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Entraide et Tradition

Le retour du latin

publié dans regards sur le monde le 21 septembre 2017


 

Quand le latin retrouve en douceur le chemin des autels
SOURCE – France Soir – AFP – 14 septembre 2017

« Sans le latin, la messe nous emmerde », chantait il y a quarante ans un Georges Brassens moquant les innovations de l’Eglise. Le poète a été entendu: l’ancienne liturgie jouit d’un petit retour en grâce, béni par certains fidèles, honni par d’autres.

Banni par le pape Paul VI dans la foulée d’un concile Vatican II (1962-1965) ouvert à la modernité, l’usage du missel (livre de messe) ancien a ensuite été à peine toléré. Jusqu’à ce que Jean Paul II, soucieux de ramener dans le giron romain les traditionalistes, demande en 1988 aux évêques d’accorder plus largement la possibilité de célébrer dans cette forme.
C’est surtout un « motu proprio » (lettre apostolique) de Benoît XVI qui a favorisé le retour à la messe ancienne, en permettant en 2007 à chaque curé de la faire dire dans sa paroisse. Le dixième anniversaire de cette libéralisation est fêté à Rome cette semaine.
En France, la « forme extraordinaire du rite romain » est célébrée dans 230 lieux, sans compter ceux de la Fraternité Saint-Pie X fondée par Mgr Lefebvre, toujours séparée du Saint-Siège. Le chiffre paraît modeste si on le rapporte au nombre des paroisses, environ 13.000. Mais il a presque doublé en dix ans.
A Passy, quartier du cossu XVIe arrondissement de Paris, le curé de Notre-Dame de l’Assomption a introduit la forme extraordinaire à son arrivée en 2014. Une fois par semaine, en soirée, le chanoine Guillaume de Menthière dit une messe basse – non chantée – presque entièrement en latin. Les fidèles y restent essentiellement silencieux, le célébrant leur tournant le dos pour officier en direction de l’Orient, « orienté » vers Dieu.
En ouvrant cette « petite lucarne » dans une église où toutes les autres messes sont données en français dans la « forme ordinaire » (missel de Paul VI), le père de Menthière pensait attirer surtout des personnes âgées en quête de souvenirs d’enfance. Il a été « surpris du nombre de jeunes ». Et il refuse les « caricatures » présentant ces fidèles comme une « armée de conservateurs ».
A la sortie de la messe, Caroline, 51 ans, dit apprécier ce qui « favorise l’intériorité ». Son mari Louis-Aimé, 61 ans, loue l’aspect « extrêmement ritualisé » d’une « symphonie où tout est écrit ». Denyse, elle, trouve « très touchant qu’il y ait des prêtres voulant revenir » à l’ancienne forme. « C’est une messe très pure », souligne la vieille dame, pestant au passage contre « Vatican II qui a tout fichu en l’air ».

– « Mystère magique » –

Pour l’historien Christophe Dickès, qui vient de consacrer un essai à « L’héritage de Benoît XVI », cette messe « moins communautaire » mais « plus sacrée » que l’ordinaire pourrait bénéficier à l’avenir d’un « effet de génération ». « On assiste à l’émergence de prêtres jeunes et fiers, complètement décomplexés », estime-t-il, rappelant que 20% des séminaristes français sont formés selon le missel ancien.
C’est bien ce qui inquiète certains catholiques critiques. Ainsi du journaliste-théologien Christian Delahaye, qui voit dans les aspirations des laïcs et clercs attachés à la forme extraordinaire « une démarche vraiment identitaire: ils vous disent +c’est la messe de toujours+, mais en fait c’est un retour à la messe du Moyen-Âge, pour ne pas dire un repli moyenâgeux ».
Au secrétariat général de la Conférence des évêques de France, le père Emmanuel Coquet veut croire au contraire que le « motu proprio » a « mis de la paix dans les relations » entre fidèles tradis et conciliaires, invités à se côtoyer au sein d’une même communauté.
L’abbé de Menthière parle des « frictions » au passé. « Grâce à Dieu », dit-il, mais aussi peut-être grâce à ces prêtres de paroisse « ambidextres » qui célèbrent la messe ancienne et la moderne « avec un égal bonheur ». Démontrant ainsi que si deux formes subsistent, il n’y a qu’un rite romain.
Vicaire épiscopal pour l’usage de la forme extraordinaire à Paris, Mgr Patrick Chauvet rappelle en outre que la messe ancienne n’a pas le monopole du latin… et qu’en sa cathédrale Notre-Dame, par exemple, une « messe Paul VI », donc ordinaire, est chantée en grégorien chaque dimanche.
« L’essentiel, c’est que la liturgie soit belle et nous fasse entrer dans le mystère de Dieu », fait valoir l’archiprêtre. Le « mystère magique », disait Brassens.

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