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Entraide et Tradition

Lettre pastorale du Supérieur général à l’occasion de la fête patronale de l’Institut du Bon Pasteur

publié dans couvent saint-paul le 26 avril 2020


INSTITUT DU BON PASTEUR——————Maison GénéraleInstitut duBon Pasteur –
Aux prêtres, diacre et séminaristesde l’Institut du Bon PasteurObjet:
notre fête patronaleCourtalain,le 25 avril2020
Chers Confrères,chers diacres, chers séminaristes,
Je voulais vous écrire quelques mots à l’occasion du dimanche du Bon Pasteur, notre fête, que nous célébrerons au milieu de cette situation de confinement, à laquelle presque tout le monde est soumis. Nous devons alors la célébrer, presque sans les fidèles, mais non sans la grande joie d’avoir été appelés par le Bon Pasteur à être ses ministres, et comme d’autres bons pasteurs, à être ses imitateurs et ses disciples dans le grand travail de conduire ses brebis à la vie de sainteté et au bonheur éternel du ciel.
C’est pourquoi nous, les prêtres appelés à être de bons pasteurs, nous devons vivre de la grâce que Notre-Seigneurnous offre, et imiter en tout le Bon Pasteur, surtout dans son œuvre pastorale qu’est notre apostolat. En d’autres termes, par la réalisation de l’œuvre apostolique que Notre-Seigneurnous a confiée et de la manière dont il a lui-même effectué son apostolat.
L’essence de l’apostolat est la charité. Saint Charles Borromée disait qu’il y a deux façons de donner sa vie à ceux que l’on aime. L’une est tragique, comme le martyre, qui se consume en un instant; l’autre vivace, pour laquelle le sacrifice pour servir les frères est renouvelé vingt, cent fois, chaque jour. L’apostolat procède alors de Dieu et revient à Dieu. Il n’y a pas d’apostolat sans l’amour de Dieu.
Quant à lui, l’amour de Dieu requiert la vie de grâce. La grâce est augmentée par la mortification, par la prière, par les liens avec Dieu, par les sacrements.Notre-Seigneura eu une vie intérieure profonde tout au long de sa vie apostolique, nous donnantpar làun exemple à suivre. En effet, il a passé trente ans dans la vie cachée, comme s’il se préparait, si l’on peut dire, dans sa vie intérieure pour sa vie apostolique publique. Il se retirait pour prier, déjà en pleine activité de sa vie publique. Il a passé la nuit en prière avant d’élire les douze apôtres. Il se prépare à sa passion en priant au sommet du mont Thabor, où avec Élie et Moïse il a parlé de la Passion. Bref, il s’est immédiatement préparé à sa passion en priant dans le jardin. Notre-Seigneur, même s’il n’en avait pasbesoin, nous a donné un exemple de vie intérieure, qui est une compagneinséparable de la vie extérieure de l’apostolat.

En particulier, le Bon Pasteur nous enseigne l’importance de la prière dans l’apostolat. Il voulait faire sa préparation immédiate pour le si grand travail surnaturel de l’apostolat, enrassemblant quarante jours de jeûne et de prière dans le désert, nous montrant de cette manière la nécessité du détachement, de la prière et de la pénitence pour la féconditédu travail apostolique.
Il nous a invités à l’imiter.Notre-Seigneur, conduit par le Saint-Esprit dans le désert, nous montre que l’apôtre ne doit rien posséder, doit être prêt à tout quitter, doit se passer même de ce qui est nécessaire sans difficulté, et se lancer dans ce qui, vu avec des yeux humains, serait téméraire et même impossible. Dieu prend l’apôtre seul, mais il est convenable qu’il se laisse totalement emporter, ayant sa confiance entièrement placée dans la toute-puissance et l’amour de Dieu.Peut-être n’y a-t-il aucune vertu plus recommandée par Jésus-Christ dans l’Évangile. Elle a été toujours demandée: «Allez partout dans le monde: ne portez pas de sac ni de sacoche.» «Ne craignez pas les maux du corps ou la mort elle-même.» «Demandez en mon nom et on vous le donnera.», il nous l’a enseigné. «Des problèmes viendront aussi, mais soyez confiants, dit-il, j’ai vaincu le monde.» (J16, 33). Celui qui croit de tout son cœur aux paroles de Jésus-Christ, celui qui est conscient de sa mission apostolique, celui qui donne tout pour l’idéal de la sainteté des âmes et de lui-même, celui-ci est invincible. Il n’a rien et possède tout, comme le dit saint Paul (cf. 2 Co6, 10). Il vaut la peine de demander à notre cœur s’il veut perdre l’amour etla peur de tout dans le monde, et s’il a le courage de tout risquer au nom de Notre-Seigneur Jésus-Christ, confiant dans ses promesses. Si c’est le cas, vous avez l’une des meilleures dispositions pour la vie apostolique; maissi votre cœur se recroqueville dans les petits soucis de la vie temporelle et ne fait pas confiance à Dieu, il n’est pas digne du royaume des cieux.Notre-Seigneurentre dans cette préparation immédiate à sa vie publique d’apostolat par une profonde prière. Il entre en présence de Dieu comme dans un monde différent de celui-ci, et là, il ne vit que du désir divin et idéal dans la restauration surnaturelle des hommes. Il voit les plans divins, tombe amoureux d’eux, prie pour qu’ils soient absolument accomplis. Ici sont concentrées toutes ses idées, ses sentiments, ses buts, ses joies et toutes ses peines.
Les grands plans divins de la Création passaient par son esprit, l’entrée du péché dans le monde, le naufrage de la vie surnaturelle chez les anges et les hommes, la triste dégradation de la pauvre humanité, le mystère ineffable de l’Incarnation avec toutes les lois de rédemption et d’expiation décrétées par la volonté divine, l’œuvre de l’apostolat qui devait commencer, la Croix qui s’est élevée à la fin de sa vie, l’Église, les âmes saintes, le royaume des cieux qui, en tant que semence la plus humble, est répandu à travers le monde, ses propres peines et persécutions, la fin des siècles et le jugement final, pour commencer la vie éternelle dans le ciel. Il a suivi le chemin de toutesles âmes, et de chacune en particulier, et surtout de leurs bons pasteurs. Notre vie était très claire à ses yeux. Quelle joie lui était apportée par les âmes saintes et par tant de ses apôtres, les contemplant à travers les siècles; et quelle douleur lui apportaient tant d’autres âmes malheureuses qui ne profiteraient pas de sa rédemption.
La prière du Bon Pasteur, lors de sa préparation dans le désert, à la vie d’apostolat, est aussi notre modèle de prière.La prière est pour l’apôtre la lumière de sa vie, son repos et la vigueur de son esprit. C’est d’abord la lumière de sa vie. La vie apostolique est très élevée, car elle vit d’idéaux divins éloignés des idéaux humains, comme le ciel est éloigné de la terre. La vie apostolique est difficile, ou mieux dit, elle est héroïque, car en tout temps, l’apôtre doit tout donner pour le royaume des cieux. La vie apostolique est mystérieusement compliquée, non seulement parce que toutes les puissances de l’enfer, toutes les tromperies du monde et toutes les faiblesses de la chair s’immiscent dans ses  affaires, préparent toutes sortes de conflits et d’astuces; mais aussi parce qu’elle est gouvernée par la Providence surnaturelle, certes, ses desseins lui étant cachés. Cette Providence doit intervenir toujours et en tout.
Au milieu de choses si hautes et si compliquées, l’apôtre doit toujours marcher droit, sans hésitation, sans s’évanouir et sans peur. Car qui vous guidera avec une telle sécurité? Qui vous dira dans chaque cas d’une manière simple et très élevée, que faire? La prière et la prière seule. La prudence de la chair est l’ennemi de Dieu. Les pensées de Dieu ne sont pas comme les pensées des hommes et la prière est la seule qui nous révèle Dieu et ses plans. On dit de nombreux saints (par exemple, saint Vincent de Paul) qu’ils ont tout résolu comme s’ils le lisaient dans la sainte Providence et la volonté de Dieu. Cette lumière leur est venue de la prière, de la vie de prière longue et reposante. Le visage de Moïse a brillé quand il est descendu de la montagne où il avait été en communication intime avec Dieu (cf. Ex34, 29). C’est ainsi que les âmes de prière deviennent lumineuses.
Deuxièmement, la prière donne la vigueur et le repos à l’esprit. L’apôtre doit avoir d’une certaine manière, la force et la paix de Dieu, car il est son envoyé. Néanmoins, dans notre vie réelle, nous voyons avec quelle facilité nous, les ministres de Dieu, nous sommes dérangés, nous nous évanouissons, nous tombons et nous perdons la paix. Il est très facile de mélanger toutes les passions humaines avec les œuvres de Dieu, mais il est très difficile d’apporter la force et la paix de Dieu même aux choses humaines. Notre nature, déjà faible en tant qu’elle est créée, est également empoisonnée par le péché et ses effets. Il faut peu pour nous secouer et nous faire tomber, comme un enfant qui fait ses premiers pas.
Mais si les apôtres sont ainsi, comment l’œuvre de Dieu sera-t-elleaccomplie? Et qui donnera à l’apôtre la force, le don du Saint-Esprit et la paix divine, qui est le fruit du même Esprit? La prière, mais pas une prière purement rituelle et routinière, mais une prière intime, poursuivie pendant de longues heures d’immobilité, perpétuée par l’union de l’esprit avec Dieu.Prenons l’exemple d’une prière longue et recueillie donnéepar Jésus, le Bon Pasteur. Il avait trente ans de préparation à la vie apostolique, caractérisée par la prière, la solitude et le recueillement; Malgré cela, il a voulu prendre quarante jours complets de prière comme préparation immédiate à son ministère, et pendant les trois années de sa durée, nous le trouvons très ordinairement en train de passer des nuits en prière, comme un repos de l’action du jour passé, et comme la préparation à l’action du lendemain, dans laquelleil reviendra à l’œuvre écrasante des tâches infinies. Malheur à l’apôtre qui ne le fait pas! Bientôt il s’évanouira, bientôt il s’adonnera aux choses humaines et aux passions personnelles sous l’apparence d’un ministère spirituel. Regardons la triste expérience de tant de déviations que l’on voit dans le champ apostolique de notre monde. Voyons en nous-mêmes, avec quelle facilité, au lieu d’apprécier la manne du ciel, nous regrettonsles oignons d’Égypte, comme les Israélites (cf. Nb11, 5-6). Combien de fois peut-être, après un temps de joies de la vie intérieure et de joies apostoliques, nous sommes revenus à la vanité, à l’inanitéde jouir des choses du monde, des joies du siècle et peut-être en ayant gâché l’œuvre de la grâce de Dieu dans les âmes.Chers confrèresprêtres, le Bon Pasteur nous appelle à l’imiter, à conquérir les âmes pour le royaume de la sainteté, à conquérir le monde entier pour lui. Pour être apôtres de son Royaume, prêtres d’une vie intérieure profonde, d’une vie de prière profonde. D’une vie de prière qui est la lumière qui nous éclaire et nous conduit à conduire les âmes à la sainteté. D’une vie de prière qui est notre force et notre paix, afin de ne craindre aucun obstacle et d’avoir la domination denous-mêmes.
Chers confrèresprêtres et séminaristes, même dans cette situation actuelle de confinement et d’incertitude, Notre-Seigneur, Bon Pasteur, nous appelle à nous pénétrer par son esprit et sa force, par la prière, pour être prêt comme Lui, à donner notre vie pour ses brebis, pour nos frères, dans l’action de la charité, l’essence de notre vocation d’apôtres.Je confie à la Bienheureuse Vierge, Regina Apostolorum, et à saint Joseph, cette période difficile que nous traversons, de sorte que lorsque notre apostolat sera normalisé, si cela se produit, et sinon avec les moyens par lesquels nous pourrons le mener à bien, nous ironsavec une grande joie et une ferveur surnaturelles gagner des âmes àDieu
Bonne fête du Bon Pasteur!
Abbé Luis Gabriel BARRERO ZABALETASupérieur

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