Après ce triste et scandaleux accord entre le Vatican et la Chine. Pauvres évêques catholiques. Pauvres prêtres catholiques
publié dans regards sur le monde le 19 novembre 2018
Chine : après l’accord entre le Vatican et Pékin, les persécutions s’intensifient
Quatre prêtres de la communauté clandestine de Zhangjiakou (de la province d’Hebei) sont détenus dans un lieu secret, soumis à un endoctrinement et à un lavage de cerveau pour les forcer à rejoindre l’Association patriotique, noyautée par les communistes et soumise au gouvernement, situation révélée par l’agence Asienews. Souvenons-nous dans nos prières de ces prêtres, abandonnés par Rome à leurs persécuteurs: les pères Zhang Guilin,Wang Zhong, de l’ancien diocèse de Xiwanzi, Zhang He, Su Guipeng de l’ancien diocèse de Xuanhua.
On le voit, la persécution, loin de s’arrêter après l’accord entre le Saint Siège et Pékin, s’est intensifiée (voir Bul-letin 2578.) Pouvait-il en être autrement ? Le pape François a reconnu les évêques schismatiques nommés par le régi-me, exhortant les héroïques catholiques, persécutés pour leur fidélité à Rome, à rejoindre « L’Eglise patriotique ». Les autorités chinoises n’exigent rien d’autre que ce ralliement en s’appuyant sur cet accord. Auparavant, la violente pres-sion n’était pas moindre mais, depuis la « réconciliation » avec le pape François, les Chinois ont un argument d’autorité à opposer aux catholiques fidèles.
De fait, plus de 50 jours après la signature de l’accord, le gouvernement chinois a lancé une nouvelle campagne visant à « convertir » les prêtres à l’Eglise patriotique désormais reconnue par Rome. Cela signifie qu’ils doivent partici-per aux cours organisés par le gouvernement pour s’aligner sur le « Front uni » et subir un lavage de cerveau en matière religieuse. La violence se fait de plus en plus forte pour les contraindre à accepter l’Association patriotique et le princi-pe de « sinisation » lequel implique la rupture avec l’Eglise latine, occidentale, capitaliste.
Les prêtres dissidents sont contraints par les fonctionnaires du régime à concélébrer avec les évêques officiels di-rigés par le gouvernement, puis photographiés. Dans cette vague de « conversion » des prêtres clandestins, le Hebei est la région la plus influencée à cause de ses nombreux fidèles,(plus d’un million de catholiques.)
Les prêtres que nous évoquons ont été emmenés le 11 octobre par des responsables gouvernementaux pour suivre un cours de « formation » d’une durée de 5/6 jours. Mais cela fait maintenant plus d’un mois que ces prêtres « étudient » et les autres ecclésiastiques comme les fidèles du diocèse sont très inquiets. Le gouvernement avait promis de les libérer le soir du sixième jour, mais le père Zhang a été arrêté peu après une éphémère libération comme le père Wang qui, après quelques jours passés dans la paroisse, a de nouveau été kidnappé.
Ses proches et ses fidèles sont allés plusieurs fois demander des éclaircissements au gouvernement local. Les offi-ciels répondent: « Zhang voyage, il sera de retour dans quelques jours. » Mais il n’est toujours pas revenu.
Les fonctionnaires communistes conduisent d’ordinaire les réfractaires à Pékin pour les faire rencontrer plusieurs évêques officiels et les convaincre d’accepter les conditions du gouvernement, de prendre la carte de l’Association patrioti-que, puis de rallier l’église officielle. Mais les prêtres rejettent cette proposition. Leur conviction s’appuie sur la Lettre de Benoît XVI aux catholiques de Chine (2007) qui interdit la participation à l’Association patriotique. Le pape François n’a pas hésité à désavouer ses prédécesseurs qui avaient tous la même position : Pie XII, Jean XXIII, Jean-Paul II.
D’autre part, Mgr Shao Zhumin, évêque de Wenzhou, de l’église clandestine, a été arrêté le 9 novembre et em-mené « en vacances » (sic) loin de son diocèse pour « dix à quinze jours », comprenez : une période de lavage de cer-veau obligatoire et d’endoctrinement. Le Vatican ne proteste pas. Le pape ne dit rien.
P.R
(Source: le Bulletin d’André Noël)