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« Le spectacle du monde moderne, dont l’orgueil a repoussé Dieu… »

publié dans nouvelles de chrétienté le 12 mars 2012


Sur Le blogue du Mesnil-Marie, on lit ce très beau texte de GustaveThibon sur les apparitions de la Salette: :

« Le spectacle du monde moderne, dont l’orgueil a repoussé Dieu… »

Les quelques mots qui servent de titre à ma publication de ce jour, sont extraits d’un texte de Gustave Thibon, que l’un de nos amis a eu la bonne idée de nous faire parvenir ce matin (qu’il en soit chaleureusement remercié!).

L’espèce de tourbillon infernal qui entraîne dans sa folie les familles et les sociétés, le spectacle plus qu’affligeant donné par les dirigeants des états (et par ceux qui, en ce moment, briguent à le devenir), le scandale permanent que représentent les systèmes politiques et économiques malheureusement régnant, les rouleaux compresseurs psychologiques et médiatiques qui broient les consciences et tendent à briser les dernières résistances des derniers esprits libres… etc., sont les signes évidents d’une faillite qui n’a peut-être pas de précédents dans l’histoire humaine.

Ce texte de notre cher « paysan philosophe » date de 1946 : il appartient à un recueil publié à l’occasion du centenaire de l’apparition de Notre-Dame de La Salette.
Soixante-six ans plus tard, il reste d’une actualité prophétique, comme d’ailleurs nombre de textes de Thibon.
En nous rappelant que l’homme, tournant le dos à Dieu et refusant les sollicitudes de Sa grâce, se fait lui-même l’instrument de son malheur, la lucidité de Gustave Thibon, si étrangère aux sottises de l’optimisme humain, nous prémunit une fois de plus contre le désespoir, parce qu’elle relaie l’appel à la conversion, demandée par Notre-Dame de La Salette, et parce que cette conversion — toujours possible — est finalement le seul fondement de l’espérance.
Pour qui sait lire, ce que Thibon traduit ici dépasse largement les perspectives du monde paysan de 1946, et peut s’accorder à la spiritualité de ce temps du carême, mais aussi à la manière dont nous devons réagir devant les tristes pitreries de la campagne pour les élections pestilentielles…

Lully.

Le Message de Notre-Dame de La Salette au monde paysan :

« C’est à l’univers entier que la Vierge immaculée s’est adressée il y a cent ans par l’intermédiaire de Maximin et de Mélanie. Mais le fait qu’elle ait choisi pour transmettre son message, deux pauvres enfants de la terre, témoigne assez haut de sa sollicitude pour le monde paysan. Nous avons eu la primeur de ce message ; c’est donc à nous qu’il s’adresse en premier lieu.

Certains esprits superficiels ont été choqués par les terribles menaces contenues dans le discours de Notre-Dame de la Salette. Nous ne pouvons pas croire à un Dieu si cruel, ai-je entendu dire. C’est oublier que les menaces divines ne sont que des promesses retournées. Dieu n’est cruel que dans la mesure où les hommes, en fermant leur cœur à sa grâce, l’empêchent d’être bon. « Je ne peux plus retenir le bras de mon Fils… » Le premier refus vient de nous. Cette main de Dieu qui nous frappe, c’est la main toute miséricordieuse, pleine de dons, préparés pour nous de toute éternité, et que nous contraignons, par notre indifférence, à se refermer sur ses présents. Dieu n’a pas même à nous punir positivement : il suffit qu’il se détourne de nous pour qu’abandonnés à la pesanteur du péché nous roulions fatalement au fond de l’abîme. Le spectacle du monde moderne, dont l’orgueil a repoussé Dieu, témoigne de cette vérité avec une féroce évidence.

L’appel de Marie à la pénitence et à la prière, avec les menaces matérielles qui l’accompagnent revêt, pour nous paysans, un sens particulièrement précis. Le message de la Vierge pourrait être résumé dans ces simples mots : si vous ne cherchez pas le ciel, vous perdrez la terre. Et cet avertissement s’applique à nous mieux qu’à personne. Courbé vers la terre par son travail, le paysan court toujours le risque de s’enliser dans la terre. Son réalisme et son sens de l’effort ont pour contre-partie le matérialisme et l’avarice. Ces fruits du sol, ces biens charnels obtenus au prix d’un si dur labeur, il est toujours tenté de s’en faire des idoles et d’oublier que Dieu, suivant le mot de Mistral « travaille de moitié avec lui ». Marie est descendue du ciel pour lui rappeler, en parlant sa propre langue, en se servant des images les plus adaptées à son esprit, que le réalisme de la terre, s’il n’est pas prolongé et couronné par la prière, aboutit tôt ou tard à la ruine de l’homme. Ces « pommes de terre qui pourriront », ce sont aussi les âmes des paysans qui n’auront aimé que la terre. Et cette terre, ces biens d’ici-bas trop aimés, ils les perdront, car tout vient de Dieu et la matière, coupée de l’esprit, se flétrit dans nos mains, comme un rameau séparé de l’arbre. A celui qui cherche Dieu, tout sera donné par surcroît, mais à celui qui n’a rien (c’est-à-dire qui n’a que la terre), on enlèvera ce qu’il a. Marie est venue apprendre aux paysans que les racines ne restent vivantes que si leur adhérence à la terre s’unit à l’élan de la tige vers le ciel. »

Gustave Thibon,
in « La Salette, témoignages » (Bloud & Gay, 1946, p.160).

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