Ils ont un problème avec la culture catholique…
publié dans regards sur le monde le 30 novembre 2013
Sur le « MetaBlog » de M l’abbé de Tanouarn, en date du 29 novembre 2013, on peut lire cette excellente réflexion, d’un grand réalisme et d’une grande justesse, sur la récente « Exhortation Apostolique » du pape François. C’est un simple extrait de l’article qu’il consacre à cette Exhortation Apostolique dans la Revue « Monde et Vie ».
« La grâce suppose la nature, disait Thomas d’Aquin. « La grâce suppose la culture » (115) lance François. Pour le pape, il l’écrit aussi, « le peuple de Dieu s’incarne dans tous les peuples de la terre ». Cette catégorie de « peuple » est absolument décisive chez lui. Tout se passe comme si, pour lui, la grâce ne s’adresse pas d’abord aux individus mais aux peuples. Etreinte baptismale, étreinte éternelle, il faut faire en sorte « que notre peuple vive entre ces deux étreintes » (142).
Et notre pape d’attaquer « un christianisme monoculturel et monocorde » (117). Et de mettre en cause « la sacralisation vaniteuse de la propre culture de l’Eglise ». Cette dernière formule me pose un problème. Je voudrais y réfléchir et chercher les raisons de la soudaine condamnation que semble jeter le pape.
C’est un fait bien connu : le cardinal Bergoglio croit à la culture populaire argentine. En 2002, il a édité un long commentaire d’un poète gnomique argentin José Hernandez, intitulé Le Gaucho. Il se veut proche de son peuple, il aspire sans doute aussi à devenir le représentant des peuples contre la mondialisation libérale. Mais pourquoi ne voit-il pas (comme l’avait si bien vu Mgr Lefebvre) la fécondité mondiale d’une culture catholique, qui a été l’une des grandes institutrices des peuples à l’époque des Missions ? Je hasarde une réponse : cette culture catholique reposait sur la beauté rituelle d’une liturgie unique partout dans le monde. Cette liturgie étant aujourd’hui réputée résiduelle, il est devenu difficile de parler d’une culture catholique universelle depuis le Concile.
A tous ceux qui croient encore en une culture catholique, capable de s’inculturer partout, mais qui est avant tout façonnée par la foi, le pape adresse le reproche de néo-pélagianisme : « Dans certaines formes de christianisme, on note un soin ostentatoire de la liturgie, de la doctrine ou du prestige de l’Église, mais sans que la réelle insertion de l’Évangile dans le Peuple de Dieu et dans les besoins concrets de l’histoire ne les préoccupe. De cette façon la vie de l’Église se transforme en une pièce de musée, ou devient la propriété d’un petit nombre » (95). Il se pourrait bien que la mission historique des traditionalistes soit aujourd’hui, face au refus institutionnel d’une culture catholique solide, de transmettre cette culture malgré l’institution qui devrait la porter.
GT
Ces quelques remarques de M l’abbé de Tanoüarn sont d’une grande actualité et devraient obliger à la réflexion. Il met le doigt sur un aspect essentiel de la crise actuelle. A quoi sert d’envoyer des messages d’encouragement à tel ou tel institut tout en écrivant en même temps ce n° 95. N’est-ce pas tenir un double langage et avoir une double attitude qui ne peut qu’engendrer inquiétude et réserve. Qui comprendra la « réponse » de M l’abbé de Tanoüarn, servira la cause de l’Eglise et gagnera….Qui ne le comprendra pas, risque d’être victime des temps présents.
Que sont les « chicaneries » par rapport à cette analyse si juste et par rapport à l’ampleur du combat à mener?
Quoi qu’il en soit, c’est bien dans cette ligne « liturgique » que les séminaristes de Courtalain sont formés…