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Le synode amazonien et le « chemin synodal » allemand

publié dans nouvelles de chrétienté le 25 septembre 2019


Parallélisme troublant entre le synode amazonien et le « chemin synodal » allemand

(Source: FSSPX.NEWS)

Cardinal Gerhard Müller, ancien préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi.
Pour comprendre ce qui va se passer au prochain synode sur l’Amazonie, il est utile de savoir ce qu’est le « chemin synodal » allemand où évêques et laïcs sont censés dialoguer sur un pied d’égalité, de manière « démocratique et transparente », sur toutes les questions brûlantes : pourquoi les femmes ne peuvent-elles pas être ordonnées diacres ou prêtres ? Le célibat obligatoire est-il le meilleur moyen pour un prêtre de vivre au XXIe siècle ? Comment l’Eglise allemande devrait-elle réagir à la crise des abus ? Etc.

Dans le journal allemand Die Tagespost du 26 juillet 2019, sous le titre « A propos du processus synodal en Allemagne et du synode pour l’Amazonie », le cardinal Gerhard Müller, ancien préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, a dénoncé cette démarche qui, parallèlement au synode, cherche à redéfinir l’Eglise et le sacerdoce catholique selon des critères progressistes et mondains.

Le prélat allemand écrit : « Ce qu’on appelle le parcours synodal de la classe dirigeante de l’Eglise en Allemagne vise à une plus grande sécularisation de l’Eglise. Au lieu d’un renouveau de l’esprit de l’Evangile, grâce à la catéchèse, à la mission, à la pastorale, à la mystagogie des sacrements [l’initiation aux mystères de la foi], on s’appuie plutôt aujourd’hui – et c’est ce qui se fait déjà depuis un demi-siècle – sur d’autres thèmes, espérant ainsi recevoir l’approbation de l’opinion publique du monde occidental, et plaire à cette pensée qui réduit l’homme à une image matérialiste.

« Par son essence, le chemin synodal vise :
1. La modification du sacrement de l’Ordre en un système professionnel de fonctionnaires bien rémunérés.
2. Le passage du “pouvoir”, considéré comme politique, des évêques et des prêtres aux laïcs, avec cette clause supplémentaire : si les qualifications sont les mêmes, il faudra privilégier les femmes.
3. La disqualification de la morale chrétienne, telle qu’elle découle de la nouvelle vie dans le Christ, parce qu’elle est “contre le corps” et, suppose-t-on, incompatible avec les normes de la sexologie moderne.
4. La pierre d’achoppement, depuis la Réforme protestante et depuis le naturalisme des Lumières, étant bien sûr le célibat sacerdotal, mais aussi les conseils évangéliques (pauvreté, chasteté, obéissance) de la vie consacrée avec vœux solennels. Dans une Eglise qui, en tant que simple institution humaine aux buts purement séculiers, a abandonné son identité de médiatrice du salut dans le Christ, et qui a perdu toute référence transcendante et eschatologique au Seigneur qui vient, le célibat librement choisi “pour le Royaume” (Mt. 19, 12), ou, pour pouvoir “s’occuper des choses du Seigneur” (1 Cor 7, 32), est maintenant perçu comme une gêne, comme un élément étranger ou un déchet résiduel dont il faut se libérer aussi vite et aussi complètement que possible. Au mieux, ce célibat pourrait être accordé à certains peuples exotiques comme une forme masochiste d’autodétermination extrêmement autonome. »

UN PROCESSUS DE SECULARISATION
Puis le cardinal Müller montre que le chemin synodal allemand et le synode amazonien sont les deux faces d’une même réalité : « Le processus synodal dans le cadre de la Conférence épiscopale allemande est désormais lié au synode sur l’Amazonie, et ce pour des raisons ecclésiales et politiques, afin de s’en servir comme levier pour la restructuration de l’Eglise universelle. En outre, dans le cadre de ces deux activités, les protagonistes sont presque identiques, et ils sont même liés financièrement et de manière institutionnelle par l’intermédiaire des organismes caritatifs de la Conférence épiscopale allemande. Il ne sera pas facile de contrôler cette avalanche destructrice. Une fois le processus achevé, plus rien ne sera comme avant, et il a été dit qu’on ne reconnaîtra même plus l’Eglise. Ainsi s’exprimait l’un des protagonistes, révélant ainsi le véritable but.

Plus loin l’ancien préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi écrit : « L’Instrumentum laboris et le processus synodal en Allemagne, comme moyens supposés de sortir de la crise de l’Eglise, reposent tous deux sur une sécularisation plus poussée de l’Eglise. Lorsque, dans toute l’herméneutique du christianisme, on ne commence pas par la révélation historique de Dieu dans le Christ ; quand on commence par incorporer l’Eglise et sa liturgie dans une vision mythologique du monde entier ; ou quand on transforme l’Eglise pour en faire une partie d’un programme écologique pour sauver notre planète, alors la sacramentalité – et surtout la charge ordonnée des évêques et prêtres dans la succession apostolique – devient vague et indéterminée. Qui voudrait vraiment construire sa vie entière, avec l’exigence d’un dévouement total, sur une base aussi fragile ? »

Le prélat allemand souligne une façon de faire commune à l’Instrumentum et au chemin synodal : « Il est frappant de constater que l’Instrumentum laboris pour le synode amazonien et le chemin synodal allemand ne partent pas de fondements bibliques et ne s’orientent pas ensuite en fonction de l’enseignement de l’Eglise qui s’est développé par la Tradition et des décisions doctrinales définitives des conciles et du pape. Au lieu de cela, ils tirent leurs normes et leurs règles des nécessités sociologiques présumées du monde globalisé, ou des formes traditionnelles d’organisation des tribus amazoniennes ».

Sur la question de l’ordination d’hommes mariés, le cardinal Müller montre que de l’Amazonie à l’Allemagne le pas sera vite fait : « si l’on ordonne prêtres en Amazonie des hommes d’âge mûr dans des partenariats considérées comme stables (que ce soit dans un mariage canoniquement valide ou non ?), afin de fournir (!) les sacrements à la communauté – même sans formation théologique (IL 129, 2) –, pourquoi ne serait-ce pas là aussi le levier pour introduire enfin les viri probati en Allemagne, où le célibat n’est plus accepté dans la société et où de nombreux théologiens du mariage seraient disponibles pour combler, en tant que prêtres, les postes laissés vacants par le clergé célibataire ? »

En conclusion le prélat allemand tient à rappeler : « le Magistère du pape et des évêques n’a aucune autorité sur la substance des sacrements. Par conséquent, aucun synode – avec ou sans le pape – ni aucun concile œcuménique, ni le pape seul, même s’il parlait ex cathedra, ne pourrait rendre possible l’ordination des femmes comme évêque, prêtre ou diacre. Ils seraient en contradiction avec la doctrine clairement définie de l’Eglise. Cela serait invalide. »

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