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Les attentats d’Egypte

publié dans regards sur le monde le 10 avril 2017


(Source : Correspondance européenne |n°  333)

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Egypte: c’est une guerre de religion

 

Les massacres de Tanta et d’Alexandrie sont, pour le pape François, un brusque rappel à la réalité, à la veille de son voyage en Egypte.

Les attentats au Moyen Orient, comme en Europe, ne sont pas des malheurs naturels que l’on peut éviter par des rencontres œcuméniques, comme celle que le pape Bergoglio a prévu le 28 avril avec le Grand Imam d’Al-Azhar. Ce sont au contraire des épisodes qui nous rappellent l’existence sur terre de profondes divisions idéologiques et religieuses qui ne peuvent être assainies que par le retour à la vérité.

Et la première vérité à rappeler, si on ne veut pas se mentir à soi-même et au monde, est que les auteurs des attentats de Tanta et d’Alexandrie, comme ceux de Stockholm et de Londres, ne sont pas des déséquilibrés ou des psychopathes, mais bien les tenants d’une vision religieuse qui, depuis le VIIème siècle, est en lutte contre le christianisme. Non seulement l’Europe, mais l’Occident et l’Orient chrétien, ont défini leur identité au cours des siècles en se défendant face aux attaques de l’Islam, qui n’a jamais renoncé à son hégémonie universelle.

Ce n’est pas là l’analyse du pape François, lorsqu’il a rappelé dans l’homélie du Dimanche des Rameaux sa proximité des personnes « qui souffrent du travail d’esclaves, souffrent de drames familiaux, de maladies. Ils souffrent à cause des guerres et du terrorisme, à cause des intérêts qui font mouvoir les armes et les font frapper ». Puis levant les yeux de son texte, le pape a ajouté que nous prions aussi pour la conversion du cœur « de ceux qui fabriquent les armes et en font commerce».

Le pape Bergoglio réaffirme ce qu’il a souvent déclaré : ce n’est pas l’Islam en lui-même, ni une de ses déviances qui menace la paix dans le monde, mais les « intérêts économiques » des trafiquants d’armes. Dans une interview accordée au journaliste Henrique Cymerman, publiée dans le quotidien catalan La Vanguardia le 12 juin 2014, François avait affirmé : « Nous écartons une génération entière pour maintenir un système économique qui ne tient plus, un système qui pour survivre doit faire la guerre, comme ont toujours fait les grands empires. Mais, vu qu’on ne peut pas faire la troisième guerre mondiale, alors on fait des guerres locales. Mais qu’est-ce que cela signifie ? Qu’on fabrique et on vend des armes, et ainsi les budgets des économies idolâtres, les grandes économies mondiales qui sacrifient l’homme aux pieds de l’idole de l’argent, s’assainissent évidemment ».

Le Pape ne semble pas croire que l’on puisse choisir de vivre et de mourir pour poursuivre un rêve politique ou religieux. Ce qui meut l’histoire, ce sont les intérêts économiques qui furent autrefois ceux de la classe bourgeoise contre la classe prolétaire, et sont aujourd’hui ceux des multinationales et des pays capitalistes contre « les pauvres de la terre ». À cette vision des évènements, qui provient directement de l’économisme marxiste, s’oppose aujourd’hui la vision géopolitique du Président des Etats-Unis Donald Trump et du Président de la Fédération Russe Wladimir Poutine.

Trump et Poutine ont redécouvert les intérêts nationaux de leurs pays respectifs et sur l’échiquier du Moyen Orient mènent une rude partie sur le plan diplomatique et médiatique, sans exclure de la mener sur le plan militaire. L’Islam agite à son tour le spectre de la guerre religieuse dans le monde.

Quels sont les mots qu’à la veille de Pâques les fidèles attendent du chef de l’Église catholique ? Nous nous attendons à entendre que les vraies causes des guerres ne sont ni d’ordre économique, ni d’ordre politique, mais avant tout d’ordre religieux et moral. Elles ont leurs origines plus profondes dans le cœur des hommes et leur racine dernière dans le péché. C’est pour racheter le monde du péché que Jésus-Christ a souffert sa Passion, qui est aussi aujourd’hui la Passion d’une Église persécutée dans le monde entier.

Dans la prière pour la paix qu’il composa le 8 septembre 1914, lorsqu’éclata la première guerre mondiale, Benoît XV exhorta à implorer en privé et en public « Dieu,maître et arbitre de toutes choses, pour que, se souvenant de sa miséricorde, il dépose le fléau de sa colère par lequel il demande aux nations raison de leurs fautes. Qu’elle nous assiste et qu’elle soutienne de sa prière le vœu universel, la Vierge Mère de Dieu, dont la bienheureuse naissance, célébrée en ce même jour, a brillé aux yeux du genre humain souffrant comme une aurore de paix, car elle devait engendrer Celui dans lequel le Père éternel a voulu réconcilier toutes les choses « en pacifiant, par le sang de sa croix, tout ce qui se trouve au ciel et sur la terre » (1Col. 1, 20).

Peut-on réellement imaginer qu’un Pape adresse un tel discours à l’humanité, dans la situation internationale orageuse que nous vivons aujourd’hui ? (Roberto de Mattei, dans Il Tempo, 10 avril 2017)

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