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Entraide et Tradition

Le cardinal Barbarin

publié dans regards sur le monde le 16 mars 2019


L’inique condamnation du cardinal Barbarin
La condamnation du cardinal Barbarin à six mois de prison avec sursis pour non-dénonciation d’abus sexuel est une iniquité . Il a donc fait appel de cette décision. L’avocat général avait demandé, lors du procès, qu’il ne soit l’objet d’aucune condamnation, cohérent avec la décision du parquet de classer l’ « affaire », en 2016 , après le dépôt de plainte des victimes du prêtre que le cardinal aurait dû dénoncer, selon les juges de Lyon. Pour qu’il y ait procès néanmoins, les victimes ont lancé une procédure en citation directe devant le tribunal.
Nous ne sommes pas juristes , mais il nous apparaît qu’il y a pour le moins un paradoxe dans ce jugement . Selon ce dernier, le primat des Gaules est coupable de ne pas avoir dénoncé un prêtre, le père Preynat, mis en examen pour abus sexuels. Or, cet ecclésiastique n’est pas encore jugé , ce qui signifie qu’il est toujours présumé innocent. Le cardinal aurait donc dû dé- noncer à la justice un prévenu que cette même justice tient pour innocent en l’absence de condamnation ! Que l’intéressé ait reconnu ses crimes ne change juridiquement rien puisque l’aveu n’est qu’un élément, parmi d’autres,
pour établir une culpabilité. On notera que ses co-inculpés ont tous été relaxés : l’archevêque d’Auch : Maurice Gardès ; l’évêque de Nevers : Thierry Brac de La Perrière ; le père Xavier Grillon et les deux laïcs, Pierre Durieux, ex -directeur de cabinet de Philippe Barbarin, et Régine Maire, char- gée par l’archevêché de recevoir les victimes de pédophilie.
Nous nous en réjouissons pour eux mais cela confirme l’information du Monde selon laquelle les juges ont retenu « la culpabilité du plus haut membre de la hiérarchie catholique. » Pour le dire autre- ment, les juges ont voulu faire un exemple , visant, au-delà du prélat condamné, l’Eglise en général et les évêques de France en particulier. C’est ainsi que le responsable de la Parole libérée, François Devaux, à l’origine des poursuites, a interprété le jugement en le commentant en ces termes : «Je crois en toute humilité que l’Eglise de France s’en souviendra.» C’est donc bien l’Eglise et le pape à travers la personne du cardinal Barbarin qui ont été ciblés et condamnés. Avant le procès, Devaux dé- mentait tout « acharnement contre la personne»
de Mgr Barbarin, mais il lui paraissait «important que ce débat ait lieu au sein d’un tribunal», puisque « le pape ne prend pas ses responsabilités pour appliquer la tolérance zéro qu’il prône depuis des années» sur les agressions sexuelles dans l’Eglise. Le tribunal a comblé son attente.
Remarquons, au passage, que les confrères du cardinal , les évêques de France, ne se bousculent pas pour lui manifester leur solidarité et l’assurer de leur soutien alors qu’il continue à affirmer son innocence. La Conférence des évêques de France s’est bornée à déclarer , dans un communiqué, qu’elle attend « l’issue de cette nouvelle procédure », c’est-à-dire l’appel. Or, tous les évêques sont sous la menace de voir , un jour ou l’autre, une vieille affaire
exhumée par une association de victimes qui les déférera à la justice. Ce n’est pas en faisant profil bas et en courbant l’échine mais en pro- testant contre ce jugement inique qu’ils pourront écarter le danger !
Que s’est-il passé entre 2016, date du classement sans suite de la plainte contre le cardinal Barbarin, et l’injuste et sévère jugement de 2019 ?
A l’instigation d’associations de victimes, l’indignati on n’a cessé de croître contre les prêtres et l’attitude de l’ Eglise, amplifiée par des media,
livres ou autre film accusateur et des politiques qui lui sont hostiles mais aussi encouragées par Ro- me elle-même qui entreprenait une opération de
purification accompagnée de repentance. Et puis il est sorti, au moment bien choisi du procès, un film à charge , mettant en cause les mis en examen sous leur véritable patronyme sans aucun respect pour la présomption d’innocence, comme si ce crime grave qu’est la pédophilie devait abroger les droits des prévenus. D’où ce commentaire d’un des avocats du prélat, Me Jean-Félix Luciani : « Il était difficile pour le tribunal de résister à une telle
pression avec des documentaires, un film… Cela pose de vraies questions sur le respect de la justice. »
Et nous ajouterions : “quand il s’agit des fidèles catholiques dans une société intrinsèquement hostile à l’Eglise”. Le cardinal Barbarin a présenté
sa démission au pape. Peut-être aurait-il été plus judicieux pour lui d’attendre l’arrêt qui sera rendu en appel ?
Que va faire François?
Le cardinal lui avait déjà remis sa démission, en 2016, démission qui avait été refusée par le souverain pontife avec cette justification: « Ce serait un contre-sens, une imprudence. On verra après la conclusion du procès. Mais maintenant ce serait se dire coupable. » Or, le jugement est là. Le pape va-t-il attendre le résultat de l’appel ? Voire même d’une cassation ? Il est lui-même « piégé » par sa propre fermeté, proclamant qu’il appliquerait sans fléchir « la tolérance zéro ». Les associations de victimes – qui oublient les aveux des Frédéric Mitterrand et autre Cohn-Bend it sur leurs rapports avec la pédophilie – et les media seraient prompts à dénoncer son laxisme s’il refusait la démission du cardinal… Mais le démettre parce qu’il n’a pas dénoncé un crime intervenu près de quinze ans avant qu’il n’accède au si ège de Lyon serait disproportionné et cela ajouterait une injustice de l’Eglise à celle de la justice civile.
(Source: Le Bulletibn d’André Noël).

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