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Entraide et Tradition

Le pape François aux Emirats Arabes Unis: Des propos « hérétiques » et « Franc-Maçons ».

publié dans regards sur le monde le 11 février 2019


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Église catholique : l’ “Arche de la Fraternité” et la charité chrétienne

 

Le logo du voyage du pape François aux Emirats Arabes Unis représente une colombe portant dans son bec un rameau d’olivier. C’est une image, a expliqué le pape, « qui rappelle le récit du déluge primordial, présent en diverses traditions religieuses. Selon le récit biblique, pour préserver l’humanité de la destruction, Dieu demande à Noé d’entrer dans l’arche avec sa famille. Nous aussi aujourd’hui, au nom de Dieu, pour sauvegarder la paix, nous avons besoin d’entrer ensemble, comme une unique famille, dans une arche qui puisse sillonner les mers du monde en tempête : l’arche de la fraternité ».

Selon cette lecture, l’Arche de Noé est une arche de la fraternité où cohabitent des hommes de diverses religions, parce que Dieu lui-même a voulu le pluralisme religieux. En effet, le pape a-t-il ajouté: « Le pluralisme et les diversités de religion, de couleur, de sexe, de race et de langue sont une sage volonté divine, par laquelle Dieu a créé les êtres humains ». Cette lecture semble renverser la doctrine de l’Evangile. En effet l’Arche, que Noé construisit sur l’ordre divin avant le Déluge, pour lui servir de refuge pour lui-même, sa famille et toutes les espèces animales (Gen. 6, 13-22), est présenté par saint Paul comme un refuge de salut pour les croyants et signe de perdition pour le monde (Hébr. 11, 7).

C’est pourquoi la Tradition catholique a toujours vu dans l’Arche de Noé le symbole de l’Eglise, en dehors de laquelle il n’y a point de salut (cf. Saint Ambroise, De Noe et Arca, 6. 9, in Migne, Patrologia Latina, vol. 14, coll. 368-374, et Hugo von Hurter, De arca Noe Ecclesiae typo Patrum sententiae, in Sanctorum Patrum opuscula selecta, III, Innsbruck 1868, p. 217-233).

C’est pour cela que l’Eglise a la mission de conserver et répandre la foi catholique. Notre-Seigneur a dit en effet aux Apôtres : « Allez par le monde entier, prêchez l’Evangile à toute créature. Qui croira et sera baptisé sera sauvé : mais qui ne croira pas, sera condamné» (Marc. 16, 15 et 16). Et l’Apôtre des Gentils rappelle : « Il n’y a qu’un seul Dieu, une seule foi, un seul baptême » (Eph. 4, 5).

C’est un dogme de foi proclamé par le IVème Concile du Latran sous Innocent III que « L’Eglise universelle des fidèles est une et en dehors d’elle absolument personne ne peut être sauvé ». Le principe “nulla salus extra Ecclesiam” n’exclut pas du salut ceux qui sont hors de l’Eglise du fait d’une erreur invincible, mais lui sont ordonnés au moins par un désir implicite. Mais ceux-là sont cependant privés de l’assurance de la grâce et des moyens ordinaires de l’obtenir. Cette vérité de foi a été confirmée, notamment, par  Grégoire XVI (Mirari Vos du 15 août 1832); Pie IX (Singulari quidem du 17 mars 1856 aux évêques autrichiens); Léon XIII (Satis cognitum du 29 juin 1896).

Pie XI, dans l’encyclique Mortalium animos du 6 janvier 1928, explique à son tour que dans le domaine de la foi, on ne peut arriver à une unité fraternelle comme dans le domaine politique. Subordonner la vérité de la foi à la fraternité revient à professer l’indifférentisme religieux, condamné de façon constante par le Magistère universel de l’Eglise.

La “Fraternité”, est au contraire, avec la “Liberté” et l’“Egalité”, l’un des principes fondateurs de la Révolution française. Le trinôme révolutionnaire se réduit à un système de relations où n’existe aucun principe transcendant de référence, et les trois valeurs suprêmes, considérées chacune comme un absolu, entrent nécessairement en conflit.

A défaut de fin supérieure, la fraternité, loin de constituer un élément de cohésion de la société, devient la source de sa désagrégation. En effet, si les hommes, au nom de la fraternité, en viennent à se voir obligés de cohabiter sans une fin qui donne un sens à leur sentiment d’appartenance, l’“Arche” devient une prison, et la fraternité, imposée verbalement, est destinée à se renverser dans un mouvement centrifuge vers la fragmentation et le chaos.

La simple affirmation de la cohabitation fraternelle n’est pas à même de justifier le sacrifice, qui est la plus haute expression de l’amour envers le prochain ; et ce parce que le sacrifice implique un renoncement à un bien réel au nom de biens supérieurs ; mais la fraternité ne propose rien de supérieur qui soit digne de sacrifice, au-delà de la cohabitation, qui n’est pas une valeur, mais reste un fait dépourvu de sens. Le mythe de la fraternité cache en réalité le plus profond égoïsme social et représente l’antithèse de la charité chrétienne, unique véritable fondement des rapports sociaux entre les hommes.

La Fraternité constitue aussi un dogme de la maçonnerie, qui dans son idéologie et ses rituels propose une parodie de la doctrine et de la liturgie chrétiennes. Ce n’est pas un hasard si la Grande Loge d’Espagne a remercié le pape François pour son message du 25 décembre 2018, par ce tweet : « Todos los masones del mundo se unen a la petición del Papa por “la fraternida dentre personas de diversas religiones”» (Tous les francs-maçons du monde rejoignent la demande du pape pour la “fraternité entre personnes des diverses religions”) (https://twitter.com/GranLogiaEspana/status/1082192984161038336).

«Dans son message de Noël de la Loge centrale du Vatican, – poursuivent les francs-maçons espagnols – le pape François a appelé au triomphe de la fraternité universelle parmi tous les êtres humains : “Mon souhait pour un joyeux Noël est un désir de fraternité, de fraternité parmi les peuples de toutes les nations et de toutes les cultures, la fraternité entre les gens avec des idées différentes, mais en mesure de respecter et d’ écouter l’ autre, la fraternité entre les peuples de différentes religions».

En réalité, la Franc-Maçonnerie est toujours condamnée par l’Eglise, même si les hommes d’Eglise, jusque dans ses plus hautes autorités, semblent en embrasser les idées. Mais l’enseignement du Divin Maître continue à résonner dans le cœur des fidèles : l’amour pour le prochain ne peut qu’être fondé sur l’amour de Dieu. Et sans référence au vrai Dieu, qui ne peut être aimé qu’au sein de l’Arche de Salut qu’est l’Eglise, la fraternité n’est qu’un vain mot qui masque notre haine de Dieu et du prochain (Roberto de Mattei).

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Après cette lecture excellente de M de Mattei, je vous conseille d’aller lire l’article de Mgr Schneider que je viens de mettre dans la rubrique « Doctrine cathoklique » au 11 février 2019

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