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Le charnier des Vendéens au Mans

Le charnier des Vendéens au Mans

publié dans nouvelles de chrétienté le 9 juillet 2010


Le charnier des Vendéens au Mans : une découverte archéologique majeure

Une équipe d’archéologues poursuit les fouilles du charnier de Vendéens découvert au Mans. Près de 150 victimes de la Virée de Galerne ont déjà été découvertes.

Quelques mots sur le fait historique:

Débutée le 18 octobre 1793, au lendemain de la défaite de Cholet, la « Virée de Galerne » a connu l’un de ses moments les plus tragiques lors de la bataille du Mans.
Le 10 décembre 1793, l’armée catholique et royale s’empare du Mans. Les troupes républicaines reprennent la ville les 12 et 13 décembre. 20 000 à 30 000 soldats républicains affrontent 30 000 à 60 000 Vendéens dont 10 000 à 20 000 combattants. Le gros de l’armée vendéenne fuit la ville à marche forcée.
À la suite des combats, c’est la répression des républicains envers les prisonniers et les fuyards, malades, blessés, vieillards, femmes et enfants réfugiés au Mans dans l’espoir de trouver de la nourriture et de pouvoir se soigner.
2 000 à 5 000 Vendéens vont perdre la vie dans ce qui fut un véritable massacre.

Episode majeur des guerres de Vendée, la « Virée de Galerne », était jusqu’à l’année dernière un fait inconnu du point de vue de l’archéologie, aucun charnier lié à cet événement n’ayant fait l’objet d’une étude archéo-anthropologique.

La découverte, il y a plus d’un an, d’un vaste charnier sous l’ancien théâtre municipal du Mans a permis non seulement de confirmer les témoignages des contemporains de cette bataille de décembre 1793, mais d’offrir également aux historiens comme aux scientifiques le point de départ d’une formidable étude. Etude de la tragédie, de ses victimes et plus largement, grâce aux restes retrouvés de cette population homogène et nombreuse, de l’état sanitaire des habitants de l’ouest à la fin du XVIIIème siècle.

« Aujourd’hui, une partie des fosses contenant ces victimes est pour la première fois fouillée dans des conditions optimales par une équipe d’anthropologues et d’archéologues » explique l’un des responsables de l’Inrap, « cela va nous permettre d’établir une vraie archéologie de la catastrophe et une anthropologie des combats et de la population ».

Depuis plusieurs mois, une équipe de l’Inrap (Institut National de Recherches Archéologiques Préventives) fouille donc inlassablement l’emplacement du futur espace culturel des Jacobins au cœur du Mans où ont été découverts les premiers restes en mars 2009.
Une vingtaine de corps avaient alors été exhumés. Depuis, les restes de près de 150 corps victimes des combats meurtriers de l’hiver 1793 ont déjà été authentifiés dans la moitié des neufs charniers mis à jour.

D’après les premières conclusions présentées récemment, certains individus possèdent encore boutons de chemises et de culottes, boucle de bottes ou de guêtres, canif, chapelet… Les sujets inhumés sont aussi bien des adultes (hommes et femmes), que quelques adolescents d’une douzaine d’années. Il y a trois semaines, la fouille d’un des charniers a même mis au jour le squelette d’un enfant de 3 à 4 ans, « le premier découvert » selon Élodie Cabot, anthropologue à l’Inrap. Après son nettoyage sur place, le squelette sera conduit, comme les autres, pour être étudié à la base archéologique au Nord du Mans.

L’Inrap note par ailleurs que « la majorité des fosses a été condamnée par une épaisse couche de chaux vive. La disposition anarchique des corps (entremêlés et empilés les uns sur les autres) évoque un charnier creusé dans l’urgence, sans réel geste funéraire. »

De nombreux corps portent les stigmates osseux de combats violents à l’arme blanche : fractures, incisions nettes, mandibule tranchée, omoplate percée…
«Certaines blessures témoignent d’une grande violence et d’un acharnement manifeste», relevait il y a quelques heures Élodie Cabot dans Le Figaro.
Plusieurs personnes ont été exécutées par balles. Les impacts d’armes à feu sur l’os, certes minoritaires mais bien présents, sont confirmés par la découverte de balles et de clous révélateurs de tirs à mitraille.
« On ne peut s’empêcher de faire les liens avec les textes de l’époque », soulignait il y a quelques mois Alain Gérard, directeur du Centre Vendéen de Recherches Historiques.
Ainsi, le témoignage du révolutionnaire Benaben qui accompagne les premières colonnes : “Les soldats, écrit-il, s’étaient répandus dans les maisons et, en ayant retiré les femmes et filles des brigands qui n’avaient pas eu le temps d’en sortir et de prendre la fuite, ils les emmenaient dans les places ou dans les rues, où elles étaient entassées et égorgées sur le champ – à coups de fusil, à coups de baïonnette ou à coups de sabre. On les déshabillait ensuite toutes nues et on les étendait sur le dos dans une posture indécente : on appelait cela, mettre en « batterie ».”

Selon l’un des responsables de l’Inrap, ce sont plus de 200 corps qui pourraient se trouver rassemblés dans les charniers. Tous seront scrupuleusement analysés et étudiés dans les mois qui viennent, à l’issue de la période de fouilles prévue pour s’achever en septembre.

Anthropologie des combats, d’une population…
Mais évènement que constitue la découverte de ces corps va aussi permettre d’établir une anthropologie des combats. Grâce à l’étude des lésions, de leur taille, de leur localisation, les armes pourront être identifiées, la chronologie des gestes établies et le combat éclairci.
Enfin, cette découverte archéologique majeure permettra, grâce à l’étude ostéologique des individus et de leur ADN, de dresser un bilan complet d’une population de la fin du XVIIIe.
« La soudaineté des décès et la contemporanéité des défunts offrant une possibilité rare de caractériser une population par son étude démographique et sanitaire » explique ainsi l’Inrap. « Les recherches entreprises au Mans sont une occasion exceptionnelle d’appréhender le comportement d’une société face à une crise (en l’occurrence des milliers de morts jonchant les rues de la ville), de percevoir la nature des combats à travers la traumatologie, et de mettre en évidence le recrutement démographique des engagés dans ce conflit révolutionnaire. »

Résultats attendus en 2012.

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