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Entraide et Tradition

La bibliothèque familiale voilà l’ennemie !

publié dans flash infos le 18 janvier 2010


La bibliothèque familiale voilà l’ennemie ! par Jean Madiran dans Présent du mardi 19 janvier.

Pour ceux qui s’intéressent aux »combats des idées », je recommande de lire, après cet article de Madiran, l’article de  Charles Maurras  mis en ligne dans la rubrique « Doctrine politique » du lundi 18 janvier 2010. Les pensées sont identiques. Toutefois, Maurras attribue plus explicitement le mal de la France en matière culturelle -la perte des  humanités, la perte du latin dans l’enseignement, non pas seulement aux hommes politiques, non pas seulement aux principes  d’égalitarisme et du  laïcisme,  mais  à  la Démocratie moderne elle-même. Cependant ces derniers principes sont inhérants à la Démocratie moderne. C’est là que les pensées de nos deux auteurs se rejoignent.

 

Le début d’une campagne politique et médiatique contre l’inégalité scolaire et universitaire a marqué la première quinzaine de ce mois de janvier. Elle a été lancée à l’initiative du président Sarkozy et de ses ministres Luc Chatel et Valérie Pécresse. L’idée centrale en est orchestrée par Le Monde :

 

« Un jeune qui a pu effectuer des séjours linguistiques, fréquenter les musées ou la bibliothèque familiale, a plus de chances de réussir un concours de grande école que celui qui a grandi dans un milieu défavorisé. »

 

C’est vrai.

 

La principale source d’inégalité des chances réside dans la famille, et se résume symboliquement fort bien dans l’évocation de la « bibliothèque familiale ». La plus décisive disparité des chances provient et proviendra toujours de la naissance.

 

Bibliothèque familiale d’autant plus funeste qu’elle alimente un état d’esprit réfractaire à l’idéologie de plus en plus impérieuse et subversive qu’impose la dénommée par antiphrase « Education nationale ».

 

Etablir une « égalité des chances » apparaît en théorie une exigence de la justice, et par suite il semble désirable qu’une discrimination positive en faveur des défavorisés vienne donner des chances supplémentaires aux jeunes n’ayant pas « bénéficié du capital culturel qui dépend du milieu familial ». Il existe d’ailleurs un « Comité interministériel pour l’égalité des chances ». Cela peut paraître théoriquement équitable. Mais c’est impraticable dans la vie scolaire et universitaire, à moins d’abaisser et d’abaisser encore et d’abaisser toujours le niveau des programmes et des concours, et d’aggraver indéfiniment le processus qu’Yvan Rioufol appelle très justement une « déculturation » nationale.

 

Cette « déculturation » n’est sans doute pas voulue en tant que telle par l’ensemble de la classe politico-médiatique. Mais l’ensemble de cette classe dirigeante, droite et gauche confondues, est unanime à proclamer l’égalité des chances comme une intouchable et impérieuse « valeur républicaine ». C’est ne pas se rendre compte de ce qu’un tel principe implique nécessairement. L’égalité des chances réclame en effet de dissoudre la vie familiale : on se rapprocherait d’une telle égalité seulement si l’on enlevait dès la naissance les enfants à leurs parents, pour leur donner en commun une éducation identique. Sans aller tout à fait jusque-là, les revendications égalitaristes entraînent logiquement un constant rétrécissement de la vie familiale, qui n’est plus guère respectée qu’en tant que constituant un « foyer fiscal », cible commode pour la fixation et la perception des impôts.

 

On ne supprimera ni le besoin normal de hiérarchies mentales, professionnelles, politiques et religieuses, ni l’attachement des parents à leurs enfants. C’est pourquoi le combat subversif pour l’égalité n’atteindra jamais tout à fait son but utopique et trouvera toujours matière ou prétexte à saccager. C’est ainsi que les familles souffrent, que les métiers souffrent, que les écoles souffrent. Toute la France française souffre sous une domination politico-médiatique qui lui est étrangère et à laquelle les pouvoirs civils, militaires, judiciaires et religieux l’ont abandonnée.

JEAN MADIRAN

Article extrait du n° 7012
du Mardi 19 janvier 2010

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