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La dimension théocentrique de la liturgie.

La dimension théocentrique de la liturgie.

publié dans regards sur le monde le 29 avril 2010


La dimension théocentrique de la liturgie.
La célébration eucharistique « ad orientem »
La pensée de Benoît XVI

La liturgie fut un des grands sujets de réflexion du Cardinal Ratzinger. Avant même de monter sur le trône de Pierre, il écrivit de nombreux livres sur la liturgie. Il faut surtout ici mentionner son livre sur « l’esprit liturgique ».
Une fois élu comme vicaire du Christ, la liturgie reste toujours sa grande préoccupation. Il le disait à quelques évêques brésiliens en visite Ad limina, le 15 avril 2010 : la liturgie est au cœur « du ministère pétrinien » comme il est au cœur « de la mission évangélisatrice de l’Eglise ».

C’est clairement dit.

Or cette liturgie est en pleine crise, en pleine « dévastation » (Préface du livre de Mgr Gamber : la liturgie en question. p.6)

A cette Eglise, dont il a la charge suprême, il veut lui redonner son trésor liturgique dans sa pureté en rappelant essentiellement la finalité cultuelle de la liturgie. Or la finalité de la liturgie c’est le culte de la majesté de Dieu. Voilà ce qui doit animer la liturgie. C’est ce qu’affirme le n° 33 de Sacrosanctum concilium : « La liturgie est principalement le culte de la majesté de Dieu ».

Une liturgie « égocentrique »

Or nous avons une célébration liturgique aujourd’hui qui oublie souvent cette finalité. Elle est devenue bien trop « horizontale », bien trop « égocentrique » – parce que tournée essentiellement sur elle-même, sur la communauté. C’est cet aspect « égocentrique » qui met en péril la dimension cultuelle de la liturgie. C’est ce que le pape dit dans son livre « L’esprit liturgique » à la page p.20. C’est ce qu’il répète à ces mêmes évêques brésiliens: la liturgie aujourd’hui « s’occupe de beaucoup de choses au lieu d’être tournée vers le seul Seigneur », vers le seul Dieu. S’il en est ainsi, elle cesse d’être « chrétienne » disait-il. « Au nom de l’inculturation, on s’éloigne souvent de cette priorité » : Dieu. Aussi condamne-t-il clairement cet « horizontalisme », o combien réelle aujourd’hui. La liturgie n’est pas un « simple événement convivial et fraternel » mais, parce qu’elle a essentiellement Dieu pour objet, elle doit lui rendre honneur, elle doit le révérer en raison de son suprême « dominium » sur toutes choses ou comme le dit saint Thomas, en raison qu’Il est le premier principe de la création et du gouvernement des choses » (II II 81 3). Dans le culte liturgique, l’être humain doit lui manifester révérence et soumission, honneur. D’où l’importance des gestes liturgiques ! Ils doivent être nourris de excellence divine qui est unique et singulière. Oui ! la liturgie a essentiellement pour objet l’adoration de Dieu. Voilà l’axiome fondamental en matière liturgique.

 

Il l’expliquait dans les premières pages de son livre « L’esprit de la liturgie ». Là, il part du récit de l’Exode et du « bras de fer » entre Moïse et le Pharaon pour laisser partir le peuple hébreux dans le désert adorer son Seigneur et Maître. Il écrit : « l’objectif de l’Exode semble être l’adoration dans la forme liturgique fixée par Dieu. Ainsi Israël se met en route, non pour devenir un peuple comme les autres, mais pour servir et adorer Dieu de la façon voulue par Lui » (p 16).Le but de l’Exode c’est « la liberté de pouvoir adorer Dieu comme il l’exige … (p. 18). Aussi n’a-t-il pas de termes assez sévères pour condamner le peuple de s’être adonné au culte trop humain, le « culte du veau d’or ». Il écrit : « Un tel culte ne sert donc plus à élever l’homme vers Dieu mais à abaisser Celui-ci au niveau de l’humain, à rendre Dieu accessible n’importe où, n’importe quand ». C’est une simple « apparence » d’adoration. Dieu, en réalité, le peuple « le manipule et se place au dessus de lui ». C’est pourquoi « c’est un culte auto-généré, engendré par un sentiment de toute puissance ». C’est une « autocélébration qui donne à la communauté sa garantie d’exister ». « Très éloigné de l’adoration de Dieu, cette danse autour du veau d’or est une ronde fermée sur elle-même, le symbole d’un culte qui se cherche et se termine en un acte banale d’autosatisfaction ».

Et là, il vise manifestement la liturgie moderne…En ce sens que ce récit du veau d’or constitue sans nul doute un avertissement pour nos jours infortunés. Il doit nous « dissuader de toute forme de culte arbitraire et égocentrique, où il ne s’agit plus de s’approcher de Dieu mais de se fabriquer de toute pièces un monde alternatif. A ce stade, la liturgie n’est plus qu’un jeu vide de contenu. Pire encore, c’est une apostasie sous le manteau du sacré. Que peut-il en résulter, si ce n’est un sentiment de frustration, une sensation de vide – très éloignés de l’expérience libératrice qui toujours se produit lors de la véritable rencontre avec le Dieu vivant ». (p. 20)

N’oublions donc jamais que « la liturgie est avant tout un service sacré accompli devant Dieu » (Mgr Gamber La reforme liturgique en question p. 17). Ainsi donc le culte de Dieu est l’élément essentiel de la liturgie. Voici sa finalité théocentrique.

la célébration liturgique « ad orientem »

Et voilà la raison essentielle de la nouvelle orientation des églises chrétienne, de l’orientation de la prière : vers l’est, vers l’orient. Comme le dit le pape dans son livre «L’esprit de la liturgie » : « on ne tourne plus le regard vers Jérusalem, son rideau est déchiré à jamais. Le regard se tourne maintenant vers l’Orient, vers le soleil levant ». (p 57) le soleil étant assimilé au Christ. « L’orient prend symboliquement le relais du Temple de Jérusalem et le Christ, représenté par le Soleil devient le lieu du trône du Dieu vivant » (p 58). L’orientation des églises vers l’est ainsi que la prière manifeste symboliquement l’aspect théocentrique de la liturgie.

 

Il est urgent, si l’on comprend bien l’esprit de Benoît XVI, de retrouver le symbolisme de l’Orient ; il écrit dans « l’Esprit de la liturgie » : « l’orientation versus populum est l’effet le plus visible d’une transformation qui…implique une conception nouvelle de l’essence de la liturgie : la célébration d’un repas en commun. »(p. 65). Le prêtre est devenu ainsi « le véritable point de référence de la célébration eucharistique. Tout se rapporte à lui. Il faut le regarder, suivre ces gestes, lui répondre ; c’est sa personnalité qui porte toute l’action. » (p 67) et c’est pourquoi Dieu est de plus en plus absent de la liturgie. L’important, dit le pape c’est d’être ensemble. La finalité cultuelle de la liturgie disparaît.
« Ainsi la position du prêtre tourné vers le peuple fait de l’assemblée priante une communauté refermée sur elle-même. Celle-ci n’est plus ouverte…vers le ciel », vers le Seigneur. C’est pourquoi l’orientation commune vers l’est du prêtre et du peuple demeure essentielle. Il ne s’agit pas, dit le pape d’un élément accidentel de la liturgie. L’important n’est pas de regarder le prêtre, mais de tourner son regard commun vers le Seigneur car il n’est plus question ici – i.e. lors de la consécration – de dialogue mais d’une commune adoration, de notre marche vers celui qui vient. Un cercle fermé n’est donc pas une forme capable de traduire l’élan commun dans une même direction de prière » (p 69)

Voilà bien expliqué le nécessaire retour vers la célébration « ad orientem ». Il est capital si l’on veut retrouver le sens de l’adoration dans la liturgie et donc sa finalité transcendantale.
C’est pourquoi nous nous réjouissons lorsque nous apprenons que le Père Long, le curé de Bonnières( Yvelines) va célébrer ainsi, avec son peuple, la messe, tous, lui et son peuple tournés vers le Seigneur. Deo Gratias.

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