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Entraide et Tradition
De la Transfiguration. Du baptême

De la Transfiguration. Du baptême

publié dans couvent saint-paul le 10 août 2010


Prédication pour le 11ème dimanche après la Pentecôte

De la Transfiguration.

Cette semaine de repos, passée dans la verdure, dans une famille de la paroisse, particulièrement attentive à me rendre ce séjour agréable – je l’en remercie vivement – m’a permis de lire, enfin, le livre de Benoît XVI : « Jésus de Nazareth ». C’est un très beau livre que je vous recommande vivement et que je mettrai bientôt dans la bibliothèque paroissiale.

J’ai été heureux de pouvoir enfin lire ce livre, vous dis-je, d’autant que Mgr Hippolyte Simon, archevêque de Clermont, manifeste des intentions de me renvoyer de son diocèse parce que je me serais permis de critiquer Benoît XVI. Ce qui est inadmissible. « Qui suis-je pour me permettre cela » me dit-il ? Il semble remuer ciel et terre pour arriver à ses fins. Je ne veux pas quitter ce diocèse pour la raison invoquée. Elle est mauvaise. Elle est une erreur, peut-être un mensonge. Qui sait !

Je me suis permis, il est vrai, d’exprimer mon étonnement de voir Benoît XVI visiter la Synagogue de Rome…Je n’en connais pas les raisons, elles sont peut-être politiques, mais, je sais – et c’est ce que j’ai voulu faire remarquer qu’il allait dans un lieu où il lui était, aujourd’hui, difficile de prononcer le nom de Jésus, Fils de Dieu. C’est pourtant sa mission essentielle. Il ne prononça, de fait, que deux fois le nom du « Christ », une fois, d’une manière insignifiante, une autre, en l’identifiant à Moïse, le grand législateur. Comparez le discours de Saint Pierre, de Saint Paul, de saint Etienne et vous verrez la différence…C’est tout ce que j’ai dit et je ne vois pas bien qui pourrait me le reprocher raisonnablement…Le vicaire générale de Versailles, qui me convoqua sur ce même sujet, me faisant les gros yeux, reconnut que j’avais au moins cité l’Ecriture Sainte…

Mais je proteste et affirme que, mieux que beaucoup, j’ai su m’inspirer de la pensée de Benoît XVI, que je l’ai étudiée en lisant attentivement ses conférences, ses livres, soit lorsqu’il était encore « préfet de la Congrégation de la foi », soit depuis qu’il est sur le siège de Pierre. J’ai suivi ses arguments sur la liturgie qu’il développe, année après année, surtout depuis juillet 1988, en son discours à l’épiscopat chilien, juste après la condamnation de Mgr Lefebvre pour avoir conféré les sacres sans autorisation romaine. J’ai su apprécier les efforts qu’il développa et qu’il développe encore pour restaurer la liturgie dans l’Eglise…C’est bien souvent un champ de ruine, tellement dommageable pour le peuple de Dieu. J’ai goûté, comme il se doit, ses réflexions liturgiques dans son livre « L’Esprit liturgique ». Ce livre n’est rien moins qu’un chef d’œuvre, un exposée théologique qui cherche l’intelligence des différents actes, lieux, objets… liturgiques. J’ai mis, tout récemment encore…sur mon site « Item », les réflexions du pape sur la « génuflexion », l’ « inclination », actes essentiels de la liturgie. Bien des liturgies de la Semaine Sainte, et même des Messes chrismales, pourraient heureusement s’en inspirer…Elles seraient plus recueillies et plus belles…Ce livre « l’esprit liturgique » est à donner aux séminaristes pour les former à une juste pratique liturgique. Ce fut certainement un très grand héritage, pour ne pas dire l’héritage de Mgr Lefebvre à ses prêtres : l’amour, le respect de la liturgie. C’est ce qui attire à la prêtrise, dans le « camp tradi ». Mais peu d’évêques le croient. Il faut pourtant y revenir. Le pape s’y emploie. Je veux l’y aider en faisant connaître sa théologie. L’intelligence précède toujours la volonté. Et si le travail ne se fait pas au séminaire, il ne se fera jamais…Oui, je suis heureux de connaître la pensée de Benoît XVI et de m’en inspirer en bien des domaines.

Et c’est pourquoi, en en ayant l’occasion, je me suis appliqué à lire son livre « Jésus de Nazareth » déjà publié en 2007. C’était grand temps. Là, quel bonheur de constater qu’il réfute vaillamment les thèses modernistes qui nous présentent Jésus comme prenant peu à peu conscience de sa « divinité ». Il ne laisse aucune place à cette idée hérétique. Pour lui, « Jésus est Dieu, le Fils de Dieu ». C’est tout l’Evangile. « L’enseignement de Jésus, écrit-il, ne vient pas d’un apprentissage humain, quelle qu’en soit la nature. Il provient d’un contact direct avec le Père, du dialogue « face à face », de la vision de Celui qui est dans le sein du Père » (Jn 1 18). « C’est la parole du Fils » (p. 27) Un peu plus loin, dans son commentaire du baptême de Jésus au Jourdain, il écrit : « Un large courant de la recherche libérale interprète le baptême de Jésus comme une expérience de vocation. Lui qui avait mené jusque-là une vie tout à fait ordinaire dans la province de Galilée aurait fait alors une expérience bouleversante. C’est là que lui serait venue la conscience d’une relation particulière avec Dieu et de sa mission religieuse, conscience mûrie sur la base de l’attente prédominant en Israël et reformulé par Jean, grâce au bouleversement personnel causé en lui par l’événement du baptême. On ne trouve rien de tout cela dans les textes. Quelle que soit l’érudition dont on habille cette conception, elle relève plus du genre romanesque sur Jésus, que d’une réelle exégèse des textes. » (p 44)

Fort de l’admiration que j’éprouve devant de telles phrases, je n’accepte pas d’être renvoyé du diocèse de Clermont pour cette raison : « je critiquerais » le pape.

A vous dire les choses telles que je les pense, Mgr Hippolyte Simon, indépendamment du fait que nous sommes d’horizon intellectuel bien différent, ne m’apprécie pas. Il a certainement ses raisons…Et cela remonte à loin. Il me reproche, aujourd’hui surtout, d’avoir fait connaître sur mon site, en mai 2006, la petite note qu’il avait écrite sur mon « celebret » de sa main : « ad privatim ». Je ne pouvais célébrer la messe tridentine qu’en privé. J’avais immédiatement réagi en deux articles, l’un exposant le fait, l’autre, publiant une « lettre ouverte ». De ce « privatim » j’en montrais l’injustice. Je parlais des droits de la messe « tridentine », comme « coutume immémoriale ». Je me fondais sur la Bulle « Quo primum tempore ». Je me fondais sur les nombreuses réflexions exprimées par le Cardinal Ratzinger, le cardinal Stickler. Nous étions en mai 2006. Et malheur ! Arriva le Motu Proprio du pape benoît XVI « Summorum Pontificum », le 7 juillet 2007. Ce Motu Proprio prenait à défaut « le privatim » de Mgr Hippolyte Simon. Tout prêtre, en règle canoniquement, peut célébrer publiquement cette messe. C’était mon cas. Il me demanda de retirer cette « lettre ouverte » de mon site. Pour me le commander, il me convia à Paris….Je refusais. (1:lire les deux articles sur ce sujet sur mon site dans la rubrique « regard sur le monde » de ce jour et sur « Les nouvelles de Chrétienté » de ce jour). Depuis il me supporte mal dans son diocèse. Il fit une démarche auprès de la Commission « Ecclesia Dei »…d’abord auprès de Mgr Perl, puis aujourd’hui, de Mgr Pozzo. J’ai reçu lettre sur lettre de Mgr Perl, de Mgr Pozzo. J’ai répondu que je désirais rester membre du diocèse de Clermont. Il vient de rencontrer le nouveau Nonce à Paris et semble avoir trouvé un soutien…de diplomate. De tout cela, il fait une lettre à M l’abbé Philippe Laguérie, avec copie à la Nonciature, à Mgr Eric Aumonier, à Mgr Pozzo. Il lui demande de « faire coïncider le droit et le fait ». Mais il faut savoir qu’il refusa de me donner, alors que Rome le lui demandait, le moindre ministère en 2004, dans son diocèse même pas une aumônerie d’hôpital. J’étais libre comme l’air des champs. De son fait !La Providence m’a permis de proposer mes services à l’Institut du Bon Pasteur et d’être retenu. Tout cela est parfaitement canonique.
Je m’appète donc à répondre à Mgr Hippolyte Simon que c’est à lui de « faire coïncider le droit et le fait » car je ne désire pas quitter le diocèse de Clermont, surtout pour la raison invoquée : je critiquerais Benoît XVI.

C’est pourquoi, vous dis-je, j’étais heureux durant ces quelques jours de repos, de lire ce nouveau livre du Pape : « Jésus de Nazareth ».

Là, j’ai trouvé de très belles réflexions surbien des passage s de nos évangiles et plus particulièrement sur le miracle de la Transfiguration que nous fêtions vendredi dernier. Je désire vous les faire goûter. On ne pourra plus dire que je critique…

La Transfiguration est le deuxième objet de son 9ème chapitre.
Il nous fait remarquer que cette « transfiguration » eut lieu sur la « montagne ». Il nous en donne tout le symbolisme et nous dit que bien des actes importants du Christ eurent lieu sur « une montagne », le sermon sur la montagne, sa Passion, hors de Jérusalem, sur la montagne du Golgotha…Il attire notre attention sur la « lumière » qui auréole Jésus et ses vêtements. Par ces « vêtements blancs », la Transfiguration nous parle de notre avenir (p 338). C’est le vêtement des anges, des élus. Ainsi l’Apocalypse de saint Jean parle des vêtements blancs que porteront ceux qui sont sauvés…Mais nous est aussi communiqué quelque chose de nouveau : les vêtements des élus sont blancs parce qu’ils les ont lavés et blanchis dans le sang de l’Agneau…(Ap. 7 14) ce qui signifie, continue le Pape, que, par le Baptême, ils sont liés à la Passion de Jésus et que sa Passion est la purification qui nous rend le vêtement d’origine que nous avons perdu par le péché. Par le Baptême, nous avons été revêtus de lumière avec Jésus et nous sommes devenus nous-mêmes lumière. (p 338). Et c’est pourquoi, poursuit le pape, apparaissent Moïse et Elie « qui parlent avec Jésus » et saint Luc nous donne l’objet de leur conversation : « Ils parlaient de son départ qui allait se réaliser à Jérusalem » (Lc 9 31). Ce qui indique clairement que tout l’Ancien Testament, représenté ici par Moïse, la Loi et par Elie, les prophètes, que tout l’Ancien Testament est orienté, était orienté « par l’espérance eschatologique », par « l’espérance de la gloire », par « l’exode », dit le Pape, qui libère définitivement et que le contenu de cette espérance est, finalement, le Fils de l’homme, souffrant, le serviteur de Dieu dont la souffrance permet d’ouvrir la porte sur la liberté et la nouveauté (p 339)
Liberté ? Nouveauté ? Qu’est-ce à dire ? « Le dialogue, avec la Transfiguration, fait apparaître que cette Passion apporte le salut, qu’elle est envahie par la gloire que la passion devient lumière, liberté et joie » (p339) C’est très beau ! Et je critiquerais ?

A cette lumière, on comprend que le pape puisse nous renvoyer à son commentaire sur le baptême de Jésus par saint Jean Baptiste dans le Jourdain, lieu, également d’une transfiguration. On venait à Jean pour recevoir son baptême, un baptême de pénitence et de purification. Mais Jésus est l’innocence même. Comment peut-il se soumettre à ce rite ? « Laisse moi faire ; c’est de cette façon que nous devons accomplir parfaitement ce qui est juste » (Mt 3 15)

Et Jésus reçoit le baptême. Et le pape de commenter merveilleusement : Jésus prend sur ses épaules, lui l’immaculé, le fardeau de la faute de l’humanité entière et l’a portée en descendant dans le Jourdain. Il inaugure sa vie publique en prenant la place des pécheurs. Il l’inaugure en anticipant la Croix. C’est uniquement avec la croix que se révèle toute la signification du baptême de Jésus, son consentement à prendre sur lui tout ce qui est « juste ». Le baptême est l’acceptation de la mort pour les péchés de l’humanité, et la voix qui se manifeste au Baptême : « Celui-ci est mon Fils bien aimé… » « est une anticipation de la Résurrection ». « C’est uniquement en partant de là que l’on peut comprendre le baptême chrétien ». Qui est à la fois une mort et une résurrection, une mort au péché, une résurrection à la vie divine.
Et c’est pourquoi, Jean Baptiste en apercevant Jésus dit, au témoignage de saint Jean, l’évangéliste : « Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde » (Jn 1 29) Voici l’Agneau de Dieu. Que signifie cette expression ?
On y reconnaît, dit le Pape, exégète, d’une exégèse théologique, à la saint Thomas ou à la Saint Augustin, deux allusions à l’Ancien Testament. C’est le chant du serviteur souffrant d’Isaïe qui compare le serviteur souffrant à un agneau que l’on conduit à l’abattoir : « Il n’ouvre pas la bouche ». (Is 53 7) C’est durant aussi la fête de la Pâque juive que Jésus a été crucifié…Si bien qu’il apparaît nécessairement comme le véritable « agneau pascal », qu’il accomplissait le sens qu’avait eu l’Agneau pascal à la sortie de l’Egypte : libération de l’Egypte, maison de servitude, ouvrant ainsi la possibilité de l’exode, la migration pour accéder à la liberté de la Promesse. De même, dit la pape, que le sang de l’Agneau pascal avait joué un rôle décisif pour la libération d’Israël du joug de l’oppression égyptienne, de même, le Fils, devenu « serviteur », le berger devenu agneau, est ainsi le garant de la libération du « monde », de l’humanité dans sa totalité. (p 41-44)

Tout cela est une belle théologie sur le baptême qui nous servira pour nos discutions lors des réunions du Synode diocésain. Je critiquerais la pensée du Pape ! Allons donc ! Ce doit être une erreur, peut-être un mensonge. « Mentez, mentez, disait Voltaire, il en restera toujours quelque chose ».

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