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Déclaration du Conseil permanent de la Conférence des Évêques de France à l’approche des élections municipales des 23 et 30 mars 2014.

publié dans nouvelles de chrétienté le 16 décembre 2013


Les élections municipales : une chance pour le bien commun

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Entretien avec Mgr Marc Aillet

« Que l’Église en appelle à l’accueil de l’étranger, quoi de plus normal ? »

Le 14 décembre 2013

Entretien réalisé par Gabrielle Cluzel.

Une récente déclaration de la Conférence des évêques de France, mettant en garde, à quelques semaines des élections municipales, contre le « populisme », suscite l’incompréhension. Le « populisme » est le seul danger nommément cité. Le Figaro a d’ailleurs titré « La Conférence des évêques de France met en garde contre l’extrême droite. » Les catholiques, selon les évêques, devraient donc plus se défier des candidats « populistes » que des candidats ouvertement favorables au mariage gay, à l’avortement ou à la suppression des fêtes chrétiennes ?

Je ne suis pas certain que le texte du conseil permanent de la Conférence des évêques de France dont vous parlez suscite un tel intérêt et une telle réprobation. Il serait d’ailleurs injuste de réduire cette déclaration, qui s’intitule « Les élections municipales : une chance pour le bien commun », à une simple mise en garde contre les « populismes », car cette déclaration évoque en premier lieu le drame du chômage et de la précarité, la situation des personnes âgées, la nécessaire sauvegarde du patrimoine communal (et des églises auxquelles la population demeure généralement très attachée), de même qu’elle souligne l’importance, pour le tissu local, de la vie associative et culturelle et rappelle fort opportunément, à ceux de nos concitoyens qui pourraient être tentés par l’abstention, que l’exercice du droit de vote est une façon privilégiée de contribuer au bien commun de la société dans laquelle nous vivons.

Cela étant dit, ce document est une simple déclaration du conseil permanent. Il n’a, bien entendu, rien d’un acte infaillible du magistère. « Aucune conférence épiscopale n’a, en tant que telle, une mission de magistère ; ses documents n’ont pas d’autorité doctrinale spécifique, ils ont la valeur de l’accord donné par chaque évêque », rappelait en son temps le cardinal Ratzinger lorsqu’il était encore préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi. Dès lors, il n’est pas interdit de regretter, par exemple, que cette déclaration n’accorde pas une place plus importante à certains enjeux tels que la défense des valeurs familiales ou la nécessité de soutenir les familles, alors que les municipalités disposent, pour cela, de certains moyens d’action.

Cette déclaration suscite d’autant plus d’interrogations que la Conférence des évêques de France ne nous a pas habitués à autant de véhémence sur la Manif pour tous, l’avortement, l’euthanasie, les tombes et les églises profanées, etc. Pourquoi, d’un coup, une telle insistance sur« le rejet de l’autre, quand il est différent ou qu’il vient d’ailleurs » ? Cette position de l’épiscopat français qui concerne le problème de l’immigration n’est-elle pas une forme de démagogie ou d’angélisme ?

Les questions de société que vous mentionnez sont des plus importantes et me tiennent à cœur, mais il ne faut pas perdre de vue que les enjeux d’une élection locale ne sont pas tout à fait les mêmes que ceux d’une élection nationale (présidentielle ou législatives). Quant au fait que l’Église en appelle, au nom de la charité et de la fraternité, à l’accueil de l’étranger et à la lutte contre le racisme, quoi de plus normal ? Cela ne signifie certes pas qu’il faille accueillir sans discernement tous les immigrés qui souhaitent s’établir en France ou en Europe, auxquels nous ne sommes plus nécessairement en mesure de proposer un logement, un travail et des conditions de vie décentes et qu’il devient extrêmement difficile d’assimiler du fait de leur culture et de leur religion particulières. Je relisais récemment un document sur « L’Église face au racisme » que la commission pontificale « Justice et Paix », alors présidée par le cardinal Roger Etchegaray, avait publié. Il y était rappelé qu’« il appartient aux pouvoirs publics, qui ont la charge du bien commun, de déterminer la proportion de réfugiés ou d’immigrés que leur pays peut accueillir, compte tenu de ses possibilités d’emploi et de ses perspectives de développement, mais aussi de l’urgence du besoin des autres peuples. Et l’État veillera à ce que ne se créent pas des situations de déséquilibre social grave, accompagnées de phénomènes sociologiques de rejet, comme cela peut arriver lorsqu’une trop forte concentration de personnes d’une autre culture est perçue comme menaçant directement l’identité et les coutumes de la communauté locale d’accuei.l » Ce texte date de février 1989, mais n’a rien perdu de son actualité…

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Voici un communiqué de Bernard Antony à propos du texte électoral du Conseil permanent de la CEF :

« Nous avons lu la déclaration de ce 11 décembre du Conseil Permanent de la Conférence des Evêques de France à l’approche des élections municipales.

Elle est pleine d’une pieuse, attentive et émouvante sollicitude, sans aucune réserve, pour tous les élus. On est très rassuré en constatant que les évêques de ce Conseil sont vraiment non conformistes et bien courageux. N’hésitent-ils pas en effet à proclamer un attachement très original pour la justice sociale, la démocratie et la paix ?

Nos évêques, bienveillants, ne trouvent cependant, et c’est un peu dommage, rien à redire à des politiques de la ville favorisant la communautarisation et l’islamisation par le financement, sous étiquette « culturelle », des mosquées ; rien à redire non plus sur les relégations, discriminations et violences qui en découlent momentanément pour les Français pas encore convertis à l’islam.

Rien à redire encore sur les politiques culturelles où l’on subventionne n’importe quoi et souvent le pire de ce qui s’autoproclame « art contemporain », telle que l’exposition du FRAC de Lorraine enfin condamné sur plainte de l‘AGRIF pour « porter gravement atteinte à la dignité humaine ». Mais peut-être que le fait d’amener des enfants des écoles lire des inscriptions telles que « Les enfants, nous allons vous sodomiser et vous crucifier, vous êtes notre chair et notre sang, à plus tard, Papa et Maman » participerait-il de l‘effort éducationnel de ces admirables élus à la fois municipaux et régionaux ?

Le Conseil de la Conférence n’a pas trouvé davantage à redire sur les subventions municipales, énormes dans les grandes villes, à toutes les associations de promotion de l‘avortement ou encore de revendications des groupes de culture LGBT-OGM.

Mais sans doute l’invite de Jean-Paul II à lutter contre la culture de mort est-elle aujourd’hui épiscopalement considérée comme inutile, désuète, « réac » pour tout dire.

Nos évêques ont une grande indulgence aussi, semble-t-il, pour ne même pas esquisser le souhait de moins de corruption dans la politique. Non, ce qui les émeut, peut-être à bon droit, ce sont « les discours populistes répandant le suspicion contre toute représentation politique ».

Mais encore faudrait-il définir alors ce qu’ils entendent par « populisme ».

Une des formes historiques de ce que l’on entend d’ordinaire par là, c’est-à-dire l’appel au peuple, la prise en considération des sentiments populaires par trop méprisés par les oligarchies et les professionnels de la politique, somme toute une forme d’accueil des revendications des laissés pour compte, fut celle en Argentine de l’expérience péroniste avec le mouvement immensément populaire jusqu’à nos jours du « justicialisme ».

Sans doute bien des choses furent contestables dans le populisme justicialiste mais rien de semblable, pour le moins, aux monstruosités du communisme que notre épiscopat n’a pourtant jamais dénoncé. Et d’ailleurs, durant plusieurs années, le futur pape François ne fut-il pas un généreux militant péroniste ?

Nos évêques devraient nous faire savoir aussi dans quel discours populiste, d’un responsable donc, ils ont bien pu trouver l’expression de « la suspicion contre toute représentation politique ».

Pour notre part, en cinquante ans et plus de militantisme politique, nous n’avons jamais entendu aucun dirigeant politique (des braves gens exaspérés peut-être ?) se prononcer contre « toute représentation politique ». Nous voulons de cela les textes et la référence. Même monsieur Mélenchon n’affirme rien de tel !

Nous connaissons certes quelques maires qui ont une certaine sympathie pour une démocratie non oligarchique, ils se présentent aux élections, représentent leurs électeurs, ils ont même été plusieurs fois réélus. Le Conseil permanent de nos évêques n’aurait-il pas été, en cette prise de position, bien mal conseillé ? »

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