Un jugement après les canonisations de hier!
publié dans regards sur le monde le 28 avril 2014
Dans son « Itinéraire spirituel », son dernier livre, Mgr Lefebvre a écrit cette « note », c’est son ultime réflexion. Elle concerne Rome, le Siège de Pierre. On n’en sera pas étonné quand on sait combien il était romain.
Il faut la lire ou la relire surtout après la « canonisation » des Pontifes Jean XXIII et Jean-Paul II, déclarée par le Pape François, le dimanche 27 avril 2014:
« Je crois devoir ajouter, écrit Mgr Lefebvre, quelques lignes pour attirer l’attention de nos prêtres et de nos séminaristes sur le fait incontestable des influences romaines sur notre spiritualité, sur notre liturgie, et même sur notre théologie.
On ne peut nier que ce soit là un fait providentiel: Dieu qui conduit toutes choses, a dans sa sagesse infinie préparé Rome à devenir le siège de Pierre et le centre du rayonnement de l’Evangile. D’où l’adage: « Unde Christo e Romano ».
Dom Guéranger dans son « Histoire de sainte Cécile » montre la grande part qu’ont pris les membres des grandes familles romaines dans la fondation de l’Eglise, donnant leurs biens et leur sang pour la victoire et le règne de Jésus-Christ. Notre liturgie romaine en est le témoin fidèle.
La « Romanité » n’est pas un vain mot. la langue latine en est un exemple important. Elle a porté l’expression de la foi et du culte catholique jusqu’aux confins du monde. Et les peuples étaient fiers de chanter leur foi dans cette langue, symbole réel de l’unité de la foi catholique.
Les schismes et les hérésies ont souvent commencé par une rupture avec la Romanité, rupture avec la liturgie romaine, avec le latin, avec la théologie des Pères et des théologiens latins et romains.
C’est cette force de la foi catholique enracinée dans la Romanité, que la Maçonnerie a voulu faire disparaître en occupant les Etats Pontificaux et en enfermant la Rome catholique dans la Cité du Vatican. Cette occupation de Rome par les maçons a permis l’infiltration dans l’Eglise, du modernisme et la destruction de la Rome catholique par les clercs et les Papes modernistes qui s’empressent de détruire tout vestige de « Romanité »: la langue latine, la liturgie romaine. Le pape slave est le plus acharné à changer le peu que gardait le Traité du Latran et le Concordat. Rome n’est plus ville sacrée. il encourage l’implantation des fausses religions à Rome, y accomplit de scandaleuses réunions œcuméniques, pousse partout à l’inculturation de la liturgie détruisant les derniers vestiges de la liturgie romaine. Il a modifié dans la pratique le statut de l’Etat du Vatican. Il a renoncé au couronnement, refusant ainsi d’être chef d’Etat. Cet acharnement contre la « Romanité » est un signe infaillible de rupture avec la foi catholique qu’il ne défend plus.
Les Universités pontificales romaines sont devenues des chaires de pestilence moderniste. La mixité de la Grégorienne est un scandale perpétuel.
Tout est à restaurer in Christo Domine, à Rome comme ailleurs.
Aimons scruter comme les voies de la Providence et de la sagesse divine passent par Rome et nous conclurons qu’on ne peut être catholique sans être romain. Cela s’applique aussi aux catholiques qui n’ont ni la langue latine, ni la liturgie romaine; s’ils demeurent catholiques, c’est parce qu’ils demeurent romains – comme les maronites par exemple, par exemple, par les liens de la culture française catholique et romaine qui les a formés.
C’est d’ailleurs faire une erreur, à propos de la culture romaine, que de parler de culture occidentale. Les juifs catholiques ont apportés avec eux de l’Orient tout ce qui était chrétien, tout ce qui dans l’Ancien Testament était une préparation et allait être un apport au Christianisme, tout ce que NSJC a assumé et que l’Esprit-Saint a inspiré aux Apôtres d’utiliser. Que de fois les épîtres de saint Paul nous renseignent sur ce sujet!
Dieu a voulu que le Christianisme, coulé en quelque sorte dans le moule romain, en reçoive une vigueur et une expansion exceptionnelles. Tout est grâce dans le plan divin et Notre divin Sauveur a tout disposé, comme il est dit des Romains « cum consilio et patientia » ou « suaviter et fortiter ».
A nous aussi de garder cette Tradition romaine voulue par NSJC, comme il a voulu que nous ayons Marie pour Mère. »
Ne doit-on pas répéter encore aujourd’hui, à la suite de Mgr Lefebvre: « Je crois à la Rome catholique ». « Je refuse la Rome moderniste ».
Il est bon aussi de se rappeler le discours que Jean-Paul II prononçait à l’UNESCO, le 2 juin 1980 à l’occasion de son voyage apostolique en France à Paris-Lisieux.
N’entendons-nous pas un langage inspiré directement de la pensée maçonnique? Tel était, du reste, son auditoire!
Et de toute façon quelle différence avec les paroles de saint Pie X que l’on peut lire dans son encyclique « E supremi apostolatus », toute centrée sur le Christ Seigneur et sur sa maxime très paulinienne « Restaurare omnia in Christo ».
Dans le paragraphe 4 du discours, Jean-Paul II ne craint pas de dire :
« 4. Il y a quand même – et je l’ai souligné dans mon discours à l’ONU en me référant à la Déclaration Universelle des Droits de l’homme – une dimension fondamentale, qui est capable de bouleverser jusque dans leurs fondements, les systèmes qui structurent l’ensemble de l’humanité et de libérer l’existence humaine, individuelle et collective, des menaces qui pèsent sur elle. Cette dimension fondamentale, c’est l’homme, l’homme dans son intégralité, l’homme qui vit en même temps dans la sphère des valeurs matérielles et dans celle des valeurs spirituelles. Le respect des droits inaliénables de la personne humaine est à la base de tout »
Saint Pie X, au sujet des menaces qui pèsent sur l’humanité, disait qu’il faut revenir à Dieu ; Jean-Paul II, lui, dit qu’il faut revenir à l’homme et il invoque la « déclaration des droits de l’homme » sans la référer au seul vrai fondement des droits : Dieu et la nature humaine. Quels sont ses droits inaliénables de la personne humaine ? Le droit à l’euthanasie? Est-ce un droit inaliénable de l’homme ? Des parlements européens le soutiennent aujourd’hui invoquant eux aussi la déclaration des droits de l’homme…
On voit la différence qui existe dans la pensée de ces deux papes. Pour l’un, pour Jean-Paul II, c’est l’homme et l’humanisme qui est à la base de tout. Pour l’autre, le pape saint Pie X, c’est Dieu, revenir à Dieu et au respect des droits de Dieu.
Jean-Paul II en appelle à « la conscience humaine ». Il dit que le grand moyen pour réaliser la paix dans le monde, c’est de donner sa place à la conscience, de « faire prendre conscience » aux gens du danger que court le monde si on n’agit pas dans ce sens:
« 5. A l’origine de l’UNESCO, comme aussi à la base de la Déclaration Universelle des Droits de l’homme, se trouvent donc ces premières nobles impulsions de la conscience humaine, de l’intelligence et de la volonté. J’en appelle à cette origine, à ce commencement, à ces prémisses et à ces premiers principes. C’est en leur nom que je viens aujourd’hui à Paris, au siège de votre Organisation – (dans sa première encyclique, saint Pie X, lui, invoquait expressément le nom de Dieu, voulait développer le parti de Dieu) – et avec une prière : qu’au terme d’une étape de plus de trente ans de vos activités, vous vouliez vous unir encore davantage autour de ces idéaux et des principes qui se trouvèrent au commencement. C’est en leur nom aussi que je me permettrai maintenant de vous proposer quelques considérations vraiment fondamentales, car c’est seulement à leur lumière que resplendit pleinement la signification de cette institution qui a pour nom UNESCO, Organisation des Nations Unies pour l’Éducation, la Science et la Culture ».
Comment affirmer de telles choses, alors qu’on sait quels principes animent la déclaration des droits de l’homme : le naturalisme, le rationalisme. Principes tout à l’opposé de la pensée chrétienne. Cette pensée exprimée par le pape fait frémir d’horreur et hurler de douleur.
Et dans les considérations qui suivent, sur plus de vingt paragraphes, Jean-Paul II ne parlera pas une seule fois de Dieu et de son Christ.
Et en conclusion, il en appelle de nouveau à la « conscience humaine » comme moyen de sauver la paix. C’est vraiment son leit-motif. Saint Pie X, lui, en appelait à Dieu, au Christ Jésus, à l’Eglise. La différence est nette, elle est abyssale :
« 22. Mesdames et Messieurs, le monde ne pourra pas poursuivre longtemps sur cette voie. A l’homme qui a pris conscience de la situation et de l’enjeu, qui s’inspire aussi du sens élémentaire des responsabilités qui incombent à chacun, une conviction s’impose, qui est en même temps un impératif moral : il faut mobiliser les consciences ! Il faut augmenter les efforts des consciences humaines à la mesure de la tension entre le bien et le mal à laquelle sont soumis les hommes à la fin du vingtième siècle. Il faut se convaincre de la priorité de l’éthique sur la technique, du primat de la personne sur les choses, de la supériorité de l’esprit sur la matière. La cause de l’homme sera servie si la science s’allie à la conscience ».
C’est vraiment désolant. Ce ne peut être des paroles prononcées par un saint !
Il rappellera une seule fois « le sens de la transcendance de l’homme sur le monde et de Dieu sur l’homme »
Ainsi, saisissant l’occasion de ma présence aujourd’hui au siège de l’UNESCO, moi, fils de l’humanité et Évêque de Rome, je m’adresse directement à vous, hommes de science, à vous qui êtes réunis ici… Tous ensembles, vous êtes une puissance énorme : la puissance des intelligences et des consciences !
Montrez-vous plus puissants que les plus puissants de notre monde contemporain ! Décidez-vous à faire preuve de la plus noble solidarité avec l’humanité : celle qui est fondée sur la dignité de la personne humaine. Construisez la paix en commençant par le fondement : le respect de tous les droits de l’homme, ceux qui sont liés à sa dimension matérielle et économique, comme ceux qui sont liés à la dimension spirituelle et intérieure de son existence en ce monde.
23. Il m’a été donné de réaliser aujourd’hui un des désirs les plus vifs de mon cœur … Il m’a été donné de vous dire à tous, à vous…: Oui ! L’avenir de l’homme dépend de la culture ! Oui ! La paix du monde dépend de la primauté de l’Esprit ! Oui ! L’avenir pacifique de l’humanité dépend de l’amour. Ma parole finale est celle-ci : Ne cessez pas. Continuez. Continuez toujours ».
Vous le constatez, Jean-Paul II en appelle à la « conscience humaine » comme moyen de sauver la paix. Saint Pie X, lui, en appelait à Dieu. La différence est nette. Saint Pie X parlait, lui, du « retour des nations au respect de la majesté et de la souveraineté divine ».
O quel abîme ! Quelle variation ! Un discours complètement aux antipodes du cri de l’Apôtre des Gentils et de saint Pie X. Pie X, lui, avait le culte de Dieu et, au monde moderne, prêchait le Christ et son mystère sauveur.
Jean-Paul II, dans ce discours exprime le culte de l’homme.
N.B. – Sur l’UNESCO et sa « philosophie », il faut lire le chapitre XXII du livre, Epiphanius : Maçonnerie et sectes secrètes : Le côté caché de l’histoire » (pp. 305-313).