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Entraide et Tradition

Au Vatican…

publié dans magistère du pape François, nouvelles de chrétienté le 24 mars 2018


Vatican : un floutage fatal

SOURCE – FSSPX Actualités – 22 mars 2018

Ce qui devait être une opération promotionnelle pour onze opuscules, édités par la Librairie vaticane, mettant en valeur certains aspects de la pensée du pape François, s’est métamorphosé en un cauchemar pour le Secrétariat de la communication du Saint-Siège. Retour sur un crime presque parfait, en cinq actes.

Acte 1. Quand le préfet sollicite le pape émérite.

Le 12 janvier 2018, le préfet du Secrétariat pour la communication du Saint-Siège, Mgr Dario Viganò, écrit au pape émérite Benoît XVI pour lui demander une « page théologique courte et dense », afin d’assurer la promotion de onze opuscules, émanant de divers théologiens et donnant une vision positive de la pensée du pape François.
Le 7 février, Benoît XVI répond par deux feuillets glissés dans une enveloppe, avec la mention « confidentiel et personnel », selon le vaticaniste Andrea Tornielli qui ajoute que l’entourage immédiat de Joseph Ratzinger avait formellement déconseillé de diffuser cette réponse.

Acte 2. Le préfet, dans l’euphorie, évoque la lettre devant la presse mondiale.

Le 12 mars, à la veille du 5e anniversaire de l’élection du pape François, Mgr Viganò, jugeant prudent d’ignorer la confidentialité du courrier, donne lecture aux journalistes du passage dans lequel le pape émérite affirme approuver « cette initiative qui veut s’opposer et réagir au préjugé insensé selon lequel le pape François serait un homme purement pratique, privé d’une formation théologique ou philosophique particulière, alors que moi j’aurais été uniquement un théoricien de la théologie qui n’aurait pas compris grand-chose de la vie concrète d’un chrétien aujourd’hui ».
Et Benoît XVI d’ajouter : « ces petits volumes montrent à raison que le pape François est un homme d’une profonde formation philosophique ou théologique, et aident donc à voir la continuité intérieure entre les deux pontificats, même avec toutes les différences de style et de tempérament. »
Des propos relayés « urbi et orbi » qui semblent appuyer l’idée d’une profonde continuité d’un pontificat à l’autre, sans qu’il existe entre les deux l’épaisseur d’une page de papier bible…

Acte 3. De fins limiers flairent une manipulation.

Le vaticaniste Sandro Magister se fait l’écho dès le lendemain d’un certain malaise partagé par la presse mondiale : sur la photo envoyée aux journalistes le 12 mars, les deux dernières lignes de la première page sont floutées, et tout le texte de la deuxième page, hormis la signature, est caché par la pile des 11 opuscules.
Or l’Associated Press, qui possède les droits sur la photo en question, s’étonne du procédé, le qualifiant de « contraire à ses règles de déontologie ».
Face à ces protestations, le Vatican publie le 13 mars un texte enrichi, qui se veut « intégral », de la lettre, où Benoît XVI affirme qu’il n’écrit que sur les livres qu’il a lus, et qu’il a autre chose à faire que de lire ceux-là. Et le texte se termine ainsi : « Je suis sûr que vous comprendrez, et je vous salue cordialement. »
Mais comme pour les trains, un bidonnage journalistique peut en cacher un autre…

Acte 4. L’art de confesser ses fautes.

Quelques jours plus tard, Sandro Magister – encore lui – remarque sur son blogue Settimo Cielo, en date du 17 mars, que la position étonnante de la signature sur la seconde page laisse entendre que le texte au-dessus est bien plus long que ce qui a été communiqué, et que selon des sources « irréfutables », émanant de « l’entourage de Benoît XVI », ce paragraphe serait en fait une vive critique contre certains auteurs de cette collection, connus pour leurs positions hétérodoxes au regard de la doctrine catholique.
Quelques heures plus tard, le Saint-Siège, « à la demande de Benoît XVI », selon le journaliste religieux du Figaro, Jean-Marie Guénois, publie, de guerre lasse, la version vraiment intégrale de la lettre, manifestant l’étonnement – voire l’indignation – du pape émérite d’avoir été sollicité pour faire l’éloge d’un des volumes écrit par un théologien qui a violemment attaqué le magistère. Et le lecteur s’aperçoit enfin, non sans surprise, que dans la dernière phrase, on avait enlevé le mot « refus » : « Je suis sûr que vous comprendrez mon refus. »
L’effet est désastreux, et la continuité affirmée par Mgr Viganò entre les deux pontificats vole d’un coup en éclats.

Acte 5. La roche tarpéienne, toujours si proche du Capitole.

Le 21 mars, le couperet tombe : le pape accepte la démission « spontanée » de Mgr Dario Viganò de sa charge de préfet du Secrétariat pour la communication du Saint-Siège.
Avec quelques jours de recul, on peut déjà constater que l’affirmation de la « continuité intérieure » des deux pontificats, au moyen d’une lettre manipulée sans vergogne, aboutit en fait à « surexposer » Benoît XVI et François, au risque de les opposer et de les discréditer : c’est la faute de Mgr Viganò, et elle suffit pour le disqualifier.
De plus, quel discrédit jeté sur le Secrétariat à la communication, sur le Saint-Père lui-même qui demandait pourtant, le 24 janvier 2018, dans un message adressé aux journalistes, de « contribuer à l’engagement commun pour prévenir la diffusion de fausses nouvelles et pour redécouvrir la valeur de la profession journalistique » !
« Faire les réformes à Rome, c’est comme nettoyer le Sphinx d’Egypte avec une brosse à dents », avait ironisé le souverain pontife dans son discours à la Curie du 21 décembre 2017, mettant en garde celle-ci contre « cette logique déséquilibrée et dégénérée de conspirations ou de petits cercles qui représentent réellement – malgré toutes leurs justifications et bonnes intentions – un cancer qui mène à l’autoréférentialité ». – Contre une telle maladie, la Tradition bimillénaire de l’Eglise demeure sans conteste la thérapie la plus adaptée…
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Une explication supplémentaire du Bulletin d’André Noël
Benoit XVI censuré par le Vatican
A la fin de la semaine dernière, Mgr Dario Edoardo Vigano , chargé de la communication du pape, a démissionné de ses fonc- tions. Jusque-là, il avait toute la confiance de François; Mgr Vigano avait remplacé un laïc qui assumait cette fonction sous Benoît XVI mais qui, aux yeux de son successeur, avait
le «défaut » d’appartenir à l’Opus Dei , qui n’est pas la « tasse de thé » du pontife régnant. Ce départ pourrait n’être qu’une péripétie au sein de l’administration vaticane mais cette démission est la conséquence d’un scandale avéré.
Mgr Dario Edoardo Vigano, pour célébrer le cinquième anniversaire de l’élection de François , a souhaité qu’une di- zaine de théologiens – 11, très exactement – rendent hommage au pontife régnant en célébrant sa théologie. Il a donc préparé la publication de leurs communications. Mais il a voulu faire d’une pierre deux coups en demandant à Benoît XVI, pape émérite, d’en rédiger la préface et de louer lui aussi la doctrine de son successeur. De ce
tte manière, pensait-il, il serait mis fin à la controverse autour de la contradictio n doctrinale entre François et Benoît. Las, ce dernier refuse
au motif qu’il n’écrit jamais de préface sans avoir lu les ouvrages, ce qui, en effet, est bien le moins ! Mais, évidemment, rien ne l’empêchait de
les lire ou de se les fa ire lire…
En réalité, le vrai motif est autre comme nous allons le voir.
Ce que Mgr Vigano a tenté de dissimuler en ne rendant publique que la partie de la lettre où le pape éméri te invo- que cette raison et où il se mble rendre hommage au «théologien» François en soulignant la continuité entre son pontificat et le sien.
En fait, quand on lit attentivement cette part ie de la lettre de Benoît XVI on s‘aperçoit vite qu’il fait le service minimum. Il
écrit: « Ces petits volumes montrent à raison que le pape François est un homme d’une profonde formation philosophique ou théologique, et aident donc à voir la continuité intérieure entre les deux pontificats, même avec toutes les différences de style et de tempéra-ment.»
Il ne dit pas que c’est un bon théologien mais seulement qu’il a eu une profonde formation théologique et philosophique, ce qui
est le cas de tous les jésuites comme François qui doivent suivre un exigeant cursus de 15 ans avant d’être ordonnés prêtres. I l parle de « continuité» mais non point théologique, doctrinale ou pastorale mais «intérieure» ce qui signifie, au mieux, qu’ils partagent une vie spirituelle chrétienne commune. On le voit, cela ne marque pas un grand enthousiasme pour son successeur sur le plan théologique.
Mais la fin de cette lettre a été délibérément «floutée» quand elle a été rendue publique. Et pour cause car on peut y lire le motif fondamental du refus d’écrire une préface : « Je voudrais seulement noter ma surprise du fait de voir figurer parmi les auteurs le professeur Hünermann qui s’est fait remarquer en ayant pris la tête d’initiatives antipapales. Il a largement participé à la publication de la « Kölner Erklärung » qui, en ce qui
concerne l’encyclique « Veritatis splendor », a attaqué l’autorité magistérielle du pape de manière virulente, particulièrement sur des questions de théologie morale.  Même la « Europäische Theologengesellschaft » qu’il a fondée a été fondamentalement pensée comme une organisation en opposition au magistère papal. Je suis certain que vous comprendrez mon refus et je vous prie d’accepter mes cordiales salutations.
»
Pour justifier la dissimulation de ce paragraphe, le responsable de la communication a expliqué qu’il s’agissait-là de propos personnels, si ce n’est confidentiels. L’intégralité a fini par être publié par le service de presse du Vatican, Benoît XVI l’exigeant et menaçant de publier lui-même la lettre
dans sa totalité.
Pour ce qui est de la démission de Mgr Edoardo Vigano, la version officielle est qu’il aurait assumé ainsi les conséquences de son excès de zèle.
L’autre explication , officieuse, est qu’il aurait été démissionné pour servir de fusible afin d’éviter de mettre en cause le pape qui aurait été à l’origine de la demande auprès de Benoît XVI. François voulant ainsi mettre fin à l’opposition de ceux qui contestent l’orientation doctrinale de son pontificat. La ca ution de son prédécesseur, à la doctrine rigoureusement orthodoxe, lui eût été précieuse. C’est raté. Benoît XVI s’était engagé à demeurer silencieux après son renoncement, ce qu’il a observé, mais son successeur, en le sollicitant pour cette préface, l’a contraint de sortir de son silence, au détriment de François. Il est vrai que ce dernier n’a pas mis toutes les chances de son côté en confiant la rédaction d’une contribution à un théologi
en moderniste, Hünermann, bien connu de Benoît XVI sous le pontifi cat de Jean-Paul II dont il fut un opposant farouche, étant partisan du mariage des prêtres, de l’ordination des femmes et de l’abrogation de l’encyclique de Paul VI, Humanae vitae.
P.R
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Une autre considération sur le même sujet

Viganògate : un nouveau pan du voile se lève-t-il ?

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Dans la lamentable manipulation dont nous a accablé Monsignore Dario Edoardo Viganò, ci-devant préfet du Secrétariat pour la communication, beaucoup a été dit, mais beaucoup reste à découvrir… Lors de sa lecture des “morceaux choisis” de la lettre de Benoît XVI – pourtant supposée devoir rester confidentielle – à l’occasion de la présentation des onze opuscules sur le théologie du pape François, Monsignore Viganò en avait cité un passage qui, bien qu’il fût clair demeurait incompréhensible. Pourquoi Benoît XVI avait-il tenu à dénoncer le « préjugé insensé selon lequel le pape François serait un homme purement pratique, privé d’une formation théologique ou philosophique particulière, alors que moi j’aurais été uniquement un théoricien de la théologie qui n’aurait pas compris grand-chose de la vie concrète d’un chrétien aujourd’hui » ? Dans le Figaro d’hier, 23 mars, Jean-Marie Guénois apporte un élément essentiel qui pourrait lever un coin du voile sur cette énigme de l’autojustification de Benoît XVI vis-à-vis de ceux qui l’ont considéré « comme un théoricien de la théologie qui n’aurait pas compris grand-chose à la vie concrète d’un chrétien d’aujourd’hui ». Car hors le Père Peter Hünermann, il est une autre personne que Benoît XVI cite nommément dans sa lettre et que Monsignore Viganò n’avait pas cru devoir “flouter” : Don Roberto Repole, coordinateur de la publication de ces onze opuscules monocolores et très moderniste président de l’Associazione Teologica Italiana… Voici ce qu’écrit Jean-Marie Guénois : « Le coordinateur de cette publication, Roberto Repole, qualifie d’ailleurs Benoît XVI dans sa préface de “théologien du XIXe siècle” et il l’oppose à François, pasteur de la modernité. » On pourrait donc ainsi comprendre aisément pourquoi Benoît XVI s’est refusé à « rédiger une brève et dense page théologique » à cette collection qui, non seulement, comportait une contribution d’un théologien qui lui fut viscéralement hostile, mais aussi une présentation générale par un autre théologien qui ne le fut pas moins… Faut quand même pas pousser…

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