La Revue Item - « La Tradition sans peur »
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Entraide et Tradition

Messeigneurs! Ouvrez vos coeurs

publié dans regards sur le monde le 3 février 2020


Messeigneurs

Ouvrez vos cœurs

ou

Histoire

de l’achat manqué de la maison de Verosvres

 

Lorsque M. l’Abbé Philippe Laguérie me demanda de quitter la direction du séminaire de Courtalain, Séminaire de l’Institut du Bon Pasteur, dans le diocèse de Chartres, il me confia la responsabilité de l’œuvre des retraites ignaciennes de l’Institut. Je me suis mis à l’œuvre sans retard. L’Institut n’avait pas de bâtiment à cet effet. Dès le début, j’ai trouvé « hospitalité » pour cette œuvre en la Maison du Centre Spirituel Notre-Dame du Chêne tenue par les Petits Gris, dans le diocèse du Mans. C’était parfait pour commencer. La communauté était accueillante, me laissait toute liberté pour célébrer, au beau maître-autel, la Messe tridentine. Toutefois, je cherchais toujours…

J’avais trouvé une belle et grande propriété dans le diocèse de Rouen, en direction de Calais, dont on parlait beaucoup à l’époque. J’ai rencontré Mgr. Dominique Lebrun, évêque du diocèse, pour lui parler de la chose. Il n’a pas manifesté une opposition formelle. C’est l’association propriétaire qui, finalement, n’a pas donné suite. Mgr. Lebrun m’a même pro­posé de me mettre en relation avec une communauté de religieuses dans la région dont il me donna l’adresse. Ce que je fis immédiatement. Elles ne purent donner suite. Et c’est ainsi que j’ai prêché les retraites spirituelles à Notre-Dame du Chêne, d’Octobre 2016 à Juillet 2019.

C’est alors qu’on me parla d’une propriété à vendre dans le diocèse d’Autun, à Verosvres exactement. Une ancienne école mise en liquidation judiciaire… C’était la cité natale de sainte Marguerite-Marie Alacoque, près de Paray-le-Monial, ville où j’avais « entendu » l’appel du Seigneur lors d’une retraite spirituelle, les Exercices du Sacré-Cœur, prêchée par le Père Roustand.

Mon « sang » n’a fait qu’un tour ! J’ai été ordonné en effet le 17 Octobre 1971, jour de la fête de sainte Marguerite-Marie Alacoque… Avec Maître André Boscher, un ami, nous sommes allés immédiatement visiter la propriété. Nous étions en Novembre 2017. M. Marchadier, qui m’avait informé de la vente, était aussi au rendez-vous. Ce bien immobilier, en liquidation judiciaire, était mis en vente. On pouvait faire une bonne affaire. J’en ai informé l’Institut du Bon Pasteur et suis, quelques jours plus tard, retourné le visiter avec M. l’abbé Vella, supé­rieur du District de l’Institut. Ce n’était donc pas une affaire qui m’était personnelle. Cette maison me plut. Elle correspondait à ce que je voulais en faire. Je suis allé visiter le liquida­teur judiciaire pour avoir de plus amples informations. Puis j’ai demandé un rendez-vous à l’évêque d’Autun, Mgr. Benoît Rivière. Je l’ai visité fin mai, début juin 2018. Je me suis pré­senté sans cacher quoi que soit de mon parcours sacerdotal. Il m’a écouté paisiblement. L’entretien a bien duré une heure trente. Il fit très peu de remarques, m’écouta tranquillement. A l’issue de l’entretien, il me dit qu’il me répondrait dans les trois semaines.

Dans l’attente de sa réponse, je suis allé visiter Dom Pateau, Père Abbé de Fontgombault, pour lui demander un soutien financier. Il fit venir son cellérier. Le contact fut positif. Il me laissait entendre une aide substantielle… Il m’avait aidé lorsque j’ai eu des ennuis de chauf­fage au Séminaire Saint-Vincent-de-Paul à Courtalain. Un prêt. Je suis allé également visiter le Père Abbé de Randol, toujours très bien accueilli, mais il avait reçu le conseil de son cellé­rier, de « serrer les boulons ». Je suis reparti sans promesse de soutien. Je suis allé également visiter le monastère de Flavigny. Il fit un geste.

L’évêque d’Autun tint parole. Je reçus de fait sa lettre trois semaines après ma visite. La réponse était négative. J’en informai immédiatement M. Marchadier, le Père Abbé de Fontgombault par courriel, leur  transmettant le principal de la lettre, les raisons invoquées.

C’était le Vendredi 29 Juin 2018 à 18h13.

Révérendissime Père Abbé (Père Abbé de Fontgombault)

Je reçois ce jour, en la fête des saints Pierre et Paul, la réponse négative de Mgr Benoît Rivière. Il ne veut pas que je m’installe à Verosvre. C’est une grande déception. Les raisons invoquées me semblent très légères. Je vais lui répondre dans quelques jours. Ces évêques n’ont pas le sens ni de l’apostolat, ni des affaires… immobilières.

Voici ses raisons :

« – C’est un projet qui est trop lié à votre seule personne ?

– Les limites liturgiques consistant à ne pas célébrer le rite selon la forme ordinaire risquent, à terme, de voir émerger comme des petites églises « parallèles » ;

– L’unité dans la foi ne fait pas de doute, bien sûr ! Mais je dois aussi mesurer l’impact dans un presbyterium et dans le peuple de Dieu tout entier de ce que représenterait un tel foyer spirituel uniquement attaché à l’Institut du Bon Pasteur, dans un endroit aussi important qu’est le lieu de naissance de sainte Marguerite-Marie Alacoque. »

Veuillez croire,… etc.

 

Ces trois raisons sont un peu contradictoires, la 1ère et la 3ème se rejettent.

Raison 1 : Ce projet me serait trop personnel. Mais « un tel foyer spirituel serait uniquement attaché à l’Institut du Bon Pasteur », ce qui pourrait gêner le presbyterium… ».

Soit ce projet est « personnel », soit il est « commun à tout l’Institut ». Une affirmation exclut l’autre !

Quant à la raison 2 : « Il y aurait péril de créer de petites églises « parallèles » ».

Ce péril ne semble pas avoir gêné le Souverain Pontife pour nous donner l’exclusivité du rite… Allez comprendre… Et très souvent, Benoît XVI a rappelé que la coexistence des deux rites ne diviserait en rien l’unité des diocèses. Il a rappelé cela mille fois ; le 24 Octobre 1998, lors du pèlerinage des instituts Ecclesia Dei à Rome, puis aussi à Fontgombault… J’ai très souvent commenté ces affirmations.

Quel drame ! Mais j’accepte sa décision, acceptation qui « portera du fruit quoiqu’il arrive », me dit-il. J’ose l’espérer.

Paul Aulagnier

 

Comme je l’avais dit au Père Abbé, et comme j’en avais le droit, j’ai adressé une supplique à Mgr. Rivière : un vrai plaidoyer montrant que ses trois raisons, surtout la deuxième, n’étaient pas solidement fondées et qu’il fallait qu’il revienne sur sa décision.

Voilà cette plaidoirie. Je ne l’ai pas publiée jusqu’à ce jour, espérant contre toute espérance une nouvelle réponse. Il n’a jamais répondu. Mieux, il a tout fait pour que je ne puisse pas acheter ce bien à Verosvre, faisant surenchères sur surenchères. Je vous le dirai ci-dessous. Il a vraiment refusé mon installation, celle de l’Institut du Bon Pasteur… alors qu’initialement, c’est certain, il ne s’intéressait nullement à ce bâtiment, ne voulait pas l’acheter. J’ai des témoignages formels. Mais, sans le dire, tout en le faisant, il ne voulait pas de la Tradition dans ce lieu. C’est pourquoi je me permets aujourd’hui d’intituler ma lettre « La haine est mauvaise conseillère ». Il risque de le regretter ! Ou mieux encore : « Messeigneurs ! Ouvrez vos cœurs » comme vous le demande Benoît XVI s’inspirant de saint Paul.

Voilà ma lettre ouverte. C’est aussi une thèse.

 

 

Lettre ouverte à Mgr Benoît Rivière

« La haine est mauvaise conseillère »

Ou

Messeigneurs ! Ouvrez vos cœurs

 

Monseigneur,

J’ai bien reçu votre lettre du 26 juin 2018 me donnant votre réponse négative à l’installation de l’Institut du Bon Pasteur (IBP) dans votre diocèse à Verosvres, pour la création de ce que Benoît XVI appelait un « oasis » de chrétienté.

Il me semble devoir et pouvoir faire une instance auprès de votre autorité. Les trois raisons invoquées me semblent être en effet contestables. La première et la troisième raisons me semblent un peu contradictoires. Soit le projet m’est personnel, soit il engage l’Institut du Bon Pasteur (IBP). Je vous confirme bien que j’agis dans ce projet au nom de l’Institut du Bon Pasteur, institut qui a été fondé par le pape Benoît XVI en 2006, et qui est donc une œuvre parfaitement catholique, qui plus est de droit pontifical. Ce qui est une garantie de catholicité. Vous le reconnaissez, du reste.

Quelle crainte légitime pourrait nourrir votre « presbyterium » et le peuple de Dieu qui est sous votre responsabilité ? Ne doit-on pas tout faire au contraire pour faciliter l’unité de l’Eglise et de ses membres ? Cette volonté d’union n’est-elle pas la volonté expresse des Souverains Pontifes et, particulièrement, des trois derniers  papes, Jean-Paul II, Benoît XVI et le pape François ? Votre décision d’exclure l’Institut du Bon Pasteur en refusant son installa­tion dans votre diocèse ne facilite en rien cette union mais, bien au contraire, fomente la divi­sion et cherche à perpétuer des conflits. Ce qui est parfaitement dommageable. Je suis un homme attaché, certes, à mes idées qui, je l’espère, sont romaines, mais aussi un homme de concorde. Vous manquez une belle occasion !

Mais je m’arrêterai surtout à votre deuxième raison : « Les limites liturgiques consistant à ne pas célébrer le rite selon la forme ordinaire risquent, à terme, de voir émerger comme des petites églises « parallèles » ».

Cette crainte ne fut pas celle de Jean-Paul II lorsqu’il publia son Motu Proprio Ecclesia Dei, ni de Benoit XVI dans son Motu Proprio Summorum Pontificum, ni du cardinal Dario Castrillón Hoyos dans son discours du 24 Mai 2003, ni du cardinal Alfons Maria Stickler dans ses nombreuses interventions publiques, ni du cardinal Antonio Cañizares dans son discours de 2002 à Rome. Tous ces cardinaux, sans oublier le cardinal Joseph Ratzinger, ont soutenu la « politique liturgique » des derniers Pontifes qui veulent la célébration de la Messe tridentine dans l’Eglise. La chose me paraît importante.

Permettez-moi de retenir un peu longtemps votre attention sur ce sujet tant l’affaire est d’importance, pour moi et l’Institut du Bon Pasteur. Je vous montrerai que votre décision n’épouse pas la volonté des Pontifes.

Je ferai, tout d’abord, allusion à la création par le pape Jean-Paul II en 2001-2002, de l’Administration Apostolique Saint-Jean-Marie-Vianney au Brésil, dans le diocèse de Campos. Deux documents majeurs doivent retenir notre attention en cette affaire :

– la lettre du Pape intitulée Ecclesiae Unitas, du 25 Décembre 2001 et

– le décret du cardinal Giovanni Battista Re, du 18 Janvier 2002.

Ces deux documents accordent aux prêtres de cette Administration Apostolique, dans les églises dont ils ont la charge, la facultas de célébrer la Sainte Messe dans le rite dit de Saint-Pie V.

Ce sont des textes historiques.

D’abord la lettre du Pape :

« On confirmera (confirmabitur) à l’Administration Apostolique la faculté de célébrer l’Eucharistie et la liturgie des heures selon le rite romain et la discipline liturgique codifiée par notre prédécesseur saint Pie V, avec les adaptations introduites par ses successeurs jusqu’au Bienheureux Jean XXIII ».

Les prêtres de cette Administration, un quasi-diocèse, pourront dire exclusivement, dans leur administration, la Messe tridentine. Le pape ne craignait pas pour ces prêtres le « risque, à terme, de voir émerger comme des petites églises parallèles ».

Il faut citer aussi le décret du cardinal Giovanni Battista Re :

« La facultas est accordée à l’Administration Apostolique de célébrer la Sainte Eucharistie, les autres sacrements, la liturgie des heures et les autres actions liturgiques selon le rite romain et la discipline liturgique de saint Pie V, avec les adaptations que ses successeurs ont introduites jusqu’au Bienheureux Jean XXIII ».

Ainsi, là, à Campos, pour les prêtres dans les églises de leur Administration Apostolique, est reconnu, affirmé, le droit de dire la messe dans le rite codifié par saint Pie V.

C’est un droit ferme – solidement reconnu – un droit définitif, un droit inhérent si l’on peut s’exprimer ainsi, à cette Administration nouvelle. Elle a été créée par Rome à cet effet – pour créer un cadre juridique propre où l’on puisse dire la Messe traditionnelle : c’est leur « parti­cularité ».

Ce droit ne dépend en rien de l’évêque territorial, ni de son avis, ni de son approbation ou de son refus, comme c’était le cas dans l’Indult de 1984. Ce droit est la propriété de cette Admi­nistration. Cette Administration Apostolique personnelle – sa gestion, sa vie, ses droits, ses devoirs – leur défense, leur application – est confiée (comittitur) à la seule autorité de Mgr. Licinio Rangel et de ses successeurs « comme à son ordinaire propre ». De la même manière, Benoît XVI a reconnu à l’Institut du Bon Pasteur ce même droit. Il ne partageait pas votre crainte frileuse…

La législation en matière liturgique, au sujet de la messe de Paul VI, a considérablement évoluée depuis le Consistoire de 1976 à nos jours… Il faut en tenir compte… Ce que ne fait pas, ou peu, l’épiscopat français…

Voilà, ici, l’aboutissement logique d’une évolution constatée (depuis 17 ans, le 13 Juillet 1988, suite au fameux discours du cardinal Joseph Ratzinger à l’épiscopat chilien, après les sacres faits par Mgr Lefebvre à Écône) : la hiérarchie romaine veut la restauration de la Messe tridentine… Pourquoi ne vous lui apporteriez pas votre aide ?

Les autorités – du moins certaines et pas des moindres – sur ce sujet liturgique capital à la vie de l’Église et du peuple chrétien, ont manifesté une claire intention en faveur de la messe traditionnelle : voilà qui est nouveau, formidablement nouveau…

Des critiques vraies de la Nouvelle Messe, ont pu être lues sous la plume de cardinaux… Cela doit être pris en compte aussi par vous, si vous voulez être un homme libre.

On a lu. On a médité. On a entendu les appels du cardinal Ratzinger.

Ceux-ci : « Il est important aussi de cesser de bannir la forme de la liturgie en vigueur jusqu’en 1970 » (cf. Voici quel est notre Dieu, p. 291).

Il ne suffit pas de dire. Il faut faire. Il le fit avec le cardinal Castrillón Hoyos, avec la volonté formelle de Jean-Paul II lors de la création de l’Administration Saint-Jean-Marie-Vianney… le 25 Décembre 2001, puis confirmé le 18 janvier 2002.

Pourquoi ne pourrait-on pas jouir de cette exclusivité aussi dans votre diocèse ? Votre diocèse ne serait-il pas sous la juridiction de Rome… ?

Il faut encore citer ses paroles : « Celui qui, à l’heure actuelle, intervient pour la validité de cette liturgie, ou qui la pratique, est traité comme un lépreux ».

Il est clair qu’il faut que cet ostracisme cesse. C’est une claire volonté de Rome… Serions-nous toujours pour vous, Monseigneur « des lépreux »… ? Non ! Votre accueil du 19 juin le prouve… Dès lors, Rome ne pouvait mieux faire que de reconnaître la « pleine communion à l’Église catholique et romaine » des pères de Campos, Eglise qu’ils servaient depuis si longtemps déjà. Elle les a pris dans son sein, comme Benoît XVI nous a pris en le sien… avec notre Messe tridentine… dont il nous reconnaissait le droit… Pourquoi voulez-vous nous exclure… ? N’aimeriez-vous pas l’apostolat romain ? Votre accueil aurait-il été pure hypocri­sie ? Ne seriez-vous pas ultramontain ? Resteriez-vous un évêque gallican… ? Je n’ose le croire !

Le cardinal Ratzinger disait encore : le refus de la liturgie ancienne est « comme un mépris de tout le passé de l’Église » (id. p. 291).

Rome reconnaît – par le droit à la Messe tridentine – que l’on peut rester fidèle « au passé de l’Église » tout en étant « membre de l’Église catholique ». Et l’on ne pourra plus faire la guerre à ces prêtres pour la seule raison qu’ils veulent rester fidèles à la messe de « toujours ». Croyez-vous vraiment que de tels prêtres, avec l’amour de l’Eglise au cœur, seraient prêts à faire « émerger comme des petites églises parallèles » ?

Si vous les accueillez dans votre diocèse, ils seront prêts à manifester leur attachement public à l’Église.

Ecoutez cette autre phrase du cardinal Ratzinger : « J’avoue aussi que je ne comprends pas pourquoi beaucoup de mes confrères évêques se soumettent à cette loi d’intolérance qui s’oppose aux réconciliations nécessaires de l’Église, sans raison valable » (p. 291) ou avec des raisons bien légères. C’est moi qui l’ajoute suite à la lecture de votre lettre. Non ! Monseigneur veuillez œuvrer en faveur de cette « nécessaire réconciliation » même dans votre diocèse.

Et nous voilà avec une « Administration Apostolique Personnelle Saint-Jean-Marie-Vianney » clairement érigée, forte de ses droits et de son règlement, pouvant célébrer, en toute liberté, la messe de toujours. Et nous voilà en France avec l’Institut de Bon Pasteur, fort de ces mêmes droits conférés par Rome, exclu des diocèses français… Quelle contradiction ! Quel drame !

Mais les choses ont évolué à Rome… Ce qui hier fut cause de division, « la messe dite de saint Pie V » est, aujourd’hui, acceptée paisiblement dans l’Église de Campos : ce qui permettra alors de cultiver « des liens d’étroite unité avec le presbyterium du diocèse de Campos ». Ce fut la volonté de Rome… Aujourd’hui, pourquoi ne pas tenter l’expérience avec le presbyterium d’Autun ? C’est la même volonté qui s’exprime ici et là. Rome est au cœur !

L’unité de l’Église est aussi un bien qui est cher à tout cœur catholique… Elle doit être voulue sans cesse, et cultivée…

Voilà ainsi 28 prêtres (à l’époque) de l’Église catholique qui ne pourront plus être considérés comme « des lépreux » – à éviter –, ce qu’ils furent pendant 30 ans et plus.

Voilà reconnue légitime, la célébration de la Sainte Messe dans le rite de toujours dans les églises de « ce quasi-diocèse ».

Rome le reconnaît aujourd’hui pour ses 28 prêtres et s’engage formellement à le respecter – à le faire respecter. Le Pape s’y est engagé formellement dans sa lettre du 25 Décembre 2001. Pourquoi donc ne le feriez-vous pas dans votre diocèse ? C’est une pratique aujourd’hui très romaine. Vous ne seriez pas seul. Vous seriez avec Rome. Comment être plus fort ? Qui pourrait être contre vous ?

Me permettez-vous encore d’évoquer cette belle messe célébrée dans le rite saint Pie V par le cardinal Castillón Hoyos, à l’autel majeur de Sainte-Marie-Majeure, le 24 mai 2003, une Grand-Messe grégorienne avec diacre et sous-diacre, selon le rite dit « tridentin » ou « de saint Pie V ». Tous les cardinaux de la Curie romaine y furent invités. Quatre ou cinq purent se libérer et y assistèrent, dont le cardinal Stickler. Cette messe fut célébrée en la fête de Notre-Dame, Auxiliatrice des chrétiens J’y ai vu un signe de Dieu…

Ce fut une messe célébrée en l’honneur de Notre-Dame et en reconnaissance, une messe dite Salve sancta parens excepté l’Oraison, la Secrète et la Postcommunion propres.

Elle fut célébrée par le Cardinal Castrillón Hoyos, Préfet de la Congrégation du Clergé et Président de la Commission Pontificale Ecclesia Dei, au nom du Souverain Pontife, Jean-Paul II.

Plus qu’un geste, la célébration de cette messe à Sainte-Marie-Majeure fut un acte, « un acte historique », « en direction des traditionalistes, certes, mais surtout en direction de l’être histo­rique de l’Église, de son patrimoine sacré reçu en dépôt, de sa liturgie dont nous sommes les héritiers. C’est à ce titre surtout que nous nous en sommes profondément réjouis ». (Jean Madiran).

Car cet acte fut  un acte de respect, d’honneur et de justice.

 

Un acte de respect

Par cette célébration, le pape Jean-Paul II a voulu redire le respect que tous, nous devons accorder à « l’être historique de l’Église, à ses coutumes légitimes et immémoriales », au « patrimoine religieux reçu en héritage », à ce rite, à cette « tradition légitimement consti­tuée » dira Jean-Paul II dans son n° 46 d’Ecclesia de Eucharistia. Ce sont là ses titres de gloire, raison de notre respect dû. Et pourquoi ne pas donner cet acte de respect par vous et dans votre diocèse ? Vous seriez remarqué par Rome en lui portant main forte dans sa volonté clairement exprimée, en recevant l’Institut du Bon Pasteur, connu pour sa fidélité à la messe tridentine.

Cette messe du 24 Mai 2003 fut un acte d’honneur. Oui ! « L’Église de Rome, Mater et Magistra omnium ecclesiarum, mère et maîtresse de toutes les Églises diocésaines, a rendu son honneur à la messe catholique traditionnelle, latine et grégorienne selon le Missel Romain de saint Pie V. ET je ne crains pas d‘écrire que Rome a rendu son honneur à une messe offensée et presque entièrement recouverte par une quarantaine d’années de dénigre­ments, de diffamations, de mépris, d’interdictions abusives et de persécutions ecclésiastiques.

Avec l’honneur à nouveau rendu, est venue aussi la justice. C’est dit : la messe traditionnelle a « droit de cité » dans l’Église, a déclaré le cardinal Castrillón Hoyos. Nous le savions. Mais officiellement, dans l’Église, on ne le disait plus depuis quarante ans, sinon quelques cardi­naux dont le cardinal Ratzinger et le cardinal Stickler. Nous avons analysé leurs discours…

Ce respect, cet honneur, cette justice seront confirmés, très bientôt, par le Pape Benoît XVI, l’ancien cardinal Ratzinger. Comment ne pas réaliser ce qu’il avait enseigné des années durant… ce qu’il avait réglé, en collaboration avec le cardinal Castrillón Hoyos, pour les Pères de Campos, et pour l’Institut du Bon Pasteur, lorsqu’il fut nommé par le Collège cardi­nalice « Successeur de Pierre » ?

Et de fait, nous le savons, Benoît XVI, deux ans après son élection au Magistère Suprême, publia le Motu Proprio Summorum Pontificum (7 Juillet 2017), donnant pour l’Eglise univer­selle le droit, pour tout prêtre en ordre canonique, de célébrer la Messe tridentine.

Croyez-vous, Monseigneur, que le Pape craignait que ceux qui choisiraient cette messe ancienne soient tentés de créer des « églises parallèles » ? Croyez-vous que le Pape aurait voulu fomenter des petits « schismes » dans l’Eglise ? Non pas !

Le Pape rappelait simplement que le Missel de saint Pie V « n’a jamais été juridiquement abrogé » et « par conséquent, il est toujours resté autorisé » ; pourquoi ne serait-il pas auto­risé dans votre diocèse alors qu’il est autorisé pour l’Eglise universelle ?

De ce droit enfin reconnu, le Pape en donne la raison : « Il est bon pour nous tous, de conser­ver les richesses qui ont grandi dans la foi et dans la prière de l’Eglise et de leur donner leur juste place ». Pourquoi ne pas utiliser notre présence dans votre diocèse pour travailler en ce sens, main dans la main… ? Il donna cette raison, déjà comme cardinal dans son livre « Le sel de la terre », livre d’entretien sur la liturgie avec Peter Seewald. A sa question : « Est-il possible, pour lutter contre cette manie de tout niveler et de ce désenchantement, de remettre en vigueur l’ancien rite ? ».

Le Cardinal lui répond :

« Je suis certes d’avis que l’on devrait accorder beaucoup plus généreusement, à tous ceux qui le souhaitent, le droit de conserver l’ancien rite. On ne voit d’ailleurs pas ce que cela aurait de dangereux ou d’inacceptable. Une communauté qui déclare soudain strictement interdit ce qui était jusqu’alors pour elle tout ce qu’il y a de plus sacré et de plus haut, et à qui l’on présente comme inconvenant le regret qu’elle en a, se met elle-même en question. Comment la croirait-on encore ? Ne va-t-elle pas interdire demain ce qu’elle prescrit aujourd’hui ?… Malheureusement, la tolérance envers des fantaisies aventureuses est chez nous presque illimitée, mais elle est pratiquement inexistante envers l’ancienne liturgie. On est sûrement ainsi sur le mauvais chemin » (pp. 172-173).

Seriez-vous, vous aussi, sur le mauvais chemin ?

On retrouvera la même idée encore dans l’un de ses derniers livres : « Voici quel est notre Dieu ». Á la page 291, il écrit : « Pour la formation de la conscience dans le domaine de la liturgie, il est important aussi de cesser de bannir la forme de la liturgie en vigueur jusqu’en 1970. Celui qui, à l’heure actuelle, intervient pour la validité de cette liturgie, ou qui la pra­tique, est traité comme un lépreux ; c’est la fin de toute tolérance. Elle est telle qu’on n’en a pas connue durant toute l’histoire de l’Eglise. On méprise par là tout le passé de l’Eglise… J’avoue aussi que je ne comprends pas pourquoi beaucoup de mes confrères évêques se sou­mettent à cette loi d’intolérance, qui s’oppose aux réconciliations nécessaires dans l’Eglise sans raison valable » (p 291).

Votre raison invoquée ̶  crainte de création « d’églises parallèles » ̶  me paraît, à moi aussi, incompréhensible et aucunement valable !

Je me permets de vous rappeler l’article 1paragraphe 2 du Motu Proprio de Benoît XVI : « Il est donc permis de célébrer le Sacrifice de la Messe suivant l’édition-type du Missel romain promulgué par le B. Jean XXIII en 1962 et jamais abrogé, en tant que Forme extraordinaire de la liturgie de l’Eglise ».

C’est un « droit » purement et simplement affirmé. Ce n’est pas une « concession ». C’est un droit. Il n’est plus nécessaire de recourir préalablement à une quelconque autorité, celle du Saint-Siège ou de l’Ordinaire, comme le demandait les derniers documents en la matière : « Quattuor abhinc annos » ou « Ecclesia Dei addflica ». Á ce titre, ces derniers textes sont purement et simplement abolis. C’est l’article 1 § 2 qui l’affirme : « Il est donc permis de célébrer le Sacrifice de la Messe suivant l’édition typique du Missel romain, promulguée par le B. Jean XXIII en 1962 et jamais abrogé, en tant que Forme extraordinaire de la Liturgie de l’Eglise. Mais les conditions établies par les documents précédents Quattuor abhinc annos et Ecclesia Dei pour l’usage de ce Missel, sont « abolies ».

C’est clairement repris dans l’article 2 : « Pour célébrer ainsi selon l’un ou l’autre missel, le prêtre n’a besoin d’aucune autorisation, ni du Siège apostolique ni de son Ordinaire ». Qu’on se le dise !

Ce droit vaut pour tout prêtre diocésain, pour tout prêtre religieux, pour tous les Instituts de vie consacrée et de Sociétés de vie apostolique de droit pontifical. C’est l’article 3 : « Si des communautés d’Instituts de vie consacrée et de Sociétés de vie apostolique de droit pontifical ou de droit diocésain désirent, pour la célébration conventuelle ou « communautaire », célé­brer dans leurs oratoires propres, la Messe selon l’édition du Missel romain promulguée en 1962, cela leur est permis. Si une communauté particulière ou tout l’Institut ou Société veut avoir de telles célébrations, souvent ou habituellement ou de façon permanente, cette façon de faire doit être déterminée par les Supérieurs majeurs selon les règles du droit et les lois et statuts particuliers ». C’est bien notre cas, Monseigneur !

L’article 5 va préciser ce droit et son exercice pour les paroisses ; voici sa formulation :

Art. 5, § 1. Dans les paroisses où il existe un groupe stable de fidèles attachés à la Tradition liturgique antérieure, le curé accueillera volontiers leur demande de célébrer la Messe selon le rite du Missel romain édité en 1962. Il appréciera lui-même ce qui convient pour le bien de ces fidèles en harmonie avec la sollicitude pastorale de la paroisse, sous le gouvernement de l’Evêque selon les normes du Canon 392, en évitant la discorde et en favorisant l’unité de toute l’Eglise.

Art. 5, § 2. La célébration selon le Missel du Bienheureux Jean XXIII peut avoir lieu les jours ordinaires, mais les dimanches et les jours fêtes, une Messe sous cette forme peut aussi être célébrée.

Art. 5, § 3. Le curé peut aussi autoriser aux fidèles ou au prêtre qui demandent, la célébra­tion sous cette Forme extraordinaire dans des cas particuliers comme des mariages, des obsèques ou des célébrations occasionnelles, par exemple des pèlerinages.

Art. 5, § 4. Les prêtres utilisant le Missel du Bienheureux Jean XXIII doivent être idoines et non empêchés par le droit.

Art. 5, § 5. Dans les églises qui ne sont ni paroissiales ni conventuelles, il appartient au Recteur de l’église d’autoriser ce qui est indiqué ci-dessus ».

Voilà qui est clair ! Il n’y a plus place pour l’ostracisme à l’égard de la Messe tridentine. Comment alors juger votre attitude ?

Ne craignez rien, Monseigneur, je vais en venir à la Nouvelle Messe… Car ces deux rites doivent rigoureusement être distingués. L’un n’est pas l’autre. Ils ne doivent être mélangés ! Le pape Benoît XVI en donnera les raisons. Elles seront précisées par le cardinal Cañizares.

L’article 6 du Motu Proprio parle des lectures pouvant être faites, dans le rite de Jean XXIII en langue vernaculaire, alors qu’il est célébré avec le peuple. Il est dit : « Dans les Messes selon le Missel du B. Jean XXIII célébrées avec le peuple, les lectures peuvent aussi être pro­clamées en langue vernaculaire, utilisant des éditions reconnues par le Siège apostolique ».

Et si vous cherchez pourquoi Benoît XVI veut le maintien de la messe « antiquior », vous en trouverez les raisons dans sa lettre de présentation du Motu Proprio aux évêques. Voici les trois raisons :

  1. a) La première raison: Le maintien du rite romain dans sa forme ancestrale et solennelle assurera plus facilement, demain, l’unité du culte et de l’Eglise. Cette raison d’unité vient en premier dans la pensée du Pape… Elle est pour vous, Monseigneur ! Le maintien de la Messe ancienne n’a pas pour raison la désunion, mais bien au contraire, l’union : « l’unité du culte et de l’Eglise» ! Il vous faudrait, Monseigneur, méditer en votre cœur cette raison !

Mgr Klaus Gamber, le liturgiste qui a tellement influencé Benoît XVI, écrit dans son livre : « La réforme de la liturgie romaine » : – « Si on laisse inchangé l’ancien rite et si on continue à l’utiliser à côté du nouveau  – mais comme quelque chose de vivant et non comme une pièce de musée ! –, on aura gardé à toute l’Eglise, telle qu’elle se manifeste à travers les différents peuples, un élément important pour l’avenir : l’unité du culte » (76).

Je prie, Monseigneur, pour que vous soyez sensible à cet argument…

  1. b) La deuxième raison : Eviter le risque d’un schisme.

Cette idée est amplement développée dans la Lettre explicative du pape Benoît XVI aux évêques. Il la présente même comme « la raison positive » de sa décision. Il leur écrit en effet : « J’en arrive à la raison positive qui est le motif qui me fait actualiser par ce Motu Proprio celui de 1988. Il s’agit de parvenir à une réconciliation interne au sein de l’Eglise. En regardant le passé, les divisions qui ont lacéré le corps du Christ au cours des siècles, on a continuellement l’impression qu’aux moments critiques où la division commençait à naître, les responsables de l’Eglise n’ont pas fait suffisamment pour conserver ou conquérir la réconciliation et l’unité ; on a l’impression que les omissions dans l’Eglise ont eu leur part de culpabilité dans le fait que ces divisions aient réussi à se consolider. Ce regard vers le passé nous impose aujourd’hui une obligation : faire tous les efforts afin que tous ceux qui désirent réellement l’unité aient la possibilité de rester dans cette unité ou de la retrouver à nouveau ».

Et le Pape de citer en conclusion de cette idée, la nécessité d’ouvrir largement son cœur à tous. Plus de sectarisme ! C’est l’enseignement de saint Paul aux Corinthiens. Il le fait sien. Il veut que les évêques le fassent leur. Et ainsi en donnant à ceux qui le veulent la possibilité de recourir à l’usage ancien, on assurera plus facilement l’unité de tous.

Monseigneur, je vous prie, revenez sur votre décision. Vous ne pouvez pas résister à l’avis du Pape ni de saint Paul. Autrement, j’ose vous dire que vous vous excluez vous-même de l’Eglise. Peut-on être d’Eglise contre le Pape et contre l’Apôtre des Nations ?

  1. c) La troisième raison : Diversité des cultes et unité de l’Eglise.

Contrairement à ce que vous pensez, c’est l’argument qui soutint votre troisième raison : la diversité des cultes ne nuit pas à l’unité de l’Eglise. Bien au contraire !

Le pape Benoît XVI, alors encore cardinal Ratzinger soutenait cette idée dans la conférence qu’il adressait en 1998 aux membres des communautés « Ecclesia Dei » venus à Rome pour fêter les dix ans du Motu Proprio du même nom. Il leur disait : « Il faut encore examiner l’autre argument, qui prétend que l’existence de deux rites peut briser l’unité. Là, il faut faire une distinction entre le côté théologique et le côté pratique de la question. Pour ce qui est du côté théorique et fondamental, il faut constater que plusieurs formes du rite latin ont toujours existé, et qu’ils se sont retirés seulement lentement suite à l’unification de l’espace de vie en Europe. Jusqu’au Concile, existaient à côté du rite romain, le rite ambrosien, le rite mozarabe de Tolède, le rite de Braga, le rite des Chartreux et des Carmes, et le plus connu : le rite des Dominicains, – et peut-être d’autres rites encore que je ne connais pas. Personne ne s’est jamais scandalisé que les Dominicains, souvent présents dans nos paroisses, ne célé­braient pas comme les curés, mais avaient leur rite propre. Nous n’avions aucun doute, que leur rite fût catholique autant que le rite romain, et nous étions fiers de cette richesse d’avoir plusieurs traditions diverses. En outre, il faut dire ceci : l’espace libre, que le nouvel Ordo Missæ donne à la créativité, est souvent élargi excessivement (il reprendra cette idée dans sa conférence à Fontgombault), la différence entre la liturgie selon les livres nouveaux, comme elle est pratiquée en fait, célébrée en des endroits divers, est souvent plus grande que celle entre une liturgie ancienne et une liturgie nouvelle, célébrées toutes les deux selon les livres liturgiques prescrits. Un chrétien moyen sans formation liturgique spéciale a du mal à distin­guer une messe chantée en latin selon l’ancien Missel d’une messe chantée en latin selon le nouveau Missel ; par contre, la différence entre une liturgie célébrée fidèlement selon le Missel de Paul VI et les formes et les célébrations concrètes en langue vulgaire avec toutes les libertés et créativités possibles – cette différence peut être énorme ! »

Il reprend de nouveau l’argument dans sa Lettre aux évêques, tout en donnant un autre motif. Il leur dit : « En second lieu, au cours des discussions sur ce Motu Proprio attendu, a été exprimée la crainte qu’une plus large possibilité d’utiliser le Missel de 1962 puisse porter à des désordres, voire à des fractures dans les communautés paroissiales. Cette crainte ne me paraît pas non plus réellement fondée. L’usage de l’ancien Missel présuppose un minimum de formation liturgique et un accès à la langue latine ; ni l’un ni l’autre ne sont tellement fréquents. De ces éléments préalables concrets découle clairement le fait que le nouveau Missel restera certainement la Forme ordinaire du Rite Romain, non seulement en raison de normes juridiques, mais aussi à cause de la situation réelle dans lesquelles se trouvent les communautés des fidèles ».

J’en arrive, Monseigneur à l’autre Messe, celle que vous me reprochez de ne pas célébrer… Quelle est mon attitude. Celle-là même exprimée par le Pape toujours dans sa Lettre d’accompagnement aux évêques. Il écrit :

« …Evidemment, pour vivre la pleine communion, les prêtres des communautés qui adhèrent à l’usage ancien ne peuvent pas non plus, par principe, exclure la célébration selon les nouveaux livres. L’exclusion totale du nouveau rite ne serait pas cohérente avec la reconnais­sance de sa valeur et de sa sainteté ».

Il faut ici certainement préciser qu’« il y a deux manières licites de s’en tenir à la Messe traditionnelle en excluant l’autre messe, sans que ce soit une exclusion « par principe ».

Premièrement, on peut exclure l’autre messe en vertu de la règle propre d’une communauté ou d’un institut. C’est mon cas, Monseigneur, de par l’ordre du Pape. Seriez-vous contre ?

Secondement, il faut bien comprendre qu’exclure l’autre messe par principe, ce serait l’exclure comme hérétique, schismatique ou blasphématoire. Je n’ai jamais soutenu une telle affirmation. Les opposants « à l’autre messe » les plus représentatifs : le Père Roger-Thomas Calmel, Mgr. Marcel Lefebvre, Mgr. Antônio de Castro Mayer, l’abbé Raymond Dulac, mes maîtres, n’ont point contesté, ils ont même explicitement reconnu sa licéité et sa validité quand elle est célébrée conformément à son texte officiel. Même dans ce cas, on peut la refu­ser si ce n’est point par principe mais, par exemple, pour des raisons pastorales.

Et je vais me permettre  de vous les donner en m’inspirant toujours des autorités de l’Eglise.

Ainsi nous pouvons en rester à la Messe traditionnelle et je m’en tiens, comme le R.P. Roger-Thomas Calmel le disait : « je m’en tiens à la messe traditionnelle, celle qui fut codifiée, mais non fabriquée, par saint Pie V, au XVIe siècle, conformément à une coutume plusieurs fois séculaire. Je refuse donc l’Ordo Missae de Paul VI ». Pourquoi ? Parce que, en réalité, cet Ordo Missae n’existe pas. Ce qui existe c’est une Révolution liturgique universelle et perma­nente, prise à son compte ou voulue par le Pape actuel (Paul VI) et qui revêt, pour le quart d’heure, le masque de l’Ordo Missae du 3 avril 1969. C‘est le droit de tout prêtre de refuser de porter le masque de cette Révolution liturgique… Tout prêtre, en effet, qui s’en tient au rite de la Messe codifié par saint Pie V, le grand Pape dominicain de la Contre-Réforme, permet aux fidèles de participer au Saint-Sacrifice sans équivoque possible ; de communier, sans risque d’être dupe, au Verbe de Dieu incarné et immolé, rendu réellement présent sous les Saintes Espèces. En revanche, le prêtre qui se plie au nouveau rite, forgé de toutes pièces par Paul VI, collabore pour sa part à instaurer progressivement une messe mensongère où la présence du Christ ne sera plus véritable, mais sera transformée en un mémorial vide ; par le fait même le Sacrifice de la Croix ne sera plus réellement et sacramentellement offert à Dieu ; enfin, la communion ne sera plus qu’un repas religieux où l’on mangera un peu de pain et boira un peu de vin ; rien d’autre comme chez les protestants. (N.B. : Et j’ai bien peur que la messe chrismale célébrée cette année à Versailles fut plus une commémoration que le renou­vellement du Sacrifice de la Croix du Seigneur… Alors). Ne pas consentir à collaborer à l’instauration révolutionnaire d’une messe équivoque, orientée vers la destruction de la Messe, ce sera se vouer à quelles mésaventures temporelles, à quels malheurs en ce monde ? Le Seigneur le sait, dont la grâce suffit. En vérité, la grâce du Cœur de Jésus, dérivée jusqu’à nous par le Saint-Sacrifice et par les sacrements, suffit toujours. C’est pourquoi le Seigneur nous dit si tranquillement : « Celui qui perd sa vie en ce monde à cause de moi la sauve pour la vie éternelle ».

« Je reconnais, sans hésiter, l’autorité du Saint Père. J’affirme cependant que tout Pape, dans l’exercice de son autorité, peut commettre des abus d’autorité. Je soutiens que le pape Paul VI commet un abus d’autorité d’une gravité exceptionnelle lorsqu’il bâtit un rite nouveau de la messe sur une définition de la Messe qui a cessé d’être catholique. « La Messe, écrit-il dans son Ordo Missae, est le rassemblement du peuple de Dieu, présidé par un prêtre, pour célébrer le mémorial du Seigneur ». Cette définition insidieuse omet de parti pris ce qui fait catholique la Messe catholique, à jamais irréductible à la Cène protestante. Car dans la Messe catholique, il ne s’agit pas de n’importe quel mémorial; le mémorial est de telle nature qu’il contient réellement le Sacrifice de la Croix, parce que le Corps et le Sang du Christ sont rendus réellement présents par la vertu de la double Consécration. Cela apparaît, à ne pouvoir s’y méprendre, dans le rite codifié par saint Pie V, mais cela reste flottant et équivoque dans le rite fabriqué par Paul VI. De même, dans la Messe catholique, le prêtre n’exerce pas une présidence quelconque : marqué d’un caractère divin qui le met à part pour l’éternité, il est le ministre du Christ qui célèbre la Messe par lui ; il s’en faut de tout que le prêtre soit assimi­lable à quelque pasteur, délégué des fidèles pour la bonne tenue de leur assemblée. Cela, qui est tout à fait évident dans le rite de la Messe ordonné par saint Pie V, est dissimulé, sinon escamoté, dans le rite nouveau.

« La simple honnêteté donc, mais infiniment plus, l’honneur sacerdotal, me demandent de ne pas avoir l’impudence de trafiquer la Messe catholique, reçue au jour de l’Ordination. Puisqu’il s’agit d’être loyal, et surtout en une matière d’une gravité divine, il n’y a pas d’autorité au monde, serait-ce une autorité pontificale, qui puisse m’arrêter. Par ailleurs, la première preuve de fidélité et d’amour que le prêtre ait à donner à Dieu et aux hommes, c’est de garder intact le dépôt infiniment précieux qui lui fut confié lorsque l’évêque lui imposa les mains. C’est d’abord sur cette preuve de fidélité et d’amour que je serai jugé par le Juge Suprême. J’attends en toute confiance de la Vierge Marie, la Mère du Souverain Prêtre, qu’elle m’obtienne de rester fidèle jusqu’à la mort à la Messe catholique, véritable et sans équivoque.

TUUS SUM EGO, SALVUM ME FAC.

Je voudrais approfondir, Monseigneur, en utilisant un récent discours du cardinal Antonio Cañizares, Préfet de la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements, qu’il adressa le 20 Avril 2010 aux membres du Congrès organisé à Rome par les Chanoines du Christ-Roi. Il leur rappelait le vrai sens du Motu proprio de Benoît XVI. Le Pape l’a écrit, dit-il, pour « favoriser l’accès à la forme liturgique officielle du Rite Romain jusqu’à la réforme souhaitée par le Concile Vatican II ». Pourquoi ne voudriez-vous pas, vous aussi, favoriser dans votre diocèse une telle pratique liturgique. Il affirma que ce Motu proprio n’était nullement « une concession à la nostalgie ou à l’intégrisme », mais que c’était « plutôt, un pas pour favoriser la Communion Ecclésiale ». C’est clairement dit… Alors ! Pourquoi allez contre ? Pourquoi ne pas vouloir jouer le jeu. Vous dites « vouloir agir libre­ment ». En êtes-vous bien sûr ? Ne subissez-vous pas la pression de votre presbyterium, ou mieux encore, la pression de l’épiscopat dans son ensemble qui est très réticent à la politique liturgique de Benoît XVI ? Serait-il dangereux, peut-être pour vous, de vous désolidariser de cet épiscopat ? Le courage n’est pas la chose la mieux partagée dans le clergé ?

Le cardinal ajoute une ultime raison de ce Motu proprio : c’est surtout « une aide pour orien­ter et mieux comprendre l’actuelle « forme ordinaire » de la Liturgie romaine selon une « herméneutique de la continuité ».

Voilà ! C’est une affirmation d’une importance formidable. Si vous avez eu la patience de me suivre jusque-là, ce qui me réjouit, vous comprendrez pourquoi je veux m’en tenir à la Messe tridentine pour « orienter et mieux comprendre l’actuelle  forme ordinaire » de la Liturgie Romaine selon une « herméneutique de la continuité ».

Ce sentiment vous surprendrait… ?

C’est pourtant parfaitement romain. C’est pourtant ce qui m’anime et justifie ma position. Est-ce possible, pensez-vous peut-être ? Je vais vous le démontrer.

Ma fidélité à la Messe tridentine n’est pas une « simple curiosité », ni « une simple admira­tion esthétique ». Ni un attachement à une «  idéologie intégriste ». Le penser serait faux et insultant !

Cet acte de Benoît XVI n’est pas une simple « concession à la nostalgie ou à l’intégrisme ». Non ! Cet acte relève du Magistère pétrinien de Benoît XVI qui a en charge le bien commun de l’Eglise : « Le Motu Proprio « Summorum Pontificum » doit se comprendre dans cette vision d’ensemble de l’enseignement et des actes du Saint-Père », dit le cardinal, « c’est au contraire un pas pour favoriser la Communion Ecclésiale ». J’en ai donné un suffisant déve­loppement.

Mais « c’est une aide, nous dit le cardinal, pour orienter et mieux comprendre l’actuelle « forme ordinaire » de la Liturgie Romaine selon une « herméneutique de la continuité » ».

Cette ultime remarque est fondamentale. Ce qui me fait dire que dans la pensée de Benoît XVI telle que la présente le cardinal, le rite tridentin est l’archétype de la réforme liturgique. C’est pourquoi elle est « une aide pour orienter et mieux comprendre l’actuelle « forme ordinaire » de la Liturgie romaine selon une « herméneutique de la continuité » ».

Affirmer cela est absolument nouveau de la part du Magistère récent de l’Eglise. Nous ne l’avions jamais encore entendu en quarante ans de « combat » inlassable, acharné – combat bien légitime, malgré la désobéissance apparente ! –, pour maintenir l’ancienne messe.

Il faut donc reconnaître que le rite tridentin n’est pas seulement « légalisé » dans l’Eglise latine, mais plus encore, il devient l’archétype de la liturgie romaine. C’est le sens de l’expression une aide pour « orienter » l’actuelle « forme ordinaire » de la Liturgie romaine et ainsi la mieux « comprendre ».

Quel chemin parcouru depuis 1976… Nous sommes passés de l’interdiction de la messe de « toujours » à sa reconnaissance légale et universelle ; de sa reconnaissance légale et univer­selle à l’affirmation qu’elle est l’archétype de la Liturgie romaine. Le modèle. Cette phrase : « une aide pour orienter et mieux comprendre l’actuelle « forme ordinaire » de la Liturgie romaine » veut dire cela ou ne veut rien dire.

Et s’il en est ainsi, c’est parce que, fort de l’axiome lex orandi, lex credenti, elle est l’expression parfaite de la doctrine catholique sur la Messe, sommet de la Liturgie de l’Eglise, comme le dit le Concile de Trente et comme le reprend le Concile Vatican II.

Comme on le sait, « les apports théologiques de la messe tridentine constituent une réponse aux graves controverses du protestantisme » (cardinal Stickler) et aux déficiences de la Nouvelle liturgie. Le Concile de Trente, et sa Messe tridentine qui en est le reflet, est le phare, la lumière de toute Liturgie dans l’Eglise. Aussi nous permettra-t-elle de mieux orienter toutes les réformes et de les mieux comprendre.

Mais comment cela ?

On sait, tout d’abord, que « dans le contexte de l’hérésie protestante, la Messe de saint Pie V porta l’accent sur la vérité majeure selon laquelle la Messe est un Sacrifice, ce qui fut établi par les discussions théologiques et les réglementations spécifiques du Concile » (cardinal Stickler). On sait également qu’elle insista sur la notion de la Présence réelle de Notre Seigneur Jésus-Christ dans l’Eucharistie, fruit du Sacrifice de la Messe, ainsi que sur le rôle spécifique du prêtre à l’autel comme représentant le Christ, comme « alter Christus ». On sait aussi que la Messe tridentine insiste sur la place de l’autel, lieu du Sacrifice renouvelé du Christ, insiste également sur son orientation, la messe devant être célébré « ad orientem », symbole du soleil levant que représente le Christ, Celui que nous devons adorer. Et toutes ces vérités ont entraîné, dans le rite tridentin, tout un symbolisme – le symbolisme liturgique – qui les exprime au mieux, comme les signes d’adoration, de génuflexions, comme la place de l’autel. Abandonner ce symbolisme est très grave. Par exemple : « La toute nouvelle place de l’autel, dans le rite de Paul VI ainsi que la place du prêtre face à l’assemblée, interdites autrefois, deviennent aujourd’hui le signe d’une messe conçue comme réunion de la commu­nauté ». C’est là une déficience théologique grave que la célébration commune de la Messe tridentine permet de corriger. Il en est de même pour la langue liturgique qui est le latin. Ce principe, pourtant affirmé par le Concile de Trente et le Concile Vatican II, a été totalement détruit par la réforme liturgique de Paul VI. L’exception du vernaculaire, admis par le Concile de Trente et Vatican II, est devenue, dans la réforme de Paul VI, la réforme « bunignienne », une exclusivité. Ce qui entraîne de graves conséquences : la perte de l’unité externe au sein de l’Eglise catholique. Nous avons perdu cette possibilité de prier et de chanter ensemble, même dans les grands rassemblements ecclésiaux.

Voilà autant de « déficiences théologiques » graves de la messe issue de Vatican II – ma liste ici n’est pas exhaustive – qui pourraient être corrigées, comprises et ainsi orientées, c’est-à-dire réformées par les « bienfaits théologiques de la Messe tridentine ». C’est ce que disait déjà le cardinal Stickler dans sa conférence donnée à Fort Lee dans le New Jersey, le 20 Mai 1995. La Messe tridentine est vraiment l’archétype de la liturgie romaine. Voilà, me semble-t-il, le sens de cette phrase du cardinal espagnol : le Motu Proprio est « une aide pour orienter et mieux comprendre l’actuelle « forme ordinaire » de la Liturgie romaine selon une « herméneutique de la continuité ».

C’est manifestement nouveau !

« Mais, veuillez bien le prendre en compte, Monseigneur, malgré ces derniers dires, jamais nous n’avons dit que la Nouvelle Messe était hérétique.

« Hélas ! Elle est, pourrait-on dire, pire que cela : elle est équivoque (Abbé Dulac).

« Elle est flexible en des sens divers. Flexible à volonté. La volonté individuelle y devient ainsi la règle et la mesure des choix.

« L’hérésie formelle et claire agit à la manière d’un coup de poignard. L’équivoque agit à la manière d’un poison lent.

« L’hérésie attaque un article précis du dogme. L’équivoque, en lésant l’« habitus » lui-même de la foi, blesse ainsi tous les dogmes.

« On ne devient formellement hérétique qu’en le voulant. L’équivoque peut ruiner la foi d’un homme à son insu.

« L’hérésie affirme, ce que nie le dogme, ou nie ce qu’il affirme. L’équivoque détruit la foi aussi radicalement en s’abstenant d’affirmer et de nier : en faisant de la certitude révélée une opinion libre.

« L’hérésie est ordinairement un jugement contradictoire à l’article de la foi. L’équivoque est dans l’ordre de ce que les logiciens appellent « le disparate ». Elle est à côté de la foi. A côté même de la raison, de la logique.

« Eh bien, nous oserons le dire : il y a pire encore peut-être que l’équivoque. Il y a le substitut de la foi théologale, sa contrefaçon, son ersatz : son succédané sentimental ».

Voilà, Excellence, les raisons pastorales de mon « non possumus ». Il est légitime. Votre refus de ma présence pour cette raison ne l’est pas. Je vous l’exprime en toute franchise. Je souhaite que vous réexaminiez votre position. Si vous ne le faites pas, soyez assuré que je n’en resterai pas là et porterai l’affaire à Rome, à la Commission Ecclesia Dei, dont Benoît XVI a précisé les pouvoirs et les a considérablement élargis.

Abbé Paul Aulagnier

Assistant du Supérieur Général de l’Institut du Bon Pasteur

 

La suite de cette affaire

J’attendais une réponse, vous dis-je, à cette supplique. Rien ! Aucune réponse. Or, tant que la supplique est pendante, et elle l’est tant qu’elle n’a pas reçu de réponse, il est permis au sujet de suspendre l’obligation de l’ordre. Je ne doutais pas que Mgr. Benoît Rivière ait eu connais­sance de la supplique. Il gardait toutefois le silence, j’étais en droit de penser, du moins jusqu’à ce que j’ai eu connaissance de sa surenchère, qu’il consentait tacitement à la supplique et qu’il me laissait le champ libre. La sagesse populaire ne dit-elle pas : « Qui ne dit mot, consent ». Fort de ce principe moral, j’ai poursuivi « mon affaire » d’autant que Mgr. Eric Aumonier, l’évêque de Versailles, venait de me faire savoir, à la fin de l’été 2018, que je devais quitter la paroisse de Rolleboise, l’église Saint-Michel, où j’exerçais mon ministère depuis 10 ans, ayant atteint l’âge de la retraite, 75 ans. Il fallait nécessairement que je trouve un endroit où m’installer. Verosvres ferait très bien l’affaire. Deux raisons pour poursuivre mes efforts. Je suis citoyen français, en possession de mes droits de citoyen ; personne, même un évêque, ne pourrait s’opposer à cette installation.

Je fis une première proposition de 100.000 €uros, dans le bureau de liquidateur judiciaire. C’était trop peu, me dit-on. J’en fis une autre à 150.000 €, puis à 175.000 €. C’est alors que nous apprenons par le liquidateur judicaire que nous avions dans cette affaire, un concurrent sérieux. Nous étions peu considérés par le liquidateur qui nous avait demandé la preuve de notre avoir bancaire ; ce que la banque fit en reconnaissant que nous avions un avoir à l’époque, nous devions être début Février 2019, de 175.000 euros. Mon ami, Maître Boscher, a essayé d’argumenter auprès du juge du Tribunal de Grande Instance. Sa lettre était pleine de bon sens. Nous savions que nous avions un concurrent, mais toujours pas que c’était l’évêque du lieu qui surenchérissait. Nous savions seulement que le liquidateur judiciaire n’avait pas cru nécessaire de lui imposer la même condition qu’à nous. Sa surface financière était suffi­samment connue. C’était certainement un marchand de biens qui s’était subitement intéressé à l’affaire, pensions-nous… On est naïf quand même ! Je m’étais informé : on n’avait vu aucune visite depuis mes passages. Il fallait que l’acquéreur « potentiel » connaisse les lieux. L’évêque, lui, les connaissait. Un couvent de religieuses se trouvait à vingt mètres de la propriété convoitée… Un évêque visite toujours ses ouailles…

Voici la lettre de Me Boscher :

Me André BOSCHER

Résidence Sphinx

26 Avenue du Maréchal Montgoméry

Appt 202

14000 CAEN

civil.tgi-macon@justice.fr

 

A l’attention de Madame le Juge Commissaire

Dossier : Lycée professionnel Sainte Marguerite-Marie, VEROSVRES

Madame,

Je viens vous apporter des précisions concernant le dossier ci-dessus indiqué.

A titre personnel, je suis le conseiller juridique bénévole du Fonds de dotation Entraide et Tradition, créé le 9 Novembre dont les statuts ont été déposés à la Préfecture (si vous le dési­rez, je peux vous adresser par la poste une photocopie desdits statuts).

Le président de ce Fonds est M. l’Abbé Paul AULAGNIER, membre d’un institut de droit pontifical romain.

Depuis des mois, le président de ce Fonds de dotation recherchait un lieu, loin du bruit avec des bâtiments spacieux pouvant recevoir des adultes et des enfants.

Notre président, ayant eu connaissance de la mise en vente dudit lycée, je l’ai accompagné au mois de mars 2018 à VEROSVRES pour découvrir l’ensemble immobilier, sous la conduite de Me GODILLOT, huissier de justice à PARAY-LE-MONIAL, mandaté pour ce faire par Me Jean-Jacques DESLORIEUX, liquidateur mandataire de ce dossier.

Immédiatement, nous avons découvert à VEROSVRES ce que nous recherchions depuis des mois.

En plus de la qualité des lieux, l’ensemble immobilier est situé à proximité immédiate de la maison natale de l’une des saintes de France les plus connues non seulement en Bourgogne mais dans toute la France, je parle ici de sainte Marguerite-Marie ALACOQUE.

J’ai pris contact avec le secrétariat du mandataire liquidateur pour prendre un rendez-vous en vue d’étudier le dossier de vente et les conditions (comme j’ai toujours pratiqué pendant mes quarante ans de titulaire notarial en Normandie, à Tilly-sur-Seulles). A ce stade, j’ai eu la surprise de découvrir qu’il n’était pas facile d’obtenir un rendez-vous chez Me DESLORIEUX. Avec beaucoup de difficultés, j’ai obtenu un rendez-vous de dix minutes à CHALONS-SUR-SAÔNE pour découvrir le dossier juridique ! (je n’en dis pas plus), rendez-vous cordial mais peu instructif !!

Suite à un échange de courriels, nous avons accepté, savoir :

– Toutes les servitudes (actives et passives) pouvant grever les biens immobiliers sans aucune précision sur lesdites servitudes ! Mais je vous précise que nous avons accepté lesdites servi­tudes.

– Les biens en leur état au jour de l’acquisition.

– Et le paiement du prix et des frais comptants et sans emprunt.

La régularisation de l’acte authentique devant avoir lieu six mois après la signature du compromis, et ce pour que le mandataire liquidateur réunisse un dossier complet à soumettre au tribunal et que le notaire demande toutes les pièces administratives. De plus, ce délai pro­posé par le liquidateur et accepté par nous-mêmes, nous donnait le temps nécessaire pour réunir tous les fonds.

Me DESLORIEUX nous a alors demandé une attestation bancaire d’AVOIRS en banque. J’ai donc sollicité nos membres de nous fournir des garanties comme je l’ai toujours fait dans mes dossiers en Normandie, pendant quarante ans, et ce sans aucune difficulté avec les liquida­teurs mandataires.

Début juillet 2018, le président du Fonds Entraide et Tradition a dicté un courrier à Me DESLORIEUX offrant 150.000 €uros comptant, plus frais d’acte pour les biens de VEROSVRES.

Là, un incident se produisit, car le courriel de l’offre n’arriva jamais en l’étude du liquida­teur.

Devant le silence des vacances, je n’ai découvert cette situation que fin Août 2018 ; à ma connaissance, à cette date, nous étions les seuls à avoir réalisé une offre dans ce dossier. Je découvre également que le liquidateur désire recevoir une seule attestation bancaire d’AVOIRS et n’accepte pas d’autres garanties. Immédiatement, nous réunissons le maximum de fonds pour faire établir l’attestation. Sauf erreur de ma part, une réunion a eu lieu en votre tribunal pour constater qu’il n’y avait pas de nouveau dans ce dossier et notre offre n’aurait pas été évoquée puisque ladite attestation de la banque n’avait pas encore été établie.

Les mois d’Octobre et de Novembre 2018 se sont écoulés sans aucune nouvelle. A partir de la deuxième quinzaine de Novembre, le Crédit Agricole de BRETTEVILLE L’ORGUEILLEUSE a pu nous établir une attestation d’AVOIRS de 175.000 €uros environ (je pense que Me DESLORIEUX vous a déposé une photocopie).

Début Décembre 2018, lors d’un rare entretien téléphonique avec Me DESLORIEUX, j’ai la surprise de découvrir qu’une deuxième offre existait sans que nous en ayons été prévenus.

________________

J’aimerais attirer votre attention, savoir :

– Que les biens immobiliers dont il s’agit ont un caractère particulier quant à leur situation par rapport à la MAISON NATALE de sainte Marguerite-Marie. D’ailleurs, les fondateurs l’ont si bien ressenti lors de la création dudit lycée en donnant le nom de Sainte Marguerite-Marie à ce lycée. Il y a donc lieu de protéger l’ensemble de ce lieu UNIQUE.

Vous comprendrez très bien ce que je pense en la matière. Pour expliciter ma pensée, c’est comme si à LOURDES, l’esplanade devant la Grotte, était à vendre sans la Grotte. Dans les deux cas, à LOURDES et à VEROSVRES, les biens forment un tout indissociable.

C’est la raison pour laquelle nous proposons impérativement d’intégrer dans l’acte authen­tique, savoir :

– 1 – que l’appellation des biens vendus et acquis sera « MAISON SAINTE MARGUERITE-MARIE »,

– 2 – d’introduire dans ce même acte authentique une clause valable 99 ans ou plus si vous le désirez, en cas de vente ou de donation au cours de la durée ci-dessus,

 

– A) une clause de PREFERENCE au profit de la Communauté religieuse de PARAY-LE-MONIAL où a vécu la Sainte de Bourgogne et, en cas de renonciation par ladite Commu­nauté, ce même droit de PREFERENCE existerait au profit du diocèse (Eglise Catholique Apostolique et Romaine) dudit lieu ;

– B) de même une clause de droit de préemption pour les mêmes personnes morales ci-dessus désignées.

Je suis à votre entière disposition pour vous proposer une rédaction desdites clauses.

______________

Dans notre projet de « MAISON SAINTE MARGUERITE-MARIE », vous constaterez qu’il n’y a aucun aspect commercial ou financier et au nom du Fonds de dotation Entraide et Tra­dition, je suis autorisé à porter l’offre de 150.000 € à 175.000 € comptant plus frais.

Au cas où cette nouvelle offre ne serait pas retenue, n’y aurait-il pas la possibilité d’une mise en vente aux enchères ?

Restant à votre entière disposition pour vous fournir tous renseignements complémentaires, je vous prie de croire, Madame, à l’expression de mes sentiments respectueux.

André BOSCHER

 

Le juge du Tribunal de Grande Instance lui répondit une lettre laissant entendre que nous n’étions pas les mieux placés en cette affaire et qu’elle n’avait en vue que les intérêts des créanciers, ce que je trouvais juste…

De : TGI-MACON/CIVIL <civil.tgi-macon@justice.fr>
À : andré BOSCHER <boscherandre.tilly@yahoo.fr>
Envoyé le : Lundi 11 février 2019 16h03
Objet : RE: envoi complémentaire à celui d’hier suite à un paragraphe manquant BOSCHER André

Monsieur,

En réponse à vos différents messages, je vous confirme que les autorisations de vente de gré à gré sont soumises à mon autorisation.

Dans l’intérêt des créanciers, le juge commissaire privilégie la meilleure offre, ce qui n’est pas le cas de la vôtre.

Recevez mes respectueuses salutations.

Juliette COMPAROT TGI Mâcon juge commissaire

A la date du 11 Février 2019, nous savions que c’était Mgr Benoît Rivière, Evêque d’Autun, qui avait surenchéri sur notre offre. Une réunion s’était tenue en effet  au Tribunal avec le juge, le liquidateur judiciaire et le représentant de l’association propriétaire, en liquidation. Ce dernier en avait informé Me Boscher. Nous ne savions pas la hauteur de sa mise. Le bon sens et l’intuition des affaires nous permirent de conclure que l’évêque avait dû faire une proposi­tion à hauteur de 200.000 euros. Nous fîmes alors très rapidement une surenchère. Nous l’avons portée à 210.000 euros.

C’est ce que Me Boscher confirmait au magistrat, le surlendemain :

 

De : andré BOSCHER <boscherandre.tilly@yahoo.fr>
À : TGI-MACON/CIVIL <civil.tgi-macon@justice.fr>
Envoyé le : Mercredi 13 février 2019 15h56
Objet : dossier Lycée prof. Ste Marguerite-Marie

Destinataire : Madame Juliette COMPAROT  TGI Macon  – Juge Commissaire.

Madame,

Je vous remercie de votre envoi du 11 courant. Au nom du Fonds de dotation ENTRAIDE et TRADITION je suis chargé par son Président, Monsieur l’Abbé Paul AULAGNIER, de vous faire une nouvelle offre de DEUX CENT DIX MILLE euros plus frais d’acte (210.000 euros).

Je vous prie de croire, Madame, à l’expression de mes sentiments respectueux.

André BOSCHER.

Le lendemain du 11 février 2019, en la fête de ND de Lourdes, je recevais un téléphone d’un ami bordelais. Il s’intéresse à mes problèmes de Verosvres et me conseille de me mettre en relation avec M. Latour, notaire à Périgueux, que je connaissais bien du temps de mes fonctions dans la FSSPX, « il a quelque chose, me dit-il, à vous proposer ». Aussi dit, aussitôt fait, je téléphone à M. Latour. Il me parle de cette propriété de Thiviers, un ancien couvent, « le Couvent Saint-Paul ». Il m’adresse les photos du convent, extérieures, intérieures. Me laisse entendre que l’affaire pourrait se faire à « petit prix. Je file le visiter avec Me Boscher. De fait, cette propriété convenait  parfaitement. D’un côté, les pèlerins de Paray-le-Monial, de l’autre, les Pèlerins de saint Jacques de Compostelle, nombres de chambres suffisantes pour recevoir les retraitants, en grand nombre. La Providence et saint Joseph nous aideront pour faire face aux réparations nécessaires et à la propreté. On écrit alors très vite au Magistrat pour retirer notre proposition de 210.000 euros, le portant seulement à 175.000, sachant ainsi que l’affaire nous passait sous le nez et qu’elle tombait dans les mains de l’Evêque. Voici la lettre de désengagement :

De : andré BOSCHER <boscherandre.tilly@yahoo.fr>
À : TGI-MACON/CIVIL <civil.tgi-macon@justice.fr>
Envoyé le : Jeudi 14 février 2019 9h00
Objet : Madame Juliette COMPAROT TGI MACON Juge Commissaire/ dos. Lycée profes. Marguerite-Marie ALACOQUE- Versovres

 

Madame, Hier soir, après 18 h, le Président du Fonds de dotation Entraide et Tradition, M. l’Abbé AULAGNIER, a reçu une proposition d’un couvent qui conviendrait à notre future communauté… un miracle. Mais j’avais fait quelques heures avant une offre de 210.000 euros pour VEROSVRES. En conséquence, nous annulons cette offre de 210.000 euros mais nous confirmons l’offre de 175.000 euros car nous avons une immense vénération pour la sainte de Bourgogne.

Je suis désolé de ce changement, mais je dois obéir, et l’offre de 210.000 euros n’était pas encore acceptée, et nous avions donc la possibilité de nous rétracter sur chiffre de 210.000 euros.

Je vous prie de croire, Madame, à l’expression de mes sentiments respectueux.

André BOSCHER

 

Vous concluez avec moi : Nul ne doute que l’évêque achetait la propriété de Verosvres pour que la Tradition ne puisse s’y installer.

Je dis à l’évêque, très respectueusement bien sûr : « La haine n’est jamais bonne conseillère, même s’il s’agit de la haine de la Tradition. Vous regretterez votre décision. Je préfère me confier à la Providence, plus qu’au seul calcul humain, ou conseil d’économe diocésain… ou conseil d’un presbyterium ».

Et je dis à l’évêque de Périgueux, Mgr. Philippe Mousset : Vous n’avez rien à craindre, Excellence, je prends ma retraite, puisque c’est l’ordre que j’ai reçu de Mgr Eric Aumonier, évêque de Versailles. Je viens chez vous « cultiver mon jardin ». « Messeigneurs ! Ouvrez vos cœurs » !

Abbé Paul Aulagnier

 

 

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