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Entraide et Tradition

Veillée pour la vie naissante : Homélie de Benoît XVI, le 27 novembre 2010

publié dans magistère de benoît XVI le 29 novembre 2010


Veillée pour la vie naissante : Homélie de Benoît XVI

Texte intégral

ROME, Dimanche 28 novembre 2010 (ZENIT.org) –

Benoît XVI demande aux « acteurs de la politique, de l’économie, et des communications sociales » de « faire tout leur possible pour promouvoir une culture toujours respectueuse de la vie humaine ».

Nous publions ci-dessous le texte de l’homélie que Benoît XVI a prononcée lors des premières vêpres du premier dimanche de l’Avent, hier, samedi 27 novembre, en la basilique Saint-Pierre, veillée mondiale de prière pour la vie naissante.

Chers frères et sœurs,

Chers frères et sœurs,

Par cette célébration du soir, le Seigneur nous donne la grâce et la joie d’ouvrir la nouvelle année liturgique, en commençant par sa première étape : l’Avent, période qui fait mémoire de la venue de Dieu au milieu de nous. Chaque commencement porte en soi une grâce particulière, parce qu’il est béni par le Seigneur. Pendant cet Avent, il nous sera donné une fois encore de faire l’expérience de la proximité de Celui qui a créé le monde, qui oriente l’histoire et qui a pris soin de nous jusqu’à arriver à ce sommet de sa complaisance : se faire homme. C’est justement le grand et fascinant mystère du Dieu avec nous, et même du Dieu qui se fait l’un de nous, que nous allons célébrer ces prochaines semaines, en marchant vers le saint Noël.

Pendant le temps de l’Avent, nous entendrons l’Eglise qui nous prend par la main et, à l’image de Marie la très sainte, exprime sa maternité, en nous faisant faire l’expérience de l’attente joyeuse de la venue du Seigneur qui nous embrasse tous dans son amour qui sauve et console.

Alors que nos cœurs se dirigent vers la célébration annuelle de la naissance du Christ, la liturgie de l’Eglise oriente notre regard vers le but définitif : la rencontre avec le Seigneur qui viendra dans la splendeur de sa gloire.

C’est pourquoi, nous qui, dans chaque eucharistie, « annonçons sa mort, proclamons sa résurrection dans l’attente de sa venue », veillons dans la prière. La liturgie ne se lasse pas de nous encourager et de nous soutenir, en plaçant sur nos lèvres, aux jours de l’Avent, le cri sur lequel se referme toute l’Ecriture, sur la dernière page de l’Apocalypse de saint Jean : « Viens, Seigneur Jésus » (22,20).

Chers frères et sœurs, notre rassemblement de ce soir, pour commencer le chemin de l’Avent, s’enrichit d’un autre motif important : avec toute l’Eglise, nous voulons célébrer solennellement une veillée de prière pour la vie naissante. Je désire exprimer mes remerciements à tous ceux qui ont adhéré à cette invitation et à ceux qui se dévouent de façon spécifique à l’accueil et à la protection de la vie humaine dans ses différentes situations de fragilité, en particulier à son début, et pour ses premiers pas.

C’est justement le début de l’Année liturgique qui nous fait revivre l’attente de Dieu qui se fait chair dans le sein de la Vierge Marie, Dieu qui se fait petit, qui devient un enfant ; il nous parle de la venue d’un Dieu proche qui a voulu vivre le cours d’une vie de l’homme, dès son début, et ceci pour la sauver, totalement, en plénitude. C’est ainsi que le mystère de l’Incarnation du Seigneur et le début de la vie humaine sont reliés entre eux de façon intime et harmonieuse à l’intérieur de l’unique dessein de salut de Dieu, Seigneur de la vie de tous et de chacun. L’Incarnation nous révèle, dans une lumière intense, et de façon surprenante, que toute vie humaine a une dignité très haute, incomparable.

L’homme présente une originalité incomparable par rapport à tous les autres êtres vivants qui peuplent la terre. Il se présente comme un sujet unique et singulier, doué d’intelligence et de libre volonté, et composé d’une réalité matérielle. Il vit simultanément et indissolublement dans la dimension spirituelle et dans la dimension corporelle.

C’est aussi ce que suggère le texte de la Première lettre aux Thessaloniciens qui a été proclamé : « Que le Dieu de la paix lui-même, écrit saint Paul, vous sanctifie totalement, et que votre être entier, l’esprit, l’âme et le corps, soit gardé sans reproche à l’Avènement de notre Seigneur JésusChrist » (1 Th 5, 23).

Nous sommes donc esprit, âme, et corps. Nous faisons partie de ce monde, liés à la possibilité et aux limites de la condition matérielle ; en même temps, nous sommes ouverts à un horizon infini, capables de dialoguer avec Dieu et de l’accueillir en nous. Nous travaillons dans les réalités terrestres et à travers elles, nous pouvons percevoir la présence de Dieu et tendre vers lui, vérité, bonté et beauté absolue. Nous goûtons des fragments de vie et de bonheur et nous aspirons à la plénitude totale.

Dieu nous aime de façon profonde, totale, sans distinction ; il nous appelle à l’amitié avec lui ; il nous fait participer à une réalité au-dessus de toute imagination et de toute pensée et parole : la vie divine même. Nous prenons conscience, avec émotion et gratitude, de la valeur, de la dignité incomparable de toute personne humaine, et de la grande responsabilité que nous avons envers tous. « Nouvel Adam, le Christ, affirme le concile Vatican II, dans la révélation même du mystère du Père et de son amour, manifeste pleinement l’homme à lui-même et lui découvre la sublimité de sa vocation… Car, par son incarnation, le Fils de Dieu s’est en quelque sorte uni lui-même à tout homme » (Gaudium et spes, 22).

Croire en Jésus Christ implique aussi d’avoir un regard nouveau sur l’homme, un regard de confiance et d’espérance. Du reste l’expérience même et la droite raison attestent que l’être humain est un sujet capable de comprendre et de vouloir, conscient de soi et libre, unique et irremplaçable, sommet de toutes les réalités terrestres, qui requiert d’être reconnu comme une valeur en soi et mérite d’être toujours accueilli avec respect et amour.

Il a le droit de ne pas être traité comme un objet à posséder ou comme une chose qui peut être manipulée à plaisir, de ne pas être réduit à un simple instrument au profit des autres et de leurs intérêts. La personne est un bien en soi et il faut toujours chercher son développement intégral.

Ensuite, l’amour pour tous, s’il est sincère, tend spontanément à se transformer en attention préférentielle pour les plus faibles et les plus pauvres. C’est dans cette ligne que se situe la sollicitude de l’Eglise pour la vie naissante, la plus fragile, la plus menacée par l’égoïsme des adultes et l’obscurcissement des consciences. L’Eglise répète continuellement ce qu’a déclaré le concile Vatican II contre l’avortement et contre toute violation de la vie naissante : « La vie doit être sauvegardée avec un soin extrême dès la conception » (Gaudium et spes, n. 51).

Il y a des tendances culturelles qui cherchent à anesthésier les consciences avec des motivations prétendues. En ce qui concerne l’embryon dans le sein maternel, la science elle-même met en évidence son autonomie capable d’interagir avec sa mère, la coordination des processus biologiques, la continuité du développement, la complexité croissante de l’organisme. Il ne s’agit pas d’une accumulation de matériel biologique, mais d’un nouvel être vivant, dynamique et merveilleusement ordonné, d’un nouvel individu de l’espèce humaine. Il en a été ainsi pour Jésus dans le sein de Marie ; il en a été ainsi pour chacun de nous dans le sein de notre mère. Nous pouvons affirmer, avec l’antique auteur chrétien Tertullien : « Il est déjà un homme, celui qui le sera » (Apologétique, IX, 8). Il n’y a aucune raison de ne pas le considérer comme une personne dès sa conception.

Hélas, après la naissance aussi, la vie des enfants continue à être exposée à l’abandon, à la faim, à la misère, à la maladie, aux abus, à la violence, à l’exploitation. Les multiples violations de leurs droits commises dans le monde blessent douloureusement la conscience de tout homme de bonne volonté.

Face au triste panorama des injustices commises contre la vie de l’homme, avant et après la naissance, je fais mien l’appel passionné du pape Jean-Paul II à la responsabilité de tous et de chacun : « Respecte, défends, aime et sers la vie, toute vie humaine ! C’est seulement sur cette voie que tu trouveras la justice, le développement, la liberté véritable, la paix et le bonheur ! » (Evangelium vitae, 5).

J’exhorte les acteurs de la politique, de l’économie, et des communications sociales à faire tout leur possible pour promouvoir une culture toujours respectueuse de la vie humaine, pour fournir des conditions favorables et des réseaux de soutien pour son accueil et son développement.

C’est à la Vierge Marie, qui a accueilli le Fils de Dieu fait homme par sa foi, dans son sein maternel, avec une sollicitude prévenante, en l’accompagnant de façon solidaire et vibrante d’amour, que nous confions la prière et l’engagement en faveur de la vie naissante. Nous le faisons dans la liturgie – qui est le lieu où nous vivons la vérité et où la vérité vit avec nous – en adorant la divine eucharistie, où nous contemplons le Corps du Christ, ce Corps qui a pris chair de Marie, par l’opération du Saint-Esprit, et qui est né d’elle à Bethléem, pour notre salut. Ave, verum Corpus, natum de Maria Virgine !

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