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Entraide et Tradition

L’affaire « Cassez »

publié dans regards sur le monde le 18 février 2011


 L’affaire Cassez: qui a menti?

CONTRE-ENQUETE

La PRINCIPALE VICTIME s’adresse aux Français !

“Je m’appelle Cristina Rios Valladares,
et vous ne me connaissez pas…”

« Je m’appelle Cristina Rios Valladares, je suis Mexicaine, et vous autres amis Français (vosotros amigos franceses) ne me connaissez pas. J’ai pourtant tenu un petit rôle – un rôle quand même où je risquais ma vie et celle de mon fragile Cristian – dans une affaire qui enflamme aujourd’hui toutes les autorités publiques de votre beau pays, et met le mien au ban des nations !
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> « J’ai bien tenté de raconter un jour dans la presse mexicaine tout ce qui nous était arrivé d’horrible, le matin du 19 octobre 2005, lorsque notre voiture fut bloquée par un grosse 4×4 et un pick-up américain sur le chemin de l’école, et que le gang Los Zodiacos a surgi.
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> « J’ai décrit notre terreur, nos cris, les coups violents, les hommes en cagoules noires qui nous jetaient comme des sacs dans la benne arrière du pick-up, après nous avoir serré la bouche avec de gros rouleaux de Scotch et lié les mains avec des fils de fer électrique. On a cru tous les trois qu’ils allaient nous égorger sur place comme des animaux ! On appelait la Sainte Vierge au secours (Santissima Virgen de Guadalupe, ayudenos !), mais nous n’arrivions pas à prier…
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> « J’ai raconté la terreur de nos cinquante-trois jours de captivité, les yeux bandés, dans le noir, sans savoir où nous étions ni pourquoi on nous avait enlevés. J’ai rapporté l’incroyable brutalité du Chef (Israel Vallarta) qui ouvrait brusquement la porte quand j’allais me déshabiller, et qui hésitait chaque jour entre me battre et me violer… Je me souviens aussi la détresse poignante de mon pauvre mari, Raul, lorsqu’il dut nous quitter au bout de vingt-quatre heures, dans la nuit, entre deux hommes, pour “aller chercher la rançon”(rescate) sur notre compte en banque à Mexico…
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> « J’ai dit aussi aux policiers puis au juge d’instruction qu’une voix de jeune femme, avec un fort accent français, était de la partie. On a l’oreille très fine, en captivité, on a peur de tout et de rien … J’ai précisé que cette femme se disputait souvent avec le Chef de la bande quand celui-ci me “courtisait” ! Je l’ai raconté parce que je l’ai subi, mais nous avions mon fils et moi les yeux bandés presque en permanence, et je serai bien incapable aujourd’hui de préciser combien de fois ce fut le Chef, combien de fois ce fut la femme française ou un autre comparse en cagoule qui est venu nous nourrir, nous administrer des calmants ou nous maltraiter. Je sais seulement que mon petit Cristian, dans une chambre à côté, recevait beaucoup de claques (bofetadas), parce qu’il ne cessait pas de geindre ou de crier.
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> « J’ai expliqué tout cela et vous n’en savez rien, amis de France, parce que la presse, les élus et le gouvernement de votre pays – depuis le début – ne s’intéressent qu’au grand malheur de celle dont la voix aigre et malveillante me réveille encore dans la nuit : Florence Cassez. On raconte aujourd’hui que cette femme qui s’occupait de nous “ne pouvait absolument pas être la concubine (novia) du Chef”, parce qu’elle s’était mise voyez-vous à le détester, au point de faire “chambre à part dans le ranch” ! Mais si une autre femme française habitait Las Chinitas, et que ce n’était pas Florence Cassez, pourquoi personne ne l’a-t-il jamais recherchée ?
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> « Je vis maintenant loin de mon cher pays, avec Raul et Cristian, parce que je ne fais pas confiance à la police mexicaine pour nous protéger : trois membres du gang Los Zodiacos sont toujours en liberté, ils tuent comme ils respirent (matan como respiran), et ils voudraient sûrement se venger…
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> « Cristian a eu seize ans au dernier Noël, et s’en tire assez bien. Il s’est fait des amis dans la petite école bilingue que nous lui avons trouvée. Je ne vous donnerai pas son adresse, ni le nom de la ville, pour le protéger. J’avais d’ailleurs prévenu les autorités de mon pays en décembre 2005, après notre libération, que nous n’accorderions jamais aucune interview à la presse ni ne recevrions aucun photographe, mexicain ou français. J’aime la France pourtant, où nous n’existons pas, et le Mexique aussi, ma chère Patrie, où nous ne pouvons plus habiter !
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> « Mme Cassez pour sa part donne beaucoup d’interviews depuis la prison pour femmes de Tepepan où elle est internée. Elle reçoit régulièrement la visite du Consul de France à Mexico, peut appeler ses parents, commander ses repas, lire la presse, regarder la télévision, téléphoner aux journaux… On m’assure que le Président de la République Française lui-même, M. Nicolas Sarkozy, l’appelle régulièrement pour prendre de ses nouvelles et qu’il parviendra un jour où l’autre à la “rapatrier”. Tant mieux pour elle. Tant pis pour nous. Je suis sans doute une mauvaise chrétienne : je n’ai pas su encore lui pardonner !
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> « Je suis d’autant plus triste, en colère (même si je sais qu’il ne le faudrait pas), que je vois bien aujourd’hui en lisant vos journaux que tout en France a complètement changé : au pays des Droits de l’Homme, désormais, les droits des victimes comptent infiniment moins que ceux des criminels ! »

(Propos traduits de l’espagnol par le journaliste bi-culturel Hugues Kéraly,
> rédacteur-en-chef du site Sedcontra.fr, le “quotidien des chercheurs de sens“,
> auteur de nombreuses enquêtes et de plusieurs ouvrages sur l’Amérique latine.)

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