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Entraide et Tradition

2014 La guerre contre les chrétiens

publié dans regards sur le monde le 23 décembre 2014


Mathieu Bock-Côté : « La guerre contre les chrétiens en 2014 »

Auteur, essayiste et sociologue, Mathieu Bock-Côté est un jeune universitaire – il a 34 ans – qu’on peut classer parmi les “souverainistes” au Québec, hostile au multiculturalisme et partisan d’un nationalisme conservateur. Il vient de donner une excellente chronique sur son blogue J5 Chronique Blogue du Journal de Montréal. On ne peut qu’être d’accord avec lui : cette guerre contre les chrétiens, qu’on constate partout, est une guerre contre le christianisme.

Si chaque année porte son lot de malheurs, 2014 fut particulièrement difficile pour les chrétiens d’Orient. L’État islamique, qui a progressé en Irak, s’est notamment donné pour mission d’éradiquer le christianisme dans la région, d’en effacer les traces, pour que l’Islam tel qu’il l’imagine y règne sans partage.

Les chrétiens d’Orient ne sont pas des immigrants installés depuis une ou deux générations, mais de communautés présentes depuis deux millénaires dans la région. On les traite comme un corps étranger, on les pousse à la conversion ou à l’exode. En fait, on veut chasser le christianisme de son berceau, l’effacer de la mémoire.

Nous assistons à une entreprise de déracinement d’une brutalité extrême. On veut chasser une religion du coin du monde où elle a laissé sa première empreinte, on veut déloger un peuple qui ne connaît pas d’autres pays que ceux-là où il est depuis toujours installé. Aujourd’hui, les chrétiens d’Orient partent en exil, en sachant qu’ils ne reviendront plus chez eux.

Mais leur sort est peut-être simplement révélateur des persécutions plus généralement menées contre les chrétiens à travers le monde. Dans “Le Livre noir de la condition des chrétiens dans le monde”, paru il y a quelques mois chez XO Éditions, on constate à quel point le christianisme est la religion la plus persécutée.

Sur à peu près tous les continents, les chrétiens sont menacés. Non seulement en Irak ou en Syrie, mais aussi au Soudan, où Meriam Yehya Ibrahim a récemment été condamnée à mort pour s’être convertie au christianisme. Heureusement, elle a été sauvée. On pense aussi àAsia Bibi, chrétienne pakistanaise condamnée à mort pour blasphème.

Mais nous ne voulons pas le savoir. Dans nos démocraties occidentales, confortables et sécuritaires, nous sommes bien sélectifs dans le choix des victimes à qui nous portons attention. Nous sommes convaincus d’une chose: le christianisme est la religion de l’Occident, et l’Occident est partout dominant. Il ne peut donc être victime.

Il suffit qu’on en appelle ici à un renforcement minimal et pacifique de la laïcité pour que l’Occident s’imagine persécuter les immigrants. Mais la persécution violente et meurtrière des chrétiens nous indiffère. Il y a une disproportion gênante entre notre autocritique systématique et notre indifférence à la barbarie envers les chrétiens dans le monde.

Les chrétiens d’Orient nous ramènent à une part de notre identité que nous avons décidé de censurer, peut-être même de renier. Je parle évidemment de nos racines chrétiennes. Aujourd’hui, nous traitons la religion comme une simple question de spiritualité individuelle. Le christianisme ne travaillerait plus aucunement notre conscience.

La redécouverte de ces racines est une question de survie. Non pas pour se convertir. La foi est chose intime. Mais en assumant à nouveau cette part chrétienne, nous verrons peut-être comment la violence faite aux chrétiens d’à travers le monde nous vise aussi directement. Se porter à leur défense, c’est éviter de se renier moralement et culturellement.

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