L’élection de Donald Trump.
publié dans regards sur le monde le 28 juillet 2016
Donald Trump peut-il le faire ?
Dans deux sondages réalisés à la suite de son investiture officielle par le parti républicain, Donald Trump est donné gagnant.
Donald Trump a déjoué tous les pronostics parce qu’il a répondu aux attentes d’une partie de l’Amérique lassée par l’establishment. N’en déplaise à Ted Cruz, plus conservateur sur les questions de mœurs, l’extravagant homme d’affaires est aujourd’hui le mieux placé pour battre les démocrates. Peut-il le faire ? L’hypothèse prend de l’épaisseur. Dans deux sondages parus lundi, et réalisés à la suite de son investiture officielle par le parti républicain, Donald Trump est donné gagnant. S’il était attendu que Donald Trump profite de la convention des républicains pour donner une nouvelle dynamique à sa campagne, ces résultats ont tout de même de quoi étonner après les quelques cafouillages des derniers jours, notamment le plagiat révélé dans un discours de son épouse.
Donald Trump a-t-il encore une marge de progression après avoir fédéré autour de lui les mécontents ? Oui, à en croire le démocrate engagé Michael Moore, cinéaste de son état. Ce dernier juge que le New-Yorkais peut progresser dans les quatre États de la Rust Belt (Michigan, Ohio, Pennsylvanie, et Wisconsin), traditionnellement démocrates, pour des raisons comparables à celles qui ont conduit au Brexit. L’accord de libre-échange nord-américain, signé par Bill Clinton en 1994, ayant contribué à désindustrialiser cette région de cols bleus.
Hillary Clinton est loin de susciter l’enthousiasme des électeurs démocrates, hors les Afro-Américains et les femmes. Son image est désastreuse, entachée par plusieurs scandales, dont un déclenché par Bernie Sanders, lequel a déclaré que le parti avait été « du côté de madame Clinton dès le premier jour », sous-entendant que les primaires étaient jouées d’avance. Hillary Clinton est une néo-conservatrice, au même titre que son mari qui fut, avant George W. Bush, le premier adepte de cette doctrine politique. Il est responsable de la fin des accords Roosevelt (le fameux Banking Act de 1933) qui a donné plein pouvoir à la haute finance sur l’économie réelle, et sa politique étrangère fut interventionniste.
De son côté, Donald Trump n’est pas un doctrinaire. Son programme tient pourtant du paléo-conservatisme d’un Patrick Buchanan : anti-immigration massive, moins interventionniste que les précédents exécutifs, protectionniste sur le plan économique, favorable à l’entrepreneuriat dans l’économie réelle. La campagne de Donald Trump fait curieusement écho aux difficultés que traverse la France : les attentats islamistes ont aussi touché les États-Unis, la société multi-ethnique est en crise suite aux émeutes et aux attentats d’une partie de la communauté noire américaine (un schéma qui s’exporte, comme nous pouvons le constater ces derniers jours à Beaumont-Sur-Oise), les WASP américains ont le sentiment d’être déclassés et étrangers du pays que leurs ancêtres ont bâti… Bref, une situation explosive.
Dans ce contexte, Donald Trump peut gagner. Sera-t-il un atout pour nous ? Peut-être. Sa démesure et ses outrances nous amusent mais nous sont profondément étrangères. L’homme a du flair. C’est un commercial pragmatique qui a bien ciblé où pouvaient se trouver ses parts de marché. Tiendra-t-il pour autant ses promesses ? En 1998, Donald Trump plaisantait dans les colonnes de People Magazine : « Si je devais participer à la course à la Maison-Blanche, je participerais en tant que républicain. Ils sont les électeurs les plus stupides. Ils croient tout ce que dit Fox News. Je pourrais mentir, ils continueraient à avaler. Je parie que mes scores seraient étourdissants. » Ces vieilles déclarations peuvent inquiéter, mais un élément rassure : Donald Trump sera tenu par son électorat une fois en poste car sa campagne césariste lui interdira la sortie de route. Sous peine de troubles majeurs.
(Source Bd Voltaire)