La Sainte Messe et l’adoration
publié dans un disciple le 7 novembre 2017
La sainte messe et notre devoir d’adoration.
L’ange de Fatima
A- De l’adoration de Dieu : l’enseignement de saint Thomas.
« Nous devons honorer Dieu, nous dit saint Thomas, pour l’excellence qu’il possède ». « Deo debetur revenrentia propter eius excellentiam » (II II 84 ad Ium). C’est l’excellence de Dieu qui est la raison de notre culte, de notre adoration, de notre « révérence ». Cette excellence est unique. Elle n’est partagée par aucune autre créature. « excellentia aliquibus creaturis communicatur non secundum aequalitatem, sed secundum quandam participationem » (II II 84 ad 2um). C’est pourquoi, à Dieu, unique dans son excellence, est dû un culte particulier, un culte de latrie qui est un culte unique. On doit à Dieu un honneur infini parce qu’Il est infini. C’est la loi naturelle, c’est la justice qui nous l’enseigne, c’est l’Ecriture Sainte : tout inférieur doit honorer son supérieur. Et plus celui-ci est grand plus l’honneur qu’on lui rend doit être grand. Il résulte de là que Dieu possédant une grandeur infinie, nous lui devons un honneur infini, une adoration infinie.
En enseignant tout cela – que la gloire que l’on doit à Dieu est le premier devoir de l’homme – nous sommes fidèles à l’enseignement du Concile Vatican I qui nous enseigne : « Si quelqu’un nie que le monde ait été fait pour la gloire de Dieu qu’il soit anathème ».
Le Très Haut est l’être transcendant, par excellence. Infini et incréé, il a nécessairement toujours été et sera toujours. Tout être tient de Lui son existence. Si l’influx divin cessait un instant, toutes les créatures retomberaient en ce même moment dans le néant. Dieu ayant créé des êtres doués d’intelligence, il est nécessaire qu’elles reconnaissent en Lui leur Créateur. Louer Dieu, qui a fait le ciel et la terre avec tout ce qu’il contient, chanter sa gloire est le premier devoir de justice des créatures. C’est une première et nécessaire obligation. C’est l’ordre.
Saint Jean, vous dis-je, nous montrent les Anges et les saints prosternés devant le Très-Haut et l’Agneau et chantant jour et nuit sans repos : « Saint, Saint, Saint est le Seigneur Dieu tout puissant. A lui honneur, gloire et puissance dans les siècles des siècles » (Apo 4 8).
N’oublions jamais l’acte et les paroles de l’Ange aux enfants de Fatima : l’adoration, la prostration. Voilà la juste attitude de l’homme créature, devant son Seigneur et Maître.
B- Fatima et le saint Sacrifice de la Messe
Oui, l’homme doit adorer son Créateur, son Seigneur et Maître, son Rédempteur…C’est justice. Cette adoration doit être infinie puisque ce Dieu de majesté est infini de Majesté ?
Mais alors comment satisfaire à cette obligation ? Nous ne sommes que des créatures…limitées et finies…Oui ! Comment satisfaire à cette obligation ?
Ou mieux encore : Où trouver une offrande digne de Dieu. Jetez les yeux sur toutes les créatures de l’univers, où trouverez-vous quelque chose qui soit digne de Dieu ?
Il n’y a qu’un Dieu qui puisse être une offrande digne de Dieu. Il faut donc qu’il descende de son trône comme victime sur nos autels pour que l’hommage corresponde parfaitement à la Majesté infinie de Dieu.
Il nous faut donc l’offrande du sacrifice de la Croix renouvelée sur nos autels, le Sacrifice de la Messe. C’est seulement le sacrifice de la Messe qui nous permettra de rendre à Dieu : « Omnis honor et Gloria ».
C’est la liturgie de la Messe qui nous le confirme.
C’est certainement cela que l’Ange de Fatima veut nous faire comprendre dans sa troisième apparition en 1916. Souvenez-vous ce qu’écrit Sœur Lucie : « l’Ange vint avec la sainte Eucharistie, le Sang coulant de l’hostie sainte dans le calice » et l’adora :
Les propos de Lucie : « la troisième apparition a dû avoir lieu en octobre, ou fin septembre, parce que nous n’allions déjà plus passer les heures de la sieste à la maison ». …
Dès que nous fûmes arrivés, nous mettant à genoux, le visage contre terre nous nous sommes mis à répéter la prière de l’Ange : « Mon Dieu, je crois, j’adore, j’espère et je vous aime…
Je ne sais combien de fois nous avions répété cette prière lorsque nous vîmes briller au-dessus de nous une lumière inconnue. Nous nous sommes relevés pour voir ce qui se passait, et nous avons revu l’Ange qui tenait dans sa main gauche un calice, sur lequel était suspendue une Hostie de laquelle tombaient quelques gouttes de sang dans le calice.
Laissant le calice et l’Hostie suspendus en l’air, il se prosterna près de nous jusqu’à terre et répéta trois fois cette prière :
« Très sainte Trinité, Père, Fils et Saint Esprit, je vous adore profondément et je vous offre le très précieux Corps, Sang, Ame et Divinité de Jésus-Christ, présent dans tous les tabernacle de la terre, en réparation des outrages, sacrilèges et indifférences par lesquels il est Lui-même offensé. Par les mérites infinis de son Très Saint Cœur et du Cœur immaculé de Marie, je vous demande la conversion des pauvres pécheurs »
« Puis se relevant, il prit de nouveau dans ses mains le Calice et l’Hostie, me donna la Saint Hostie et donna le Sang du Calice à Jacinthe et à François, en disant en même temps :
« Prenez et buvez le Corps et le Sang de Jésus-Christ, horriblement outragé par les hommes ingrats. Réparez leurs crimes et consolez votre Dieu »
« Il se prosterna de nouveau jusqu’à terre et répéta avec nous encore trois fois la même prière : « Très Saint Trinité etc. Puis disparut
Poussés par la force du surnaturel qui nous enveloppés, nous avions imités l’Ange en tout, c’est-à-dire que nous nous étions prosternés comme lui et avions répété les prières qu’il disait. Nous sommes restés dans la même attitude¸ répétant toujours les mêmes paroles »
Mais pourquoi cette allusion à « l’hostie sanglante » sinon pour nous rappeler le caractère sacrificiel de l’eucharistie, nous rappeler l’essence de la messe : que la messe est le renouvellement du Sacrifice de la Croix.
Mais pourquoi cette apparition sangla nte de l’eucharistie ? Pourquoi cette apparition à ce moment là où l’Ange parle d’adoration?
Parce que c’est seulement dans l’Eucharistie que nous trouvons la Victime Sainte qui rend à Dieu tout honneur et toute gloire. Livré à nous-même, nous sommes incapable de satisfaire l’honneur dû à Dieu en raison de sa Sagesse infinie. Seule la messe, le sacrifice du Christ a une valeur latreutique infinie, parce que c’est l’action d’un Dieu Homme. Dès lors pour rendre une louange et un honneur dignes de Dieu, il faut nous unir à cet acte sacrificiel du Christ Seigneur. C’est du reste la raison de l’institution du Sacrifice de la Messe : nous permettre de rendre à Dieu un culte digne de Lui, parce que étant Celui de son Fils, vrai Dieu et vrai homme.
Explication :
Nous venons de dire que les hommages de l’homme n’ont point par eux-mêmes une valeur qui soit en rapport avec l’excellence de la Majesté divine. Plus encore, ils sont d’autant plus impuissants qu’ils émanent d’un être constitué par le péché dans l’inimitié de Dieu. Jésus, seul, à la fois vrai Dieu et vrai homme, rend à Dieu, au nom des hommes ses frères, les devoirs d’une vraie religion par laquelle Dieu est pleinement honoré. En Jésus, un Dieu adore un Dieu, un Dieu répare par ses anéantissements, par ses souffrances et par sa mort les outrages faits à Dieu, un Dieu rend grâces à un Dieu…. Tout dans ce culte divin de la Messe est à la hauteur de Celui qui en est l’objet.
C’est principalement, dans son sacrifice que Jésus exerce sa religion, par une total sujétion envers son Père ; l’homme n’a donc de ressources qu’en s’unissant à ce grand acte du Sauveur pour honorer dignement la Majesté divine et il n’a d’accès auprès d’elle qu’en s’associant aux adorations et aux réparations, aux actions de grâces.
Mais que deviendrait cette participation au Sacrifice de Jésus, si ce sacrifice qu’il a offert une fois sur la Croix ne demeurait parmi les hommes que comme un simple souvenir ? La religion, privée de tout sacrifice visible, ne serait point en rapport avec la nature de l’homme, qui est à la fois corps et âme, et avec l’état présent des hommes sur la terre. Le sacrifice de la Croix lui-même tomberait bientôt dans l’oubli s’il n’était visiblement perpétué. Aussi la sainte Messe a-t-elle été établie pour en être l’heureux et vivant mémorial. Elle le remet chaque jour sous nos yeux non par un simple récit, une image morte ou une commémoration impuissante, mais par une continuation et un renouvellement réels. Jésus toujours prêtre, toujours victime, s’immole encore sur l’autel. Le sang ne coule plus comme sur le calvaire, il n’y a plus les douleurs du crucifiement précédées par celles de la passion et suivies de la mort. Mais c’est toujours Jésus-Christ vraiment, réellement substantiellement présent et vivant sous les apparences du pain et du vin, offrant à son Père sous ces voiles eucharistiques ses souffrances et sa mort, les lui présentant sans cesse comme une adoration, une expiation, une action de grâces, une demande, (les quatre finalités de la Messe) perpétuant en un mot sur la terre, dans les obscurités de la foi comme Il le fait au Ciel dans l’éclat de la gloire, l’immolation par laquelle il a honoré la Majesté de Dieu et sauvé le monde.
Les chrétiens, en assistant chaque jour, s’ils le veulent, à ce sacrifice continué et renouvelé ont toute facilité pour s’y unir. Ils en voient le mystère s’accomplir sous leurs yeux entre les mains du prêtre. Ils pénètrent par la foi ce voile léger qui les sépare à peine de Jésus s’immolant pour son Père et pour eux ; ils lisent les pensées, les sentiments, les désirs de son âme ; ils sont comme témoins de son divin cœur ; ils en sondent les mystères, ils en ressentent l’amour. Il les engage à s’unir à Lui dans les hommages qu’Il rend à son Père : « Venez, leur dit-il, adorons, prosternons-nous,… en la présence du Seigneur » (Ps 94 5) ; « célébrez avec moi sa grandeur, exaltons ensemble son nom » (Ps33 4).
C’est le sens de l’adoration de l’Ange avec les enfants de Fatima devant l’hostie et le calice suspendu dans l’air…
Offrez-lui avec moi vos adorations, vos actions de grâce; unissez votre voix à ma voix, votre cœur à mon cœur ; honorons le par une même louange, aimons-le d’un commun amour. Cette invitation est adressée à tous les hommes et leur assure le moyen de rendre à Dieu les hommages dignes de Lui et dans lesquels Il reconnaisse, en quelque sorte, la voix même de son Fils. Combien les hommes ne doivent-ils pas se sentir empressés d’y répondre ? N’est-ce pas en s’unissant à Jésus dans le sacrifice de son amour et en s’appropriant ses dispositions de Prêtre et de Victime, qu’ils remplissent leur vocation : l’adoration?
Oh que l’enseignement de l’Ange de Fatima est important en ces temps de protestantisme.
Résumons cette idée si importante pour vous attacher à la piété eucharistie, à la piété due à la Sainte Messe.
Le saint Sacrifice de la messe
L’adoration due à Dieu : En effet c’est ce qui se fait au saint Sacrifice de la messe. Dieu est honoré autant qu’il le mérite, parce qu’il est honoré par Dieu lui-même. Notre Seigneur étant non seulement homme, mais vraiment Dieu et tout puissant, quand il s’humilie sur l’autel, il rend à son Père, par cet acte d’humiliation, un hommage et un honneur infinis, et nous, en nous unissant à cette offrande, en étant un avec Lui en ce grand sacrifice, nous rendons aussi par Lui à Dieu un hommage et un honneur infinis. « Omnis honor et gloria »
Oui ! Par l’assistance à la messe, le fidèle rend à Dieu une gloire infinie, un honneur sans bornes. Entendre avec dévotion la messe, c’est procurer à Dieu plus d’honneur que ne lui en peuvent apporter tous les bienheureux. Ils ne sont eux-aussi que des créatures et leurs hommages sont par conséquent finis et bornés, tandis que au sacrifice de la messe, c’est Jésus-Christ qui s’humilie ; lui dont l’humiliation et le mérite ont une valeur infinie : c’est pour cela que l’hommage et l’honneur que nous rendons à Dieu par Lui, à la messe, sont infinis. S’il en est ainsi, vous voyez combien nous payons largement à Dieu cette première dette, l’adoration, en assistant au saint Sacrifice.
Notre Seigneur se plaçant dans l’état de victime sur l’autel, adore, par un acte ineffable de soumission, la Sainte Trinité, autant qu’elle mérite de l’être ; de sorte que tous les autres hommages paraissent, en présence de cette humiliation de Jésus comme les étoiles devant le soleil.
Ainsi par une seule messe entendue dévotement, toute gloire est rendue à Dieu : « Omnis honor et Gloria ».
C’est l’enseignement de la liturgie de la Messe.
Ainsi est satisfaite la justice divine. Dans le Christ et uniquement dans le Christ nous accomplissons notre devoir d’adoration due à Dieu.
Insistons : cette adoration due à Dieu, ce culte infini que l’infinité de Dieu requiert ne peut se consommer pour nous que dans la liturgie de la messe, dans l’Eglise.
C’est là, je pense qu’il faut dire que Fatima nous appelle à vivre de la liturgie eucharistique. C’est un de ses messages.
Certes, le message fondamental de Fatima c’est le développement du culte marial, du culte au Cœur immaculée de Marie.
Mais l’adoration est le rappel éminent de l’Ange du Ciel, à Fatima. Et cette adoration est assurée par l’offrande du Christ à la Messe. D’où l’apparition de l’Eucharistie, de l’hostie et du calice et du sang de l’hostie tombant dans le calice, claire allusion à la sainte Messe, à la sainte eucharistie-Sacrifice.
Voilà ce que nous rappelait iterum et iterum Mg Lefebvre au séminaire d’Ecône.
Abbé Paul Aulagnier