La Revue Item - « La Tradition sans peur »
Suivez les activités de l'Abbé Aulagnier
Entraide et Tradition
Quelle identité nationale ?

Quelle identité nationale ?

publié dans nouvelles de chrétienté le 7 juin 2010


Je  suis heureux de publier l’entretien que Jean-Pierre Maugendre de « Renaissance Catholique » a donné à Présent, le samedi 5 juin 2010, sur leur prochaine « Université d’été », la XIXe. Je partage tout à fait son idéal et son analyse sur « l’identité française ». Je suis heureux de pouvoir le faire suite aux considérations que j’ai pu avoir lors de l’entretien avec « Génération fa8 » publié le lunidi 7 juin 2010. (Voir la rubrique « Regard sur le monde du 7 juin 2010)

Quelle identité nationale ?
Entretien avec Jean-Pierre Maugendre, président de Renaissance catholique

 

— La XIXe Université d’été de Renaissance catholique, qui aura lieu du dimanche 11 au mercredi 14 juillet dans les salons de La Raynière, à proximité de Tours, traitera d’un sujet qui a déjà fait couler beaucoup d’encre : l’identité nationale. Que pensez-vous apporter de plus ?

— Le débat voulu par Nicolas Sarkozy sur l’identité nationale est l’occasion de s’interroger sur l’identité de la France et les menaces qui pèsent sur elle : c’est dans les racines de son histoire que s’écrit l’avenir d’un peuple et d’une nation ! A cet égard, l’avenir de la France, du moins de celle qui veut rester fidèle à sa vocation de fille aînée de l’Eglise, semble particulièrement menacé. Notre pays paraît écrasé, brisé, broyé entre l’enclume d’un matérialisme consumériste et laïciste omniprésent et le marteau d’un islam radical « sûr de lui-même et dominateur » en pleine expansion démographique. Renouer avec nos racines, ce n’est pas nous tourner vers un passé révolu mais revenir à la source de nos espoirs et de notre espérance. Providentiellement, cette XIXe Université d’été aura lieu en Touraine, région privilégiée et particulièrement représentative de l’identité française, du génie français, du miracle français ! Le sujet de l’identité française est loin d’être épuisé et son importance pour l’avenir nous semble justifier d’y consacrer quatre journées de réflexion dont voici le fil directeur :

Le bêtisier d’Eric Besson, Jean Vallier ; Saint Martin et l’évangélisation de la Gaule, Anne Bernet.

Qu’est-ce que la France ?

Le peuplement de la France : la leçon de Dupâquier, Henry de Lesquen ; Histoire de l’unité française : la leçon de Bainville, Christophe Dickès ; Universalité et diversité : la leçon de Braudel, Philippe Conrad ; Naissance du sentiment national, Hilaire de Crémiers.

L’identité nationale menacée

De l’immigration à l’invasion ? Jean-Yves Le Gallou ; Le démantèlement de la souveraineté française, Bruno Gollnisch.

Identité française

La fille aînée de l’Eglise : le catholicisme dans l’identité française, Arnaud Jayr ; La Révolution et les Droits de l’homme font-ils partie de l’identité française ? Claude Rousseau ; Les mythes fondateurs de l’identité française, Maxence Hecquard.

Cet ensemble un peu didactique sera complété par une superbe conférence-projection de Marie-Françoise Ousset qui se mettra, avec nous, A la recherche de l’âme de la France à travers ses œuvres d’art.

Comme nous nous efforçons de le faire chaque année, nous accueillerons de nouveaux conférenciers : Anne Bernet, auteur de nombreuses biographies et ouvrages historiques, Jean Vallier, qui avait publié en 2006 un remarqué Inventaires sanglants en Flandre et Christophe Dickès, observateur attentif des relations internationales dans L’Homme nouveau et auteur d’une thèse également remarquée sur Jacques Bainville.

Au-delà des conférences, un des éléments d’originalité de notre Université est que les conférenciers, après la séance de questions-réponses qui suit leur conférence, peuvent poursuivre les échanges avec le public durant les temps libres et les repas. Autre originalité, nous ne sommes les tenants ni d’une chapelle ni d’un parti : « Tout ce qui est catholique est nôtre », écrivait Louis Veuillot. Cet esprit est le nôtre, étendu aux nationaux qui reconnaissent ce que la France doit à l’Eglise. Nous pouvons regretter que cet instrument, qu’est cette Université, ne soit pas plus utilisé par les mouvements, associations, partis… qui n’ont ni les moyens ni le temps de mettre en place un tel cursus de formation. Mais en voient-ils la nécessité ?

— Tout cela n’est-il pas un peu cérébral ?

— Contrairement aux affirmations d’un défunt guide, la France n’est pas une idée. Elle est une réalité multiséculaire constituée d’une terre et d’un peuple, fruit d’une histoire et exigeant, pour perdurer, l’adhésion de ses élites aux valeurs qui l’ont bâtie. Dans cette optique, nous nous rendrons en pèlerinage sur la tombe de saint Martin et nous proposerons à nos universitaires la visite guidée de la cathédrale et de la basilique de Tours, sans oublier le château de Langeais : je préviens les futurs participants qu’il faudra faire des choix… Une jeune et talentueuse pianiste coréenne découverte en 2009, Mi-Young Lee, nous offrira un concert avec au programme des œuvres de Chopin, Beethoven et Liszt, tant il est vrai que notre nationalisme est aussi un universalisme ouvert à tout ce que les peuples et les civilisations peuvent produire de meilleur.

Nous serons heureux également d’accueillir cette année des prêtres en plus grand nombre que les années précédentes. Contre les tenants de la laïcité de combat ou même simplement « positive » ou « ouverte » nous savons, depuis Jeanne, que la fidélité de la France aux promesses de son baptême passe par la consécration « de l’alliance de notre épée avec la croix ».

Pour les plus jeunes, des activités spécifiques leur sont dédiées. Ils sont particulièrement friands du décryptage d’une émission de télévision dont Michel De Jaeghere nous gratifie régulièrement : sur le sujet, il n’y a malheureusement que l’embarras du choix pour identifier manipulations, approximations, amalgames, implications, récupérations et autres minimisations ou grossissements, toutes les figures de base de la dialectique et de la désinformation face auxquelles les jeunes, et les moins jeunes, se montrent singulièrement démunis.

— N’avez-vous pas parfois l’impression de prêcher dans le vide ?

— L’Ecriture nous a prévenus : « Autre celui qui sème, autre celui qui moissonne. » Depuis maintenant dix-huit ans, nous avons publié, comme recueil de nos travaux, 14 ouvrages représentant 5 000 pages, diffusées au total à près de 20 000 exemplaires. 219 contributions de 97 auteurs différents ont touché plus de 5 000 participants. Depuis six ans, les conférences de nos universités sont intégralement disponibles sur CD-MP3.

C’est peu face aux enjeux, mais ce n’est pas rien. Ils se trompent cruellement ceux qui croient que, contre le totalitarisme de la pensée unique, le petit catéchisme, que d’ailleurs ils ne connaissent généralement pas, suffit. Ils s’illusionnent ceux qui croient que leurs adolescents résisteront au rouleau compresseur de la désinformation véhiculée par l’école, l’université, les journaux, le cinéma, la télévision,… en se contentant du sermon dominical, d’un peu de zapping sur la toile et des discussions familiales. Encore faut-il d’ailleurs, à l’occasion de ces discussions familiales, que les parents aient les idées claires pour répondre aux questions de leurs enfants. La formation doctrinale et intellectuelle n’est pas un luxe réservé à quelques intellectuels ou réputés tels : elle est, aujourd’hui plus que jamais, la condition de la fidélité. Il nous faut, dès aujourd’hui, par fidélité au Christ et à son Eglise mais aussi aux saints qui ont bâti la France, accepter d’être différents, parfois raillés, marginalisés, cloués, pour l’heure seulement psychologiquement, au pilori, comme le montage de l’émission de France 2, Les infiltrés, vient de le démontrer. Demain sera sans doute pire. Les attaques ignobles dont Benoît XVI est la cible démontrent que « le prince de ce monde » a compris que ce pape-là ne se rendrait pas et que son sourire était « la fleur de l’obstination », qui est aussi un synonyme de la fidélité. Contre l’islam, les princes qui nous gouvernent ne jurent que par la laïcité qu’ils vont s’efforcer de durcir, restreignant encore le champ de liberté de l’Eglise et coupant encore plus la France de ses racines.

Le combat intellectuel et culturel n’est perdu que par ceux qui refusent de le mener. Qui aurait cru que, dans l’Université laïque du début du XXe siècle, se produirait cette formidable vague de conversions : Jacques Maritain et sa fiancée Raïssa, qui avaient décidé de se suicider s’ils ne pouvaient trouver un sens à leur vie, Charles Péguy, directeur des Cahiers de la quinzaine, Henri Charlier dont le père était franc-maçon et dont l’épouse Claude Franchet se convertit à l’annonce de la mort de Péguy au champ d’honneur, Ernest Psichari, le propre petit-fils de Renan, Henri Massis qui rejoindra Psichari dans le tiers-ordre dominicain, André Charlier, jeune frère d’Henri, futur directeur de l’école de Maslacq, Henri Ghéon subjugué par la fascinante personnalité du lieutenant de vaisseau Dupouey… Toute cette génération a commencé par aimer la France, par être dévorée par la passion de la France, le souci de sa grandeur, la volonté d’en être digne avant de rejoindre l’Eglise. Elle a également bénéficié du soutien spirituel et de la direction exigeante de deux religieux dominicains d’exception : les Pères Janvier et Clérissac. Cela n’a été possible que parce qu’un certain nombre de clercs et de laïcs n’avaient pas renoncé à dénoncer les erreurs du temps et à prêcher « à temps et à contretemps » les vérités qui ne passent pas. A notre modeste échelle, nous essayons d’être de cette école-là, conscients de nos insuffisances mais aussi de l’impossibilité de rester muets face à tant de désastres et de mensonges. Nous souhaitons, à notre place, faire justice à la France et à l’Eglise, armer les cœurs et former les intelligences.

Enfin, surprise sur le gâteau, nous devrions à l’occasion de cette Université publier un nouveau livre de Rémi Fontaine Ni laïques, ni musulmans, dont le titre n’a pas besoin d’explications pour les lecteurs de Présent.

— Concrètement ?

— Notre Université commence le dimanche 11 juillet par la messe dominicale selon la forme dite extraordinaire du rite romain, qui sera célébrée à 11 heures en l’église de Saint-Antoine-du-Rocher, à 10 km au nord de Tours. Nous installerons ensuite nos pénates à proximité immédiate, dans les Salons de La Raynière, magnifique grange dîmière jadis dépendance de l’abbaye de Gâtines.

Ces quatre journées de formation, de détente, de culture et d’amitié chrétienne sont particulièrement destinées aux familles : c’est pourquoi nous proposons des logements économiques pour les jeunes étudiants ou lycéens et qu’il existe une garderie pour les enfants. Le montant de l’inscription en tant que telle, prenant en compte les 7 repas, démarre à 155 euros pour un adulte et 100 euros pour un lycéen ou étudiant, auquel il faut adjoindre l’hébergement, dont nous pouvons nous occuper pour nos adhérents ou ceux qui souhaitent adhérer à notre association.

Ceux qui le souhaitent, peuvent alimenter le fonds d’entraide pour les étudiants et les familles (reçu fiscal).

Tous les détails sont disponibles sur notre site www.renaissancecatholique.org ou en écrivant à Renaissance catholique, 89, rue Pierre-Brossolette, 92130 Issy-les-Moulineaux.

Propos recueillis par François Franc

Article extrait du n° 7108
du Samedi 5 juin 2010

 

Revue-Item.com

 

 

partager cette page

bookmark bookmark bookmark bookmark bookmark bookmark bookmark bookmark