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Sobhy Gress et la résistance des coptes

publié dans flash infos le 5 janvier 2011


Source : le métablog de M l’abbé de Tanoüarn

mercredi 5 janvier 2011

Sobhy Gress et la résistance des coptes
par l’abbé Guillaume de Tanoüarn

Magnifiques témoignages ce soir au Centre Saint Paul. En face de nous, Sobhy Gress, secrétaire général de l’association Solidarité Coptes Internationale et l’un de ses amis Dalil. Ils nous ont plongé au coeur du drame d’Alexandrie. Le premier de l’an, une voiture piégée explose devant l’église des saints au Caire. La minuterie était réglée pour la sortie de la messe, alors que ce jour est particulièrement fêté chez les coptes. Bilan : 22 mort et 79 blessés. Dans les médias, on nous parle d’un kamikase. Le Gouvernement égyptien préfèrerait cette solution pour ne pas avoir à chercher qui a fait le coup et pour imputer tranquillement cette action à des non-égyptiens… En réalité, c’est bien une voiture piégée qui est à l’origine du drame. Et ce drame n’est que la dernière d’une longue série d’exactions commise contre la communauté copte égyptienne, en toute impunité. Sobhy évoque ce drame qui avait fait beaucoup moins de bruit l’an dernier : cinq jeunes gens tués à la sortie d’une messe. Seul le pape de Rome en avait parlé à l’époque. On connaît le meurtrier. Il y a flagrant délit. Mais il n’est toujours pas puni. Et son ami Dalil souligne que les deux gendarmes qui étaient de faction devant l’église des saints avaient comme par hasard pris la poudre d’escampette depuis une paire d’heure au moment où le drame est arrivé.

Bref, il y a manifestement complicité entre le pouvoir, la police et les terroristes. Il faut revenir aux origines du nasserisme pour le comprendre. Nasser est un militaire, qui prend le pouvoir, contre le roi Farouk, en 1952 et saura le transmettre à Anouar el Sadate (1971-1981), lui-même remplacé, après l’attentat qui lui a coûté la vie par Hosni Moubarack (au pouvoir depuis 1981 et dont aujourd’hui la vie ne tient qu’à un fil). Le problème de l’Egypte est le rapport ambigu qu’entretient la « dynastie » nassérienne avec une institution égyptienne qui va bien au delà de l’Egypte : les frères musulmans, fondés en 1929 dans ce pays par Al Banna (le maçon). Pour nos deux témoins, malgré des relations parfois chaotiques avec les frères, les trois présidents successifs « en » étaient plus ou moins. Dès le président Nasser, la charia est noté dans la constitution égyptienne comme une source de la constitution. Aujourd’hui elle est déterminée (c’est Sadate qui a fait cela quelques mois avant son assassinat) comme la source unique de la constitution, au point que s’il y a conflit de droit entre le droit civil et le droit religieux, c’est le droit religieux qui l’emporte. Cela indique l’importance considérable du Cheikh al Tayyeb de l’université Al Azhar : il est l’autorité morale incontestée dans ce pays. Lorsqu’il reproche au pape son « ingérence » dans les affaires égyptiennes, il le fait, j’allais dire de toute sa hauteur.

Aujourd’hui l’Egypte, pays de 80 millions d’habitants (c’est plus que la Turquie), travaillé depuis des années par la propagande et l’aide sociale des frères musulmans auxquels, de façon très consciente, on a laissé la rue, est un pays à prendre pour l’intégrisme sunnite. L’enjeu est énorme. Tous les équilibres de la région peuvent basculer. La santé d’Hosni Moubarack ne tient qu’à un fil comme je le disais. Le pouvoir est à portée de la main pour la confrérie. Seuls empêcheurs d’intégriser en rond : les coptes. Par leur seule présence (ils constituent entre 7 et 12 % de la population selon les estimations), ils interdisent que l’Egypte soit tout entière musulmane.

On les a dix fois donnés pour morts depuis trente ans. Ils forment une communauté profondément unie sur l’essentiel, la foi et les rites (malgré les différences entre la minorité catholique et la majorité orthodoxe). Ils ont conscience d’être les vrais égyptiens (copte signifie égyptien). Ils constituent une élite intellectuelle et spirituelle (même si bien sûr toutes les classes sociales sont représentées parmi eux). Et aujourd’hui l’humanité entière est en train de prendre conscience de leur long martyre, de ces massacres resztés impunis, de ces abus de droit quotidiens à leur détriment et ‘avantage d’un musulman, – mais aussi et en particulier du martyre que subissent leurs filles, enlevées violées et « converties » à l’islam sans espoir de retour (se convertir de l’islam à une autre religion signifie la mort). Sobhy nous a raconté l’histoire des deux femmes dont al Qaïda avait donné les noms comme étant des musulmanes retenues dans des couvents. En réalité, ce sont deux femmes de prêtres : l’une aurait été enlevée et « convertie » à l’islam. Elle a été « récupérée » sur une intervention personnelle du pape Chenouda. Elle n’avait pas le droit de redevenir chrétienne puisqu’elle était devenue musulmane. L’autre, on a simplement pensé qu’elle avait pu devenir musulmane. En fait, elle s’était simplement réfugié quelques semaines dans sa propre famille… Ces deux femmes sont emblématiques de toutes ces jeunes filles coptes, converties de force, sans que leurs familles n’aient aucun moyen juridique de les retrouver…

« Cet attentat, c’est un mal pour un bien » nous dit Sobhy Gress en terminant. « Nos martyrs ne sont pas morts pour rien puisque cela permet une prise de conscience ». Quant à son ami Dalil, il renchérit d’un seul mot : espérance.

En terminant, tous deux nous donnent à tous rendez-vous sur le Parvis de Notre Dame, vendredi prochain entre 15 H et 18 H pour un moment de recueillement en l’honneur des martyrs chrétiens d’Egypte, nos contemporains. J’espère vous retrouver nombreux à ce rendez-vous de la piété.

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