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Entraide et Tradition

L’Agneau pascal

publié dans couvent saint-paul le 3 décembre 2011


Deuxième dimanche de l’Avent

L’Agneau Pascal

Nous avons dit, dimanche dernier, que l’Avent est le temps de l’attente, de l’attente du Messie, de l’attente de la venue du Fils de Dieu. L’Avent est donc le temps de l’attente du mystère de l’Incarnation, de l’attente de la venue du Rédempteur.

Et pourquoi l’Avent est-il le temps de l’attente du mystère de l’Incarnation, du Rédempteur ?

Permettez-moi une explication théologique !

Parce que le péché d’Adam ne fut pas un péché qui ne toucha qu’Adam, qui ne toucha que lui et lui-seul.

Non ! Le péché d’Adam  est un péché héréditaire, qui se transmet  par génération. Toute l’humanité a péché en Adam. Saint Paul l’affirme : « Par un seul homme, le péché est entré dans le  monde  et par le péché, la mort, et ainsi la mort a passé dans tous les hommes, tous ayant péché en lui » (Rom 5 12). C’est pourquoi l’Eglise lance l’anathème, au Concile de Trente,  à celui qui soutiendrait, à Dieu ne plaise,  que la prévarication d’Adam n’a nui qu’à lui seul et non  à toute sa descendance et qu’il perdit la sainteté et la justice reçues de Dieu, pour lui seul et non aussi pour tous.

Ainsi ce péché d’Adam, même s’il est « un par son origine », « est propre à chacun » parce qu’il se transmet à tous par propagation héréditaire et non pas seulement par imitation.

Or ce péché, qui est propre à chacun, est infini en malice. Il a une certaine infinité de malice, nous dit saint Thomas, parce qu’il s’oppose à une personne d’une dignité infinie –Dieu. L’offense se prend de l’offensé. Plus l’offensé est grand, plus l’offense est grande. Dieu étant infini, l’offense est infinie. Dès lors nulle créature humaine, seulement humaine, ne pourra jamais poser un acte capable de réparer l’offense, de réparer, de compenser  l’infinité de malice de l’offense qu’est le  péché originel. Tous les actes humains, même posés par la plus sainte des créatures humaines, fut-ce la sainte Vierge, ne pourront, parce que humains, et donc limités et finis, ne pourront équiparer l’infinie malice de l’offense originel.

C’est pourquoi ce péché originel « propre à chacun » ne pourra jamais être enlevé, « par les forces de la (seule) nature humaine », comme le confirme toujours le même Concile de Trente. Il nous faut, avons-nous dit, dimanche, un acte théandrique, qui soit à la fois divin et humain. Il nous faut un Dieu-Homme. Voilà comment l’Incarnation est nécessaire pour le salut du genre humain. Le Concile de Trente le confirme encore lorsqu’il dit que ce péché originel ne peut être enlevé que par « les mérites de l’unique médiateur, notre Seigneur Jésus-Christ », vrai Dieu et vrai Homme. Dès lors il est juste de dire que NSJC est « celui qui nous a réconcilié avec Dieu dans son sang ». Il est devenu « pour nous, justice, réconciliation et rédemption » comme le dit Saint Paul aux Corinthiens (1 Co 1 30). C’est la foi de l’Eglise. C’est la foi de Pierre qui déclare dans son premier sermon : « Il n’est pas d’autre nom sous le ciel qui ait été donné aux hommes par lequel nous devons être sauvés » (Act 4 12) D’où cette parole, que nous récitons avec beaucoup de dévotion à la fin de notre messe, juste avant de recevoir NSJC, dans l’Eucharistie : « Voici l’agneau de Dieu ; voici celui qui ôte les péchés du monde » (Jn 129)

Dès lors si nous retrouvons la justice, dans le baptême, c’est grâce à Lui, le Sauveur.

Si d’enfants de colère, nous devenons enfants de Dieu, enfants bien aimés, , c’est grâce à Lui, le Rédempteur.

Si nous retrouvons la paix d’avec Dieu, c’est grâce à Lui. Si le « Gloria in Excelsis Deo » est véridique et si nous pouvons dire « paix sur la terre aux hommes de bonne volonté », c’est par Lui.

Si nous retrouvons l’héritage céleste perdu, c’est grâce à Lui.

Si nous pouvons chanter à Dieu « tout honneur et toute gloire, c’est «par Lui avec Lui et en Lui ».

Et Dieu, dans sa sagesse, savait très bien qu’il en était ainsi : qu’un  Sauveur, qu’un Rédempteur nous était nécessaire. Et c’est pourquoi, dès le péché originel commis, parce qu’il est infiniment bon, et que le propre de la bonté est de donner, et même de se donner, et même de se sacrifier – c’est pourquoi le pélican est le symbole parfait du Sauveur qui donne jusqu’à son sang –  Oui !  Parce que le propre de l’amour est de se donner, Dieu annonça le Sauveur et formula en Lui-même  le merveilleux projet « « d’envoyer son propre Fils en ce monde pour racheter la race humaine » (Gal 4 4) perdu par le péché d’Adam. « Je mettrai une inimitié entre toi et la femme et ta race et la sienne, elle t’écrasera la tête » (Gen 13 15).

Ainsi ce Fils de Dieu  incarné sera le Messie, l’envoyé. On comprend qu’il puisse être tellement  attendu des patriarches, des prophètes, de tous les justes de l’AT. Tous supplieront : « Que les cieux envoient leur rosée » ! « Rorate caeli desuper et nubes pluant justum » ! « Que la terre s’entr’ouve et nous donne le Sauveur » « Aperiatur terra et germinet salvatorem ». (Is 45 8) 

Et Dieu prit soin de décrire, par ses prophètes, les caractéristiques de  ce Sauveur pour nourrir la foi et l’espérance des anciens. C’est ce que nous avons vu plus particulièrement dimanche dernier. En survolant l’enseignement du prophète David et du prophète Isaïe. Nous  vous avons  fait remarquer que l’un et l’autre donnaient à ce Messie des prérogatives dont un Dieu seul peut se prévaloir mais également que tout deux décrivaient des souffrances qui font éclater son côté humain, trop humain

Nous avons dit qu’Isaïe proclame par exemple « inénarrable » sa génération « la génération de ce Messie qui la racontera »,  lui donnant  des noms tous divins : « On l’appellera l’Admirable, le Dieu fort, le Père du siècle avenir, le Prince de la paix. Il sera nomme Emmanuel, Dieu avec nous ». Mais il affirme tout également qu’il sera « l’homme des douleurs », des souffrances l’accableront, des humiliations l’anéantiront, il sera regardé comme un lépreux, abîmé sous les opprobres, mis au rang des scélérats, enfin mené à la mort comme une brebis à la boucherie, parce que le Seigneur a voulu l’écraser dans l’infirmité.

Or ces souffrances culmineront en intensité dans le sacrifice du Golgotha, sur le bois de la Croix.Etcette Croix, ce   sang seront également préfigurées dans l’AT. Trois grands symboles signifient dans l’AT les souffrances du Christ et sa Croix : le serpent d’airain, le bois en forme de croix sur lequel l’agneau pascal immolé devait être exposé au feu et le thau préservateur lors de la première destruction de Jérusalem. Jésus lui-même fit allusion au serpent d’airain : « Comme Moïse a élevé le serpent dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé, afin que tout homme qui croit en lui, ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle ». Vous trouvez cette phrase mystérieuse  dans Saint Jean 3 14-15. Je dis que cette phrase reste mystérieuse pour celui qui ne connaît pas  l’histoire du serpent d’airain que Moïse leva dans le désert : il  suffisait pour tout hébreux de lancer un regard sur ce serpent d’airain levé en Croix pour être guéri des serpents venimeux. Ainsi de tous aujourd’hui : pour connaître le salut et être libéré de nos faites, faut-il regarder, dans la foi, ce bois dela Croix où repose le Christ.

Mais il y a une figure de l’AT qui surpasse toutes les autres figures, c’est celle de l’Agneau pascal. Le peuple hébreu est en esclavage en Egypte. Dieu prend pitié des souffrances que supporte son peuple par un Pharaon injuste. Il décide de l’en délivrer. Il commande à Moïse : que « chacun prenne un agneau par famille et par maison ». Cet agneau doit être « sans tache ». Vous prendrez de son sang et vous le mettrez sur « le haut des portes des maisons ». « Je passerai cette nuit-là par l’Egypte ; je frapperai dans le pays des égyptiens tous les premiers-nés depuis l’homme jusqu’aux bêtes, moi qui suis le Seigneur ». «  Et le sang dont seront marquées les maisons où vous demeurerez servira de signe à votre égard. Je verrai ce sang et je passerai vos maisons et la plaie de mort ne vous touchera point lorsque je frapperai toute l’Egypte » (Ex 12)
C’est au sang de l’agneau immolé et non à leur propre mérite que les hébreux doivent vie et liberté.

Innocence de l’agneau ! Immolation de l’agneau! C’est à ces deux titres surtout que l’agneau a mérité d’être le symbole du Christ. Lui est l’innocence même. Il est « sans tache » ! « Qui de vous me convaincra de péché ». Et il s’immola lui-même. Et son sang, comme celui de l’agneau pascal, libérera son peuple de ses péchés.

Alors sera réalisée l’annonce de Jean-Baptiste, son Précurseur, qui le montrera du doigt, en disant à la foule : « Voici l’Agneau de Dieu, voici, Celui qui efface le péché du monde » (Jn 1 29) et ;libère de l’esclavage de Satan.

C’est ce  que nous verrons mieux dimanche prochain.

 

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