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Entraide et Tradition
Adoration et Sainteté

Adoration et Sainteté

publié dans couvent saint-paul le 1 novembre 2009


Prédication pour le 22ème dimanche après la Pentecôte

Fête de tous les Saints.

 

L’Epître de cette grande fête – la Toussaint – est prise du merveilleux texte de l’Apocalypse de saint Jean. Elle nous décrit non seulement le nombre des élus, des saints : « Je vis une grande multitude que personne ne pouvait compter, de toute nation, de toute tribu, de tout peuple et de toute langue », mais également, elle nous décrit leur attitude : « Ils se tenaient devant le trône et en face de l’Agneau, vêtus de robes blanches et ils avaient des palmes dans leurs mains ». Elle nous fait entendre leur profession, non seulement leur profession mais leur acclamation : « Et ils criaient d’une voix forte et disaient : le salut est à notre Dieu qui est assis sur le trône et à l’Agneau. Et tous les anges se tenaient autour du trône et des vieillards et des quatre animaux et ils se prosternèrent devant le Trône sur leurs visages et adorèrent Dieu, en disant : Amen. Bénédiction, gloire, sagesse, action de grâces, honneur, puissance et force à notre Dieu dans les siècles des siècles. Amen ».

Oh ! Merveilleux récit !
Oh ! Merveilleuse contemplation du ciel. La fin de toute création c’est la gloire de Dieu et il n’y a de vraie sainteté que dans la profession de la gloire de Dieu, que dans l’adoration. Dieu a créé toutes choses, le ciel et la terre, toutes les choses inanimées et les choses animées, « les choses visibles et invisibles », toutes personnes pour Lui, pour sa gloire, pour sa magnificence. « Et tous les anges se tenaient autour du trône et ils se prosternèrent devant le trône sur leurs visages et adorèrent Dieu en disant : Bénédiction, gloire sagesse action de grâces…Amen ! Qu’il en soit ainsi.
Dieu veut se communiquer. Il veut se joindre, Il veut s’unir toutes créatures pour qu’elles participent à sa gloire, de sa gloire et s’en émerveillent. Et cette participation à cette gloire divine fait la joie ineffable des élus, fait la sainteté.

 

Et il est particulièrement intéressant de voir que la liturgie romaine, la vraie, veut imiter, veut anticiper cette gloire divine du Ciel, sur la terre, tant il est vrai que nous sommes déjà, par notre baptême, « citoyens du Ciel ». En effet au Ciel, le chant des élus, des anges est tout à la gloire de Celui qui est sur le trône et à l’Agneau. Ils se prosternent. Ils adorent. Ils chantent : Bénédiction, gloire, sagesse, action de grâces, honneur, puissance, et force.

 

Mais ici bas notre belle liturgie est aussi toute ordonnée à la gloire de Dieu. Elle nous ordonne à Dieu. Elle nous fait chanter la gloire de Dieu. Elle nous unit en Dieu, pour Dieu. C’est cette finalité – la gloire de Dieu – qui fait l’unité liturgique de l’assemblée ; Et c’est notre merveilleux « Gloiria in excelsis Deo ». « Laudamus te ». « Benedicimus te ». « Adoramus te ». « Glorificamus te ». « Gratias agimus tibi propter magnam gloriam tuam ».

 

Le Père est glorifié. Le Fils aussi. « Il est assis à la droite du Père ». C’est équivalemment dire sa gloire. « Il est le seul Saint ». « Il est le seul Sauveur ». « Il est le Seigneur Dieu ». « Dominus Deux ». « L’Agneau de Dieu ». « Agnus Dei ». On le confesse comme le Fils du Père. « Filius Patri ».
Il est l’Agneau qui fut sacrifié pour effacer les péchés du monde. On le répète deux fois. Mais qui est aujourd’hui le « Vivant » et qui entraîne, ceux qui sont marqués du signe, à la Vie, à la Vie divine, à la Vie éternelle, à la Vie glorieuse, à la Vie sainte, à la Vie de sainteté parce qu’Il est la Sainteté même. « Vous êtes le seul Saint, le seul Seigneur. Tu solus Dominus. Tu solus Altissimus. Jesu Christe ».

 

Ce « gloria in excelsis Deo » est vraiment un chant céleste, le même que celui du Ciel. Il unit l’Eglise souffrante à l’Eglise triomphante. Ce « gloria » nous permet de « concélébrer » avec les anges, l’hymne à la gloire de Dieu et à l’Agneau.. C’est la seule concélébration qui vaille et à laquelle je veux bien volontiers munir !

Et notre liturgie romaine, celle qui n’est pas « bunignienne », va reprendre au « Sanctus », cet hymne glorieux, ces acclamations d’adoration.

Déjà, avant le Sanctus, dans la Préface qui précède, nous chantons encore la Gloire de Dieu. Dans la Préface commune, le prêtre chante : « C’est par Lui que les anges louent votre majesté, que les Dominations vous adorent, que les Puissances se prosternent en tremblant – tremunt Potestates ». Les Cieux, les Vertus des cieux, les bienheureux Séraphins s’associent à eux dans une commune louange – « socia exultatione concelebrant ». La « concélébration » véritable, c’est celle-là, celle qui nous unit tous dans le chant et l’adoration de la glorieuse Trinité.

 

Cette « concélébration », cette union des voix célestes à la gloire de Dieu est si vraie que la liturgie en conclusion de la Préface nous fait supplier, de la clémence divine, cette autorisation d’unir nos voix au chant des élus et des anges. : « Daignez ordonner, nous vous en supplions, que nos voix suppliantes puissent se mêler aux leurs en disant » le merveilleux sanctus, peut-être la plus ancienne des prières de notre liturgie. « Sanctus….. Dominus Deus Sabaoth ». Ce sanctus, trois fois répétés en l’honneur de la Trinité, nous permet de chanter encore la gloire de Dieu. Nous le glorifions parce que la Trinité est Sainte et que le ciel et la terre sont pleins de sa gloire. « Pleni sunt coeli et terra gloria tua ». « Hosanna au plus haut des cieux ». C’est l’acclamation que le peuple hébreux chanta le jour des Rameaux, à l’entrée de Jésus à Jérusalem monté sur le petit d’une ânesse, comme l’avait prédit l’Ecriture Sainte. Tout fut accompli dans le détail..

Et la Liturgie insiste dans ce chant de gloire : « Il est bien celui qui vient au nom de Seigneur. Il est bien le Messie, le Christ, l’Agneau de Dieu. Il est bien celui qui vient pour accomplir toute justice, pour accomplir la volonté miséricordieuse de Dieu le Père, pour verser son sang dans un élan véridique de son amour pour nous.

 

La sainteté pour toute créature, est à cette condition, dans cette profession de foi, de ce chant de « l’Hosanna in excelsis Deo ». Il ne peut y avoir de sainteté vraie en dehors de ce chant de gloire, en dehors de cette confession des bienfaits de Dieu. Et si nous voulons chanter un jour la gloire de Dieu au ciel, sachons le chanter des ici-bas avec la liturgie romaine, la seule et l’unique. La participation vivante et vibrante à la messe dominicale est donc une condition sine qua non de la sainteté. Car cette messe dominicale est l’occasion pour moi, nous venons de le voir, de chanter le gloire de Dieu et d’adorer. Cette gloire de Dieu chantée est la raison de ma présence ici. .Elle sera la raison de la gloire future au ciel. Et si nous sommes unis tous ici, ce n’est pas parce que nous sommes heureux de nous trouver ensemble. Mais nous sommes heureux d’être ensemble, participants à la même foi, pour chanter la gloire de Dieu. C’est la gloire de Dieu, l’adoration acclamée qui est la raison de notre unité et de notre présence, sa finalité. Nous sommes là pour acclamer, comme au ciel, avec les élus et les anges, la gloire de l’Agneau de Dieu. A Lui, par Lui et en Lui toute honneur et toute gloire. Il a payé assez cher notre salut, notre sanctification pour que nous ne restions pas « sans voix » alors qu’il s’agit précisément de l’acclamer.

 

Et je suis particulièrement heureux d’entendre la plus haute voix de l’Eglise après le Pape, en matière liturgique, celui qui a la charge de la liturgie romaine et de sa restauration, nous rappeler tout récemment la finalité de toute véritable liturgie : l’adoration. Il vient de déclarer : « En ce moment nous travaillons de manière très silencieuse sur toute une série de thèmes relatifs à des projets de formation. C’est le besoin prioritaire : une bonne et véritable formation liturgique. Ce thème est capital parce que vraiment on ne peut aujourd’hui compter sur une formation adéquate. Les gens croient que la liturgie est une question de formes ou de réalités extérieures ; il nous faut retrouver le sens de l’adoration, c’est-à-dire le sens de Dieu en tant que Dieu. Ce sens de Dieu ne pourra se retrouver qu’à travers la liturgie. Voilà pourquoi le Pape manifeste un si grand intérêt pour l’accentuation de la priorité de la liturgie dans la vie de l’Eglise. Quand l’esprit de la liturgie est vécu, on entre dans l’esprit de l’adoration, on entre dans la reconnaissance de Dieu, on entre en communion avec Lui, et c’est cela qui transforme l’homme et le convertit en homme nouveau. La liturgie regarde toujours vers Dieu, et non pas vers la communauté ; ce n’est pas la communauté qui fait la liturgie, mais Dieu. C’est Lui qui vient à notre rencontre et nous propose de participer à sa vie, à sa miséricorde et à son pardon… Quand la liturgie sera vécue en vérité, quand Dieu se trouvera véritablement en son centre, alors tout changera. […]
Il existe aujourd’hui une sécularisation et un laïcisme très importants, on a perdu le sens du mystère et le sens du sacré, on ne vit pas véritablement avec l’esprit d’adoration de Dieu et de laisser Dieu être Dieu. C’est pourquoi l’on croit qu’il faut constamment changer des choses dans la liturgie, faire des innovations, et que tout cela soit très créatif. Or ce n’est pas cela que doit être la liturgie : elle doit être nécessairement et réellement adoration, c’est-à-dire reconnaissance de Celui qui nous transcende et qui nous offre la Rédemption. Le mystère de Dieu, qui est le mystère insondable de son amour, n’est pas une nébuleuse, mais Quelqu’un qui vient à notre rencontre. Il faut retrouver l’homme qui adore. Il faut retrouver le sens du mystère. Il faut retrouver ce que nous n’aurions jamais dû perdre. Le plus grand mal qui se fait actuellement à l’homme est de vouloir éliminer de sa vie la transcendance et la dimension du mystère. De cela, nous vivons les conséquences dans toutes les sphères de la vie. C’est la tendance à substituer l’opinion à la vérité, l’inquiétude à la confiance, les moyens à la fin … C’est pourquoi il est si important de défendre l’homme face à toutes les idéologies qui le fragilisent dans sa triple relation au monde, aux autres et avec Dieu. On n’avait jamais autant parlé de liberté, et jamais auparavant il n’y a eu tant d’esclavages. »

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