La Revue Item - « La Tradition sans peur »
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Entraide et Tradition

L’histoire pour « les nuls » du combat de la messe (2)

publié dans nouvelles de chrétienté le 1 août 2018


Congrès de Montfort

Juillet 2018

 

2ème conférence : Vers la Victoire

 2001-2002 Le 25 décembre 2001 Le 18 janvier 2002

C’est alors qu’arrive l’année jubilaire, « l’Année sainte 2000 ».

À cette occasion, les traditionalistes – des cinq continents, Europe, Amérique, Afrique, Asie, Océanie – se retrouvent à Rome, le 15 août 2000.

Pieusement, les fidèles font leur pèlerinage, ils vont de basilique en basilique. Le nombre, l’ordre, la piété impressionnent… « On ne peut plus longtemps ignorer cette réaction »… disent certains prélats romains !

Et des contacts sont repris.

Rome veut reprendre le dialogue, fait des propositions. On parle de la forme canonique proposée : « une administration apostolique ». On parle du « droit à la messe dite de Saint Pie V ».

Toutes choses que Mgr Lefebvre demandait depuis longtemps… en particulier en 1988.

Mgr Fellay,  Supérieur Général de la FSSPX, rencontre même le Souverain Pontife, accompagné par le Cardinal Castrillon Hoyos. Les choses vont vite… Peut-être trop vite…

Le 13 janvier 2001, Mgr Fellay, réunit ses conseillers à Mintzingen… Des « suggestions » sont faites :

– que « le droit soit reconnu pour tout prêtre de l’Église latine et romaine de dire la messe dans le rite tridentin ».

– que « les excommunications soient levées »…

Le 2e point ne semble pas faire de difficulté, le premier gêne… plus par son aspect absolu et universel que par son objet.

Le Cardinal Castrillon Hoyos, Préfet de la Congrégation du Clergé, l’écrit clairement à Mgr Fellay dans sa lettre du 7 mai 2001.

« En ce qui concerne la 1ère condition – la liberté pour tous de la messe de Saint Pie V – : un certain nombre de cardinaux, évêques et fidèles jugent qu’une telle permission ne doit pas être concédée ».

« Ce n’est pas que le rite sacré précédent ne mérite pas tout le respect ou qu’on méconnaisse sa solidité théologique ni sa beauté et son apport à la sanctification pendant des siècles dans l’Église mais parce que cette permission pourrait créer une confusion dans les esprits de beaucoup de personnes qui la comprendraient comme une dépréciation de la valeur de la Sainte Messe que célèbre l’Église d’aujourd’hui ».

« Il est clair que dans les statuts de votre réinsertion, on offre toutes les garanties pour que les membres de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X et tous ceux qui ont un attrait spécial pour cette noble tradition liturgique puissent la célébrer librement dans vos églises et lieux de culte. On peut également la célébrer dans les autres églises avec la permission des ordinaires diocésains ».

Dans les milieux de la « Tradition » deux tendances s’expriment : une plus ouverte : celle des prêtres de Campos, une autre plus mesurée : celle de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X.

Le « dialogue » avec Rome sera différent des uns aux autres.

Les autorités de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X

Les autorités de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X vont plutôt chercher à ralentir le mouvement pour le mieux contrôler et préfèrent s’asseoir à une table pour examiner les problèmes doctrinaux avant toute solution pratique.

Et c’est ainsi que la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X dépose dans les mains du Souverain Pontife et de certains préfets de dicastères romains : le Cardinal Ratzinger et le Cardinal Castrillon Hoyos, un livre sur la réforme liturgique : Le problème de la réforme liturgique (Clovis, 2001). Ce livre relance le débat doctrinal sur la « nouvelle messe de Paul VI ». Il voudrait compléter ( !) le Bref Examen Critique et démontrer qu’une nouvelle conception de la théologie du « mystère pascal » est à l’origine de cette réforme. Ce livre  ne convainc pas le Cardinal Ratzinger, ni  ne fait pas l’unanimité entre les membres de la FSSPX.

Ce livre, en effet, sera au cœur du débat d’une réunion organisée dans le cadre de l’abbaye de Fontgombault en juillet 2001 sous la présidence du Cardinal Ratzinger. Il y fera une claire allusion. (cf. Autour de la question liturgique, p. 20. Fontgombault, Ass. Petrus A Stella, 2001)

Les autorités de l’Union Sacerdotale Saint Jean-Marie Vianney

Les autorités de l’Union Sacerdotale Saint Jean-Marie Vianney, elles, vont accepter de Rome un modus vivendi pratique, concret.

Voilà la « politique » que j’aurais aimé que suive la FSSPX. Une position pratique. Qu’avions-nous à craindre puisque nous étions protégés par le « bouclier » de nos évêques…Et puisque une « solution pratique » fut donnée et acceptée par les  pères de Campos, c’est elle que nous allons  considérer et nous la considérerons, dans le cadre de cette étude, uniquement sur le rapport de la messe.

Il me semble que les pères de Campos ont gagné une bataille… mais c’est ainsi et ainsi seulement que les guerres se gagnent…

L’administration Apostolique Saint Jean-Marie Vianney

Tout le monde sait aujourd’hui que les prêtres de l’Union Sacerdotale Saint Jean-Marie Vianney, amis de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X, ont été reçus par Jean-Paul II dans la « pleine communion ecclésiale » et érigés en «  une administration apostolique personnelle du même nom », le 25 décembre 2001. Elle a eu pour premier administrateur, Mgr Rangel. Aujourd’hui lui a succédé Mgr Rifan, pris dans son sein.

L’« administrateur » reçoit du Pape, sur ses membres, prêtres et fidèles, une « juridiction personnelle, ordinaire, cumulative ». À lui et à ses prêtres a été donnée la «  facultas de dire la messe dans le rite tridentin ».

Telle est la situation pratique obtenue.

Deux documents majeurs doivent retenir notre attention en cette affaire.

– la lettre du Pape intitulée Ecclesiae Unitas, du 25 décembre 2001,

– et le décret du Cardinal Re, du 18 janvier 2002.

Ces deux documents accordent aux prêtres de cette administration apostolique, dans les églises dont ils ont la charge, la « facultas » de célébrer la sainte messe dans le rite dit de Saint Pie V.

Des textes historiques

Voici les textes.

D’abord le texte de la lettre du Pape :

« On confirmera (confirmabitur) à l’administration apostolique la faculté de célébrer l’eucharistie et la liturgie des heures selon le rite romain et la discipline liturgique codifiée par notre prédécesseur Saint Pie V, avec les adaptations introduites par ses successeurs jusqu’au bienheureux Jean XXIII. »

Puis le texte du décret du Cardinal Re :

« La facultas est accordée à l’administration apostolique de célébrer la sainte eucharistie, les autres sacrements, la liturgie des heures et les autres actions liturgiques selon le rite romain et la discipline liturgique de Saint Pie V, avec les adaptations que ses successeurs ont introduites jusqu’au bienheureux Jean XXIII. »

Ainsi, là, à Campos, pour les prêtres dans les églises de leur Administration Apostolique, est reconnu, affirmé, le droit de dire la messe dans le rite codifié par Saint Pie V.

C’est un droit ferme – solidement reconnu – un droit définitif, un droit inhérent, si l’on peut s’exprimer ainsi, à cette Administration nouvelle. Elle a été créée par Rome à cet effet – pour créer un cadre juridique propre où l’on puisse dire la messe traditionnelle : c’est leur « particularité ».

Ce droit ne dépend en rien de l’évêque territorial, de son avis, de son approbation ou de son refus, (comme dans l’Indult de 1984). Ce droit est la propriété de cette Administration. Cette Administration Apostolique personnelle – sa gestion, sa vie, ses droits, ses devoirs – leur défense, leur application – est confiée (comittitur) à la seule autorité de Mgr Rangel et de ses successeurs « comme à son ordinaire propre ».

L’aboutissement d’une évolution romaine

Voilà, ici, l’aboutissement logique d’une évolution constatée (depuis 17 ans, depuis le 13 juillet 1988, depuis le fameux discours du Cardinal Ratzinger à l’épiscopat chilien, suite aux sacres faits par Mgr Lefebvre à Écône) de la pensée de la hiérarchie qui veut que cesse cette « guerre liturgique », cette guerre des rites au sujet de ce sacrement – le plus cher à l’Église – l’Eucharistie, principe et source d’unité des membres du Corps Mystique du Christ.

Les autorités – du moins certaines et pas des moindres – sur ce sujet liturgique, capital à la vie de l’Église et du peuple chrétien, ont manifesté une claire intention en faveur de la messe traditionnelle : voilà qui est nouveau, formidablement nouveau… Des critiques vraies de la nouvelle messe, ont pu être lues sous la plume de cardinaux… Cela doit être pris en compte.

Les paroles du Cardinal Ratzinger

On a lu. On a médité. On a entendu les appels du Cardinal Ratzinger  (Cf les chapitres plus haut)

Celui-ci : « Il est important aussi de cesser de bannir la forme de la liturgie en vigueur jusqu’en 1970 » (cf. Voici quel est notre Dieu, p. 291).

On l’a pris au mot et on lui a demandé de passer du mot à l’acte.

Alors Rome ne pouvait mieux faire que de leur accorder la messe de leurs vœux dans leur administration apostolique : la messe de la Tradition. Ce qui fut fait le 25 décembre 2001 puis confirmé le 18 janvier 2002.

Celui-là encore : « Celui qui, à l’heure actuelle, intervient pour la validité de cette liturgie ou qui la pratique est traité comme un lépreux ».

On l’a pris au mot et on lui a demandé de passer des mots aux actes.

Alors Rome ne pouvait mieux faire que de reconnaître la « pleine communion à l’Église catholique et romaine »des pères de Campos, Eglise  qu’ils servaient depuis si longtemps déjà.

Ce qui fut dit le 25 décembre 2001 et confirmé – de facto – le 18 janvier 2002.

Celui-ci enfin : le refus de la liturgie ancienne est « comme un mépris de tout le passé de l’Église » (id. p. 291).

On l’a pris au mot et on lui a demandé de passer des mots aux actes et de faire reconnaître leur bon droit.

Rome reconnaît – par l’érection de cette « Administration Apostolique personnelle » – que l’on peut rester fidèle « au passé de l’Église » tout en étant « membre de l’Église Catholique ». Et l’on ne pourra plus faire la guerre à ces prêtres pour la seule raison qu’ils veulent rester fidèles à la messe de « toujours ».

Grâce à l’érection de cette « Administration Apostolique personnelle », cela ne sera plus possible.

Cette Administration Apostolique sera pour ses prêtres – sous ce rapport – leur « bouclier », leur « protecteur », « leur attachement public à l’Église ».

Ils ont entendu cette autre phrase du Cardinal Ratzinger – nouvelle – : « j’avoue aussi que je ne comprends pas pourquoi beaucoup de mes confrères évêques se soumettent à cette loi d’intolérance qui s’oppose aux réconciliations nécessaires de l’Église sans raison valable » (p.291).

On l’a pris au mot et on lui a demandé de passer des mots aux actes et de lutter, de fait, contre cette intolérance.

Ce qui fut rendu aussi possible par la Providence : le Bon Dieu ayant permis que sur le siège épiscopal de Campos soit nommé, en ces circonstances, un évêque clément, « libéral » désirant lui aussi œuvrer en faveur de cette « nécessaire réconciliation ».

Et nous voilà avec une « Administration Apostolique personnelle Saint Jean-Marie Vianney » clairement érigée, forte de ses droits et de son règlement, pouvant célébrer, en toute liberté, la messe de toujours.

Ce qui, hier, fut cause de division, « la messe dite de Saint Pie V », est, aujourd’hui, accepté paisiblement dans l’Église : ce qui permettra alors de cultiver « des liens d’étroite unité avec le presbyterium du diocèse de Campos ».

Fallait-il refuser une telle opportunité, cette main tendue ?

L’unité de l’Église est aussi un bien qui est cher à tout cœur catholique… Elle doit être voulue sans cesse et cultivée…

Voilà ainsi 28 prêtres (à l’époque) de l’Église Catholique qui ne pourront plus être considérés comme « des lépreux » – à éviter – ce qu’ils furent pendant 30 ans et plus.

Voilà reconnue légitime, la célébration de la Sainte Messe dans le rite de toujours dans les églises de « ce quasi-diocèse ».

Rome le reconnaît aujourd’hui pour ses 28 prêtres et s’engage formellement à le respecter – à le faire respecter. Le Pape s’y est engagé formellement dans sa lettre du 25 décembre 2001.

Le « principe » de la célébration de l’ancienne messe est admis aujourd’hui.

Une fois admis, il vaut pour tous. Il suffit de tenir compte des circonstances pour voir un jour sa pratique universalisée.

Et ainsi satisfaction est donnée à la légitime demande de Jean Madiran, de Mgr Lefebvre, de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X exprimée inlassablement depuis 30 ans, et inlassablement refusée mais aujourd’hui acceptée : « Très Saint Père, redonnez-nous la messe de toujours ».

Toutefois, il reste que ce principe soit appliqué à tous.

De la législation Medina à l’érection de l’Administration apostolique Saint Jean-Marie Vianney

L’érection de l’« Administration Apostolique Saint Jean-Marie Vianney » par la lettre de Jean-Paul II du 25 décembre 2001, et plus précisément par l’article 3 du décret d’érection, le 18 janvier 2002, lui donnant la « facultas » de célébrer la messe dite de Saint Pie V, a modifié la législation Medina de juillet 1999.

Si l’on voulait être précis, il faudrait ici analyser les différentes interprétations qui ont été données de ce « confirmatur, de cette « facultas ». Je vous renvoie à ces analyses dans mon cours sur ITEM. Je prends les conclusions et je poursuis mon analyse :

La messe dite de Saint Pie V : un droit reconnu pour les Pères de Campos

Le sens des mots étant précisé, on peut comprendre alors ceci : il y a une différence essentielle entre la lettre Quattuor abhinc annos et donc le Motu Proprio Ecclesia Dei Adflicta qui en reprend la substance, et le décret qui donne existence à l’Administration apostolique et qui en précise le « pouvoir » quant à l’usage du rite traditionnel pour la célébration de la Sainte Messe.

La messe de toujours est, cette fois, depuis le 25 décembre 2001, reconnue de droit. Elle est de droit la « propriété » de l’Administration Apostolique personnelle Saint Jean-Marie Vianney.

Ce droit, son exercice – cette facultas, ce pouvoir de la dire – ne dépend plus de l’ordinaire du lieu comme en 1984 avec la lettre Quattuor abhinc annos.

Ce droit – cette facultas – est « la propriété » de cette Administration Apostolique, son bien, celui de Mgr Rangel… qui a pleine juridiction sur ses membres, son clergé, ses fidèles. Dans cette administration apostolique, il n’existe plus de « bi-ritualisme » mais bel et bien et uniquement le rite dit de Saint Pie V. Quelle différence avec ce que Rome a imposé en 2000 à la Fraternité Saint Pierre !

C’est un « pouvoir » – une facultas – inhérent à toute église, à tout prêtre qui se trouve dans cette administration. Il n’est plus question de leur en donner seulement libre usage dans « leurs prieurés » par exemple ni de désigner, éventuellement, des églises dans le diocèse et d’en préciser les horaires comme pour la Fraternité Saint Pierre dans le cadre du Motu Proprio Ecclesia Dei Adflicta.

Ici, dans l’Administration Apostolique de Campos, le curé est de plein droit responsable de son église. Il a pleine juridiction. Il a pleine jouissance de sa facultas. Il a la « cura animarum »… avec la faculté de dire la messe de Saint Pie V pour le bien de ses fidèles, aussi bien pour les messes basses, les messes chantées, pour les messes de « requiem » que pour les messes de mariage et ainsi pour tous les autres sacrements… indépendamment des désirs de l’évêque résident de Campos.

Les précisions que donnait le Cardinal Medina aux prêtres de la Fraternité Sacerdotale Saint Pierre – le 18 octobre 1999 – alors en pleine crise liturgique ne sont plus de règle pour les membres et les prêtres de l’Administration Apostolique Saint Jean-Marie Vianney.

Droit ou simple tolérance

Est fini le caractère limitatif prévu dans l’indult de 1984, repris dans le Motu Proprio de 1988 avec cependant une plus grande libéralité… du moins dans la pensée du Pape… Et en ce sens, Jean Madiran, avec raison, pouvait intituler son article dans Itinéraires : « La messe revient ». Mais on sait en effet avec quelle limitation, restriction, les ordinaires des lieux donnaient le bénéfice de l’indult. La messe ancienne existait de nouveau, certes mais avec quelle restriction ! Comme en liberté surveillée.

Elle jouissait – de nouveau – d’une tolérance dans l’Église mais comme on tolère un mal. Les membres de ces communautés Ecclesia Dei allèrent du reste un jour se plaindre à Rome de cette politique épiscopale par trop restrictive. Nous étions le 24 octobre 1998.

Il n’y a rien de tel maintenant avec la « facultas » reconnue aux prêtres de Campos en faveur de la messe. Ils viennent d’obtenir tout simplement, cette fois sans restriction aucune, la possibilité de continuer à recourir à l’intègre et fécond missel romain de Saint Pie V, comme le demandait à l’époque le Cardinal Ottaviani… Ce qu’il n’obtint pas. Ce que nul n’a obtenu… Ce que Mgr Rangel a obtenu… Quelle évolution !

Droit sans concession

Il faut même préciser.

Cette facultas de dire la messe de toujours a été reconnue aux Pères de Campos sans qu’ils soient obligés pour autant de reconnaître « la rectitude doctrinale » de la nouvelle messe. C’était le cas pour les prêtres des communautés Ecclesia Dei. Ils devaient – eux – pour pouvoir célébrer la messe de toujours selon la permission concédée par l’indult :

– non seulement reconnaître la « validité » de la nouvelle messe, ce que personne n’a jamais nié.

– mais aussi et surtout, reconnaître la parfaite « légitimité et rectitude doctrinale » de la nouvelle messe.

Cette permission – cet indult – n’était donnée, de soi, qu’à cette condition. C’était expressément écrit dans la lettre Quattuor abhinc annos. C’était la première condition à satisfaire. Et cette condition fut expressément reprise dans le Motu Proprio Ecclesia Dei Adflicta : c’était la note 9 du petit c du chapitre 6. Et elle fut réclamée de tous…

Elle était encore rappelée par le Cardinal Medina, le 18 octobre 1999 : « que ces fidèles – les bénéficiaires de cet indult – de leur côté acceptent sincèrement la doctrine du Concile Vatican II ainsi que la légitimité et la cohérence avec la foi orthodoxe des textes liturgiques promulgués dans le cadre de la rénovation liturgique. »

Le « bi-ritualisme » si l’on veut – était de rigueur… mais dans une profonde inégalité d’un rite à l’autre.

« La loi générale demeurait l’usage du rite rénové depuis le concile, alors que l’usage du rite antérieur relevait de privilèges qui devaient garder le caractère d’exception ». (Mgr Re, lettre du 17 janvier 1994)

Rome sut attendre presque cinq ans pour amener l’ensemble des communautés Ecclesia Dei Adflicta à cette confession d’orthodoxie de la nouvelle messe.

Rien de tout cela n’est demandé, cette fois, à Mgr Rangel et à ses prêtres. Ils l’auraient du reste refusé… eux qui venaient de rappeler à leurs fidèles la pensée de Mgr de Castro Mayer, sa prise de position contre la nouvelle messe, pour le maintien de la messe ancienne. Ils ont seulement reconnu – ce que Mgr Lefebvre reconnaissait lui-même : « La validité du Novus Ordo Missae promulgué par le Pape Paul VI lorsqu’il est célébré correctement, avec l’intention d’offrir le véritable sacrifice de la messe ».

L’administration Saint Jean-Marie Vianney : une famille liturgique spécifique

Hier, Rome écrivait aux prêtres des communautés Ecclesia Dei Adflicta: « Comme la manière actuelle de célébrer, selon le rite romain correspond à la norme liturgique commune, on ne doit pas parler de « deux rites » ou « de bi-ritualisme ». La concession faite pour le Motu Proprio Dei Adflicta sauvegarde la sensibilité liturgique des prêtres et des fidèles habitués à la manière ancienne de célébrer mais ne les constitue nullement en une église rituelle ».

Avec les Pères de Campos, c’est chose faite aujourd’hui, même s’il ne faut pas employer le mot. Une Administration Apostolique personnelle – un diocèse – pourra célébrer sans problème, de plein droit, la messe tridentine.

M. l’abbé de Tanoüarn, dans son article de sa revue  Pacte (avril 2002) semble ne pas le reconnaître : « Il ne s’agit pas d’un exarchat traditionaliste » (p. 3). Je lui réponds : « Mais bien sûr que si. »

C’est, du reste, ce qu’a confirmé le secrétaire de la Congrégation du Clergé, au nom du Cardinal Castrillon Hoyos, Mgr Csaba Ternyàk, dans sa lettre protocolée sous le n° 20021399, du 10 juillet 2002, à Mgr Rangel :

« Conformément à la lettre autographe « Ecclesiae unitas » du Saint Père Jean-Paul II, datée du 25 décembre 2001, et au décret « Animarum bonum », du 18 janvier 2002, émanant de la Congrégation des évêques, le rit liturgique codifié par saint Pie V, avec les adaptations décidées par ses successeurs jusqu’au Bienheureux Jean XXIII, est devenu le rit propre de l’Administration apostolique, de sorte qu’aucun prêtre légitimement admis à célébrer dans les églises propres de l’Administration Apostolique personnelle Saint Jean Marie Vianney n’a besoin d’autorisation supplémentaire pour user du Missel romain dans son édition typique de 1962… »

Les conséquences : une nouvelle législation

Dès lors, il est fini le temps où la hiérarchie pouvait affirmer sans restriction que la messe nouvelle était la seule loi générale en matière liturgique. Il faudra bien qu’elle tienne compte, aujourd’hui, de cette facultas de nouveau accordée, de nouveau affirmée en faveur de la messe « tridentine » pour les pères de Campos. Elle redevient un droit – un droit reconnu – « cimenté », « ratifié » dans un diocèse.

Dès lors, il est fini le temps où Mgr Re pouvait affirmer à Éric de Saventhem en 1994 : « les diverses dispositions prises (en matière liturgique) depuis 1984 avaient pour but de faciliter la vie ecclésiale à un certain nombre de fidèles, sans pérenniser pour autant les formes liturgiques antérieures. »

Ce temps en faveur exclusivement de la nouvelle messe est fini. Cette affirmation « sans pérenniser pour autant les formes liturgiques antérieures » est finie, obsolète. Une faculté est donnée à certains pour précisément pérenniser dans l’Église, la forme liturgique antérieure.

Les mots ont un sens. Les affirmations aussi. Ce qui est écrit est écrit et ne peut pas ne pas avoir été écrit.

La messe de toujours : un droit positif

Certes, c’est du droit positif, me dit M. l’abbé de Tanoüarn, et le droit positif peut changer. Bien sûr !

Mais il faut reconnaître que la lettre du Pape Jean-Paul II a été signée un 25 décembre de l’année 2001, et que cette lettre dit : « Confirmabitur facultas ». C’est publiquement – officiellement – que la facultas a été donnée à certains prêtres, ceux de l’Administration Apostolique Saint Jean-Marie Vianney de célébrer les Saints Mystères dans le rite ancien, pour en assurer la pérennité dans l’Église et leurs églises.

Rien n’évitera que le décret d’érection de cette administration ne fut signé le 18 janvier 2002 et que ce décret ne dise : « Tribuitur facultas ».

L’Église, par la main du Pape Jean-Paul II, le reconnaît aujourd’hui et le veut faire respecter. Elle veut « pérenniser » cette messe. Elle utilise un verbe en conséquence : « confirmabitur facultas ».

Comme l’écrivait très joliment Éric de Saventhem à Mgr Re dans sa lettre du 27 mai 1994 lui contestant son interprétation de l’indult du Pape de 1984 : « sans pérenniser pour autant les formes liturgiques antérieures » : « Même ecclésiologiquement, cette clause paraît indéfendable. La « liturgie classique » du rite romain de la messe est déjà douée de pérennité intrinsèque en tant que monument incomparable de la foi. Son usage universel et multiséculaire bien avant la Constitution apostolique « Quo Primum » lui confère en outre la pérennité canonique de la consuetudo immemorabilis. Par conséquent, la pérennisation dont parle votre lettre n’est aujourd’hui ni à octroyer ni à ôter à la liturgie classique. Elle est simplement à reconnaître et à faire respecter dans les dispositions réglant son emploi à côté des rites réformés. » (La Nef, p. 388)

« Le droit de dire la messe de toujours est »

C’est précisément ce que le Pape a fait le 25 décembre 2001 et le 18 janvier 2002 en créant une forme juridique ad hoc. C’est un début.

Dès lors, ils sont finis ces temps où une autorité pouvait écrire :

« La loi générale demeure l’usage du rite rénové depuis le Concile alors que l’usage des rites antérieurs relève actuellement de privilèges qui doivent garder le caractère d’exception ». C’est Mgr Re – toujours lui – qui s’exprimait ainsi.

Le Cardinal Medina lui emboîtait le pas le 3 juillet 1999 – il était encore préfet de la Congrégation du Culte Divin. Il ne s’exprimait pas différemment pour les communautés Ecclesia Dei. Il ne cessait, lui aussi, d’invoquer, pour éviter de voir pérenniser la messe ancienne, les notions « d’indult », de « privilège », de « période d’exception ». La messe de Saint Pie V n’était que « tolérée ». Elle n’était qu’un privilège, qu’un indult… pour une période transitoire.

Ce temps-là est fini

L’autorité ne pourra jamais plus écrire : « On doit affirmer que le missel romain antérieur au Concile Vatican II n’est plus en vigueur comme une alternative de libre choix pour l’ensemble des Églises qui appartiennent au rite romain. »

C’était Mgr Medina à son Éminence le Cardinal Bonicelli, archevêque de Gênes en 1999.

Ce temps est fini, bien fini. Du moins, faudrait-il « préciser », « prendre en compte » le cas de Campos.

Il y a une faculté – un droit, un pouvoir – qui a été officiellement reconnue, publiquement publiée, aujourd’hui en vigueur. Elle est. Le droit de dire la messe de toujours est. Et c’est bien malheureux que Mgr Riffan ne soit pas fidèle uniquement à cette messe. Alors que le Pape lui en  donne le droit… Que c’est triste !

Hier – le 25 décembre 2001 – il était dit : « confirmabitur facultas »…

Aujourd’hui – le 18 janvier 2002 – cette même facultas « tribuitur » : « elle est donnée ».

Elle est.

Non point que nous n’avions pas le droit de la célébrer ni hier, ni aujourd’hui : « Son usage universel et multiséculaire bien avant la Constitution apostolique Quo Primum lui conférait la pérennité canonique de la Consuetudo immemorabilis ».

Mais précisément, ce droit ayant été contesté, nié, bafoué, détruit, pendant des années, il est heureux qu’enfin la hiérarchie reconnaisse et fasse respecter ce droit dans des dispositions réglant son usage… d’abord particulier, puis un jour universel.

Ainsi, cette facultas – donnée, scellée –, n’a peut-être pas encore été déclarée , en 2002, pour « l’ensemble des églises »… mais elle est reconnue pour « certaines églises », celles de l’Administration Apostolique personnelle Saint Jean-Marie Vianney, à Campos, au Brésil.

Demain, cette facultas le sera pour d’autres églises, pour nous… Et après demain « pour tous », pour « l’ensemble des églises »….avec le Motu Proprio Summorum Pontificum et Benoît XVI

Le 24 mai 2003, le cardinal Castrillon Hoyos affirme le « droit de cité » dans l’Eglise de la messe de toujours

Aussi ne faut-il pas être étonné que le cardinal Castrillon Hoyos ait pu déclarer, le 24 mai 2003, à Sainte Marie Majeure, au nom du pape, Jean–Paul II, que la messe traditionnelle ait « droit de cité » dans la sainte Eglise catholique et romaine.

Il y a des mouvements inéluctables

Celui du retour de la messe de toujours dans l’Eglise en est un.

L’événement historique du 24 mai 2003 : La messe du 24 mai 2003

C’est ainsi qu’à l’autel principal de la Basilique Romaine Sainte Marie Majeure fut célébrée, le samedi 24 mai 2003, une grande messe grégorienne avec diacre et sous-diacre, selon le rite dit « tridentin » ou « de Saint Pie V ».

Tous les cardinaux de la Curie Romaine y furent invités. Quatre ou cinq purent se libérer et y assistèrent dont le Cardinal Stickler.

Cette messe fut célébrée en la fête de Notre Dame, auxiliatrice des chrétiens

J’y ai vu un signe de Dieu…

Elle fut célébrée par le Cardinal Castrillon Hoyos, préfet de la Congrégation du clergé et président de la Commission Pontificale Ecclésia Dei, au nom du Souverain Pontife, Jean-Paul II.

« Plus qu’un geste, la célébration de cette messe à Sainte-Marie-Majeure fut un acte, un acte historique », « en direction des traditionalistes, certes, mais surtout en direction de l’être historique de l’Église, de son patrimoine sacré reçu en dépôt, de sa liturgie dont nous sommes les héritiers ». (Jean Madiran, Présent). C’est à ce titre, surtout, que nous nous en sommes profondément réjouis.

Et cet acte fut, dès lors, un acte de respect, d’honneur et de justice.

Un acte de respect

Par cette célébration, le Pape Jean-Paul II a voulu redire le respect que tous, nous devons accorder à « l’être historique de l’Église, à ses coutumes légitimes et immémoriales », au « patrimoine religieux reçu en héritage », à ce rite, à cette « tradition légitimement constituée » (§ 46 de Ecclesia de Eucharistia). Ce sont là ses titres de gloire, raison de notre respect dû.

Un acte d’honneur

« L’Église de Rome, Mater et Magistra omnium ecclesiarum, mère et maîtresse de toutes les Églises diocésaines, a rendu, écrit Jean Madiran, son honneur à la messe catholique traditionnelle, latine et grégorienne selon le Missel Romain de saint Pie V. »

Par la célébration solennelle du 24 mai, « elle a rendu son honneur à une messe offensée et presque entièrement recouverte par trente-trois années de dénigrements, de diffamations, de mépris, d’interdictions abusives et de persécutions ecclésiastiques ».

Acte de justice

« Avec l’honneur à nouveau rendu, est venue aussi la justice ». C’est dit : la messe traditionnelle a « droit de cité » dans l’Église, a déclaré le Cardinal Castrillon Hoyos. Nous le savions. Mais officiellement, dans l’Église, on ne le disait plus depuis trente-trois ans sinon quelques cardinaux dont le Cardinal Ratzinger et le Cardinal Stickler. Nous avons analysé leurs discours…

Ce respect, cet honneur, cette justice seront confirmés, très bientôt, par le Pape Benoît XVI, l’ancien Cardinal Ratzinger. Comment ne pourrait-il pas réaliser ce qu’il a enseigné des années durant… ce qu’il a, en collaboration avec le Cardinal Castrillon Hoyos, réglé pour les Pères de Campos, surtout maintenant qu’il est « successeur de Pierre ».

Et ainsi la paix sera redonnée à l’Église, et à ses enfants.

Le Motu Proprio de Benoit XVI Summorum pontificum. Présentation et commentaire. Le 7 juilleet 2007

Et de fait Benoît XVI, deux ans après son élection au Magistère Suprême, publia le Motu Proprion Summorum Pntificum (7 Juillet 2017), donnant pour l’Eglise universel le droit pour tout prêtre en ordre canonique, de célébrer la messe tridentine.

Nous nous sommes tous réjouis de ce Motu Proprio. Voilà tant d’années que nous attendions cette heure et que nous luttions en ce sens. Que le droit soit dit avec vigueur et force ne pouvait  que nous satisfaire ! C’est chose faite par ce Motu Proprio : Le missel de saint Pie V « n’a jamais été juridiquement abrogé » et « par conséquent, il est toujours resté autorisé » écrit Benoît XVI. Cette affirmation est  très heureuse ! L’appel de Jean Madiran au Souverain  Pontife, un appel historique, est enfin exhaussé. « Très Saint Père,  Redonnez nous la messe ». C’est fait ! Au bout de plus de 35 ans de lutte!

Je voudrais, quant à moi, dire le rôle unique de Mgr Marcel Lefebvre en cette affaire. Sans Mgr Lefebvre, sans sa détermination, sans la FSSPX, sans ses prêtres, sans le soutien de quelques laïcs, comme M Jean Madiran , Louis Salleron, Melle Luce Quesnette…nous n’aurions jamais eu la joie de lire le MP « Summorum Pontificum » (MP). Sachons rendre à César ce qui appartient à César ! et à Dieu ce qui est à Dieu ! et à Mgr Lefebvre ce qui est à Mgr Lefebvre !

Je voudrais ensuite dire  l’influence de Mgr Gamber, en cette affaire. Elle est immense. Elle est première. Elle  permet de comprendre le véritable esprit de ce Motu Proprio, de comprendre l’œuvre aujourd’hui entreprise par le pape. . Le pape Benoît XVI, s’il était resté sur le Siège de Pierre, aurait poursuivi son chemin de réformateur de la liturgie. Ce MP  n’aurait  été qu’un premier pas…le droit de l’ « antique » messe n’aurait pas été seulement rappelée : « Il est bon pour nous tous, de conserver les richesses qui ont grandi dans la foi et dans la prière de l’Eglise et de leur donner leur juste place », mais il aurait corrigé les déficiences de la Nouvelle Messe. Ce jugement est basé sur les différentes études qu’il publia avant même son Suprême Pontificat et tout particulièrement sur son livre : « L’esprit de la liturgie », ainsi que sur l’influence de Mgr Gamber sur la pensée du pape.

Mgr Gamber dans son livre « La réforme liturgique en question » écrit : « Nous ne pouvons que prier et espérer que l’Eglise romaine reviendra à la tradition et autorisera à nouveau partout la liturgie de la messe vieille de bien plus de mille ans. Pourquoi deux formes, l’ancien et le nouveau rite,  ne pourraient-elles pas subsister paisiblement côte à côte. Comme en Orient où il y a plusieurs rites ou liturgies ; et même en Occident, aujourd’hui encore, où il y a des rites particuliers comme à Milan. Sans parler du fait qu’actuellement presque chaque curé modèle la messe à sa guise. Mais de toute façon il faudra que le nouveau rite soit amélioré par rapport à celui qui se pratique de nos jours… » Et quel sera le rôle de l’Ancienne messe dans cette restauration : « Il faut qu’à l’avenir le rite plus que millénaire de la messe soit conservé dans l’Eglise catholique romaine, pas seulement pour les prêtres et les laïcs âgés, incapables de s’adapter, mais comme forme primaire de la célébration de la messeIl faut qu’il redevienne la norme de la foi et le signe de l’unité des catholiques dans le monde entier, un pôle fixe pour un temps déboussolé et en perpétuel changement » (p. 95-96)

Pour Mgr Gamber,  les deux formes, – l’ancien et le nouveau rite –  peuvent subsister paisiblement côte à côte.

Il explicite sa pensée  dans le chapitre 7 du livre «  La Réforme liturgique en question ». (Ed Sainte Madeleine). Il dit : « Le ritus romanus et le ritus modernus devraient être tous deux considérés comme légitimes ».

Rappelons un peu d’histoire. Cette affirmation a été écrite par Mgr Gamber entre 1974 et 1978. Il revient sur cette idée à la fin du livre au chapitre intitulé : « En guise de Conclusion ». Il s’exprime là d’une manière particulièrement forte.

C’était pourtant l’époque où régnait une véritable « tyrannie » dans l’Eglise contre les prêtres et les laïcs qui voulaient rester fidèles à la messe « tridentine ».

Il fallait une particulière force d’âme,  fondée sur la vérité, pour demander que la messe tridentine puisse être encore célébrée dans l’Eglise et dire qu’elle n’avait nullement été abrogée dans les formes canoniques et qu’elle ne pouvait pas l’être en raison de son aspect immémorial.

Le pape Paul VI, le 24 mai 1976, avait engagé toute son « autorité pontificale » pour que soit uniquement célébrée, dans l’Eglise et toutes les communautés,  la Nouvelle Messe.  Il le disait aux membres du Consistoire, le  24 mai 1976. Vous en connaissez le texte.

 Malgré cela, Mgr Gamber affirme qu’il « faut qu’à l’avenir le rite plus que millénaire de la messe soit conservé dans l’Eglise catholique romaine…comme rite primaire de la célébration de la messe ». « Rite millénaire dans l’Eglise catholique…Rite primaire de la célébration de la messe »…J’aurais aimé trouver ces expressions dans le Motu Proprio de Benoît XVI en son article I §1. Mais peu importe,  l’idée s’y trouve et c’est l’essentiel.

Elle s’y trouvait déjà dans le  livre du cardinal Ratzinger: « le sel de la terre », Vous en con naissez aussi le texte.

On retrouvera la même idée dans l’un de ses  derniers livres: « Voici quel est notre Dieu ». A la page 291, il écrit : Pour la formation de la conscience dans le domaine de la liturgie, il est important aussi de cesser de bannir la forme de la liturgie en vigueur jusqu’en 1970….On méprise par là tout le passé de l’Eglise…  (p 291).

Et c’est ainsi que le pape Benoît XVI reprend, quelques années plus tard, deux ans après son accession au trône pontifical, tout naturellement,  cette idée de la légitime célébration de l’ancienne messe dans l’Eglise.

Ce sont  les 5 premiers articles du Motu Proprio.  Il affirme tout d’abord la libre célébration des deux rites, un qu’il appelle rite « extraordinaire », celui de Jean XXIII, l’autre qu’il appelle le rite « ordinaire », celui de Paul VI. –  Mgr Gamber lui parlait, nous l’avons dit, du « ritus romanus » pour la messe de Jean XXIII et du « ritus modernus » pour celui de Paul VI –  J’aurais préféré, vous dis-je,  retrouver ces expressions de Mgr Gamber.

« Article 1 §2 : « Il est donc permis de célébrer la sacrifice de la messe suivant l’édition type du Missel romain promulgué par le B. Jean XXIII en 1962 et jamais abrogé, en tant que forme extraordinaire de la liturgie de l’Eglise ».

C’est un droit purement et simplement affirméCe n’est pas une « concession ». C’est un droit. Il n’est plus nécessaire de recourir préalablement à une quelconque autorité, celle du Saint Siège ou de l’Ordinaire, comme le demandait les derniers documents en la matière : « Quattuor abhinc annos » » ou « Ecclesia Dei addflica ». A ce titre, ces derniers textes sont purement et simplement abolis. C’est l’article 1 § 2 qui l’affirme : «Il est donc permis de célébrer le Sacrifice de la Messe suivant l’édition typique du Missel romain promulgué par le B. Jean XXIII en 1962 et jamais abrogé, en tant que forme extraordinaire de la Liturgie de l’Eglise. Mais les conditions établies par les documents précédents Quattuor abhinc annos et Ecclesia Dei pour l’usage de ce Missel sont » abolies »

C’est clairement repris dans l’article 2 : « Pour célébrer ainsi selon l’un ou l’autre missel, le prêtre n’a besoin d’aucune autorisation, ni du Siège apostolique ni de son ordinaire ». Qu’on se le dise !

Ce droit vaut pour tout prêtre diocésain, pour tout prêtre religieux, pour tous instituts de vie consacrée et de Sociétés de vie apostolique de droit pontifical. C’est l’article 3 : « Si des communautés d’Instituts de vie consacrée et de Sociétés de vie apostolique de droit pontifical ou de droit diocésain désirent, pour la célébration conventuelle ou « communautaire », célébrer dans leurs oratoires propres la Messe selon l’édition du Missel romain promulgué en 1962, cela leur est permis. Si une communauté particulière ou tout l’Institut ou Société veut avoir de telles célébrations souvent ou habituellement ou de façon permanente, cette façon de faire doit être déterminée par les Supérieurs majeurs selon les règles du droit et les lois et statuts particuliers ».

Et le pape François aurait bien du relire cet article 3 du Motu Proprio avant d’exercer sa pression « mortifère » contre la société religieuse des Franciscains de l’Immaculée…(Voir l’historique de cette triste affaire dans mon site ITEM)

L’article 5 va préciser ce droit et son exercice pour les paroisses. Voici sa formulation :Art. 5, § 1. Dans les paroisses où il existe un groupe stable de fidèles attachés à la tradition liturgique antérieure, le curé accueillera volontiers leur demande de célébrer la Messe selon le rite du Missel romain édité en 1962. Il appréciera lui-même ce qui convient pour le bien de ces fidèles en harmonie avec la sollicitude pastorale de la paroisse, sous le gouvernement de l’Evêque selon les normes du canon 392, en évitant la discorde et en favorisant l’unité de toute l’Eglise.

§ 2. La célébration selon le Missel du bienheureux Jean XXIII peut avoir lieu les jours ordinaires mais les dimanches et les jours fêtes, une Messe sous cette forme peut aussi être célébrée.

§ 3. Le curé peut aussi autoriser aux fidèles ou au prêtre qui demandent, la célébration sous cette forme extraordinaire dans des cas particuliers comme des mariages, des obsèques ou des célébrations occasionnelles, par exemple des pèlerinages.

§ 4. Les prêtres utilisant le Missel du bienheureux Jean XXIII doivent être idoines et non empêchés par le droit.

§ 5. Dans les églises qui ne sont ni paroissiales ni conventuelles, appartient au Recteur de l’église d’autoriser ce qui est indiqué ci-dessus ».

Il est très important de distinguer les deux rites. C’est encore une idée fortement soulignée par Mgr Gamber. Pourquoi ?

Dans le chapitre 7,  du livre « La Réforme liturgique en question », Mgr Klaus Gamber affirme que les deux formes du rite, qu’il appelle « ritus romanus » et « ritus modernus »  – expressions que j’aurais aimé, encore une fois, retrouver dans l’ article 1 § 1 – doivent être nettement distinguées l’une de l’autre. « Ils devront être nettement distingués l’un de l’autre comme deux rites indépendants, et cela de telle manière que le missel romain utilisé jusqu’ici, ainsi que les autres livres liturgiques (rituel et pontifical), soient à nouveau imprimés et autorisés sous leur forme préconciliaire. Les modifications du rite de l’après Concile ne devraient être valable que pour le rite modernus. En font partie, entre autres, le changement dans les paroles de la consécration qui a scandalisé de nombreux prêtres, les nouvelles prières eucharistiques, ainsi que la nouvelle distribution des lectures, qui, de toute façon, étant donné ses insuffisances, devra être remplacée par une autre, meilleure ». ( p. 75). C’est l’idée, nous l’avons vu, du cardinal  Stickler

Cette idée importante est clairement reprise d’une manière implicite  par le Motu Proprio, « Summorum pontificum ». Le pape prend bien soin, en effet, de les distinguer. L’un n’est pas l’autre, même s’ils expriment, dit-il,  la même « lex credendi » de l’Eglise. A voir ! C’est tout l’objet du § 1 de l’article 1 : «  Le Missel romain promulgué par Paul VI est l’expression ordinaire de la « lex orandi » de l’Eglise catholique de rite latin. Le Missel romain promulgué par S. Pie V et réédité par le B. Jean XXIII doit être considéré comme l’expression extraordinaire de la même « lex orandi » de l’Eglise et en raison de son usage vénérable et antique doit jouir de l’honneur qui lui est dû. Ces deux expressions de la « lex orandi » de l’Eglise n’induisent aucune division de la « lex credendi » de l’Eglise ; ce sont en effet deux mises en œuvre de l’unique rite romain ».

Cette stricte distinction des deux formes rituelles avait été également suggérée à Jean-Paul II par la commission de neuf  cardinaux en 1986. (Voir plus haut)

 Mgr Gamber insiste lui aussi beaucoup sur cette stricte distinction à maintenir  entre les deux rites. Pour quelle raison ? La « continuité des formes de la messe » en est la raison première et fondamentale. Il écrit: « Il est sans intérêt de faire subir au ritus romanus traditionnel comme on l’a malheureusement fait jusqu’ici, les expériences actuelles (et il faut considérer que la plupart des innovations en sont). Sinon on perdrait un élément important, cette continuité des formes de la messe dont nous avons plusieurs fois parlé dans les exposés qui précèdent. Tandis que si l’on laisse inchangé l’ancien rite et si l’on continue à l’utiliser à côté du nouveau – mais comme quelque chose de vivant et non comme une pièce de musée ! -, on aura gardé à toute l’Eglise, telle qu’elle se manifeste à travers les différents peuples, un élément important pour l’avenir : l’unité du culte » (p. 76)

Toutefois Mgr Gamber ne se serait pas exprimé sur ce sujet de la distinction des rites, ce me semble, de la même manière que Benoît XVI. Mgr Gamber, en effet, écrit : « La forme de la messe actuellement en vigueur ne pourrait plus passer pour le rite romain au sens strict mais pour un rite particulier ad experimentum. Seul l’avenir montrera si ce nouveau rite pourra un jour s’imposer de façon générale et pour une longue période. On peut supposer que les nouveaux livres liturgiques ne resteront pas bien longtemps en usage, car les éléments  progressistes de l’Eglise auront entre temps certainement développé de nouvelles conceptions concernant l’ « organisation » de la célébration de la messe, s’ils ne l’ont déjà fait…La célébration versus populum, injustifiable du point de vue tant historique que théologique et sociologique, devrait être peu à peu à nouveau éliminée » (p 76)

Je pense que les «discussions », lors de la mise au point du Motu Proprio,  ont été fortes sur ce sujet et explique – peut-être, la formulation de l’article 1 §1 – et qu’elles sont pour une part la raison du retard dans la publication de ce texte. Le pape a dû concéder beaucoup, lui,  le disciple de Mgr Gamber…C’est un simple avis personnel…

L’article 6 du Motu Proprio parle des lectures pouvant être faites, dans le rite de Jean XXIII en langue vernaculaire, alors qu’il est célébré avec le peuple. Il est dit : « Dans les Messes selon le Missel du B. Jean XXIII célébrées avec le peuple, les lectures peuvent aussi être proclamées en langue vernaculaire, utilisant des éditions reconnues par le Siège apostolique ».

Et si vous  cherchez pourquoi Mgr Gamber souhaite le maintien du rite « antique », vous trouverez  trois raisons qui seront explicitement reprises par Benoît XVI dans sa lettre de présentation du Motu Proprio aux évêques. Voici ces trois raisons exposées dans son chapitre 7.

a- La première raison : le maintien du rite romain, dans sa forme ancestrale et solennelle assurera plus facilement, demain, l’unité du culte et de  l’Eglise. Nous retrouvons le texte précédemment cité. Cette idée est très importante et dans la pensée de Mgr Gamber et dans la pensée de Benoît XVI

 Mgr Gamber écrit : « Il est sans intérêt de faire subir au ritus romanus traditionnel, comme on l’a malheureusement fait  jusqu’ici, les expériences actuelles (et il faut considérer que la plupart des innovations en sont). Sinon on perdrait un élément important, cette continuité des formes de la messe… » – C’est une idée qui est également essentielle dans la pensée de Benoît XVI – « Tandis que,  si on laisse inchangé l’ancien rite et si on continue à l’utiliser à côté du nouveau  – mais comme quelque chose de vivant et non comme une pièce de musée ! -, on aura gardé à toute l’Eglise, telle qu’elle se manifeste à travers les différents peuples, un élément important pour l’avenir : l’unité du culte ». (76)

 Il faut bien retenir cette idée et sa formulation :

b- La deuxième raison : éviter le risque d’un schisme.

« Bien des problèmes pourraient être résolus, nous dit encore Mgr Gamber,  dans l’Eglise par la stricte séparation entre le rite romain et la nouvelle liturgie en langue vulgaire du ritus modernus et par la possibilité ainsi offerte aux fidèles d’utiliser les deux formes de messe. Mais surtout cela diminuerait le risque d’un schisme important, les légitimes réclamations d’innombrables catholiques  – près de la moitié de ceux qui pratiquent encore – en faveur de la célébration traditionnelle de la liturgie étant satisfaites, sans que soit pour autant négligé le désir des autres d’avoir une messe « actuelle » (p. 77)

Cette idée est amplement développée dans la lettre explicative du pape Benoît XVI aux évêques. Il la présente même comme « la raison positive » de sa décision. Il leur écrit en effet : « J’en arrive à la raison positive qui est le motif qui me fait actualiser par ce Motu Proprio celui de 1988. Il s’agit de parvenir à une réconciliation interne au sein de l’Eglise. En regardant le passé, les divisions qui ont lacéré le corps du Christ au cours des siècles, on a continuellement l’impression qu’aux moments critiques où la division commençait à naître, les responsables de l’Eglise n’ont pas fait suffisamment pour conserver ou conquérir la réconciliation et l’unité ; on a l’impression que les omissions dans l’Eglise ont eu leur part de culpabilité dans le fait que ces divisions aient réussi à se consolider. Ce regard vers le passe nous impose aujourd’hui une obligation : faire tous les efforts afin que tous ceux qui désirent réellement l’unité aient la possibilité de rester dans cette unité ou de la retrouver à nouveau »

Et le pape de citer en conclusion de cette idée la nécessité d’ouvrir largement son cœur à tous. Plus de sectarisme ! C’est l’enseignement de saint Paul  aux Corinthiens. Il le fait sien. Il veut que les évêques  le fassent leur. Et ainsi en donnant à ceux qui le veulent la possibilité de recourir à l’usage ancien, on assurera plus facilement l’unité de tous.

c- La troisième raison : diversité des cultes et unité de l’Eglise.

 Mgr Gamber expose une troisième idée qui sera largement reprise et développée par Benoît XVI : la diversité des cultes ne nuit pas à l’unité de l’Eglise. Bien au contraire ! L’histoire de l’Eglise le démontre.

Le cardinal Ratzinger reprenait en tous points cette idée dans la conférence qu’il adressait en 1998 aux membres des communautés « Ecclesia Dei » venus à Rome pour fêter les dix ans du Motu Proprio du même nom. Je vous ai donné le texte da,ns la première conférence.

Benoit XVI reprend de nouveau l’argument dans sa lettre aux évêques, tout en donnant un autre motif.  Il leur dit :« En second lieu, au cours des discussions sur ce Motu Proprio attendu, a été exprimée la crainte qu’une plus large possibilité d’utiliser le Missel de 1962 puisse porter à des désordres, voire à des  fractures dans les  communautés paroissiales. Cette crainte ne me parait pas non plus réellement fondée. L’usage de l’ancien Missel présuppose un : minimum de formation liturgique et un accès à la langue latine ; ni l’un ni l’autre ne sont tellement fréquents. De ces éléments préalables concrets découle clairement le fait que le nouveau Missel restera certainement la forme ordinaire du Rite Romain, non seulement en raison de normes juridiques, mais aussi à cause de la situation réelle dans lesquelles se trouvent les communautés des fidèles ».

Cette petite étude montre réellement la parenté de pensée entre Benoît XVI et Mgr Klaus Gamber en matière liturgique. Il suivra celui qu’il nous propose comme « maître » en liturgie.

Et l’autre messe ?

Une chose, toutefois,  me laisse perplexe, c’est la doctrine exposée en l’article I § 1 du Motu Proprio. Le pape écrit : «  Le Missel romain promulgué par Paul VI est l’expression ordinaire de la « lex orandi » de l’Eglise catholique de rite latin. Le Missel romain promulgué par S. Pie V et réédité par le B. Jean XXIII doit être considéré comme l’expression extraordinaire de la même « lex orandi » de l’Eglise et en raison de son usage vénérable et antique doit jouir de l’honneur qui lui est dû. Ces deux expressions de la « lex orandi » de l’Eglise n’induisent aucune division de la « lex credendi » de l’Eglise ; ce sont en effet deux mises en œuvre de l’unique rite romain ».

Et il poursuit dans sa lettre d’accompagnement aux évêques : « Il n’y a aucune contradiction entre l’une et l’autre édition du Missale Romanum. L’histoire de la liturgie est faite de croissance et de progrès, jamais de rupture. …Evidemment, pour vivre la pleine communion, les prêtres des communautés qui adhèrent à l’usage ancien ne peuvent pas non plus, par principe, exclure la célébration selon les nouveaux livres. L’exclusion totale du nouveau rite ne serait pas cohérente avec la reconnaissance de sa valeur et de sa sainteté ».

Il faut ici certainement préciser comme le fait, du reste, Jean Madiran, dans son  troisième article dans Présent sur le Motu Proprio, qu’ « il y a  deux manières licites de s’en tenir à la messe traditionnelle en excluant l’autre messe, sans que ce soit une exclusion « par principe ».

Premièrement, on peut exclure l’autre messe en vertu de la règle propre d’une communauté ou d’un institut.

Secondement, il faut bien comprendre qu’exclure l’autre messe par principece serait l’exclure comme hérétique, schismatique ou blasphématoire. Or les opposants « à l’autre messe » les plus représentatifs (le Père Clamel, Mgr Lefebvre, Mgr de Castro Mayer, l’abbé Dulac, Louis Salleron….ndlr) n’ont point contesté, ils ont même explicitement reconnu sa licéité (avec un doute cependant pour certains… ndlr) et sa validité quand elle est célébrée conformément à son texte officiel. Même dans ce cas, on peut la refuser si ce n’est point par principe mais par exemple pour des raisons pastorales ».

Ainsi nous pouvons en rester à la messe traditionnelle.

Mais doit-on reconnaître « la valeur et la sainteté » de la nouvelle messe » comme nous le demande Benoît XVI ?

En lisant Mgr Gamber on peut en douter. Ses critiques sont nombreuses. J’en recueille quelques-unes.

« Nos messes sont-elles devenues plus attirantes pour les fidèles depuis le Concile ? La liturgie renouvelée a-t-elle contribué à augmenter le sens de la foi et de la piété ? A peine semble-t-il. Le peu de temps écoulé depuis l’introduction en 1969 du nouveau ordo missae a suffi à révéler que nos églises se vidaient de plus en plus, que le nombre de nos prêtres et de nos religieux diminuait de plus en plus et ce dans des proportions effrayantes. Certes les causes en sont multiples. Néanmoins la réforme liturgique n’a pas été capable de stopper cette évolution négative ; il est probable qu’elle n’a pas peu contribué à l’entretenir »(p 44)

Alors peut-on parler de « valeur » et de « sainteté » de la nouvelle messe ?

Ou encore : « Les rites d’ouvertures dotés, surtout dans la version allemande du missel, de nombreuses « prescriptions de choix possibles » ouvrent une porte toute grande à l’arbitraire du prêtre célébrant. Quel bavardage les fidèles ne doivent-ils pas subir par endroits dès le début de la messe ! Tout comme c’est plus d’une fois le cas aujourd’hui dans les communautés protestantes » (p. 45-46).

Peut-on parler alors de sainteté et de valeur de la nouvelle messe ?

Ou encore : « Les trois nouveaux canons constituent eux, une rupture complète avec la tradition. Ils ont été nouvellement composés d’après des modèles orientaux et gallicans et représentent, au moins de par leur style, un corps étranger dans le rite romain » (p 49)

Mais où est donc la « valeur » et la « sainteté » de la nouvelle messe ?

Ou encore : « La modification, ordonnée par Paul VI, des paroles de la consécration et de la phrase qui suit, utilisées dans la liturgie romaine depuis plus de 1500 ans, n’avait pas été prévue par le Concile et n’était d’aucune utilité pour la pastorale. La traduction de « pro multis » par « pour tous » qu’on ne trouve dans aucun texte liturgique ancien, est douteuse et a même scandalisé » (p. 50)

Et vous voulez parler de « valeur » et de « sainteté » ?

Ou encore, « Du point de vue du rite, on est frappé de voir qu’on ait pu retirer sans raison les mots mysterium fidéi insérés dans les paroles de la consécration depuis environ VI siècle, pour leur conférer une utilisation nouvelle : ils deviennent un appel du prêtre après la consécration. Une appel de cette sorte : Mysterium fidei ! n’a certainement jamais été en usage à l’acclamation de l’assemblée : « Nous proclamons ta mort… » ne se trouve que dans quelques anaphores égyptiennes. Elle est en revanche étrangère aux autres rites orientaux et à toutes les prières eucharistiques occidentales, et ne cadre pas non plus avec le style du canon romain. En outre elle représente une rupture abrupte dans le discours : alors qu’on s’adresse à Dieu le Père, voici qu’on s’adresse brusquement au Fils » (p 50)

Ou donc est « la valeur » et la sainteté » d’un tel rite ?

Ou encore : « Les réformateurs voulaient visiblement une liturgie nouvelle, se différenciant de l’ancienne tant pas son esprit que par ses formes extérieures, et non plus un culte répondant davantage aux besoins de la pastorale moderne, comme le Concile l’avait souhaité. Liturgie et foi vont de pair. C’est pourquoi on a créé un nouveau rite correspondant largement aux tendances de la nouvelle théologie (moderniste). Comme jusqu’ici la liturgie respirait en tout l’esprit des vérités de foi traditionnelles et celui de l’ancienne piété, elle ne pouvait pas subsister sous la forme qui était la sienne. On supprima donc beaucoup de choses et on introduisit de nouveaux rites, de nouvelles prières et de nouveaux chants, ainsi que des lectures bibliques qu’il n’est pas rare de voir amputées intentionnellement des passages ne convenant pas à la théologie moderne, comme ceux qui rapportent les paroles d’un Dieu juge et qui châtie » (p 84)

Et vous voulez parler de « valeur » et de « sainteté ».

Ou encore : « La liturgie reste une patrie, même quand elle continue à se développer. Et elle n’a cessé de se développer au cours de l’histoire presque bi-millénaire de l’Eglise. Mais ce qui est capital, c’est que jamais il n’y eut cette rupture avec la tradition que nous vivons maintenant d’une manière si effrayante, et cela au moment où, en outre, on remet presque tout en question dans l’Eglise »(p. 92-93)

Ou donc est la sainteté ?

Alors on comprend que pour  Mgr Gamber «  il faudrait que le nouveau rite soit amélioré par rapport à celui qui se pratique de nos jours » (p 96) C’est ce que devait faire Benoît XVI, dans une prochaine étape, s’il n’avait démissionné !

En attendant,  quant à moi, et pour toutes les raisons sus-indiquées et bien d’autres encore, je m’en tiens, comme le RP  Calmel le disait, « je m’en tiens à la messe traditionnelle, celle qui fut codifiée, mais non fabriquée, par saint Pie V, au XVIe siècle, conformément à une coutume plusieurs fois séculaire. Je refuse donc l’Ordo Missae de Paul VI. Vous en savez les raisons.

Approfondissement :

Une lettre du cardinal Antonio Cañizares Llovera
Préfet de la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements

Ici, on ne saurait oublier la lettre que le cardinal Antonio Canizares Llovera, Préfet de la Congrégation pour le Culte divin et la Discipline des sacrements adressa le 20 avril 2010 aux membres du Congrés organisé à Rome par les Chanoines du Christ-Roi. Il leur rappelait le vrai sens du Motu proprio de Benoît XVI, qu’il avait été écrit pour «  Favoriser l’accès à la forme liturgique officielle du  Rite Romain jusqu’à la réforme souhaitée par le Concile Vatican II », qu’il n’était nullement, «  une concession à la nostalgie ou à l’intégrisme », Mais que  c’était «  plutôt, un pas pour favoriser la Communion Ecclésiale » et que c’était surtout « une aide pour orienter et mieux comprendre l’actuelle « forme ordinaire » de la Liturgie Romaine selon une « herméneutique de la continuité ».

L’intérêt suscité par la célébration de la « forme extraordinaire » du Rite Romain, notamment parmi les jeunes qui ne l’ont pourtant jamais connue, dépasse certainement la simple curiosité ou l’admiration esthétique. Au contraire, il est probable qu’il s’agisse, pour une bonne partie de nos jeunes, de satisfaire à une soif et que pour cela soit nécessaire des « langages » qui soient « différents » et qui nous poussent vers de nouvelles frontières, imprévisibles pour beaucoup de pasteurs de l’Eglise. Je ne crois pas que ce soit une question à confondre ou à analyser en considérant les idéologies intégristes.

Il est évident que ces initiatives pastorales de notre Saint-Père le Pape Benoît XVI, pour être fructueuses, doivent être accompagnées d’une intense activité de formation, et d’un approfondissement théologique, historique, pastoral, juridique et spirituel, à la lumière du trésor de la Liturgie Catholique et des enseignements des Pères et des Saints Pasteurs de l’Eglise tout au long des siècles. J’espère, et je m’en réjouis par avance, que des initiatives comme le présent Colloque aideront sans nul doute à contribuer à cette formation.

A tous, une fois de plus, organisateurs, conférenciers et participants, j’adresse mon affectueuse salutation et ma Bénédiction.

Du Vatican, le 20 avril 2010

+ Antonio Card. Cañizares Llovera
Préfet de la Congrégation pour le Culte Divin
et la Discipline des Sacrements

Mon commentaire.

Pour le cardinal, il est clair que ce MP est « un acte de gouvernement qui cherche à satisfaire le bien commun de l’Eglise ». En conséquence, il ne doit pas être compris comme un « acte isolé » de Benoît XVI ; ni non plus comme une simple action « anecdotique ». Il n’est pas non plus un acte pour satisfaire une « situation particulière », ni une simple « concession à la nostalgie ou à l’intégrisme ». Non ! Cet acte relève du magistère pétrinien de Benoît XVI qui a en charge le bien commun de l’Eglise : « Le Motu Proprio « Summorum Pontificum » doit se comprendre dans cette vision d’ensemble de l’enseignement et des actes du Saint Père ».

Et si il a pour but immédiat de « favoriser – pour ceux qui le souhaitent – l’accès à la forme liturgique officielle du Rite Romain jusqu’à la réforme souhaitée par le Concile Vatican II », jamais abolie dans l’Eglise, du moins dans le principe, son but ultime est double:

 -« c’est … un pas pour favoriser la Communion Ecclésiale »

et une aide pour orienter et mieux comprendre l’actuelle « forme ordinaire » de la Liturgie Romaine selon une « herméneutique de la continuité ».

Cette ultime remarque est fondamentale

Tout d’abord sur l’unité «ecclésiale » que veut créer le MP :

Le pape s’est en effet clairement exprimé sur son désir profond de favoriser, par cette mesure, l’unité ecclésiale. Il a toujours exprimé ce souci avant même de devenir Pape. Alors qu’il était encore cardinal, Préfet de la Congrégation de la doctrine de la foi, et qu’il recevait les communautés « Ecclesia Dei » à Rome, le 24 octobre 1998, il exprimait clairement que la liturgie ne peut pas être facteur de division. Quelle doit être au contraire facteur d’unité et qu’il faut cesser cette opposition contre le rite ancien de saint Pie V.

Mais c’est surtout lors de la publication du Motu Proprio et de la lettre aux évêques qui l’accompagnait qu’il exprima ce souci d’unitéLa foi est le principe de l’unité. Mais la messe dite de saint Pie V est l’expression de la foi. Accueillez donc à bras ouverts ceux qui veulent garder cette liturgie, semble vouloir dire ici le pape Benoît XVI !

Le rite tridentine, archétype de la réforme liturgique :

D’autant que – et c’est, à mon avis la grande nouveauté de cette lettre-, d’autant que la messe tridentine, celle « rénovée » et « réformée » par la volonté expresse des évêques du Concile de Trente, « et non fabriquée » doit être considérée comme l’archétype du rite romain et qu’à ce titre, elle est « une aide pour orienter et mieux comprendre l’actuelle « forme ordinaire » de la Liturgie Romaine selon une « herméneutique de la continuité ».

Il faut mesurer l’importance de cette phrase pas assez soulignée, du moins à mon avis.

Affirmer cela, est absolument nouveau de la part du Magistère de l’Eglise. Nous ne l’avions jamais encore entendu en quarante ans de « combat » inlassable, acharné – Combat bien légitime, malgré la désobéissance apparente ! – pour maintenir l’ancienne messe.

Pour  bien comprendre la nouveauté des paroles du Cardinal, il faut se souvenir brièvement de l’histoire du « combat de la messe ».

Nous savions, depuis le 24 mai 1976, date d’un consistoire réuni à Rome par Paul VI, que le nouveau rite de la messe devait purement et simplement se « substituer » à la messe « de toujours », la remplacer ; qu’il n’était permis à aucun de penser et d’agir autrement. Nous savions que l’ordre était formel, qu’il engageait l’autorité suprême de l’Eglise ; que c’était selon son autorité suprême que Paul VI en avait décidée ainsi et qu’on ne pouvait aller contre.

Nous savions également que Rome, malgré tout, avait dû lâcher du lest et, sous la pression des traditionalistes – oui ! – avait dû, une première fois, « concéder », à certaines conditions, très restrictives, l’usage de la messe ancienne. Il fallait particulièrement ne pas entretenir de « relation » avec Mgr Lefebvre qui continuait à lancer la suspicion sur le nouveau rite. C’est l’objet de la lettre « Quattuor abhinc annos » de Jean-Paul II. Nous étions en 1984.

Nous savions également que cette même autorité, au fil du temps, avait dû encore élargir la « concession ». Les conditions étaient moins draconiennes. Il était même fait appel à la générosité des évêques en faveur de la messe tridentine, générosité que l’autorité romaine souhaitait plus large, voire très large. C’était le Motu Proprio de Jean Paul II, Ecclesi Dei adflicta.de 1988.

Toutefois, la législation liturgique était toujours en faveur de la messe nouvelle. Elle restait la norme, la loi fondamentale de l’Eglise en matière liturgique. Le cardinal Castrillon Hoyos avait eu l’occasion de le rappeler aux prêtres de la Fraternité sacerdotale saint Pierre, lors de leur réunion générale à Rocca di Papa , près de Rome, du printemps 1999. Et puis Mgr Re, substitut de la Secrétairerie d’Etat, avait rappelé à M de Saventhem, président émérite d’UNA VOCE que la finalité du Motu Proprio de Jean-Paul II n’avait pas pour but de « pérenniser » l’ancienne messe mais seulement d’essayer d’apaiser le conflit pour le bien de l’Eglise. Il écrivait : « Les diverses dispositions prise depuis 1984 avaient pour but de faciliter la vie ecclésiale d’un certain nombre de fidèles, sans pérenniser pour autant les formes liturgiques ancienne. La loi générale demeure l’usage du rite rénové depuis le Concile, alors que l’usage du rite antérieur relève actuellement de privilèges qui doivent garder le caractère d’exception ».

Les choses s’amélioraient malgré un itinéraire  difficile.

Mais la législation liturgique fit un bon formidable avec la création d’une Administration Apostolique dans le Diocèse de Campos, l’Administration Apostolique saint Jean Marie Vianney sous la direction d’un évêque, en l’occurrence Mgr Rangel. Ses prêtres brésiliens, nos amis, obtenaient de Rome pour la première fois depuis le 3 avril 1969, le droit exclusif de la messe tridentine et l’exemption en cette matière vis-à-vis de l’ordinaire du diocèse. Ils pouvaient installer, dans tout le diocèse, les paroisses qu’ils souhaitaient au rythme de leur zèle apostolique sans dépendre de l’autorisation préalable de l’évêque résidant ; il suffisait de l’en prévenir. Nous étions en janvier 2001. Pour la première fois, dans un diocèse de l’Eglise latine, le rite tridentin, latin et grégorien retrouvait sa légitimité, en droit. Ici, dans cette Administration, un vrai diocèse, on ne pouvait plus dire que la loi générale de l’Eglise en matière liturgique était exclusivement en faveur de la messe nouvelle …puisqu’elle était dans ce diocèse en faveur du rite romain ancien. La nouveauté était grande. C’est pourquoi, pour ces deux raisons, le droit retrouvé de la messe et l’exemption affirmée, j’ai toujours pensé et le pense encore que Mgr Lefebvre aurait pris la balle au bond et aurait accepté la création d’une Administration Apostolique sous le nom de Fraternité Sacerdotale saint Pie X. Il ne se serait pas encombré de discutions théologiques qui risquent de s’éterniser. Pourquoi, du reste, ne pas les mener une fois la normalisation canonique accomplie ? Rome le souhaitait.
Cette législation nouvelle équiparant les deux rites romains, n’était propre, il est vrai, qu’au seul diocèse de Campos au Brésil, un petit diocèse… C’était sa faiblesse… Mais c’était une brèche formidable dans la législation « Médina ». Elle ne pouvait pas ne pas s’agrandir d’autant qu’à Rome, le Cardinal Ratzinger soutenu par le cardinal Stickler, ne cessaient de parler en faveur du retour de la messe tridentine dans l’Eglise pour tout prêtre. Elle ne pouvait rester la « chose » des seuls « traditionalistes ». Elle est un bien de l’Eglise. Il fallait lui redonner son universalité. Et c’est pourquoi ces deux cardinaux ne comprenaient pas « l’intolérance » que leurs confrères dans l’épiscopat manifestaient encore en cette affaire liturgique, vis-à-vis d’un bien ecclésial, un trésor. On ne compte pas les livres pour l’un et les conférences pour l’autres qui défendaient la messe tridentine et fustigeaient les oppositions épiscopales.

Arriva enfin le pontificat de Benoît XVI. A peine deux ans après son élection, en 2007, il universalise cette « législation camposienne ». Il donne à l’Eglise son Motu Proprio Summorum Pontificum et là, dans ce texte, abolissant toute législation antérieure, il permet de célébrer les deux rites ou, comme le dit le pape, les deux formes du rite romain, le rite « ordinaire » et le rite « extraordinaire ». Ces deux « rites » sont, dans l’église latine, mis sur un pied d’égalité juridique. C’est l’article 1 du Motu Proprio. Pour chaque messe célébrée en langue latine, avec ou sans fidèles présents, le célébrant a le droit de choisir librement entre le missel de Paul VI (1970) et celui de Jean XXIII( 1962).

Quel « combat » ne fallut-il pas mener pour en arriver là… ? La Providence l’a permis ainsi…

Mais la progression en faveur de la messe tridentine n’était pas finie…
En effet un progrès est encore accompli avec la lettre du cardinal Antonio Cañizares Llovera, du 20 avril 2010. Il affirme que favoriser l’accès à la forme liturgique officielle du Rite Romain jusqu’à la réforme souhaitée par le Concile Vatican II, c’est-à-dire, favoriser l’accès au rite tridentin …est « un pas pour favoriser », non seulement, « la Communion Ecclésiale », ce qui est la pensée de Benoît XVI dans son MP,  mais c’est aussi un pas pour favoriser, pour porter « une aide pour orienter et mieux comprendre l’actuelle « forme ordinaire » de la Liturgie Romaine ». Le rite tridentin n’est pas seulement légalisé dans l’Eglise latine, mais plus encore, il devient l’archétype de la liturgie romaine. C’est le sens de l’expression une aide pour « orienter » l’actuelle « forme ordinaire » de la Liturgie Romaine » et ainsi la mieux « comprendre ».

 

Quel chemin parcouru depuis 1976…Nous sommes passés de l’interdiction de la messe de « toujours » à sa reconnaissance légale et universelle ; de sa reconnaissance légale et universelle à l’affirmation qu’elle est l’archétype de la liturgie romaine. Le modèle. Cette phrase « une aide pour orienter et mieux comprendre l’actuelle « forme ordinaire » de la Liturgie Romaine  veut dire cela ou ne veut rien dire.

Et s’il en est ainsi c’est parce, fort de l’axiome lex orandi, lex credenti, la messe tridentine est l’expression parfaite de la doctrine catholique sur la messe, sommet de la liturgie de l’Eglise, telle que l’ont exprimée les pères du Concile de Trente principalement dans la session 21 ème de septembre 1562, dans ses chapitres doctrinaux et ses canons, face à la Réforme protestante, affirmation reprise heureusement par le Concile Vatican II.
Comme on le sait, « les apports théologiques de la messe tridentine constituent une réponse aux graves controverses du protestantisme » (card. Stickler) Mais cette session 21 ème (Concile de Trente) ne fut pas seulement une réponse nécessaire à l’époque du protestantisme, elle reste également la référence pour l’Eglise de toujours et en particulier pour la réforme liturgique issue de Vatican II. Il ne peut en être autrement. La vérité est immuable. Et si l’on veut déterminer le vrai sens de cette réforme liturgique, il faut toujours chercher à s’éclairer de la lumière Concile de Trente et de la messe tridentine qui en est le reflet..

Cette messe est le phare. Aussi nous permettra-t-elle de mieux orienter toutes les réformes et de les bien comprendre.

Or on sait tout d’abord que, « dans le contexte de l’hérésie protestante, la messe de Saint Pie V porta l’accent sur la vérité majeure selon laquelle la messe est un sacrifice, ce qui fut établi par les discussions théologiques et les réglementations spécifiques du Concile » (Card. Stickler). On sait également qu’elle insista sur la notion de la présence réelle de NSJC dans l’Eucharistie, fruit du Sacrifice de la messe ainsi que sur le rôle spécifique du prêtre à l’autel comme représentant le Christ, comme « alter Christus ». On sait aussi que la messe tridentine insiste sur la place de l’autel, lieu du sacrifice renouvelé du Christ, insiste également sur son orientation, la messe devant être célébré « ad orientem », symbole du soleil levant que représente le Christ, Celui que nous devons adorer. Et toutes ces vérités ont entraînées, dans le rite tridentin, tout un symbolisme – le symbolisme liturgique – qui les expriment au mieux, comme les signes d’adoration, de génuflexions, comme la place de l’autel. Abandonner ce symbolisme est très grave. Par exemple « La toute nouvelle place de l’autel, dans le rite de Paul VI ainsi que la place du prêtre face à l’assemblée, interdites autrefois, deviennent aujourd’hui le signe d’une messe conçue comme réunion de la communauté ». C’est là une déficience théologique grave que la célébration commune de la messe tridentine permet de comprendre, d’orienter et de corriger. Il en est de même pour la langue liturgique qui est le latin. Ce principe pourtant affirmé par le Concile de Trente et le Concile Vatican II a été totalement détruit par la réforme liturgique de Paul VI. L’exception du vernaculaire admis par Trente et Vatican II est devenue dans la réforme de Paul VI, la réforme « bunignienne »,une exclusivité. Ce qui entraîne de graves conséquences : la perte de l’unité externe au sein de l’Eglise catholique. Nous avons perdu cette possibilité de prier et de chanter ensemble même dans les grands rassemblements ecclésiaux.

Voilà autant de « déficiences théologiques » graves de la messe issue de Vatican II – ma liste ici n’est pas exhaustive – qui pourraient être corrigées, comprises et ainsi orientées, c’est-à-dire réformées par les « bienfaits théologiques de la messe tridentine ». C’est ce que disait déjà le cardinal Stickler dans sa conférence donnée à Fort Lee dans le New Jersey, le 20 mai 1995. La messe tridentine est vraiment l’archétype de la liturgie romaine. Voilà, me semble-t-il, le sens de cette phrase du cardinal espagnol : le Motu Proprio est « une aide pour orienter et mieux comprendre l’actuelle « forme ordinaire » de la Liturgie Romaine selon une « herméneutique de la continuité ».
C’est manifestement nouveau. Rendons en grâce à Dieu ! Mais aimons toujours plus cette messe célébrée dans ce rite dit « extraordinaire ». Il l’est de fait !

De la légitimité de la Nouvelle Messe.

Mais l’instruction sur l’application de Summorum Pontificum « Univerae  Ecclesiae, donnée à Rome, au siège de la Commission pontificale Ecclesia Dei, le 30 avril 2011, en la mémoire de saint Pie V, signée par William Cardinal Levada Présiden et Monseigneur Guido Pozzo, Secrétaire dit en plus que la messe nouvelle est aussi « légitime ». C’est le fameux article 19 qui fut l’objet de beaucoup de commentaires. Il dit : « Les fidèles qui demandent la célébration de la forme extraordinaire ne doivent jamais venir en aide ou appartenir à des groupes qui nient la validité ou la légitimité de la Sainte Messe ou des sacrements célébrés selon la forme ordinaire, ou qui s’opposent au Pontife romain comme Pasteur suprême de l’Église universelle ».

Comment l’interpréter ?

Note personnelle sur le problème de la « légitimité » du NOM:

Le problème de la « légitimité » de la Nouvelle Messe se trouve de nouveau expressément évoqué dans le § 19 de la 3ème  partie du document, partie intitulée: « Les normes spécifiques » dans la partie relative  à la définition du « Coetus fidelium ».

En latin nous avons : «  Christifideles celebrationem secundum formam extraordinariam postulantes, auxilium ne ferant neque nomen dentconsociationibus, quae validitatem vel legitimitatem Sanctae Missae Sacrificii et Sacramentorum secundum formam ordinariam impugnent, vel Romano Pontifici, Universae Ecclesiae Pastori quoquo modo sint infensae ».

Mais tout au début du texte, il est dit que  ces fidèles qui veulent la messe extraordinaire, «  ne doivent jamais venir en aide », en latin « auxilium ne ferant », « ni appartenir à des groupe », en latin nous avons «  « neque nomen dent », ni qui donnent leur nom » à ces groupes qui nient…

Tout cela me fait penser un peu au « nullam partem » de la lettre « Quottuor  abhinc annos » de 1984…reprise en note dans le MP de 1988 « Eclesia Dei adflicta ».  Ne pouvaient bénéficier de l’indult concédé aux Evêques, « ceux qui gardaient des contacts », « qui étaient en relation »  avec la FSSPX et qui affirmaient que le NOM était ni  « valide » ni « orthodoxe ».

Ici, dans ce texte nous avons une claire allusion à la validité de la Nouvelle Messe ainsi qu’à sa « légitimité ».

Sur le mot « légitimité », je ferais une distinction. Le pape, dans sa fonction de Pontife suprême, a bien évidemment le droit de donner à l’Eglise une nouvelle liturgie. Ainsi le pape Paul VI pouvait très bien donner à l’Eglise le 3 avril 1969, une nouvelle messe. C’était téméraire mais c’était en son pouvoir…Sous ce rapport, ce nouveau rite est légitime. Il ressort bien de l’autorité du Pontife suprême. On respecte un point  fondamental de l’Ecclésiologie.

 

Mais cela ne lui donnait par pour autant le droit de signer, sans plus,  la Constitution « Missale Romanum » promulguant le nouveau rite de la messe. Car le texte doctrinal et explicatif des nouvelles rubriques – – l’Institutio Generalis – – publié dans cette constitution contenait le fameux article 7 qui, de l’opinion même du cardinal Journet, était hérétique. Or c’est à la lumière de ce fameux article 7 que la nouvelle messe a été élaborée. Certes, cet article 7 fut modifié, mais cela n’entraîna aucune modification dans la nouvelle messe proprement dite.

Cela est-il légitime?

De plus, l’abbé  Dulac a démontré, à son époque, en juin 1969, que  cette nouvelle messe si elle n’était pas hérétique, si elle était donc « valide »selon les trois conditions requises à la validité d’un sacrement, était toutefois  « équivoque », ce qui, disait-il, est bien plus grave que l’hérésie. Il écrivait en 1975, dans « Le courrier de Rome » : « Nous avons été les premiers à dénoncer le défaut radical, inguérissable du Nouvel Ordo Missae. C’était le 25 juin 1969, quelques jours après l’apparition, en France, de l’édition typique. Nous y sommes revenus bien des fois depuis cette date. Nos critiques étaient assez graves pour que nous ayons pu, dès le début, y trouver le motif d’un refus.

« Mais jamais, nous n’avons dit que la nouvelle Messe était hérétique.

« Hélas ! Elle est, pourrait-on dire, pis que cela : elle est équivoque.

Elle est flexible en des sens divers. Flexible à volonté. La volonté individuelle qui devient ainsi la règle et la mesure des choix ».

« L’hérésie formelle et claire agit à la manière d’un coup de poignard. L’équivoque agit à la manière d’un poison lent.

« L’hérésie attaque un article précis du dogme. L’équivoque, en lésant l’ « habitus » lui-même de la foi, blesse ainsi tous les dogmes.

« On ne devient formellement hérétique qu’en le voulant. L’équivoque peut ruiner la foi d’un homme à son insu.

« L’hérésie affirme ce que nie le dogme ou nie ce qu’il affirme. L’équivoquedétruit la foi aussi radicalement en s’abstenant d’affirmer et de nier : en faisant de la certitude révélée une opinion libre.

« L’hérésie est ordinairement un jugement contradictoire à l’article de la foi. L’équivoque est dans l’ordre de ce que les logiciens appellent « le disparate ». Elle est à côté de la foi. A côté même de la raison, de la logique.

« Eh bien, nous oserons le dire : il y a pire encore peut-être que l’équivoque. Il y a le substitut de la foi théologale, sa contrefaçon, son ersatz : son succédané sentimental ».

Alors je me pose la question : tout cela  peut-il être légitime?  Est-ce que le mal est légitime? Et quel mal ce nouveau rite n’a-t-il pas fait aux âmes, aux prêtres, à l’Eglise! Il a divisé l’Eglise. Il a vidé et vide les séminaires et les congrégations religieuses. Mgr Lefebvre disait ne pouvoir ouvrir et faire vivre un séminaire avec le nouveau rite. J’en suis personnellement convaincu. Il ne suffira pas de « sacraliser » le nouveau rite de Paul VI pour sortir de la crise ecclésiale, il faut soit le supprimer soit le réformer. On semble se diriger vers la « réforme ». Mais ce rite est-il seulement « réformable »?

Le cardinal Stickler, dans une conférence, citait en conclusion de son exposé une revue canadienne Precious Blood Banner où on pouvait lire : « Il apparaît toujours plus clairement que l’extrémisme des réformateurs postconciliaires a consisté, non pas à réformer la liturgie catholique depuis ses racines mais à la déraciner de son sol traditionnel ; selon cet article, ils n’ont pas restauré le rite romain, ce que leur demandait le Concile Vatican II, ils l’ont déraciné » (p. 61).

Cela est-il légitime ? Cela est-il guérissable ? Déraciner une plante, elle crève…

Et puis il serait nécessaire pour que nous puissions changer d’avis que le Vatican réponde aux objections du « Bref Examen Critique » dont vous connaissez les conclusions. Il met, lui aussi, en cause la légitimité de cette réforme liturgique. Il ne suffit pas de nous enjoindre d’obéir. Faut-il encore nous donner  les réponses  à nos légitimes questions. Le droit canon lui-même nous encourage à cette défense, à cette mâle résistance. La morale ne peut pas prendre le pas sur le théologale.

La réconciliation et le clergé diocésain.

Dans cette instruction, se trouve de nouveau affirmé le souhait vif du Pape de travailler à la réconciliation dans l’Eglise.

C’est clairement exprimé dans le § 8 : « Le Motu Proprio Summorum Pontificum constitue une expression remarquable du magistère du Pontife romain et de son munus propre – régler et ordonner la sainte liturgie de l’Église – et il manifeste sa sollicitude de Vicaire du Christ et de Pasteur de l’Église universelle.

Il se propose :

a) d’offrir à tous les fidèles la liturgie romaine dans l’usus antiquior, comme un trésor à conserver précieusement ;

b) de garantir et d’assurer réellement l’usage de la forme extraordinaire à tous ceux qui le demandent, étant bien entendu que l’usage de la liturgie latine en vigueur en 1962 est une faculté donnée pour le bien des fidèles et donc à interpréter en un sens favorable aux fidèles qui en sont les principaux destinataires

c) de favoriser la réconciliation au sein de l’Église.

 

Permettez-moi ces quelques remarques :

Cette réconciliation sera liturgique ou elle ne sera pas.

Cette réconciliation, outre le problème doctrinal, sera liturgique ou ne sera pas.
Elle doit donc s’initier dans les séminaires. Si l’on veut vraiment «parvenir à une réconciliation interne au sein de l’Eglise » comme le demande expressément Benoît XVI, il faut en prendre les moyens. La « réconciliation » passe nécessairement par la « formation au séminaire ». Il y faudra des générations. Au moins une dizaine d’années et plus. Il faut la vouloir. Aux séminaristes, il faut apprendre le sens des choses liturgiques ; il faut apprendre le latin. Benoît XVI le demande expressément. La liturgique, son ordre, son symbolisme demandent tout une étude, un apprentissage, une pratique. Les années de séminaires sont nécessaires à cette fin. Qui en prend les moyens ?

Le texte romain qui précise les résolutions du Motu Proprio Summorum Pontificum prévoit que les séminaristes apprennent la célébration de la messe aussi dans le rite « tridentin ». A la bonne heure ! Cela va dans le bon sens.

Si cela ne se fait pas, nous risquons d’avoir une juxtaposition de communautés, de prêtres. Ils chercheront à vivre dans l’amitié, une amitié retrouvée au niveau des diocèses, des doyennés. C’est important. Mais ce n’est ni essentiel ni suffisant. Le conflit relevant de la doctrine, il faut nécessairement restaurer l’enseignement de la théologie thomiste, le sens de la liturgie dans le clergé. Le pape Benoît XVI vient de le rappeler dans ce fameux texte romain.

Mais cette réconciliation sera difficile

Le travail de cette réconciliation entre les prêtres sera difficile. Pourquoi ?

Parce qu’il faut mesurer la crise qui touche l’Eglise. Elle est doctrinale et liturgique. Sur le plan liturgique, deux mondes s’affrontent : la liturgie tridentine, la liturgie « moderniste ». Elles sont incompatibles l’une à l’autre. Sur ce sujet, il me semble que M l’abbé Barthe l’exprime fort bien dans une synthèse difficilement dépassable, dans son dernier livre : « la messe à l’endroit », à la page 11et 12. Son expression est toujours un peu difficile. Je partage son jugement : nous assistons dans la liturgie moderne à une « déritualisation ». Venez assister à une messe chrismale et vous en serez convaincu ! Vous avez également un « pluralisme » rituel…Qu’est devenue dans bien des églises la messe de Paul VI ? Vous avez également « un aplatissement du symbolisme liturgique », l’envahissement d’une « pédagogie de monitions », bien évidemment « le retournement de l’autel, si possible placé au centre de l’assemblée, la mue du célébrant hiérarchique en acteur personnel ». Oui ! Ce sont là quelques caractéristiques de la liturgie moderne. « Tout a contribué, dit-il, à faire (bien gauchement d’ailleurs) du culte divin une sorte de théâtralité accordée à la modernité, et donc, à faire que la dramaturgie liturgique cesse largement d’être … une réprobation de ce monde ». Or la vraie « liturgie chrétienne au sein du monde moderne ne peut qu’être critique de ce monde ». C’est très juste. La liturgie classique est « théandrique ». Le monde moderne « anthropocentrique ». Le culte divin est louange et adoration de Dieu. Le monde moderne est replié sur lui-même. Ainsi « s’adapter à ce monde, c’est disparaître. Ce qui est advenu »….Dès lors, « l’aspect de rupture de l’univers rituel catholique par rapport à la modernité individualiste a ainsi largement disparu. La conciliation – d’autant plus maladroite qu’elle est par la force des choses partielle – avec la « culture » que cette modernité sécrète fait que le culte divin a cessé d’avoir la pleine force d’invitation à tout « restaurer dans le Christ ». C’est ainsi que le profane, d’une manière non totale, certes, mais cependant d’une manière assez massive, est entrée dans le sanctuaire. : « idéologiquement, par la refabrication de rites où le subjectif de la célébration du groupe centré sur lui-même s’impose sensiblement par un abandon de l’hiératisme rituel, de la langue sacrée, de la prière « vers le Seigneur », de l’adoration exprimée au moyen d’une gestuelle et d’un silence de prosternation. On a ainsi concédé à la société moderne une atténuation de ce qu’elle n’est plus en mesure d’entendre : la valeur de la messe comme sacrifice offert pour les péchés, la présence réelle du Christ sous les espèces eucharistiées, la différence/similitude du sacerdoce de l’Homme-Dieu exprimant précisément l’action du Christ-Tête ». (p. 11-12). Ces dernières valeurs, rappelées heureusement ici par l’abbé Barthe, sont essentielles à la doctrine catholique et parfaitement exprimée dans le rite tridentin. Oui ! Sa « gestuelle » et ses prières les expriment à la perfection. Elles sont de l’essence du sacrifice de la messe.

Ce sont bien, alors, deux mondes qui s’affrontent. Ils sont incompatibles, inconciliables. Cette critique n’est pas outrancière. Elle est juste. Voilà la réalité, même si elle ne s’exprime pas partout, dans les églises paroissiales, heureusement, dans toute cette acuité.

Les choses en sont là aujourd’hui. Une « cohabitation » avec cette liturgie moderne – qui n’est souvent plus la liturgie de Paul VI,- mais il faut reconnaître que toutes les initiatives étaient permises – est pour moi, impossible. Il faut procéder à l’arrêt de ce qui est devenu une vraie subversion. Il faut comme le dit M l’abbé Barthe« subvertir cette idéologie d’ouverture ». Aussi est-il légitime de se poser la question de la simple possibilité de procéder à la « Réforme de la Réforme » voulue par le cardinal Ratzinger. La liturgie de Paul VI, ici décrite, est-elle seulement réformable ? Est-elle « sainte » ?

Et pourtant l’Eglise doit nécessairement restaurer sa tradition liturgique.
Il n’y aura pas de réconciliation profonde et donc d’unité des esprits et des cœurs dans le monde sacerdotal -ce qui est hautement souhaitable – sans une totale restauration liturgique. La réconciliation par la restauration liturgique doit être le maître mot aujourd’hui … dans l’Eglise.

Mais dans cette réforme qui aboutira à une vraie réconciliation, il faut avoir le sens du possible et, dans ce domaine liturgique, aller du mieux au bien. M l’abbé Barthe suggère, dans un premier temps, de retenir cinq points :
«Réintroduire l’usage de la langue liturgique latine, spécialement par l’utilisation du chant grégorien ( kyriale, Pater, si possible chant des parties du propre de la messe),
-Distribuer la communion selon le mode traditionnel,
-« User de la première prière eucharistique, si possible en latin, et sans trop élever la voix,
-«Orienter la célébration vers le Seigneur au moins à partir de l’offertoire,
-« User en silence de l’offertoire traditionnel.
Avec en parallèle, la célébration de « la forme extraordinaire », la forme tridentine, qui viendra tout naturellement s’intégrer dans une vie liturgique paroissiale animée de cette réforme et qui la soutiendra efficacement. Et voilà pourquoi Benoît XVI demande la célébration paroissiale du rite tridentin au milieu du rite « ordinaire ».
(p. 96)

Voilà qui serait beaucoup. Voilà qui favoriserait réellement une réconciliation sacerdotale.
Voilà ce que veut le pape.

Mais les épiscopats ne vont pas dans ce sens.
Il faut aider Rome. Le temps fera son œuvre.

 

La pensée de Mgr Schneider

Sur ce sujet de la sainteté » de la messe de Paul VI, voici les propos tout récent tenus par  Mgr Schneider dans une conférence donnée à Paris, le 15 janvier 2012

De cette conférence, M Jean Madiran en a fait le meilleur commentaire. Il dit tout ce qu’il faut dire. C’était dans Présent du 2 mars 2012, sous le titre :

 « L’Offertoire de Paul VI »

« Le débat avance. Quel débat ? Justement, le débat refusé. Refusé dans l’Eglise depuis quarante-cinq ans ; refusé à tous ceux qui ont opposé doutes, questions, objections aux nouveautés post-conciliaires. Ce débat avance quand même. L’offertoire de la messe de Paul VI est maintenant mis en cause par une voix autorisée. Non pas quelques abus, quelques dérives, quelques excès, mais l’offertoire lui-même, dans le texte officiel de la « forme ordinaire du rite romain ».
Ce fut à Paris, le 15 janvier de cette année (2012). L’intervenant nous vient d’Asie centrale, il est secrétaire général de la Conférence épiscopale du Kazakhstan. Heureux Kazakhstan ! Il est aussi consulteur à Rome de plusieurs dicastères, notamment de la Congrégation pour la doctrine et de la Congrégation pour le culte. Il se nomme Athanasius Schneider. Il appartient à la nouvelle génération épiscopale : il n’avait que huit ans quand Paul VI décréta sa nouvelle messe. Paix liturgique a publié la semaine dernière le texte intégral de son intervention parisienne du 15 janvier (Paix liturgique, 1 allée du Bois Gougenot, 78290 Croissy-sur-Seine.)
Parmi ce qu’il appelle les cinq plaies de la « pratique liturgique dominante actuelle », Mgr Schneider pointe « les nouvelles prières de l’offertoire » :
« Elles sont une création entièrement nouvelle, elles n’ont jamais été en usage dans l’Eglise. Elles expriment moins l’évocation du mystère du sacrifice de la Croix que celle d’un banquet rappelant les prières du repas sabbatique juif. »
Alors que, ajoute-t-il, « dans la tradition plus que millénaire de l’Eglise d’Occident et d’Orient, les prières de l’offertoire ont toujours été axées expressément sur le mystère du sacrifice de la Croix ».
Ces nouvelles prières de l’offertoire, « il serait souhaitable, propose Mgr Schneider, que le Saint-Siège les remplace par les prières correspondantes de la forme extraordinaire ».

Qui critique, je vous prie !

Les quatre autres « plaies du corps mystique liturgique du Christ » qu’énumère Mgr Schneider ne sont pas forcément, ne sont pas explicitement imposées par le texte lui-même de la messe promulguée par Paul VI en 1969, aujourd’hui appelée « forme ordinaire du rite romain ». Ce sont :
— la plus visible : le visage du prêtre tourné vers les fidèles ;
— la communion dans la main ;
— la disparition totale du latin et du grégorien ;
— l’emploi de femmes pour le service de la lecture et celui d’acolyte.
A la différence du nouvel offertoire, ces quatre plaies-là ne figurent ni dans la messe promulguée par Paul VI, ni dans la constitution conciliaire sur la liturgie. La critique sévère qu’en fait Mgr Schneider, le refus fortement motivé qu’il leur oppose, ne mettent donc en cause ni la constitution conciliaire, ni le texte même de la forme ordinaire du rite romain.
Il n’en va pas de même pour un offertoire qui, relisons, « exprime moins l’évocation du mystère du sacrifice de la Croix que celle d’un banquet rappelant les prières du repas sabbatique juif ».
Un tel offertoire, avec la gravité de cette énorme déficience, est au cœur de la messe que Paul VI a signée de sa main. Mgr Schneider ne voit aucune possibilité de le réformer, de l’améliorer, il n’envisage que sa suppression pure et simple, et son remplacement radical par l’offertoire traditionnel.

A mesure que le débat continuera d’avancer de cette manière, il deviendra de plus en plus difficile de recommander que l’on regarde et traite avec le même respect les « deux formes » du rite romain ».

 

Voilà ! Tout est dit et bien dit.
Qui aurait osé affirmer cela  hier ?
Mgr Schneider l’a osé.  Rien n’est jamais  statique dans l’Eglise. L’Esprit Saint souffle où Il veut, quand Il veut. Notre attachement à l’Eglise est total ainsi qu’à la messe tridentine. Et à la lumière de cette histoire récente de l’Eglise en matière liturgique, cette fidélité est le meilleur des services que nous pouvons rendre au Souverain Pontife, comme le disait Mgr Lefebvre en novembre 1974.

 

Conclusion :

Quoi qu’il en soit, reconnaissons fortement que le MP Summorum Pontificum de 2007 et son décret d’application de 2011 constituent une étape importante dans la reconnaissance des droits de la messe traditionnelle.

Et sous ce rapport ce texte est une excellente chose car, comme le dit M l’abbé Barthe dans son article de Présent « il favorise le relèvement du sacrifice de la messe, et donc du sacerdoce catholique » et par conséquent il favorise le relèvement de la sainte Eglise. Il conclut son article de Présent par ces mots : « Sous cet aspect, l’affirmation apparemment modeste, mais définitive, que la liturgie antérieure à la réforme de Vatican II n’a jamais été abolie, est un des germes les plus précieux de la revitalisation à venir du catholicisme ».

C’est ce que reconnaît aussi la FSSPX, dans sa lettre à nos frères prêtres du mois de juin : « La Fraternité saint Pie X se réjouit du fait que, grâce au MP, de plus en plus de prêtres puissent célébrer selon le Missel traditionnel, de plus en plus de fidèles puissent bénéficier de ces célébrations. Et donc tout ce qui rendra plus facile, plus pérenne, plus large, plus universelle la liberté reconnue par le MP est accueilli avec ferveur par la FSSPX. Car chaque fois que le Missel traditionnel regagne du terrain, c’est le rayonnement spirituel, apostolique et missionnaire de l’Eglise qui grandit ». (p 3)

 

 

 

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