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Entraide et Tradition

Commentaire de Roberto de mattei

publié dans magistère du pape François le 12 octobre 2020


C’est avec cette question en guise de titre que Roberto de Mattei nous propose son commentaire attendu sur l’encyclique: « La troisième encyclique du pape François, Fratelli tutti, signée le 3 octobre à Assise, semble presque être le document conclusif de son pontificat, une sorte de testament politique. Parce que l’encyclique est politique, comme tout le pontificat du pape François… ».

Tous frères?

Roberto de Mattei
Corrispondenza Romana
6 octobre 2020
Ma traduction

La troisième encyclique du pape François, Fratelli tutti, signée le 3 octobre à Assise, semble presque être le document conclusif de son pontificat, une sorte de testament politique. Parce que l’encyclique est politique, comme tout le pontificat du pape François. L’un des plus fidèles collaborateurs du pape François, Andrea Tornielli, directeur des communications du Saint-Siège, présentant l’encyclique, n’utilise pas le terme « politique », mais « social », ce qui est en substance la même chose, et écrit :

« La nouvelle encyclique Fratelli tutti, se présente comme une somme du magistère social de François, et rassemble de façon systématique les idées offertes par les déclarations, discours et interventions des sept premières années de son pontificat ».

Une origine et une inspiration – dit Tornielli – est certainement représentée par le « Document sur la fraternité humaine pour la paix et la coexistence dans le monde », signé le 4 février 2019 à Abu Dhabi avec le Grand Imam d’Al-Azhar, Ahmad Al-Tayyib.
Al-Tayyib est l’un des auteurs les plus cités dans l’encyclique et ce n’est pas une coïncidence si, dans le premier commentaire qu’il a fait sur Twitter, il a écrit que « c’est un message qui restitue à l’humanité sa conscience ».

Al-Tayyb et le pape François ont-ils la même conscience de l’humanité ? Mais dans quel sens ? Le pape Bergoglio l’explique : « Nous rêvons comme une seule humanité », « chacun avec la richesse de sa foi ou de ses convictions, chacun avec sa propre voix, tous frères! »(n. 8).

La vérité absolue n’est pas Jésus-Christ, au nom duquel et dans le baptême duquel les chrétiens sont frères. La fraternité est une valeur supérieure au Christ lui-même, car elle serait capable, selon le pape François, de mettre d’accord les catholiques, les musulmans, les bouddhistes et les athées eux-mêmes, qui ont aussi leur propre foi et conviction.

Au début de l’encyclique, le pape François rappelle la visite de saint François d’Assise au sultan Malik-al-Kamil en Égypte, la présentant comme une recherche de dialogue, alors que toutes les sources de l’époque nous disent que saint François voulait convertir le sultan et appuyait les croisés qui combattaient en Terre Sainte. Mais la rencontre entre saint François et le sultan a échoué et le pape Bergoglio semble vouloir montrer qu’il est plus capable que saint François de réaliser le projet, à partir du document d’Abu Dhabi.

Pour réaliser ce dialogue, François remplace les principes de la foi catholique par ceux de la Révolution française : en particulier le trinôme « Liberté-égalité-fraternité » (nn. 104-105). Une utopie qui n’a jamais été réalisée dans l’histoire, mais dont le pape Bergoglio veut être l’artisan au XXIe siècle.

« Fraternité » et « amitié sociale » sont des mots clés de l’encyclique, jusque dans le titre, et constituent la nouvelle forme de l’amour chrétien. Un amour dont la mesure n’est pas la relation verticale avec Dieu, mais la relation horizontale avec notre prochain. La fraternité est aussi appelée « solidarité » et « la solidarité, comprise dans son sens le plus profond, est une façon de faire l’histoire, et c’est ce que font les mouvements populaires » (n. 116).

Les mouvements populaires sont les mouvements marxistes d’Amérique latine, dont le pape François a toujours été proche. Dans l’encyclique, il critique longuement les « régimes politiques populistes » et les « positions économiques libérales » (n. 37), tout comme les « formes fermées et violentes de nationalisme » (n. 86), mais il ignore le communisme. Pourtant, la première puissance mondiale aujourd’hui est la Chine communiste, qui fait officiellement référence à Marx, Lénine et Mao. Mais selon un collaborateur du Pape comme Mgr Sanchez Sorondo, la Chine est le pays qui applique aujourd’hui le mieux la doctrine sociale de l’Eglise et c’est peut-être pour cela que le Saint-Siège veut entretenir des relations privilégiées avec elle. Le Pape ignore également les responsabilités de la Chine communiste dans la propagation du coronavirus, excluant que cette pandémie puisse être une punition divine (n. 134). Pourtant, tous les Papes ont enseigné que les épidémies, les guerres, la famine et toutes les formes de fléau collectif sont une conséquence du péché humain.

Mais du péché et de ses conséquences sociales, l’encyclique ne parle pas. Le seul péché semble être celui de s’opposer à l’immigration, qui est l’instrument pour réaliser l’ »intégration créative » (n. 41) chère au pape François. Il semble critiquer la mondialisation, mais l’objet de sa critique est en fait la gestion verticale et injuste du projet mondialiste. Ce qu’il veut, c’est une mondialisation par le bas étendue à toutes les classes sociales, et surtout au Sud de la planète, gérée par les mouvements populaires marxistes et, peut-être, par la Chine.

« Si l’on accepte le grand principe des droits qui émanent du simple fait de posséder une dignité humaine inaliénable, il est possible d’accepter le défi de rêver et de penser à une autre humanité. Il est possible de désirer une planète qui offre des terres, un foyer et du travail à tous ». (n. 127).

Pourtant, s’il y a un pays où les droits de l’homme sont violés, c’est bien la Chine. Comment peut-on passer sous silence ce phénomène dans un document qui en appelle aux droits de l’homme comme au fondement de la coexistence sociale.

Mais surtout, le pape François ne donne aucune indication sur la façon de réaliser son utopie. Pourtant, l’Eglise a tous les outils, non pas pour réaliser une paix utopique sur terre, mais pour adoucir la vie dans cette « vallée de larmes ». Les instruments sont la prière, les sacrements, le respect des lois naturelles et chrétiennes, la profession privée et publique de la foi en Jésus-Christ, seul Chemin de la Vérité et de la Vie. Cette dimension surnaturelle est malheureusement totalement absente du document du pape François. Et le fait que cet appel à la fraternité planétaire ait été lancé à un moment où une guerre fratricide déchire la direction de l’Eglise ne contribuera certainement pas à assurer son succès.

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