Exposé de la situation ecclésiale par Mgr lefebvre avant les Sacres de Juin 1988
publié dans regards sur le monde le 26 novembre 2014
Ici, je publie le texte manuscrit que Mgr Lefebvre remit aux prêtres et religieuses réunis par lui au Pointet le 30 mai 1988. Reproduit également ans Itinéraires, Numéro 325-326 de juillet-octobre 1988] 1988
C’est un texte historique de la plus grande importance et qui montre la particulière prudence de Mgr Lefebvre.
C’est à relire avec un immense respect et une grande admiration en ce quarantième anniversaire de sa déclaration du 21 novembre 1974.
PA
- Quinze ans d’opposition aux déviations doctrinales du Concile et aux Réformes issues de cet esprit conciliaire, afin de demeurer fidèles à la foi et aux sources de la grâce sanctifiante.
- Pour demeurer dans cette fidélité nous subissons la persécution de Rome et des épiscopats, des Congrégations religieuses.
- Réalisant le même combat, nous nous sommes entr’aidés pour consolider et développer les œuvres que la Providence a mises dans nos mains et qu’elle a visiblement bénies.
- La Providence a permis que nous ayons un Evêque, grâce auquel les grâces des ordinations et des confirmations ont pu nous être données, secours indispensable pour notre fidélité.
- Quinze années de vie ecclésiale traditionnelle, quinze années de bénédictions, de vie avec le sacrifice eucharistique, de prières, de réception de sacrements valides et fructueux. Évêque, prêtres, religieux, religieuses, familles chrétiennes unis dans la foi, la ferveur, la générosité, la pleine croissance spirituelle et matérielle, au milieu d’épreuves, de croix, de mépris, etc.
- L’Evêque formait le lien moral et même le lien ecclésial avec la Rome moderniste actuelle. Il faut bien reconnaître que les efforts pour corriger 1’esprit et les Réformes du Concile furent vains, ainsi que les demandes d’autoriser officiellement l’«expérience de la Tradition».
Cependant le problème vital pour la fidélité à la Tradition se pose avec la disparition de l’Evêque.
- La visite par le cardinal Gagnon est décidée et se réalise du 11 novembre au 9 décembre. [NDLR : 1987]
- Rapport remis le 5 janvier [NDLR : 1988] au Pape.
- Le 18 mars : proposition d’une Commission.
- Réunion de la Commission d’experts les 13-14-15 avril. Signature d’un projet le 15 avril.
Réunion de la Commission entre le Cardinal, Mgr Lefebvre et les experts, les 3 et 4 mai. Signature du Protocole le 5 mai, St Pie V.
- Procédure pour l’application.
- Question de la date de la consécration? Remise « sine die ».
- Lettre de Monseigneur au Pape du 5 mai 1988.
Commencent les difficultés d’application:
L’ambiance de ces contacts et des colloques, les réflexions des uns et des autres au cours des conversations
- Le Bureau de Rome sera provisoire (Note spéciale).
- L’Evêque est inutile, mais accordé de mauvais gré. Délais!
- L’Eglise catholique est l’Eglise du Concile Vatican II.
- L’acceptation des nouveautés conciliaires à Saint-Nicolas!
- [Faire] retourner les Congrégations religieuses à leurs Ordres respectifs, avec un statut spécial!
- On nous remet une note doctrinale à la signature.
- On nous redemande le pardon de nos fautes.
- Normalisation canonique de nos œuvres. Reprise des relations avec Rome de chacune de nos œuvres.
- En gardant une certaine indépendance pour la sauvegarde de la Tradition, par la liturgie, par la confirmation des membres et des fidèles.
- Et relations avec les évêques et le monde conciliaire ; suppression des appréhensions et des réticences !… dans une certaine mesure.
- Et relations facilitées avec certaines administrations civiles.
- Contacts missionnaires plus faciles pour convertir à la Tradition, prêtres et fidèles !…
- Afflux de vocations et de fidèles dans nos œuvres.
- Evêque consacré avec l’agrément du Saint-Siège.
- Dépendance mesurée mais certaine de la Rome moderniste et conciliaire, à travers la commission romaine dirigée par le cardinal Ratzinger, dont les principes sont ceux qui nous ont éloignés de la Rome moderne.
- Dissociation normale de notre unité morale créée autour de ma personne, qui disparaît au profit en partie du cardinal Ratzinger et en partie au profit des différents Supérieurs généraux et générales qui auront affaire directement avec Rome, mais pourront continuer à s’adresser à l’Evêque consacré pour la Tradition.
- Risque de moins d’unité et de moindre force.
- Relations avec les congrégations et Ordres, avec statut spécial, mais malgré tout avec une dépendance morale, que Rome souhaite voir transformée le plus tôt possible en dépendance canonique.
- Relations avec les évêques et un clergé et des fidèles conciliaires malgré l’exemption très étendue ; les barrières canoniques disparaissant, il y aura nécessairement des contacts de courtoisie et peut-être des offres de coopération pour les unions scolaires, union des supérieurs, réunions sacerdotales, cérémonies régionales, etc. Tout ce monde est d’esprit conciliaire, œcuméniste, charismatique.
- Un seul évêque.
- Moins de protection, plus de danger.
Le problème moral se pose donc pour nous :
La décision doit être prise dans les 48 heures.