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Le Synode: de plus en plus d’appels et de pétotions

publié dans nouvelles de chrétienté le 5 octobre 2015


 

Synode: “Malheur à ceux qui appellent le mal «bien», et le bien «mal» » (Isaïe 5, 20). De plus en plus d’appels et de pétitions

(Giulio Ginnetti) À la veille de l’ouverture du Synode des Évêques les appels et les pétitions adressés au Saint-Père et aux Pères synodaux afin que soit conservée l’orthodoxie de la doctrine catholique sur le Mariage et la Famille sont de plus en plus nombreux.

La première pétition, qui a recueilli 790 190 signatures, dont celles de huit cardinaux, est la Supplique Filiale au Pape François sur l’avenir de la Famille. Elle a été remise au Secrétariat d’État le 29 septembre dernier et présentée le jour même aux journalistes lors d’une conférence de presse du Professeur Tommaso Scandroglio, représentant de l’Association.

Les signataires demandent au Pape François de donner « une parole éclairante » afin de dissiper la « désorientation généralisée causée par l’éventualité qu’au sein de l’Église se soit ouverte une brèche permettant l’acceptation de l’adultère – moyennant l’admission à l’Eucharistie de couples divorcés civilement remariés – et jusqu’à une virtuelle acceptation des unions homosexuelles, pratiques condamnées de façon catégorique comme contraires à la loi divine et naturelle ». […] « Seule une intervention suprême du Souverain Pontife peut en effet être à même d’aider les fidèles désorientés à sortir de la confusion qui s’est créée au fil des années et qui s’est aggravée dernièrement de façon dramatique ».

La pétition a été signée, entre autres, par : les cardinaux Raymond Leo Burke, Chapelain de l’Ordre Souverain Militaire de Malte ; Jorge Medina Estévez, préfet émérite de la Congrégation pour le Culte Divin ; Geraldo Majella Agnelo, primat du Brésil ainsi que secrétaire de la Congrégation pour le Culte Divin à Rome ;  Gaudencio Rosales, archevêque émérite de Manille ; Ricardo J. Vidal, archevêque émérite de Cebu (Philippines) ; Janis Cardinal Pujats, archevêque émérite de Riga (Lettonie) ; Alexandre José Maria Cardinal dos Santos, O.F.M., archevêque émérite de Maputo (Mozambique).

Le 10 septembre, a été lancé dans la revue américaine First Things, un appel international, rédigé par les professeurs David S. Crawford de Washington et Stephan Kampowski de l’Institut Jean Paul II, signé par une cinquantaine de moralistes et philosophes catholiques du monde entier, parmi lesquels les professeurs Robert Spaemann, Wolfgang Waldstein et Martin Rhonheimer, afin que les Pères du Synodes suppriment le paragraphe 137 de l’Instrumentum laboris, qui nie l’encyclique Humanae Vitae, en confiant à l’arbitre d’un père spirituel la responsabilité de trouver un compromis entre la conscience subjective des époux qui lui sont confiés et la norme morale objective de l’Église.

La conclusion de ce document est celle-ci : « Nous croyons que le texte de l’Instrumentum laboris contient de graves défauts. Il semble s’opposer directement aux enseignements du Magistère contenus dans l’encyclique Humanae Vitae et Veritatis Splendor. En effet, le paragraphe 137 se présente comme étant une explication de la signification de Humanae Vitae ; mais en réalité il vide celle-ci de son enseignement central. Ce n’est pas là un détail secondaire : il s’agit bel et bien d’une distorsion du contenu fondamental du document de Paul VI. Les inexactitudes et les distorsions que contient l’Instrumentum laboris risquent d’avoir des conséquences désastreuses pour les fidèles, qui ont le droit de connaître la vérité du depositum fidei. En effet, le paragraphe 137, s’il est approuvé par le Synode, sèmera la confusion parmi les fidèles (…). Permettre que les formulations contenues dans le paragraphe 137 fassent partie de l’enseignement du Synode impliquerait en effet de pouvoir appliquer la logique de ce texte aussi à d’autres domaines dans lesquels l’enseignement de l’Église est en jeu à l’égard d’actes intrinsèquement mauvais tels que, par exemple, l’avortement et l’euthanasie.

Ce n’est pas la première fois que cela arrive. Le fait que tant de théologiens et même tant d’évêques et de prêtres n’aient pas exprimé leur ferme soutien à l’enseignement de Humanae Vitae a entraîné des décennies de désobéissance à l’enseignement de l’Église, et ce dans tous les domaines, et pas seulement dans le domaine sexuel. Le Synode est une occasion de combler cette lacune. Le paragraphe 137 devrait être rejeté et remplacé par une ferme affirmation de l’enseignement de Humanae Vitae et par une explication claire du rapport entre conscience et normes morales objectives comme le montre Veritatis Splendor.

Nous déclarons ce qui précède en notre qualité de théologiens et de philosophes catholiques experts de morale, désireux d’apporter notre contribution à la réussite du Synode. Que ce dernier puisse être toujours guidé par la vérité. C’est la vérité même qui permet le dialogue, car elle fournit les justes paramètres dans lesquels le dialogue peut se développer. Par le présent appel nous exerçons précisément la parresìa, la franchise souhaitée par le Pape François pour le déroulement du Synode des Évêques. Nous nous efforçons également de jouer notre rôle dans le discernement du bien moral au service de l’Église et tous les fidèles (cf. VS 113)».

Deux pères synodaux, Mgr Stanislaw Gądecki, archevêque de Poznan et président de la Conférence Épiscopale de Pologne et Mgr Henryk Hoser S.A.C., archevêque de Varsovie-Prague, sont quant à eux en train de diffuser un texte rédigé par un groupe d’intellectuels polonais qui affirment entre autre : « Nous sommes profondément convaincus que le monde a besoin aujourd’hui de l’enseignement chrétien sur les questions du mariage et de la familleIl existe une sérieuse tentation de diluer la définition du mariage sacramentel et de la famille bâtie sur ce fondement.

Nous estimons qu’il est extrêmement important de rappeler la finalité et le sens naturel et surnaturel de la famille avec ses droits et ses devoirs. Nous espérons que le synode va approfondir la théologie du mariage et de la famille. Particulièrement importantes nous semblent les questions de la dimension sacramentelle du mariage, constituant le fondement de la famille, ainsi que des droits de la famille, de ses relations avec l’État et avec les institutions internationales, de la pastorale familiale, de la culture et de la théologie du corps. Les problèmes de l’éducation, perçus dans le contexte de la liberté de l’Église à prôner la vérité, les problèmes des droits des parents et de la liberté de confession méritent une attention toute particulière.

L’Église ne peut pas renoncer à sa fonction d’enseignant et d’éducateur même si cela éveille des critiques à son égard. Le silence de l’Église sur la redéfinition de la conception de la famille, qui a lieu aujourd’hui, est souvent perçu comme l’abandon des brebis par le berger. C’est sur l’Église que repose la responsabilité pour la formation des fidèles qui vivent dans le monde contemporain, mais aussi pour la présentation de l’enseignement lisible, sans ambiguïtés, à ceux qui vivent en dehors de l’Église. Dans les deux cas, une réflexion théologique, anthropologique, morale et sociale est nécessaire – une réflexion qui aiderait à comprendre les réponses de la Révélation aux questions que pose le monde en évolution.

Le peuple de Dieu attend avec confiance que les Pères synodaux effectuent une analyse approfondie des idéologies et des mécanismes institutionnels qui menacent la famille. Nous espérons que le Synode qui s’approche va indiquer et appeler par leur vrai les idées, les institutions et les mécanismes qui mènent à ce que le pape François appelle la « colonisation idéologique » du monde contemporain. Aux phénomènes qui exigent une description compréhensible et une appréciation, appartiennent entre autres les programmes scolaires qui dépouillent le mariage de sa dimension spirituelle et éthique, les mécanismes culturels et éducationnels de sexualisation et de démoralisation des enfants et des jeunes. Une inquiétude toute particulière éveille le diktat de la politique dans le domaine de l’anthropologie et de la médecine visant à déstabiliser le sexe et à redéfinir la famille ».

Le 15 septembre une Supplique au Saint Père a été adressée par Monseigneur Bernard Fellay, Supérieur général de la Fraternité Saint Pie X, dans laquelle on lit : « Nous ne pouvons vous cacher que la première partie du Synode consacré aux Défis pastoraux de la famille dans le contexte de l’évangélisation nous a très vivement alarmés. Nous avons entendu et lu, venant de personnes constituées en dignité ecclésiastique – qui s’autorisent de votre soutien, sans être démenties -, des affirmations si contraires à la vérité, si opposées à la doctrine claire et constante de l’Église concernant la sainteté du mariage, que notre âme en a été profondément troublée.

Alors qu’approche la deuxième partie de ce Synode consacré à la famille, nous estimons en conscience de notre devoir d’exprimer au Siège apostolique les profondes angoisses qui nous saisissent à la pensée des « conclusions » qui pourraient être proposées à cette occasion, si par grand malheur elles devaient constituer une nouvelle attaque contre la sainteté du mariage et de la famille, un nouvel affaiblissement du statut des couples et des foyers. Nous espérons de tout cœur, au contraire, que le Synode fera œuvre de véritable miséricorde en rappelant, pour le bien des âmes, l’intégrale doctrine salutaire concernant le mariage.

Nous prions donc pour que la vérité évangélique du mariage, que devrait proclamer le Synode, ne soit pas contournée en pratique par de multiples « exceptions pastorales » qui en dénatureraient le sens véritable, ou par une nouvelle législation qui en abolirait quasi infailliblement la portée réelle. Sur ce point, nous ne pouvons vous dissimuler que les récentes dispositions canoniques du Motu proprio Mitis iudex Dominus Iesus, facilitant des déclarations de nullité accélérées, ouvriront la porte de facto à une procédure de « divorce catholique » qui ne dit pas son nom, en dépit des rappels sur l’indissolubilité du mariage qui l’accompagnent. Ces dispositions suivent l’évolution des mœurs contemporaines, sans chercher à les rectifier selon la loi divine ; comment, dès lors, ne pas être bouleversé par le sort des enfants nés de ces mariages annulés de façon expéditive, qui seront les tristes victimes de la « culture du rebut » ?

Très Saint Père, Pour l’honneur de Notre Seigneur Jésus-Christ, pour la consolation de l’Église et de tous les fidèles catholiques, pour le bien de la société et de l’humanité tout entière, en cette heure cruciale, nous vous supplions donc de faire retentir dans le monde une parole de vérité, de clarté et de fermeté, en défense du mariage chrétien et même simplement humain, en soutien de son fondement, à savoir la différence et la complémentarité des sexes, en appui de son unicité et de son indissolubilité. Nous vous supplions filialement de faire retentir une parole accompagnée de mesures efficaces, montrant votre soutien en acte à la famille catholique».

Le 30 septembre, lors du Congrès international Demeurer dans la vérité du Christ (Permanere nella verità di Cristo), qui s’est déroulé le 30 septembre à Rome, organisé par La Nuova Bussola Quotidiana, en collaboration avec Il TimoneL’Homme NouveauDignitatis Humanae Institute et Infovaticana, un Appel aux Pères du Synode a été présenté, dans lequel est demandée une reproposition intégrale de la tradition catholique sur les problèmes de la vie, de la famille et de l’éducation. L’appel est signé, entre autre, par cinq cardinaux : Carlo Caffarra, Archevêque de Bologne; Raymond Leo Burke, Chapelain de l’Ordre Souverain Militaire de Malte ; Walter Brandmüller, Président Émérite du Comité Pontifical des Sciences Historiques ; Robert Sarah, Préfet de la Congrégation pour le Culte Divin ; Joachim Meisner, Archevêque émérite de Cologne. On y lit entre autre : « La guerre contre la famille n’est pas seulement culturelle : c’est aussi une guerre sociale, économique, juridique, doctrinale, qui vise même le domaine sacramentel. Si bien que sa défense exige un magistère spécifique, fort et clair. Un magistère qui réaffirme les préceptes de la loi naturelle – que l’Évangile n’abolit pas mais perfectionne – et qui conduise les catholiques à la nécessaire défense de la famille, qui leur revient, en outre, en raison de leur responsabilité concernant le bien commun de la société et de tous ceux qui la composent.

Ce serait une grave erreur d’accepter le statut que les forces aujourd’hui dominantes dans le monde (l’idéologie dominante anti-chrétienne, l’agression des sectes protestantes les plus radicales, les autres religions) voudraient imposer à l’Église, en la cantonnant à des pratiques de dévotion et de bienfaisance, mais en considérant comme intolérable qu’elle prétende délivrer une proposition globale pour l’existence de l’homme comme tel.

Rien n’est plus nécessaire aujourd’hui pour la société que l’Église et que les chrétiens vivent la nouveauté de la famille chrétienne et en expriment les convictions profondes ou la doctrine qui est impliquée dans l’expérience familiale. « Ce qui nous est demandé, c’est de reconnaître combien il est beau, vrai et bon de former une famille, d’être une famille aujourd’hui ; combien c’est indispensable pour la vie du monde, pour l’avenir de l’humanité. C’est pourquoi, Chers Pères synodaux, nous vous demandons de faire en sorte que de ce Synode émane une nouvelle proposition de l’intégralité de la tradition catholique sur les problèmes de la vie, de la famille, de l’éducation, pour permettre au peuple chrétien d’aujourd’hui d’approfondir son identité propre afin de s’acquitter adéquatement de sa mission.

Nous vous demandons de dépasser l’opposition abstraite entre vérité et charité, entre doctrine et pastorale, qui n’a aucun fondement du point de vue de l’expérience de l’Église, parce que la vérité s’exprime dans le monde tant comme jugement sur les positions que comme charité pour les personnes.

Nous vous demandons d’entrer dans toutes les problématiques particulières, y compris les plus douloureuses, prises non comme des points totalisants mais comme des points qui expriment chacun la totalité de la position. En particulier, il est impensable que l’Église assume l’équivalence de fait, et encore moins de droit, entre une relation et un couple hétérosexuel et un rapport de nature homosexuelle, car ce serait la subversion de la loi naturelle et du plan d’amour du Dieu créateur ».

Trois prêtres et théologiens célèbres : l’abbé Claude Barthe, spécialiste du droit et de la liturgie, promoteur des pèlerinages de soutien à la lettre apostolique Summorum Pontificum ; Mgr Antonio Livi, doyen émérite de la faculté de philosophie de l’Université Pontificale du Latran ; l’abbé Alfredo Morselli, curé de paroisse et prédicateur d’exercices spirituels, ont quant à eux élaboré un document publié le 28 septembre sur le site « www.Chiesa », dans lequel ils affirment que certains paragraphes de la Relatio finale du Synode de 2014, qui ont par la suite été intégrés dans les Lineamenta et dans l’Instrumentum laboris et concernent l’accès des divorcés remariés à la communion, ce que l’on appelle la “communion spirituelle”, et les homosexuels, contredisent à certains endroits la doctrine enseignée à tous les fidèles par le magistère de l’Église et par le Catéchisme de l’Église Catholique lui-même, au point de «compromettre la Vérité» et donc de rendre «inacceptable» la totalité de l’Instrumentum laboris , ainsi que tout « autre document qui en reprendrait le contenu et qui serait soumis à un vote à l’issue de la prochaine assemblée synodale».

Les trois théologiens font notamment une critique très sévère des paragraphes 122, 124-125 et 130-132 de l’Instrumentum laboris, en en soulignant les lacunes et les silences. Ces théologiens affirment que : « La pastorale n’est pas l’art du compromis et des concessions : elle est l’art de prendre soin des âmes dans la vérité. C’est pourquoi tous les Pères synodaux doivent tenir compte de l’avertissement du prophète Isaïe : “Malheur à ceux qui appellent le mal bien, et le bien mal, Qui changent les ténèbres en lumière, et la lumière en ténèbres. Qui changent l’amertume en douceur, et la douceur en amertume” (Isaïe 5, 20) ».

Comment donc sous-estimer cette mise en garde d’Isaïe face à ces fermes rappels à l’orthodoxie provenant de tous les coins du monde, de tant de successeurs des Apôtres, de tant de théologiens et d’intellectuels catholiques, mais aussi d’une si grande part du « petit peuple » qui conserve, inaltéré, le sensu fidei dans la tempête dans laquelle est plongée l’Église ? Les Pères du Synode et le Saint-Père en tiendront-ils compte ?(Giulio Ginnetti)

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