La Revue Item - « La Tradition sans peur »
Suivez les activités de l'Abbé Aulagnier
Entraide et Tradition

Le voyage du Pape françois en IRAK

publié dans regards sur le monde le 15 mars 2021


Antonio Socci revient sur la visite apostolique en Irak (saluée unanimement par le mainstream comme un grand succès personnel du Pape…). Après avoir souligné l’inutile défi qu’a représenté ce déplacement coûteux dans l’un des pays les plus dangereux de la planète (l’article a été écrit samedi 6 mars, au moment où les craintes étaient encore d’actualité mais même si tout s’est bien terminé, l’objection garde sa pertinence), il constate l’attitude désinvolte de François face à la pandémie, en contradiction avec les admonestations qu’il ne cesse d’adresser aux catholiques.

Le périlleux voyage de Bergoglio en Irak, pour tendre la main à l’islam.

Certains font remarquer que l’argent dépensé pour ce déplacement inutile et risqué pouvait être utilisé pour les pauvres

Antonio Socci
Libero, 6 mars 2021
Ma traduction

La chose la plus « irrévérencieuse » sur le voyage en Irak du pontife argentin a été écrite par Dagospia dans un de ses titres notoirement badins, mais souvent efficaces: « Aller chercher les ennuis. Il n’a pas été possible de faire comprendre au Pape François que c’était peut-être le cas de renoncer au voyage en Irak ».

Sous le titre était reproduit l’article de Gian Guido Vecchi , publié par le « Corriere della sera », où étaient soulignés deux faits importants.

Le premier, notoire: tout le monde sait que l’Irak est dans l’absolu l’une des régions les plus dangereuses du globe, car elle est encore instable et les organisations terroristes y font rage (« le 21 janvier, à Bagdad, deux islamistes se sont fait sauter sur le marché et ont tué 32 personnes. Le 15 février – rappelle Vecchi -, trois roquettes ont été tirées sur l’aéroport d’Erbil, dans le nord du Kurdistan irakien, là où le pape atterrira dimanche avec un vol intérieur »).

L’autre fait moins connu mais tout aussi dramatique est que le Covid a également fait irruption en Irak, le nombre de cas augmente fortement et ces jours-ci le pays est sous lockdown. Alors, fallait-il y aller maintenant?

Le Vatican – à la première question – répond que Bergoglio voyagera dans une voiture blindée, mais il n’en reste pas moins que l’événement peut malheureusement attirer les foudres d’Isis et qu’un tel voyage met en danger non seulement la vie du pape qui l’a voulu, mais aussi celle des hommes de sécurité et des personnes qui s’y presseront pendant les visites.

Pour le Covid, il est vrai que Bergoglio a été vacciné, mais les Irakiens qui sont confinés et qui auraient dû rester chez eux seront dans les rues, entassés les uns sur les autres, et se retrouveront plus exposés à la contagion .

Il est étrange que, dans ce cas, Bergoglio sous-estime le risque posé par la pandémie. Tout au long de cette année, il a été parmi les plus alarmistes. Il n’a cessé de relancer les alertes du gouvernement, il a fait suspendre les messes et les sacrements pour le lockdown de l’année dernière, il a annulé tous ses voyages, il a construit des « murs » de surveillance infranchissables pour rendre le Vatican impénétrable.

Il y a deux mois, il a même fait une tirade contre ceux qui ont fui le confinement pour « prendre des vacances ». Pour le Carême en cours, Bergoglio – à cause du Covid – a été jusqu’à supprimer les traditionnels « Exercices spirituels » de la Curie et suspendu les engagements papaux à partir de l’audience générale du 24 février. Pourtant, dans le même temps, il a décidé de se rendre dans un pays qui – en dehors de sa tragique instabilité – est en état de confinement à cause de la pandémie.

Les journaux louent le courage du pape argentin. Mais un sympathisant, Adriano Sofri, dans un article de « Il Foglio« , a parlé de son « voyage aventureux (téméraire?) ». Il a noté que « dans ces circonstances, il est clair que le courage ne réside pas tant dans les risques physiques que court François que dans le risque auquel il expose les autres, ses propres fidèles et ceux qui seront impliqués dans sa visite« .

Sofri ajoute : « Les virologues avertissent aujourd’hui le pape: vous êtes vaccinés, mais les foules qui se rassembleront inévitablement autour de vous ne le sont pas – en Irak, la vaccination n’a même pas commencé ».

Alors pourquoi, après avoir annulé tous ses voyages prévus, a-t-il décidé de se rendre en Irak justement maintenant? Ne pouvait-il pas reporter le voyage à l’année prochaine? Sur la raison d’un choix aussi catégorique, il y a plusieurs hypothèses.

Les laudateurs de l’actuel pontificat affirment que le pape veut aller là-bas pour réconforter les pauvres chrétiens irakiens qui ont subi un terrible martyre et pour défendre leur présence dans les pays musulmans.

Cependant, ces dernières années, les déclarations de Bergoglio en faveur des chrétiens persécutés et tués par l’extrémisme islamique ont généralement semblé tièdes (ses partisans ont expliqué que c’était pour apaiser les esprits et ne pas fomenter d’affrontements). Les tons enflammés, il les a réservés à la question des migrants, et non aux chrétiens persécutés.

Un spécialiste de ce pays a écrit : « Les chrétiens irakiens ont réagi avec une grande tristesse quand, en mai 2016, lors de sa visite sur l’île grecque de Lesbos, le pape a ramené à Rome trois familles de réfugiés musulmans, et pas une seule famille chrétienne ».

Au cours de ce voyage, le pape Bergoglio parlera certainement de la souffrance des persécutés, y compris des chrétiens, et aura des mots de réconfort pour eux. Mais son principal objectif semble être de lancer un pont vers les musulmans chiites qui y sont majoritaires. En particulier, il aimerait tendre la main à l’ayatollah Al Sistani.

Avec le slogan « Fratelli tutti », Bergoglio tente en substance de se rapprocher de l’Islam. Pour obtenir plus de liberté et de respect pour les chrétiens? Ceux qui connaissent ce monde observent que ce sera inutile si le pape ne demande pas franchement la réciprocité. Nous verrons donc les réactions et les effets de la visite dans l’immédiat et dans le futur. Mais si tout se limite aux slogans de l’œcuménisme « politiquement correct » dans les rencontres interreligieuses, rien ne changera.
Au contraire, selon Sofri , qui a fait une analyse précise du voyage, « au moins dans cette partie du monde, le pape François risque d’appartenir plus aux infidèles qu’aux fidèles, et de passer à l’histoire comme celui qui, à la tête de l’Église, a fini par ratifier un œcuménisme agnostique suspect ».

Sur le blog du vaticaniste Marco Tosatti, on peut lire dans les commentaires des accents polémiques de catholiques critiques : « Conformément à la pensée de Bergoglio, nous avançons une réflexion: ce voyage coûtera une ‘fortune’, n’aurait-elle pas pu être donnée aux pauvres sans-abri de la colonnade de Saint-Pierre? » .

En fin de compte, la question demeure: pourquoi maintenant ? N’aurait-il pas été préférable de reporter comme l’avait espéré, en raison du covid, un patriarche syriaque catholique? Qu’est-ce qui incite Bergoglio à faire ce voyage à un moment pareil?

Revue-Item.com

 

 

partager cette page

bookmark bookmark bookmark bookmark bookmark bookmark bookmark bookmark