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Entraide et Tradition

l’hymne de None au dimanche

publié dans couvent saint-paul le 27 novembre 2019


T 7
Chapitre 14
L’hymne de None au dimanche

« Rerum, Deus, tenax vigor
« O Dieu dont la force soutien le monde
« Immotus in te permanens
« demeurant en vous-même immobile
« Lucis diurnae tempora
« et règlant les heures
« Successibus determinans
« par les phases de la lumière du jour ».

C’est encore une magnifique hymne tout à la gloire de Dieu, et ne craignons pas de le dire, de Dieu, du Dieu du « Cosmos », du « monde », du « Dieu cosmique ». » « O Dieu, dont la toute-puissance soutient le monde » Oui, comme l’écrit souvent le cardinal Ratzinger, dans ses livres, la prière de l’Eglise se fait souvent « cosmique », en ce sens qu’elle contemple le « cosmos » pour s’élever à Dieu. . Aussi osons le dire, rien n’est plus moderne que ces hymnes du Bréviaire romain. On nous « bassine » aujourd’hui à longueur de discours sur des sujets de cosmogonie. Il y a longtemps qu’ils animaient la philosophie de l’Eglise et sa poésie. Mais à la différence de cette pensée moderne qui s’exprime dans un langage très naturaliste et matérialiste, cette pensée ecclésiale est, elle, tout à la gloire de Dieu. Une pensée théocentrique et nullement, comme aujourd’hui, anthropocentrique. C’est toute la différence et elle est immense. L’Eglise adore son créateur. L’homme s’adore lui-même ainsi que la « terre-Mère » comme on l’a vu au Synode sur l’Amazonie d’octobre 2019, et fait tout tourné autour de sa propre gloire allant jusqu’à oublier qu’il est créature de Dieu et donc dépendant dans son être, de Dieu. L’Eglise chante la gloire de Dieu et nullement celle de l’homme. L’homme, du reste, n’est grand qu’à genou, disait Henri Massis, dans les premières pages de son beau livre : « De l’homme à Dieu ». Les auteurs du récent Synode sur l’Amazonie ont oublié, dans leurs discours et préoccupations, cette vérité fondamentale. Ils ont exalté l’homme, la terre, ils les ont mis au centre de tout, allant jusqu’à oublier Dieu. L’erreur moderne relève, sous ce rapport, avant tout de la philosophie, d’une mauvaise philosophie, d’une mauvaise méthaphysique, d’une mauvaise théodicée. Il faut reprendre le « Principe et Fondement de saint Ignace : « l’homme a été créé pour louer, honorer et servir Dieu et par ce moyen sauver son âme ». Contre ce premier principe, le Synode, et en premier, le Pape François, relance le paganisme et le culte des idoles, le culte de « la terre Mère ». C’est un vrai scandale. C’est là qu’il faut encore et toujours citer l’Epître aux Romains de saint Paul dans son chapitre premier. Cette Epître est vraiment une condamnation franche de la « politique » de ce pape – que Dieu nous en délivre avant qu’il ne soit trop tard ou lui ferme les yeux : « En effet, la colère de Dieu éclate du haut du ciel contre toute impiété et toute injustice des hommes, qui, par leur injustice, retiennent la vérité captive ; car ce qui se peut connaître de Dieu, est manifeste parmi eux : Dieu le leur a manifesté. En effet ses perfections invisibles, son éternelle puissance et sa divinité sont, depuis la création du monde, rendues visibles à l’intelligence par le moyen de ses œuvres. Ils sont donc inexcusables, puisque, ayant connu Dieu, ils ne l’ont pas glorifié comme Dieu et ne lui ont pas rendu grâces ; mais ils sont devenus vains dans leurs pensées, et leur cœur sans intelligence s’est enveloppé de ténèbres. Se vantant d’être sages, ils sont devenus fous ; et ils ont échangé la majesté du Dieu incorruptible pour des images représentant l’homme corruptible, des oiseaux, des quadrupèdes et des reptiles. » (Rm 1 18-23)

C’est à citer aujourd’hui plus que jamais.

Et la liturgie, en cette hymne de None du Dimanche, lui fait écho, un écho merveilleux. Elle contemple le Dieu de toute création : « O Dieu dont la force soutient le monde, demeurant en vous-même immobile, et réglant les heures par les phases de la lumière du jour ». Oui ! Dieu soutient le monde par sa puissance. Toute créature étant contingente en elle-même, c’est-à-dire n’ayant pas en elle-même sa raison d’être, l’a nécessairement en un autre qui doit avoir l’être par lui-même. S’il n’en était pas ainsi, rien de ce qui est, aurait sa raison d’être et ne serait dans l’être. La création serait inintelligible. Un premier principe, ayant l’être en lui-même, est nécessaire pour expliquer toutes choses. Dieu crée et soutient par sa puissance toute chose. Le psaume dit bien : « O Dieu dont la force soutient le monde ». Il le crée et le soutient dans l’être. Si Dieu cessait de soutenir le monde, il tomberait immédiatement dans le néant.

« Demeurant en vous-même immobile » « Immotus in te permanens ».C’est une merveilleuse affirmation. Dieu est immobile parce qu’il est, comme le dit la scolastique : « acte pur ». Il n’est pas fait, comme toute créature, d’acte et de puissance, qui sans cesse passe de la puissance à l’acte et donc en perpétuel mouvement – C’est la définition même du mouvement. Non Dieu, étant acte pur, est de soi immobile. C’est ce qu’affirme notre psaume : « immotus in te permanens » « demeurant en vous-même immobile ». « Deus stat dum volvitur mundus ». Dieu est immobile alors que le monde évolue sans cesse.

« Lucis diurnae tempora Successibus determinans » « et règlant les heures par les phases de la lumière du jour ».
Non seulement Dieu soutient le monde dans l’être par sa toute-puissance mais il règle aussi le mouvement du Cosmos, le mouvement des astres et de cette manière, « les heures par les phases de la lumière du jour ». Ne faisons pas un cours de cosmologie, mais unissons notre esprit avec celui du psalmiste qui, manifestement, veut essentiellement rendre gloire à Dieu dans et par sa création. S’il remarque la beauté du monde, son mouvement unifié, ce n’est pas pour s’en orgueillir dans la création, mais c’est pour glorifier le créateur. Il part de la création, à Dieu, le créateur, pour en confesser les perfections, sa Puissance, son ordre. C’est ce que demande saint Paul dans son premier chapitre de l’Epître aux Romains : nous l’avons vu plus haut, mais il faut insister, c’est trop important aujourd’hui. Il faut aller de la création à Dieu. :« ce qui se peut connaître de Dieu, est manifeste parmi eux : Dieu le leur a manifesté. En effet ses perfections invisibles, son éternelle puissance et sa divinité sont, depuis la création du monde, rendues visibles à l’intelligence par le moyen de ses œuvres ». (Rm 1 19-20) Ainsi de ses œuvres, à partir de ses œuvres, « ex operibus », saint Paul demande que l’on remonte à Dieu pour en confesser ses perfections. Voilà une bonne théodicée. Il faut y revenir. C’est celle de saint Thomas et de toute la liturgie. La preuve en est faite ici!

« largire lumen vespere quo vita nusquam decidat Sed praemium mortis sacrae perennis instet Gloria”
“Donnez-nous, sur le soir, cette lumière qui préservera notre vie du déclin, mais qu’une gloire éternelle la suive aussitôt en récompense d’une sainte mort ».

Aux considérations cosmologiques de la strophe précédente, toute à la gloire de Dieu, notre auteur s’élève sans retard, à des considérations théologiques, spirituelles. En effet il ne parle plus de la lumière du temps, mais de la lumière de l’âme, qui sera la « gloire éternelle » : « gloria perennis », qui est le fruit d’une vie sainte. C’est pourquoi il prie le Seigneur, de « lui donner, sur le soir, cette lumière qui préservera sa vie du déclin ». Il ne s’agit pas, à l’évidence, de « la lumière du jour », de la strophe précédente mais bien de ce que la théologie appelle, la « grâce sanctifiante », la lumière de l’âme. Et ainsi vivant de cette lumière de gloire, toute sa vie, par une juste et vertueuse, le psalmiste fera une « sainte mort » et pourra goûter la « gloire éternelle ».

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