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Entraide et Tradition

Le pape accusé d’hérésies?

publié dans regards sur le monde le 15 mai 2019


Vingt théologiens réputés accusent le pape François d’hérésie
C’est une démarche historique dont la presse ne s’est guère fait l’écho. Vingt savants universitaires ou théolo- giens catholiques, ont publié ce mardi 29 avril 2019 une lettre ouverte par laquelle ils demandent aux évêques catholi- ques d’interpeller le pape François à propos des hérésies qu’  ils l’accusent de professer, afin qu’il les rejette ou à défaut, s’il s’obstine, de constater que celui-ci s’ est librement dépossédé de la papauté.
Ce n’est pas la première fois depuis le Concile Vatican II qu’un pape est accusé d’hérésie. On se souvient du très argumenté Liber accusationis de l’abbé Georges de Nantes, incriminant Paul VI. Mais ces accusations étaient balayées d’un revers de main puisqu’émanant de ces méchants « intégr istes » que leur « intégrisme » justement disqualifiait.
On notera pour la petite histoire que le successeur de l’abbé de Nantes à la tête de la Contre-Réforme catholique, le frère Bruno Bonnet-Aymard, a accueilli avec enthousiasme l’élection du pape François. En avril 2014, il donnait une conférence à Paris sur le thème : « Pape François, le saint que Dieu nous a donné. »
Mais, cette fois, il sera difficile d’ignorer longtemps cette longue lettre accusant François ; quoi qu’on en pense, il faudra y répondre . Car les signataires ne sont pas des théologiens ma rginaux, ni des « intégristes », ils sont actifs dans l’Eglise d’aujourd’hui et enseignent dans des universités catholiques.
On trouve en effet, les signatures du père Aidan Nichols, dominicain, et du professeur John Ris. Le père Nichols est l’un des théologiens les plus connus dans le monde a
nglophone ; il est l’auteur de nombreux livres sur Hans Urs von Balthasar et Joseph Ratzinger.
Le professeur Rist, connu pour ses travaux en philosophie classique et en histoire de la théologie, a occupé des chaires et enseigné à l’Université de Toronto, au prestigieux Augustinianum à Rome, à l’Université catholique d’Améri- que, à l’Université d’Aberdeen et à l’Université hébraïque de Jérusalem.
Cette lettre est un acte ultime après d’autres « corrections fraternelles » à l’égard du pape François. Notamment celle signée par quelque 70 « savants catholiques » en septe mbre 2017 qui se bornait à mettre en évidence les « sept pro- positions hérétiques » favorisées par Amoris laetitia.
Il est difficile de résumer l’argumentaire, rigoureux , nourri de références précises, vérifiables, tant sur le plan des faits, des propos et des écrits du pape sans trahir l’équ ilibre du document. C’est pourquoi nous conseillons à nos lec- teurs qui voudraient en avoir une connaissance globale de visiter le blog de Jeanne Smits qui donne le texte in extenso, traduit de l’anglais par ses soins. (NB Vous le trouvez aussi sur mon site TEM)
L’hérésie la plus « évidente », c’est la possibilité pour un couple catholi que divorcé remarié de communier au corps et au sang du Christ.
Le 5 septembre 2016 les évêques de la région de Buenos Aires ont publié une déclaration sur l’application d’Amo- ris laetitia, dans lequel ils ont déclaré à propos des divorcés remariés : « Amoris laetitia ouvre la possibilité de l’accès
aux sacrements de la Réconciliation et de l’Eucharistie. Ceux-ci à leur tour disposent la personne à continuer de mûrir et de croître avec la force de la grâ
ce (…) Il est peut-être opportun qu’un éven tuel accès aux sacrements se réalise de manière discrète, surtout lorsque l’on prévoit des situations conflictuelles. »
L’épiscopat argentin a transmis son texte past oral au pape qui a répondu en ces termes : «
L’écrit est très bon et il explicite parfaitement le sens du chapitre 8 d’Amoris laetitia. Il n’y a pas d’autre interprétation. » Les théologiens déduisent, à juste titre, que selon Amoris l aetitia, bien que l’indissolubilité du mariage ne soit pasniée, les divorcés et les remariés peuvent recevoir les sacrements , et que persister dans cet état est compatible avec la ré- ception de l’aide de la grâce.
L’autre hérésie , moins souvent évoquée mais soulev ée par la lettre porte sur l’attitude du pape à l’égard des autres religions. Ses propos sont nombreux sur l’
islam, le protestantisme, le bouddhisme… Un seul texte les résume tous. Le 4 fé- vrier 2019, le pape François et Ahmad Al -Tayyeb, le grand imam de la mosquée
Al-Azhar, ont publiquement signé et pu- blié une déclaration intitulée «Document sur la fraternité humaine. » Ils y affirment ce qui suit :
« La liberté est un droit de tout e personne : chacune jouit de la liberté de croyance, de pensée , d’expression et d’action. Le plura- lisme et
les diversités de religion, de couleur, de sexe, de race et de langue sont une sage volonté divine, par laquelle Dieu a créé les êtres humains . Cette Sagesse divine est l’origine dont découle le droit à la liberté de croyance et à la liberté d’êtredifférents. » Or, selon la foi catholique, la volonté divine ne peut avoir créé la diversité des religions, c’est un état de fait que Dieu tolère, mais qu’il ne peut positivement désirer, bien qu’il faille respecter la dignité des autres croyants, ce qui ne si- gnifie pas considérer leurs croyances comme positives.
Comme le rappellent les théologiens, Jésus a dit « Je suis le che- min, la vérité et la vie, nul ne vient au Père que par moi. » il est « le » chemin, pas un chemin parmi d’autres possibles et équivalents, Mahomet, Bouddha, Vishnou. Sinon à quoi bon évangéliser ? Les missionnaires qui sont morts pour annon-cer l’Evangile aux païens auraient mieux fait de rester chez eux !
Ces théologiens usent de leur science pour exposer ce qui leur paraît contraire à la foi catholique, mais ils n’ont aucune autorité canonique ou hiérarchique. En tant que docteurs privés leurs arguments n’ont pour convaincre que leur pertinence. C’est pourquoi ils s’adressent aux évêques catholiques, qui ont autorité, en tant que docteurs de la foi dans leur diocèse et vicaires du Christ à leur niveau (et non pas « vicaire du pape »), rappellent les théologiens. Les signataires ne concluent ni au sédévacantisme (la chaire de Pierre serait vacante du fait de l’hérésie du pa pe) ni à sa déposition par les cardinaux qui l’ont élu.
Du point de vue de l’analyse théologique qui est la leur, François s’est dépossédé lui-même de sa charge, mais les signataires laissent aux évêques le soin de prendre les mesures entraînées par cette grave situation. Pas de réaction pour l’in stant à notre connaissance ! Peut-être que certains d’entre eux comptent sur la Providence pour leur épargner de se prononcer ; à 83 ans, le pape François peut être rappelé à Dieu à n’importe quel moment… Il n’est pas sûr que sa canonisation s’ensuive, comme ce fut le cas pour Jean-Paul II…
P.R

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