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Entraide et Tradition

Jean-Paul II et le sacerdoce (3)

publié dans la doctrine catholique le 25 juillet 2013


Lettre de JP II du  Jeudi Saint 2003

Encyclique du pape Jean-Paul II  sur la Sainte Eucharistie: « Ecclesia de Eucharistia » Mai 2003

Analyse

Le Jeudi Saint 2003, JP II adressait aux prêtres non pas une « simple » lettre mais une véritable encyclique sur l’Eucharistie. Je la commentais alors que je me trouvais en « exil » au Canada. Je la relis. Je n’ai rien à changer. Je constate que dans ma deuxième conclusion, je défendais les mêmes points qui seront repris, en Janvier 2012, par Mgr Schneider dans sa conférence de Paris. Je me réjouis de partager sa pensée touchant la réforme liturgique de l’Eglise. Cette encyclique est importante par sa tenue doctrinale. Mais en ce qui concerne « la réforme de la réforme » qu’elle annonce, il faut constater que l’ « on » n’a pas beaucoup avancé…

Cette encyclique est intéressante, même très intéressante. Elle est même peur-être un acte historique. Elle va, s’il n’est pas de ma part outrecuidant de le dire, dans le bon sens. Comme va dans le bon sens aussi la célébration – et son annonce urbi et orbi – de la messe de Saint Pie V, à Sainte Marie Majeure, par le cardinal Castrillon Hoyos , le 24 mai prochain, dans une basilique romaine, sur un autel papal. Comme va également dans le bon sens, le dernier document de la Congrégation du clergé sur le prêtre et la paroisse signé par le même cardinal et publié le 4aout 2002. N’y aurait-il pas – aujourd’hui – un désir de restauration dans la Sainte Eglise ? Nous le croyons. Cette Encyclique est bonne même si on peut regretter certains points, comme par exemple – cette différence de style, de ton trop évident qui nuit à l’unité du texte et à son exposé. Mais laissons les critiques – toujours possibles d’un texte – pour nous attacher à l’essentiel du document.

Un rappel doctrinal

L’Encyclique est un rappel doctrinal sur le mystère de la Sainte Eucharistie. Il n’y a rien là – -de bien extraordinaire…Tout de même ! Certes ! Mais l’intéressant de ce document c’est qu’il me paraît être un rappel doctrinal pour corriger les insuffisances notables de la réforme liturgique issue du Concile Vatican II, pour corriger les ambiguïtés du texte de « l’Institutio generalis » publié par la Constitution « Missale Romanum » signé par le pape Paul VI le 3 avril 1969.

Ces ambiguïtés peuvent se résumer à trois comme à trois vérités se résume la doctrine catholique sur la Sainte Eucharistie : un sacrifice, une victime (la présence réelle), un prêtre. « La réforme liturgique post-conciliaire » – Le sacrifice

La réforme liturgique – et j’englobe dans ce terme et le texte doctrinal « Institutio generalis » qui a présidé à cette réforme et le rite proprement dit du nouvel « Ordo Missae » – n’exprime pas d’une manière claire le mystère sacrificiel de la Sainte Eucharistie. Il n’est jamais fait allusion même pas une fois – au caractère propitiatoire du sacrifice eucharistique. Or on sait que l’Eucharistie est un sacrifice « véritable et authentique » et point uniquement « une nourriture » (cf le can 1 de la 22ème session du Concile de trente). On sait également que le sacrifice eucharistique – la messe – n’est pas un simple sacrifice de louange et d’action de grâce ni une simple commémoraison du sacrifice accompli à la Croix., mais bien un vrai sacrifice « propitiatoire » (cf le can 3 de la 22ème session du Concile de Trente).

– La présence réelle

L a réforme liturgique n’exprime pas non plus d’une manière satisfaisante ni claire la doctrine de la présence « réelle et substantielle » de Notre Seigneur Jésus Christ dans la Sainte Eucharistie. En effet la présence substantielle de N S J C dans l’Eucharistie est assimilée – dans « l’institutio generalis »- à la présence de N S J C dans la Sainte Ecriture. C’est induire que la présence spirituelle de NSJC dans l’Ecriture Sainte est qualitativement homogène à la présence substantielle de NSJC dan l’Eucharistie. Ce qui est une grave erreur protestante. On sait également que jamais le mot de transsubstantiation est utilisé dans « l’Institution géneralis. » Ce qui est tout à fait condamnable. Car c’est ce mot qui seul exprime la doctrine catholique de la conversion substantielle du pain au Corps du Christ, du vin au Sang du Christ.(cf le chapitre IV de la 13ème session du Concile de Trente). Et dés lors, il est impossible de ne pas remarquer l’abolition ou l’altération des gestes par lesquels s’exprime spontanément la foi en la présence réelle. Le « Novus Ordo Missae » ( N O M) élimine les génuflexions, la purification des doigts du prêtre, les dorures des vases sacrés, les actions de grâces à genoux remplacées par un grotesque remerciement du prêtre et des fidèles assis aboutissement normal de la communion debout. Tout cela n’entrainerait-il pas une répudiation implicite du dogme de la présence réelle de NSJC dans l’Eucharistie. ? C’est ce que constate le pape. Ce qu’il veut corriger.

– Le Sacerdoce Ministériel

Enfin la réforme liturgique n’exprime pas non plus clairement le rôle du prêtre à l’autel. Elle n’en fait qu’un président d’assemblée agissant au nom de l’assemblée des fidèles et non plus spécifiquement au nom de NSJC – in persona Christi. C’est la définition du fameux article 7. Et c’est pourquoi « la prière eucharistique » – c’est à dire le canon de la messe – est définie par ce document « l’Institutio généralis « »comme une « prière présidentielle ». Ce qui est faux. (n10 n12). Car à l’autel comme à la Croix, c’est le même sacrifice, c’est la même victime, NSJC, c’est le même prêtre, toujours NSJC et les ministres qui l’offrent –représentant « le grand prêtre » n’agissent qu’en son nom – in persona Christi. On ne peut entretenir aucun doute sur ce point.

L’Encyclique « Ecclesia de Eucharistia »

Or précisément le pape constate aujourd’hui des « ombres » – c’est son terme – au sujet de la Sainte Eucharistie comme suite à la ‘réforme liturgique post-conciliaire » (n10) Certes il y a eu, à l’occasion de cette réforme, « des bénéfices » parmi lesquels il place « une participation plus consciente, plus active, plus fructueuse des fidèles au saint Sacrifice de l’Autel ». Soit. Mais désolation aussi. Quelle platitude quelle ennuie ! quelle vide dans la liturgie actuelle à tel point que les églises se vident … le pape, du reste , le confesse « malheureusement – dit-il – à côté de ces lumières, les ombres ne manquent pas »(‘n10). Il va les énumérer dans ce paragraphe 10. Or ce sont – précisément celles que l’on constate dans « l’Institutio généralis » et que je viens de rappeler. Il faut en plus faire remarquer que lorsque le pape cite ces erreurs, les explicite il ne cite que le missel romain – celui de Pau VI et » « l’institutio generalis » de Paul VI. Ce sont ces deux documents qui font l’objet de sa critique tout en étant eux-même utilisés pour fonder et expliciter sa critique. (cf le n 11 14 17 18 28). C’est très habile, peut-être très romain. L’autorité – de toute façon – ne peut se déjuger… C’est encore trop tôt !…

A – La valeur sacrificielle de l’Eucharistie

Le pape constate en effet qu’on a oublié la valeur sacrificielle de l’Eucharistie, transformant l’eucharistie en une simple réunion conviviale. « Privé de sa valeur sacrificielle, dit-il, le mystère eucharistique est vécu comme s’il n’allait pas au delà du sens et de la valeur d’une rencontre conviviale et fraternelle » (n 10). Il veut corriger cela. Il le dit expressément : « j’espère que la présente encyclique pourra contribuer efficacement à dissiper les ombres sur le plan doctrinal et les manières de faire inacceptable afin que l’eucharistie continue à resplendir dans toute la magnificence de son mystère » (n10) Cette première « ombre » sera corrigée dans un beau chapitre : le chapitre 1 et même peut on dire dans toute l’encyclique. Là, le pape rappelle avec force le caractère sacrificiel de l’eucharistie. Ce sont même les premières lignes du chapitre. « la nuit même ou il était livré, le Seigneur Jésus institua le sacrifice eucharistique de son corps et de son sang… Elle n’en constitue pas seulement l’évocation, mais encore la re-présentation sacramentelle »(n11). Il est clair que ce texte est une réponse à ceux qui ne voudraient faire de l’Eucharistie qu’une simple commémoraison et non une actualisation sacramentelle du mystère rédempteur de la Croix. « C’est le sacrifice de la croix qui se perpétue au long des siècles »(n11) de telle sorte que « le sacrifice du Christ et le sacrifice eucharistique sont, un unique sacrifice… Le même rendant présent le sacrifice de la cène »(n11) sans cependant » s’y ajouter ni le multiplier… la nature sacrificielle du mystère Eucharistique ne peut donc se comprendre comme quelque chose qui subsiste en soi, indépendamment de la Croix ou en référence seulement indirect au« sacrifice du calvaire ».(n12). Dés lors « en vertu de son rapport étroit avec le Sacrifice du Golgotha, l’eucharistie est un sacrifice au Sens Propre ».

Le sacrifice propitiatoire est aussi affirmé bien qu’on eut pu être plus précis. Ainsi le pape rappelle que, par ce don de l’eucharistie, c’est « l’œuvre du Salut » qui se perpétue (11). Un peu plus loin, le pape fait encore allusion à « l’œuvre salvifique » du Christ qui s’accomplit dans l’Eucharistie (n11). Le pape parle de l’Eucharistie comme « un mystère de miséricorde » offert « pour le salut de tous ». Il parlera également de l’Eucharistie comme « un sacrifice rédempteur » : « l’Eglise vit continuellement du sacrifice rédempteur » (n12).Il parlera aussi de la réconciliation réalisée par le sacrifice du Christ : « l’Eucharistie étend aux hommes d’aujourd’hui la réconciliation obtenue une fois pour toutes par le Christ pour l’humanité de tous les temps »(n12). Par son sang, il a scellé une « Nouvelle et éternelle alliance » réalisant une « œuvre de sanctification », le don d’une vie nouvelle et immortelle.(n12). Le numéro 14 de ce document pourra faire peut-être l’objet de quelques critiques de la part de nos prêtres qui ont écrit le livre présenté au Saint Père et au cardinal Ratzinger : « la réforme liturgique en question ». « La Pâque du christ comprend aussi dit, le pape, avec sa passion et sa mort, sa résurrection comme le rappelle l’exclamation du peuple après la consécration. « Nous célébrons ta résurrection ». En effet, le sacrifice eucharistique rend présent non seulement le mystère de la passion et de la mort du Sauveur mais aussi le mystère de la résurrection dans lequel le sacrifice trouve son couronnement »(n14). C’est équivalemment dire que le sacrifice eucharistique est « le mémorial de la passion et de la résurrection du Seigneur ». Ce qui n’est pas exact. La messe se réfère formellement au seul sacrifice qui est en soi rédempteur, la résurrection n’en étant que le fruit. Quoi qu’il en soit de cette critique, et même si il eut été très heureux que le caractère expiatoire du Sacrifice de la Croix soit davantage explicité par une allusion claire au péché originel pour lequel le Christ Seigneur est venu satisfaire, à notre place, la justice du Père pouvant seul accomplir cette réparation parce qu’ Homme Dieu tout à la fois, il est indéniable que la nature sacrificielle de l’Eucharistie est rappelée. Rappelée non seulement dans ce chapitre, mais tout au long de l’encyclique. En effet on peur constater que le mot « sacrifice Eucharistique » revient sans cesse. Il serait même intéressant de compter les fois où l’expression revient. Cette insistance est très notable… aussi notable qu’était dans « l’institutio généralis » l’insistance sur la notion du repas. Sans cesse dans ce texte de l’institution revient le mot « repas » » cène du Seigneur », « festin, collation », » table du Seigneur ». Il est manifeste que les auteurs du Nouvel Ordo Missae ont mis l’accent de façon obsessionnel sur la Cène et sur la mémoire qui en est faite, et non pas sur le renouvellement non sanglant du Sacrifice de la Croix (Bref examen critique). – C’est ce que le pape veut manifestement corriger. Non point que l’Eucharistie ne soit pas une nourriture , le pape le rappelle au numéro 16, l’Eucharistie est un vrai banquet dans lequel le christ s’offre en nourriture – mais pour vrai que soit cet aspect de repas, il doit être de toute façon subordonné à l’aspect sacrificiel. C’est ce que faisaient remarquer encore, en son temps les auteurs du Bref Examen Critique : « Le christ institua le sacrement pendant la dernière Cène et se mit alors en état de victime pour nous unir à son état de victime ; c’est pourquoi cette immolation précède la manducation et renferme pleinement la valeur rédemptrice qui provient du sacrifice Sanglant ».

B – le sacerdoce Ministériel

Le pape constate également qu’on a oublié – aujourd’hui – « le rôle irremplaçable du sacerdoce ministériel « agissant » in persona christ pour réaliser la Sainte Eucharistie, « le sacrifice eucharistique ». « La nécessité du sacerdoce ministériel qui s ‘appuie sur la succession apostolique est parfois obscurcie » (n10). Le pape veut corriger cette erreur. Ce sera l’objet du chapitre III de l’encyclique – son titre est « l’apostolicité de l’Eucharistie et de l’Eglise ». Il rappelle que l’Eglise est « une sainte catholique, apostolique ». Il en est de même de l’Eucharistie. Et c’est sur l’apostolicité que le pape veut attirer l’attention de son lecteur.

L’eucharistie est apostolique en ce sens qu’elle a été confiée, dés l’origine, aux apôtres (n27), qu’elle est célébrée conformément à la foi des apôtres (n27) et qu’elle dépend toujours pour être du sacrement de l’ordre, comme l’Eglise, des apôtres et de leur successeurs dans le sacerdoce. Ce fondement posé, le pape distingue fort le sacerdoce ministériel du sacerdoce « royal » des fidèles. Il ne cesse de répéter cette différence. Ces quelques citations suffiront à le prouver. « Les fidèles pour leur part en vertu de leur sacerdoce royal concourent à l’offrande du sacrifice mais c’est le prêtre ordonné qui célèbre le sacrifice Eucharistique en la personne du Christ et l’offre à Dieu au nom de tout le peuple »(n28). C’est le prêtre seul qui récite la prière eucharistique pendant que le peuple s’y associe dans la foi et en silence. Ce point de doctrine – dit-il est déjà bien enraciné dans l’enseignement pontifical (n19) et de citer en note – c’est la note 59 – et le pape Pie XII dans son Encyclique mediator dei », et le pape pie X, dans son encyclique « H Aremp anumo »du 4 août 1908 et le Pape Pie XI dans son encyclique «A D C atholici sacerdotei » . du 20 décembre 1935 . Il y insiste lui même personnellement : « Comme j’ai déjà eu l’occasion de le préciser – in persona Christi – veut dire davantage que au nom ou à la place du Christ. In persona, c’est à dire dans l’identification spécifique, Sacramentel au grand prêtre de l’Alliance Eternel qui est l’auteur et le sujet principal de son propre Sacrifice dans lequel il ne peut vraiment être remplacé par personne » (n28) et le pape de conclure solennellement : « dans l’économie du salut voulu par le Christ, le ministère des prêtres qui ont reçu le sacrement de l’ordre manifeste que l’Eucharistie qu’il célèbre, est un don qui dépasse radicalement le pouvoir de l’assemblée et qui demeure en toute hypothèse irremplaçable pour relier validement la consécration Eucharistique au sacrifice de la Croix et à la dernière Cène » n28 et comme si ce n’était pas suffisant il ajoute : « pour être véritablement une assemblée Eucharistique, l’assemblée qui se réunit pour la célébration de l’Eucharistie a absolument besoin d’un prêtre ordonné qui la préside (ce terme de présidence devrait être abandonné (n d l r). D’autre part, la communauté n’est pas en mesure de se donner à elle-même son ministre ordonné. Celui est un don qu’elle reçoit à travers la succession épiscopale qui remonte aux apôtres. C’est l’évêque qui, par le sacrement de l’ordre constitue un nouveau prêtre, lui conférant le pouvoir de consacrer l’Eucharistie. C’est pourquoi dans une communauté le mystère eucharistique ne peut être célébré par personne d’autre qu’un prêtre ordonné, comme l’a expressément déclaré le 4ème concile de Latran. » Et que dit ce Saint Concile ? « le sacrement de( l’eucharistie), personne ne peut le réaliser sinon le prêtre ordonné dans les règles selon le pouvoir des clés de l’Eglise que Jésus-Christ lui-même a concédé aux apôtres et à leurs successeurs » (F C n31) A cette lumière, il faut très certainement modifier les articles 10,et12 de « l’institutio generalis ». On ne peut vraiment plus dire que la prière eucharistique – le canon – est une « prière présidentielle. » Le mieux serait de les supprimer ou de les oublier et de modifier le rite à cet endroit… en rappelant par exemple que les paroles de la Consécration se prononcent à « voix basse » comme le Concile de Trente le demandait dans son canon 9 de la 22ème session.

C – La présence réelle

Enfin le pape remarque qu’on oublie aujourd’hui l’aspect sacramentel de l’eucharistie. « le caractère sacramentel de l’Eucharistie est réduit à la seule efficacité de l’annonce » n10). Le rappel doctrinal du pape sur ce point fera l’objet de plusieurs chapitres de l’encyclique : des chapitres 1 2 4 et 5 Le chapitre 1. Nous avons là un beau rappel du dogme eucharistique – à partir du n 15. « Dans la messe, la représentation sacramentelle du sacrifice du Christ couronné par sa résurrection implique une présence tout à fait spéciale qu’on nomme réelle non à titre exclusif comme si les autres présences (auxquelles fait allusion « l’Institutio Generalis » – nous l’avons fait remarquer plus haut) n’étaient pas réelle mais par autonomase, parce qu’elle est substantielle et que par elle, le Christ Homme Dieu se rend présent tout entier ». ‘n15) C’est bien la reprise de la doctrine catholique. C’est si vrai que le pape cite les décisions du Concile de Trente sur ce point. Non pas seulement en note, mais dans le texte même comme pour confondre définitivement l’erreur.

« Ainsi est proposée de nouveau la doctrine toujours valable du Concile de Trente » et de citer un passage du chapitre 4 de la session XI. » « Par la consécration du pain et du vin s’opère le changement de toute substance du pain en la substance du Corps du Christ Notre Seigneur et de toute la substance du vin en la substance de son Sang, ce changement l’Eglise catholique l’a justement et exactement appelé transsubstantiation ». C’est clair ! La correction est faite La justice est réalisée. La vérité est rappelée Et c’est l’essentiel. Nous sommes prêts à oublier toutes les peines, sanctions, rejet de nos personnes. Seul nous intéresse la vérité. Elle est dite et avec force. Cela nous suffit. Le Chapitre 2 . Nous avons là également un beau rappel de la doctrine catholique sur le « culte rendu à l’eucharistie en dehors de la Messe ». C’est l’article 25 qui nous fait penser au chapitre 5 de la session XIII du Concile de Trente sur l’Adoration due à la très Sainte Eucharistie. « le culte rendu à l’Eucharistie en dehors de la messe est d’une valeur inestimable dans la vie de l’Eglise » (n25).

Le Chapitre 4,. Intitulé « l’Eucharistie et la communion ecclésiale » nous rappellera que la Sainte Eucharistie, qui suppose pour sa réception et la foi et l’état de grâce , doit être célébrée en communion avec le Pontife Suprême – d’où la nécessité de citer son nom au canon de la messe – avec l’évêque – même obligation – et les autres communautés de fidèles. Cette idée exprimée, le pape « fustige » certaines pratiques œcuméniques. Le Chapitre 5 , Intitulé : « la dignité de la célébration eucharistique », permettra au Saint Père de rappeler la dignité dans la célébration Eucharistique. Parce qu’il y a présence sacramentelle du Christ-Seigneur dans l’Eucharistie, le prêtre, les fidèles doivent manifester respect, adoration, « simplicité » et « gravité ». Le pape s’inspire très joliment de la scène de Béthanie où Marie Madeleine oint les pieds de N S J C d’un parfum « d’un grand prix ». Et il écrit : « Comme la femme de l’onction à Béthanie, l’Eglise n’a pas craint de « dépenser » (le traducteur a traduit « gaspiller » – je n’ai pas le texte latin pour vérifier, mais le mot gaspillé est péjoratif, il ne convient pas ici) plaçant le meilleur de ses ressources pour exprimer son admiration et son adoration face au don incommensurable de l’Eucharistie » (n48). Et le pape, ensuite, de réfuter la trop grande familiarité avec laquelle on entoure souvent l’eucharistie sous prétexte qu’il s’agit aussi d’un banquet. Il nous fait penser aux remarques sévères de St Paul aux Corinthiens. « Si la logique du banquet suscite un esprit de famille, l’Eglise n’a jamais cédé à la tentation de banaliser cette familiarité avec son époux en oubliant qu’il est aussi son Seigneur et que le banquet demeure toujours un banquet sacrificiel marqué par le sang versé sur le Golgotha… « o Sacrum convivium in quo christus sumitur » (n48). De là, les expressions d’adoration intérieure et extérieure nécessaires « destinées à évoquer et à souligner la grandeur de l’événement célébré » (n49). De là aussi, la réglementation liturgique « dans le respect des diverses traditions ecclésiales légitimement constituées » (n 49). Attention ! cette phrase est importante. Nous le verrons plus bas. De là le riche patrimoine artistique, esthétique tant en orient qu’en Occident et ce beau texte sur l’art sacré. « l’art sacré doit se caractériser par sa capacité d’exprimer de manière adéquate le mystère accueilli dans la plénitude de la foi de l’Eglise et selon les indications pastorales convenables données par l’autorité compétente. Cela vaut autant pour les arts figuratifs que pour la musique » (n50). Et c’est alors que le pape – lui-même parle des abus de la réforme liturgique.

Je le cite : « il faut malheureusement déplorer que surtout à partir des années de la réforme liturgique post-conciliaire, en raison d’un sens mal compris de la créativité et de l’adaptation, -( ce ne sont pas les seuls raisons. Les abus s’expliquent aussi par la réforme liturgique elle-même … qui est elle-même un abus) – les abus n’ont pas manqué et ils ont été des motifs de souffrances pour beaucoup »… Merci Très Saint Père… ! (NB  ajout de 2013. C’est une idée très forte du cardinal Ratzinger. Il soutenait déjà cette idée, nous le savons en juillet 2001 à Fontgombault) « Une certaine réaction « au formalisme » a poussé quelques uns… à estimer que les formes choisies par la grande tradition liturgique de l’Eglise et par son magistère ne s’imposaient pas et à introduire des innovations non autorisées et souvent de mauvais goût » (n52). C’est dit. Et sous la plume du pape Il fallait le dire Et le pape conclut : « c’est pourquoi je me sens le devoir de lancer un vigoureux appel pour que, dans la célébration eucharistique, les normes liturgiques soient observées avec une grande fidélité. »n52 – celles qui correspondent à la grande tradition liturgique de l’Eglise du paragraphe plus haut – Qu’on se souvienne en fin – dit le pape- que « la liturgie n’est jamais la propriété privée de quelqu’un, ni du célébrant ni de la communauté dans laquelle les mystères sont célébrés » (n52). Et que « le respect des normes liturgiques est aussi une manifestation de l’amour du prêtre pour l’Eglise et de son sens ecclésial, « l’obéissance aux normes liturgiques devrait être redécouverte » (n52).

Un nouveau texte annoncé… Et c’est alors qu’arrive l’annonce d’un prochain texte qui aura pour objet le respect dû aux normes liturgiques. « Précisément pour renforcer ce sens profond des normes liturgiques, j’ai demandé aux dicastères compétents de la Curie Romaine de préparer un document plus spécifique, avec des rappels d’ordre également juridiques sur ce thème de grande importance ». « Il n’est permis à personne de sous-évaluer le mystère remis entre nos mains ! il est trop grand pour que quelqu’un puisse se permettre de le traiter à sa guise, ne respectant ni son caractère sacré ni sa dimension universelle »(n52).

Première conclusion Après avoir parcouru cette encyclique, nous constatons que le pape dénonce fermement les abus, les oublis, les « ombres » qui touchent ce saint mystère de l’Eucharistie qu’il en fait une très sérieuse critique. Ce sont celles-là même que, dés le début de la réforme liturgique, un certain « groupe choisi de théologiens, de liturgistes et de pasteurs d’âme » (lettre du card Ottaviani à Paul VI) a présentées respectueusement au pape Paul VI dans ce petit ouvrage connu sous le nom de « Bref Examen Critique » Parcourez-le. Parcourez les articles du Père Calmel dans Itinéraires, de Monsieur l’abbé Dulac dans les premiers numéros du « courrier de Rome. » Parcourez les conférences, les homélies de Mgr Lefebvre, la lettre de Mgr Castro Mayer à Paul VI, les articles de Dom Guillou dans « Nouvelles de Chrétienté », les articles de Jean Madiran, des Charlier, de Mlle Quenette dans Itinéraires, vous retrouverez les même critiques, celles que présente le Souverain pontife Jean Paul II dans cette encyclique. Elles ont enfin trouvé « un écho (favorable) dans le cœur paternel du Souverain Pontife »

Deuxième conclusion

Mais ce n’est pas tout. Et c’est là l’aspect très intéressant de l’Encyclique – Le pape ne veut pas non plus seulement favoriser un vrai retour au culte eucharistique dans l’Eglise. Il veut surtout procéder à une correction du N O M qui a engendré – entre autres causes – les erreurs actuelles, les « ombres » présentes. Il veut corriger pour reconstruire, pour ré-édifier le culte eucharistique moribond dans l’Eglise, reconstruire sur les 3 vérités rappelées dans l’Encyclique : -L’Eucharistie est un sacrifice, le sacrifice du Christ aux nobles finalités latreutique, eucharistique, satisfactoire et impétratoire. -Ce sacrifice exige une victime qui est NSJC présent substantiellement sous les espèces transsubstantiées. -Sacrifice sacramentel, réalisé par la double consécration du pain et du vin, est acte qui exige le sacerdoce Ministériel.

Ce texte du pape est finalement un texte qui prépare « la réforme de la réforme liturgique ». Elle rappelle les grandes vérités qui seront le fondement, le principe, la lumière du prochain texte annoncée. Il rappellera les rites liturgiques qui seront – cette fois – en véritable « osmose « avec la vérité catholique, la Lex Orandi devant exprimer la Lex Credendi. Voilà la tache précise qui va faire l’objet des travaux des préfets des dicastères compétents : à savoir le cardinal Ratzinger de la Congrégation de la foi, le cardinal Arinze de la Congrégation du culte divin et discipline des sacrements, le cardinal Castrillon Hoyos de la Congrégation du clergé, Monseigneur Herranz du Conseil pontifical de l’interprétation des textes législatifs. Alors nous pouvons raisonnablement penser que le temps de la fin des abus liturgiques arrive, que c’est le temps du retour à l’ordre liturgique, une liturgie enfin totalement catholique. Comment penser qu’il puisse y avoir une dichotomie entre l’Encyclique et ce texte annoncé. Mais il faut s’attendre à ce que le démon se déchaîne… Si ce nouveau texte restaure – de fait- la liturgie catholique, le démon perd son « atout majeur ». Espérons que les cardinaux auront le courage de rappeler – par exemple – comme le demandait instamment Mgr Gamber, dans ses études liturgiques – que le sacrifice eucharistique se célèbre face à l’Orient. Le cardinal Ratzinger ne préfaçait-il pas ses ouvrages ?.

Espérons que les cardinaux auront le courage de rappeler – comme le pape le fait ici – les actes d’adoration requis pour honorer comme il convient la Sainte Eucharistie et le Saint Sacrifice de la Messe.

Espérons qu’ils supprimeront cette communion dans la main, qu’ils feront de la distribution de la communion, l’acte propre du Sacerdoce…

Espérons qu’ils nous libérons de cet offertoire « scandaleux imposé par Mgr Bunigni– franc-maçon notoire et qu’un offertoire nettement sacrificiel soit retrouvé… et pourquoi ne pas reprendre les belles prières de l’offertoire « romain ».(item n9)

Espérons que nos cardinaux nous permettrons de retrouver le silence adorant dans les célébrations, comme du reste le cardinal Ratzinger l’exprimait dans son dernier ouvrage. OUI c’est l’heure d’une restauration Il faut appeler à la prière !.

Troisième conclusion.

Et si cela se fait, ce sera vraiment une bonne chose. Je m’explique Monsieur Jean Madiran dans son interview avec l’abbé de Tanouarn dans le dernier « certitude » soutient : « Je crois que Vatican II est susceptible d’une Pia Intreprétatio (comme St Thomas le faisait vis à vis de certains Pères) je ne suis pas opposé à l’idée que le pape puisse par des documents rectifier les ambiguïtés du Concile. Je ne suis pas opposé non plus à l’idée d’une réforme de la réforme si dans la réforme il y a une rectification ». Yves Chiron a heureusement remarquer cette phrase dans son Aletheia du 2 mars 2003. Je partagerais volontiers cette idée. Elle correspond, du reste à ce que pensait Mgr Lefebvre. Il me disait la même chose – un jour – en voiture. Il me parlait du Concile et me disait que le pape pourrait soit par lui-même, par des documents pontificaux soit par une commission de cardinaux nommée à cet effet, corriger les ambiguïtés du Concile, un peu comme le pape Paul VI le fit lui-même à propos de la collégialité en imposant – en plein Concile – un acte papal : La fameuse « nota praevia » donnant la juste interprétation d’un texte équivoque voté par les pères conciliaires. C’est ce que fait – aujourd’hui – le pape par cette encyclique : « Ecclesia de Eucharistia ». Il corrige les points faibles, il donne la juste interprétation. Il donne la rectification des omissions, des ambiguïtés de la réforme liturgique. J’ajouterais qu’il ne faudra pas non plus oublier la rectification des traductions des oraisons et de bien d’autres textes. Mais on sait que le cardinal Arinze est sur ce sujet – à la tache – la Congrégation y travaille depuis bien un an. J’ajouterai aussi qu’il faudra respecter le vrai Missel romain celui de St Pie V et en profiter pour le remettre en honneur et dire qu’il n’est ni abrogé ni prohibé. Mgr Fellay le demande dans son interview du 25 avril à « il Giornale », ce rite – cette coutume multiséculaire ne peut être en sagesse interdit. De fait, canoniquement, il ne l’a jamais été. J’ai argumenté dans ce sens devant l’officialité du cardinal Daneels à Bruxelles en 2001 (cf Item n2) . Saint Pie V, lors de la restauration, dans sa pureté, du Missel Romain, a lui-même – on le sait- respecté les rites pouvant justifier 200 ans d’existence dans l’Eglise. Et le Missel Romain de St Pie V a plus de 200 ans d’existence paisible et sanctifiante dans l’Eglise. C’est l’heure de la restitution du missel romain, celui de St Pie V. le cardinal Ratzinger du reste l’écrivait déjà dans son livre « voici quel est notre Dieu » à la page 291 : « il est important aussi de cesser de bannir la forme de la liturgie en vigueur jusqu’en 1970. »

Quatrième Conclusion

C’est pourquoi – ce me semble- on se dirige vers une renaissance du pluralisme liturgique dans l’Eglise – et qui sera acceptable même doctrinalement, le rite nouveau étant réformé dans un sens catholique – comme il existait – du reste –en toute tranquillité avant la réforme liturgique, comme le Concile Vatican II lui-même le confesse dans « Sacrotanctum concilium ».( n4) De fait, il existait à côté du Missel Romain, le rite lyonnais, le rite dominicain, le rite cartusien pour la seule église latine et peut-être d’autres encore sans compter les rites orientaux des églises orthodoxes uniates. Le cardinal Ratzinger le confessait lui aussi dans la conférence qu’il donnait aux catholiques « l’Ecclésia Dei Afflicta » à Rome en 1998. Mais la réforme liturgique a détruit cette riche variété. Il ne fallait plus qu’un rite – toute révolution est totalitaire – celui de Paul VI.. Mgr Bunigni s’est lui-même déplacé à la Chartreuse pour faire abandonner aux chartreux leur rite cartusien au bénéfice de celui de Paul VI. Ce temps du totalitarisme liturgique n’est plus. Espérons- le. Il a fait tant de tord… Nous approchons donc du retour du pluralisme liturgique. L’Encyclique du pape en sera l’origine. Et c’est peut-être la raison pour laquelle, dans l’Encyclique elle-même, comme pour en rappeler la légitimité, le pape parle des différentes liturgies. Il parle de celle de St Jacques au n23, de celle de St Jean Chrysostome au n17, de celle de St Bazile dans la note 91. Pourquoi ce rappel ? pour faire bien ? pour faire riche ? cultivé ? Pourquoi pas pour accoutumer les esprits à cette véritable réalité ecclésiale qu’est le pluralisme – ah que les évêques de France vont avoir du mal d’accepter cela ? mais le pape a parlé. Causa finita est ! Et c’est là que peut prendre tout son sens, la phrase du pape au n 49 : « dans le respect des diverses traditions ecclésiales légitimement constituées ». C’est bien le cas pour le rite romain dit de St Pie V ! Conclusion finale : une lueur d’espoir ! Et c’est ainsi que Monsieur l’abbé Barthe me semble ne pas avoir totalement tort quand – après avoir constaté les efforts de la hiérarchie catholique pour intégrer de nouveau le rite de St Pie V dans l’Eglise. (1) en créant une Administration apostolique personnelle avec la reconnaissance expresse du rite de St Pie V. (2) en conseillant aux Evêques la création dans leur diocèse de paroisse personnelle (cette idée ne se trouvait exprimée ni dans l’Indult de 84 ni dans le Motu Proprio de 88) pour les fidèles attachés à ce rite. (3) En voulant régler l’affaire de la FSPX lui reconnaissant le droit à la messe de toujours . – il écrit : « on va vers un traitement global de cette non réception doctrinale et/ou liturgique du Concile ».(catholica n79 p65) J’ajoute que ce traitement se fera par la reconnaissance du rite de St Pie V, par le retour au pluralisme liturgique et par la « catholicisation » de la réforme liturgique de Paul VI.

Abbé Paul Aulagnier 

Mai 2003

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