L’armée, humiliée par Macron
publié dans regards sur le monde le 28 juillet 2017
L’armée humiliée par Macron
La démission du général Pierre de Villiers – que nous vous laissions pressentir dans votre dernier Bulletin – n’est pas une simple péripétie gouvernementale, comme d’autres que la vie politique nous offre continuellement. Ce n’est pas un ministre qui démissionne ou qui est démissionné au nom du pouvoir discrétionnaire du président de la République. C’est le plus haut gradé de notre armée, principal responsable opérationnel de la sécurité des Français et de l’intégrité du territoire, qui est contraint de quitter ses fonctions de chef d’état-major des armées. Il en a donné le motif, qui est gravissime et nous concerne tous, dans sa lettre de démission : « Je considère ne plus être en mesure d’assurer la pérennité du modèle d’armée auquel je crois pour garantir la protection de la France et des Français, aujourd’hui et demain, et soutenir les ambitions de notre pays. » Avant de rendre public son désaccord, le général avait plusieurs fois fait état de la situation de l’armée, en privé, devant le chef de l’Etat. En vain ! Sont en cause les 850 millions € dont le budget de la Défense est amputé pour 2017. Le chef de l’Etat, avec désinvolture et irrespect, a renvoyé le général à ses casernes pratiquement insalubres en expliquant qu’il n’a pas à se mêler du budget de la Défense qui est de la seule compétence du ministre, Florence Parly, le chef d’étatmajor n’ayant qu’à se taire et à accepter. Macron trahit par là sa méconnaissance de ce qu’est un vrai chef des armées alors qu’il revendique ce titre que lui reconnaît la Constitution (une responsabilité d’ailleurs partagée car selon l’article 21 « Le Premier ministre est responsable de la Défense nationale. ») Si le président de la République avait fait son service militaire, il aurait d’abord appris à reconnaître les galons et autres barrettes et d’expérience qu’un chef ne se contente pas de commander : il prend soin de ses hommes. En temps de guerre, il essaie d’épargner leur vie autant que cela est possible, comme en temps de paix, il entend leur offrir des conditions de vie décentes. Or, le général Pierre de Villiers le constate : «Beaucoup de jeunes sous-officiers n’arrivent même plus à se loger » ; c’est en leur nom qu’il a élevé la voix sans se soucier de préserver son poste car, a-t-il dit : « Je ne pourrai plus regarder mes gars dans les yeux si on réduit encore nos moyens. » Là où l’ex-banquier Macron ne voit que des chiffres, le général voit des visages d’hommes. Car il n’est pas question de logements déplorables, voire insalubres ou d’intendance lamentable, seulement, mais aussi des moyens proprement militaires en opération dont la défaillance met en péril leur intégrité physique. C’est pour cela que priver la Défense de crédits n’est pas la même chose qu’en amputer les Transports ou l’Education nationale voire sabrer l’aide à l’immigration (ONG) et autres subventions d’Amazonie : même avec moins d’argent pour ceux-là, il n’y a pas mort d’homme ! Or, pour nos soldats, les témoignages abondent : l’absence de renouvellement de leur matériel les rend plus vulnérables à l’ennemi, notamment les terroristes islamistes. Une grande majorité des militaires de l’opération Sentinelle ont des gilets pare-éclats qui les protègent de certains calibres seulement ; ce N°2527 Maisons-Alfort, semaine du 24 au 30 juillet 2017 « Mieux vaut être informé d’une réalité si déplaisante so it-elle qu’être dupe des apparences dont on voudrait la parer » Nouvelle série Depuis 1949 23, rue Paul Vaillant-Couturier – 94700 MAISONS-ALFORT— le n°:1,6 Euro banoel@wanadoo.fr—t él : 01 74 59 31 68 Le Bulletin d’André Noël SYNTHESE HEBDOMADAIRE des problèmes politiques français et internationaux Billet Impôt : la vache à lait Dans le domaine fiscal, nous venons de battre un nouveau record dont nous nous passerions bien, comme d’autres dans ce secteur ! En effet, près de six Français sur dix ne paient plus l’impôt sur le revenu, une première depuis cinquante ans ! D’après les statistiques publiées la semaine dernière par l’administration fiscale, seuls 16,1 millions de foyers fiscaux étaient imposables en 2016, soit un million de moins qu’en 2015. La part des ménages imposables est tombée à 42,8 % ! Nous nous en réjouirions volontiers si ces exemptions étaient le fruit d’une modération des dépenses de l’Etat ; or, il n’en est rien. Les baisses des uns sont compensées par une hausse pour les autres. Rappelons que ce sont les ménages prétendument « privilégiés » qui ont dû subir les trois quarts du choc fiscal socialiste de 2011-2013 et qui n’ont bénéficié ensuite d’aucune des «ristournes» de François Hollande, réservées aux «plus défavorisés.» Soulignons également qu’à l’époque Macron était son ministre à Bercy. Devenu président, il aggrave cette iniquité au lieu d’y remédier. Il a annoncé la suppression de la taxe d’habitation pour 80% des mé- nages qui seront, bien entendu, toujours les «plus défavorisés» ; les autres, les 20% restant, qui constituent les classes moyennes, seront de plus en plus la vache à lait de l’État qui les décrète «privilégiées» ; elles seules, ou presque les seules, à payer l’impôt sur le revenu seront aussi les seules à régler la taxe d’habitation. C’est d’autant plus cynique qu’Emmanuel Macron avait déclaré pour se faire élire que ladite taxe était un «impôt injuste»! Parvenu au pouvoir, il persévère dans l’injusticemais au détriment des seuls «privilégiés» ! GB sont des gilets qui ne sont pas faits pour se déplacer : « C’est pour tenir un poste fixe, on ne peut pas vraiment se battre avec ça », explique un militaire. « En opération Sentinelle, si on doit intervenir sur une attaque, on est un peu comme des Playmobil avec ce genre de gilets pare-balles. » Un autre militaire, sous-officier dans l’armée de terre, raconte qu’il est lui-même parti, rangers usés aux pieds et avec ce genre de gilets, en opération extérieure au Mali pour affronter les djihadistes. Sur place, il a aussi découvert des véhicules de l’armée plus que poussiéreux en panne qui servent juste pour le remplacement des pièces et permettre à d’autres de rouler. La moitié du parc avions et autres hélicoptères, à bout de potentiel, est en attente de pièces pour voler… Il cite aussi le cas du Charles De Gaulle, notre seul porte-avions qui est bloqué la moitié de son temps en réparation ou en calle sèche. Mis en service en 2001, il est arrivé à « mi-vie » ; sa révision, pour le mettre aux standards d’aujourd’hui, devrait coûter environ un milliard €. « Actuellement, on a des véhicules qui ont entre 30 et 35 ans d’utilisation. Quand les prochains arriveront, on aura 40 voire 45 ans d’utilisation. Ça devient problématique. » Entendu sur France Info : « Je suis de la nouvelle génération, j’ai huit ans de service. Il faut savoir que mon grand-père travaillait sur le même véhicule il y a trente ans. » Conséquence : « On ne peut pas partir en patrouille ou bien l’on part avec des véhicules non protégés. Ça reste un peu compliqué. » Macron a humilié le chef d’état-major, en prétendant qu’il n’était pas « digne » qu’il s’exprimât sur ce budget, même dans le cadre d’une commission parlementaire. Prétendre que cet officier supérieur est indigne est une honte ; à travers lui, c’est toute l’armée dont Villiers était le chef respecté, qui est atteinte dans son honneur. Et le chef de l’Etat a fait cela en public, devant d’autres officiers. Voici ce qu’en dit le propre conseiller militaire de Macron lors de sa campagne électorale, le général Trinquant : « Un chef n’est jamais remis en cause devant ses subordonnés. » Le prédécesseur du chef d’état-major, le général Henri Bentégeat est encore plus véhément et rappelle au chef de l’Etat cet impératif : « Recadrer le chef d’état-major devant un parterre de gé- néraux et de subordonnés, c’est l’horreur absolue, on ne doit jamais remettre en cause un chef militaire comme cela. » Et Macron au lieu d’identifier et de « mettre aux arrêts » la… « fuite », laisse son ministre et porte-parole, Castaner, s’en prendre indignement au général démissionnaire : «Le chef d’état-major a été déloyal dans sa communication, il a mis en scène sa démission. » S’il est un metteur en scène de sa fonction et de son existence, ce n’est pas le général Villiers qui n’est ni un comédien, ni un « communicant », c’est le président qui se déguise en pilote de… chasse le temps d’une photo, qui convoque la presse au balcon du théâtre militaire pour qu’elle le voit prendre son déjeuner à la table des soldats au Mali où il va «sur le terrain» en prenant soin ne pas salir ses mocassins!
Source : Bulletin d’André Noël n° 2527)