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Entraide et Tradition

De la confiance.

publié dans couvent saint-paul le 15 juin 2013


4ème dimanche après la Pentecôte
De la confiance.
« Mais sur votre parole, je jetterai les filets » (Lc 5 4).

M’est avis que l’enseignement de cette messe , c’est la confiance en Dieu : « sur votre parole, je jetterai les filets ».Et c’est pourquoi nous avons cet Introït, du « Le Seigneur est ma lumière et mon salut, que craindrais-je. Le Seigneur est le rempart de ma vie devant qui tremblerai-je » (Psaume 26 1-3) ; « Qu’une armée campe contre moi, mon cœur ne craindra pas ».
Oui ! L’enseignement de ce dimanche est un enseignement sur la confiance en
Dieu, Créateur et Maître de toutes choses. Tout est dans sa main et sous sa puissance. Le temps s’écoule sous son regard vigilant. La création, les créatures sont dans sa dépendance…Même ceux qui se dressent contre Lui. Qui aura la victoire ? Sinon Dieu. Ils peuvent même servir ses projets…sans le savoir.

Voilà le sujet de notre méditation dominicale.

Faisons vivre tout d’abord le récit évangélique. NSJC en est le cœur.
« Alors que Jésus se tenait debout sur les bords du lac de Génésareth »
Stabat, « Il se tenait debout ». Stabat, de  stare  : être debout, immobile et ferme. Ce verbe stare  se traduit également par « tenir », « résister », « durer », ou encore par « se tenir ferme », « être résolu, décidé ».
Ce verbe stare  connote ainsi une idée de stabilité, de fermeté, de résolution.
Il était là ainsi, résolument debout, immobile, dans une attitude majestueuse. C’est l’attitude du maître, du maître d’école qui attend ses élèves et les voit entrer dans sa classe pour écouter son cours. Cette attitude solennelle, majestueuse, pleine d’assurance, impose immédiatement aux élèves, respect, silence, discipline. Il était là, lui-même, sur la plage du lac de Génésareth ».

La foule qui approche semble nombreuse. Saint Jérôme utilise le mot :  Turbae, au pluriel. Une « multitude », « mêlée », « agitée ». Elle se précipite sur lui, avec vigueur, pour écouter, au plus près, sa parole : ut audirent verbum Dei.
L’attitude de cette foule est telle qu’il risque d’être bousculé…

Aussi voyant deux barques appartenant à Simon Pierre et à ses associés, Jacques et Jean, Notre Seigneur monte dans l’une, celle de Simon… et lui demande de le conduire un peu au large, pusillum , un tout petit peu au large, à quelques distances, faiblement. Et là, assis, « il enseignait de la barque,  navicula , un diminutif de  navis.
A peine a-t-il fini de parler qu’il dit à Simon :Duc in altum , « Conduis mois au large », « Va en pleine mer ».
C’est un ordre, un impératif. Il s’adresse à Simon au singulier. Puis il dit : « jetez vos filets». C’est toujours un impératif, mais cette fois au pluriel. Ils devaient donc être plusieurs dans la barque. Ce que le récit confirmera plus tard au verset 9. La barque devait être de taille moyenne.

Simon lui répond : « Maître, nous avons travaillé toute la nuit. Nous n’avons rien pris. Oui ! Malgré cet effort constant, « nous n’avons rien pris ». J’imagine l’humeur, un peu fraîche de Simon: Nihil cepimus .
Toutefois, sur votre parole, selon votre commandement , confiant à votre parole, je jetterai les filets.

Ah mes amis !

L’ordre à peine exécuté, c’est une prise de poissons formidable, immédiate. Saint Jérôme l’exprime en deux mots :  Concluserunt piscium multitudinem copiosam  (v 6)
Ce n’est pas une simple prise ordinaire, c’est « une grande quantité », « un grand nombre ». Mais ce mot, à lui seul, ne suffit pas à décrire la réussite de la pêche. C’est une multitudo copiosa . Copiosa , abondante. Il y a , vous le voyez, redondance. Ce n’est pas seulement une grande quantité. Cette grande quantité est elle même « vraiment abondante »…A tel point que leurs filets en venaient à craquer, à se rompre. Les mailles sous le poids des poissons si nombreux, craquaient.

Ils firent signe alors à leurs amis de l’autre barque, celle de Jacques et de Jean, ses associés. Ils se précipitent.
Les deux barques sont pleines. A tel point qu’elles s’enfonçaient presque, étaient presque submergées. C’est dire que cette pêche fut extraordinaire, hors du commun. Une pêche d’une importante stupéfiante. A tel point que Pierre, qui devait être, tout de même, un bon « gaillard », un pécheur fort, aux mains rugueuses, habitué à des efforts physiques importants, oui à tel point que Pierre est dans la « stupeur ».Il est stupéfait. « Mais ce n’est pas possible », « Je n’ai jamais vu ça ». Ils sont tous, Pierre et les autres, comme paralysés. C’est le vrai sens du mot stupor , une vraie paralysie, un étonnement tel qu’il les paralyse tous. « Mais c’est invraisemblable cette pêche » !

Là, Simon voit immédiatement le doigt de Dieu, le « Tout-Puissant », Celui qui lui a donné cet ordre est divin, Il est le Maître, le Seigneur.

Spontanément il se jette à ses pieds, il se met à genou. C’est l’attitude de l’adoration. Il le prie de bien vouloir s’éloigner :  Exi a me  (v 8) parce que je ne suis qu’un pécheur. Devant Dieu, « je m’humilie », « je me prosterne ».
C’est l’attitude même de l’homme dans toutes les théophanies . C’est l’attitude de Pierre, Jacques, et Jean dans la scène de la Transfiguration, au mont Thabor. Ils sont dans la crainte.
Il en est de même aujourd’hui, dans cette scène de la pêche miraculeuse. Cette pêche est telle qu’elle est la preuve de la divinité de NSJC, Il est le Maître de la nature. Et devant la divinité, je me prosterne et j’adore et confesse mon néant. Ainsi de Simon et des autres. Ils sont devant le Maître de la création. Ils adorent. L’adoration – qui est aussi prosternation – est l’attitude normale de la créature devant Dieu.

Mais alors, je peux mettre en NSJC toute ma confiance, toute mon espérance.
Il est le Maître ! Voilà le principe de ma confiance. Elle a pour fondement le fait qu’il est le Maître. Il est le Créateur. Tout lui obéit : la nature, le temps. Tout. Absolument tout.
Alors que puis-je craindre. De qui aurais-je crainte.  Quem timebo Domine . C’est le chant de l’Introït. « Il est mon défenseur », le « défenseur de ma vie ». Il le peut. Tout lui obéit. Alors qui me ferait trembler. Alors sûr de sa puissance, je peux lui adresser cette supplique. « Ne laissez pas les impies affirmer : « Que fait leur Dieu », Ubi est Deus eorum , « Aidez nous Dieu, notre sauveur et protecteur, pour l’honneur de votre nom, délivrez nous Seigneur, Vous êtes le Fort » Et c’est le chant du Graduel. Je ne peux être vaincu car il est le Tout Puissant, le Roi Souverain, «Il est mon soutien, mon refuge, mon libérateur. Car il est le Seigneur, le Maître, Deus meus , adjutor meus.

Il y a une belle unité dans cette messe.
Le thème est affirmé dans le chant de l’Introït : « Le Seigneur est ma lumière et mon salut; que craindrais-je? » « Le Seigneur est le rempart de ma vie devant qui tremblerais-je ».
Et ce thème est parfaitement bien illustré par le récit de l’Evangile, de la pêche miraculeuse. « Sur votre parole, je jetterai les filets »
Retenons le principe de la confiance, ce dimanche, c’est la toute Puissance de Dieu, manifestée dans cette pêche miraculeuse.

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