La Revue Item - « La Tradition sans peur »
Suivez les activités de l'Abbé Aulagnier
Entraide et Tradition

Du célibat ecclésiastique? La pensée de François?

publié dans magistère du pape François le 22 mars 2017


Le pape François prêt à accepter l’ordination d’hommes mariés

 

On savait que, parmi les réformes envisagées par le pape François, il y avait la mise en question du célibat des prêtres. Sans se prononcer clairement, il avait jusqu’ici seulement laissé les évêques brésiliens examiner la question de l’ordination éventuelle d’hommes mariés, des « seniors », ayant derrière eux une expérience chrétienne avérée au sein de leur paroisse.

Or, dans une interview accordée à l’hebdomadaire allemand Die Zeit, le pape envisage, officiellement cette fois, que l’Eglise catholique puisse bientôt ordonner au sacerdoce des viri probati, des hommes d’expérience pour remédier au manque de prêtres dans des régions reculées : « Nous devons réfléchir, dit-il, pour savoir si les viri probati sont une  possibilité. Ensuite, nous devons aussi déterminer quel rôle ils peuvent jouer, notamment dans les communautés éloignées. » Sans le dire explicitement, il évoque l’inspiration du Saint-Esprit : « Il est de la responsabilité de l’Eglise de discerner quand le Saint-Esprit appelle à quelque chose. »

 

Certes, il ne s’agit pas encore d’une décision mais plutôt d’un ballon d’essai ; c’est dans la manière de procéder du pape régnant, c’est ce qu’il avait fait notamment déjà à propos du statut des divorcés remariés dans l’Eglise. Il évalue ainsi la réaction, à la fois chez les fidèles et au sein de la hiérarchie ; il mesure le rapport des forces en présence et repère les foyers d’opposition qu’il conviendrait de rallier. Si, apparemment, il ouvre seulement le débat, en réalité, il en a déjà posé les conclusions ! C’est ce qui s’est passé lors des deux sessions du dernier synode des évêques sur la famille qui a abouti à l’exhortation apostolique Amoris laetitia, laquelle, dans un premier temps, a fait l’objet d’interprétations contradictoires auxquelles le président du Conseil pontifical pour les textes législatifs, le cardinal Coccopalmeerio, a mis fin dans un ouvrage publié par les éditions du Vatican. Il y est affirmé que l’Eglise « peut admettre aux sacrements » les divorcés remariés après un « discernement » avec le curé de la paroisse. François est arrivé là où il voulait aller dès le début.

 

Or, le prochain synode a pour thème la vocation et, dans ce cadre, la question du célibat sacerdotal sera au cœur des débats par la volonté du pape. Si l’indissolubilité du mariage est constitutive de la révélation, ce n’est pas le cas du célibat du prêtre dans l’Eglise de rite latin, d’institution ecclésiastique. L’Eglise catholique accepte des prêtres mariés dans l’Eglise d’Orient et elle confère le sacerdoce à des pasteurs protestants convertis au catholicisme.

Est-ce que, pour autant, l’on peut renoncer aujourd’hui au statut du prêtre qui a plus de mille ans d’âge ?

Paul VI a répondu à cette question en 1967 dans l’encyclique Sacercotalis caelibatus dans laquelle il écrivait notamment : « Le célibat sacré, que l’Eglise garde depuis des siècles comme un joyau splendide, conserve toute sa valeur également à notre époque caractérisée par une transformation profonde des mentalités et des structures. Cependant, dans ce climat où fermentent tant de nouveautés, s’est fait jour entre autres choses la tendance, voire la nette volonté, de presser l’Eglise de remettre en question cette institution caractéristique. D’après certains, l’observance du célibat ecclésiastique constituerait maintenant un problème ; elle deviendrait quasiment impossible de nos jours et dans notre monde. » Ce que récusait et démontrait le successeur de Pierre.

Certes, François, dans son interview au journal allemand, n’envisage pas l’ordination d’hommes mariés dans toute l’Eglise mais seulement dans certains pays et dans des « communautés éloignées », uniquement pour des catholiques d’âge mûr. Mais, inévitablement, l’abandon d’abord partiel du célibat sacerdotal finira par être étendu à d’autres cas, d’autres régions.

Là encore, la façon dont l’accès à la communion des divorcés remariés a été imposé est instructive. Présentée comme une autorisation exceptionnelle, encadrée par l’évêque et donnée au terme d’un long discernement, elle est actuellement laissée à la discrétion des curés, déjà débordés par leurs activités pastorales. Dans les faits, c’en est donc fini du « cas par cas » évoqué lord du synode des évêques. Léonard Boff, théologien de la libération, sévèrement admonesté par Jean-Paul II lors de son voyage en Amérique Latine et qui fut réduit à l’état laïc après s’être marié, a déclaré, au début de l’année, après avoir rencontré le souverain pontife : « Le pape François est prêt à autoriser pour une phase expérimentale, préliminaire, limitée au Brésil, le retour au sacerdoce d’anciens prêtres qui l’ont quitté parce qu’ils se sont mariés. »

Ce serait étonnant, si ce n’est scandaleux, mais cohérent : si, après avoir rompu l’alliance du mariage sacramentel, des époux peuvent former un autre couple et recevoir le corps du Christ, pourquoi des prêtres ayant rompu leur vœu de célibat ne pourraient-ils pas reprendre leur ministère comme si de rien n’était ? Ajoutons que le pape, attentif aux signes des temps, pourrait, au contraire, considérer que le célibat – ce « joyau splendide » célébré par Paul VI – est encore plus nécessaire aujourd’hui qu’hier dans la mesure où dans une société ou le sexe envahit tout, les prêtres et les religieux montrent, par leur exemple, que la chasteté est toujours possible. Cette réforme, si elle devait intervenir, ne pourrait résoudre le problème des vocations, puisque, dans le protestantisme et l’anglicanisme, le mariage des ministres du culte n’empêche pas de pallier la pénurie de candidats. C’est ce que faisait déjà remarquer Paul VI il y a un demi-siècle où les mœurs n’étaient pas encore aussi dégradées que de nos jours. P

Revue-Item.com

 

 

partager cette page

bookmark bookmark bookmark bookmark bookmark bookmark bookmark bookmark