le Pape François, dans la tourmente!
publié dans magistère du pape François le 14 février 2017
A Rome, des affiches contestent le pape
C’est un événement sans précédent, à notre connaissance, dans l’histoire contemporaine de la papauté : samedi 4 février, les Romains ont pu découvrir, sur les murs de leur ville, des dizaines d’affiches résolument hostiles au pape, montrant un François au visage fermé avec cette légende, écrite en dialecte romain : « Tu as placé sous tutelle des congrégations, évincé des prêtres, décapité l’Ordre de Malte et les Franciscains de l’Immaculée, ignoré les cardinaux… Mais où est ta miséricorde ?»
Ce ne sont pas des anticléricaux qui ont répandu ce libelle accusateur mais des catholiques !
Une remarque liminaire : si le Vatican use de modes modernes de communication, si le pape parle à la bonne franquette dans les avions avec la presse, s’exprime au téléphone sur des sujets délicats, si la frontière entre la religion et la politique (notamment au sujet de l’immigration) est désormais ténue, il ne faut pas s’étonner que les méthodes pour le contester empruntent à la politique et donc à ses modes d’expression. D’ailleurs, le souverain pontife semble l’admettre puisque, selon le Vatican, il a réagi « avec distance et sérénité ».
Il n’empêche : ce qui se murmurait, dans la curie, à l’intérieur des murs du Vatican et, à l’extérieur, chez certains fidèles attachés à la tradition, déborde ces espaces pour être visible dans la rue. Les affiches ne sont pas restées longtemps en place ! Elles ont été aussitôt couvertes par la municipalité. Mais la police enquête qui prend l’affaire très au sérieux.
Pourtant, certains ne veulent y voir que la résurgence d’une vieille tradition romaine, la « pasquinade », du nom de la pratique qui consistait à attacher des libelles impertinents à Rome sur la statue de Pasquin, lequel est un valet de comédie, comme Scapin.
En réalité, ces affiches manifestent l’exaspération de clercs, de cardinaux et de fidèles, de n’être point entendus du pape, d’où la mention qu’il a « ignoré les cardinaux » qui lui ont écrit avec respect pour lui demander des éclaircissements sur l’exhortation Amoris laetitia. François ne leur a pas répondu. Y est également évoqué la mise sous tutelle des religieux de l’Immaculée, des Franciscains célébrant la messe selon le « rite extraordinaire », pleinement autorisée par Benoît XVI. François le fit dès le début de son nouveau pontificat. Au même moment, il évinça le cardinal américain Raymond Burke de sa fonction de préfet du Tribunal suprême de la Signature apostolique, la cour de cassation du Vatican. Il était « coupable » de ne point approuver l’orientation du pontificat. Il est vrai que le cardinal n’est pas un adepte de la « langue de buis » qui interpellait François en ces termes : « Le pape a fait beaucoup de mal au synode en ne disant pas ouvertement quelle est sa position. Comme pasteur universel, il doit servir la vérité. Le pape n’est pas libre de changer la doctrine sur l’immoralité des actes homosexuels, l’indissolubilité du mariage ou toute autre doctrine de la foi. » Il y a aussi une référence à la crise qui frappe l’Ordre de Malte et qui a opposé le pape au grand maître de l’Ordre, Matthew Festing, que le souverain pontife a contraint à la démission.
La question « Où est ta miséricorde ? » est peut-être l’objection centrale, autour de la formule « deux poids, deux mesures ». Il n’est pratiquement pas de discours ou d’homélies dans lesquels François n’évoque la nécessité de la miséricorde ; c’est d’ailleurs en son nom qu’il a souhaité, sous certaines conditions, que l’on accepte les divorcés remariés à la Sainte communion. Mais il semble bien que la manifestation de cette miséricorde soit unilatérale, réservée à l’extérieur de l’Eglise – de même que la « révolution de la tendresse – et à ceux qui, à l’intérieur, sont en marge des normes morales. En revanche, les propos de François sont souvent très durs pour la curie, les évêques, les cardinaux, ses collaborateurs ; ce n’est pas à leur égard que l’on peut entendre le désormais célèbre « Qui suis-je pour les juger » ?
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