi-même et la reprends quand je veux, en toute liberté ». Qui, de simplement humain et de sensé, pourrait le dire ? Ne pensez-vous pas qu’une telle phrase est de nature à faire réfléchir sur la vraie nature de celui qui la prononce en toute tranquillité d’âme ? « Je crois Seigneur. Mais augmentez ma foi ».

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