Des effets de la Passion du Christ
publié dans la doctrine catholique le 22 février 2020
Des effets de la Passion de Notre Seigneur
Saint Thomas nous les résume et nous les explique :
Par sa Passion, nous sommes libérés du péché.
Par sa Passion, nous sommes libérés du pouvoir du diable « a potestate diaboli ».
Par sa Passion, nous sommes libérés de la peine du péché.
Par sa Passion, nous sommes réconcilié avec Dieu ;
Par sa Passion, le Christ nous a ouvert les portes du Ciel.
Par sa Passion le Christ a mérité d’être exalté. Il est à la droite de Dieu, comme nous le disons dans notre Credo. Ne sera-t-il exalté que de son Père. Resterons nous indifférents. A Dieu ne plaise ! Nous l’exalterons, au contraire, dans notre cœur par un amour immense.
Par sa Passion nous sommes libérés du péché.
Il est écrit, en effet, dans l’Apocalypse de saint Jean (1, 5): « Il nous a aimés et il nous a lavés de nos péchés dans son sang. » Ou encore dit l’Apôtre : « Il nous a fait revivre avec Lui, nous remettant tous nos péchés, effaçant l’arrêt de condamnation écrit et porté contre nous, l’abolissant et l’attachant à la Croix » (Col 2 13 14)
Il est facile de comprendre que la Passion du Christ est la cause propre de la rémission des péchés car la Passion a pour effet de faire naître en nos cœurs la charité. Or par la charité nous obtenons le pardon des péchés comme le dit NSJC au sujet de Marie Madeleine : « « Ses nombreux péchés lui ont été remis parce qu’elle a beaucoup aimé. » (Lc 7 47). Ainsi c’est « par mode d’excitation à la charité », nous dit saint Thomas, que la Passion du Christ nous libère du péché.
Mais il faut ajouter, avec Saint Thomas, que c’est aussi « par mode de rédemption », « par mode de causalité ou d’efficience », que le Christ nous a délivré du péché. En ce sens que sa Passion fut une satisfaction pleine et entière qui Lui fournit le moyen admirable de payer, pour nous, parce que tête du Corps dont nous sommes les membres, à son Père toute la dette de nos péchés. Et ce prix qu’Il paya pour nous, non seulement égale notre obligation, mais lui est infiniment supérieur puisqu’il procède d’une personne divine dont tous les actes sont d’une dignité infinie.
Ensuite, Jésus-Christ par ses souffrances en sa Passion nous a arrachés à la tyrannie du démon.
Le Seigneur le dit en S. Jean (12, 31) à l’approche de la Passion: « Maintenant le prince de ce monde va être jeté dehors; et moi, quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai tout à moi. » Or le Christ a été élevé de terre par la Passion de la croix. C’est donc par elle que le démon a été dépouillé de son pouvoir sur les hommes. Parce que la Passion du Christ est cause de la rémission des péchés, elle nous délivre du pouvoir du démon. Ainsi de cette manière, nous sommes dans la main de Dieu et plus dans celle du démon.
En troisième lieu, le Christ par sa Passion, a payé la peine qui était due pour nos péchés.
En effet, c’est sur le péché que se fonde l’obligation de la peine. Mais puisque la Passion du Christ est cause de la rémission du péché, elle est cause aussi de l’abrogation, de la suppression de la peine. « La Passion du Christ, comme le dit saint Thomas, a été une satisfaction adéquate et surabondante pour les péchés de tout le genre humain. Ainsi dès que la satisfaction adéquate est fournie, l’obligation de la peine est enlevée ».
De plus, le Christ Jésus nous a réconcilié avec Dieu, son Père.
Nous pouvons invoquer cette parole de S. Paul « Nous avons été réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils. »(Rm 5, 10) ; mais aussi cet argument théologique : parce que la Passion écarte le péché, elle écarte l’animosité de Dieu contre l’homme puisque c’est le péché qui constituent les hommes ennemis de Dieu, selon le livre de la Sagesse (14, 9): « Dieu déteste également l’impie et son impiété ». Mais aussi parce que la Passion du Christ fut un sacrifice digne et agréable à Dieu, elle nous a rendu Dieu favorable – Dieu s’est apaisé – en raison de ce sacrifice, comme l’homme sait pardonner une offense commise contre lui, à cause d’un acte agréable qu’on lui rend. Or rien ne fut plus agréable à Dieu le Père que le Sacrifice de son Fils. « Ce fut un si grand bien que Dieu, à cause de ce si grand bien trouvé dans la nature humaine, s’est apaisé au sujet de toute offense du genre humain ». Faut-il encore s’unir par la foi et la réception du baptême au Christ qui a souffert pour bénéficier de cette réconciliation..
Enfin en enlevant nos péchés, le Christ nous a ouvert les portes du Ciel que le péché commun à tous les hommes avait fermé.
C’est ce que l’Apôtre nous marque bien dans ces paroles : (He 10, 19): « Nous avons l’assurance d’entrer au sanctuaire » c’est-à-dire au ciel, « par le sang du Christ ». Et cet argument vaut tant pour le péché commun à toute la nature humaine: c’est le péché du premier père , que pour le péché propre à chaque personne. Car « par la Passion du Christ non seulement nous avons été délivrés du péché commun à toute la nature humaine et quant à la faute, et quant à l’obligation de la peine. Il en a en payé le prix à notre place; mais encore nous sommes délivrés des péchés individuels si nous communions à sa Passion par la foi et la charité, et par les sacrements de la foi. Et c’est pourquoi la Passion du Christ nous a ouvert la porte du royaume céleste. C’est ce que dit encore l’Apôtre (He 9, 11. 12): « Le Christ, survenu comme grand prêtre des biens à venir, entra une fois pour toutes dans le sanctuaire par son sang, nous ayant acquis une rédemption éternelle ».
Pour toutes ces raisons, il est juste et raisonnable que le Christ soit par son Père exalté à sa droite.
Il est juste et raisonnable qu’il soit glorifié et par la cours des anges et par notre cœur. Comme le dit la lettre aux Philippiens (2, 8): « Il s’est fait obéissant jusqu’à la mort, et la mort sur la croix; et c’est pourquoi Dieu l’a exalté et lui a donné le nom qui est au-dessus de tous les noms », c’est-à-dire que tous doivent lui rendre hommage comme à Dieu. Et c’est ce que Paul dit ensuite: « Afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse au ciel, sur terre et dans les enfers ».
Voilà ce que nous lui devons en raison des bienfaits pour nous de sa Passion. Nous lui devons : notre adoration, fruit de notre charité.
Mais n’oublions pas aussi que la Passion nous fournit encore un autre avantage d’un prix inestimable. Elle met sous nos yeux les exemples les plus frappants de toutes les vertus : la patience, l’humilité, une charité admirable, la douceur, l’obéissance, un courage surhumain à souffrir pour la justice, non seulement des douleurs mais la mort elle-même. Et nous pouvons dire en vérité, que notre Sauveur, dans le seul jour de sa passion, voulut représenter en Lui toutes les vertus dont il avait recommandé la pratique pendant le cours entier de sa prédication. Et lorsque saint Paul fait cette belle description de la Charité, nul doute qu’il a devant lui le modèle de NSJC en sa Passion.
Voilà ce que je voulais vous dire sur la Passion du Christ et la charité qu’elle nous inspire. Puissions-nous méditer sans cesse ces mystères au fonds de nos cœurs ! Puissions-nous apprendre par-là à souffrir, à mourir, à être ensevelis avec ce divin Sauveur ! C’est alors que purifiés des souillures du péché, et ressuscitant avec Lui à une vie nouvelle, nous mériterons, par sa Grâce et par sa Miséricorde, de participer un jour à la gloire de son Royaume céleste.