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Les anniversaires de la Fraternité Saint Pie X

publié dans regards sur le monde le 23 septembre 2020


Le cinquantième anniversaire de la Fraternité Saint Pie X

La Fraternité Sacerdotale saint Pie X a annoncé qu’elle fêterait son 50ème anniversaire à l’occasion de son prochain pèlerinage à Lourdes, le dimanche du Christ Roi 2020, ayant préalablement fêté le cinquantième anniversaire de la fondation du séminaire d’Icône, le 24 septembre.  L’ayant appris, j’ai exprimé le désir de participer à ces anniversaires. Je suis même allé visiter le Supérieur Général de la FSSPX pour le lui demander. A cette occasion, je lui ai demandé qu’il veuille bien améliorer les relations avec les communautés dites anciennement «  Ecclesia Dei » et plus particulièrement avec l’Institut du Bon Pasteur. Nous exclure de leur amitié n’est pas juste,  ni juste ni raisonnable.

Dans cette intention je lui ai laissé un « mémoire » : Permettez-moi  que je puisse assister aux anniversaires de la FSSPX.

Je voudrais vous donner quelques explications de ma démarche

Trois raisons me semblent pouvoir justifier ce geste :

  1. – Les événements historiques qu’a connus la FSSX et qui en constituent son histoire, je les ai vécus de très près. Ils sont pour moi des événements que je pourrais appeler « des événements personnels »
  2. – Rien de fondamental ne m’éloigne de la FSSPX. La déclaration du 21 Novembre 1974, qui est toujours, à juste titre et plus que jamais la chartre de l’FSSPX reste pour moi un idéal « dans ce temps de crise ecclésiale majeure ».
  3. – Les condamnations canoniques dont Mgr Lefebvre fut l’objet, ont toujours été pour moi – et le sont encore -, nulles et non avenues

 

A- Les évènements historiques

1) En juin 1969, j’ai assisté à la réunion chez le Professeur Faÿ (je suis peut-être le seul survivant) où Mgr Lefebvre décida de rencontrer Mgr Charrière, évêque de Fribourg, pour lui demander l’autorisation d’ouvrir un convict sacerdotal dans sa ville épiscopale. Mgr Lefebvre me signifia l’acceptation de l’évêque par lettre personnelle en Juillet 1969, me conviant de le rejoindre en septembre à Fribourg. Nous étions neuf.

2) Avant même la fondation proprement dite de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X, j’ai assisté à la consécration de l’œuvre sacerdotale voulue par Mgr Lefebvre à la chapelle de Bourguignon (invoquée par le peuple fribourgeois sous le vocable « Notre-Dame, gardienne de la Foi »). Vous comprenez que je ne puisse oublier ce jour…

3) Je me souviens comme si c’était hier de la lecture faite au déjeuner par Mgr L.efebvre lui-même, au séminaire de Fribourg, rue de la Vignettaz, de la lettre d’érection de la FSPX par Mgr Charrière, datée du 01 Novembre 1970. Mgr Lefebvre a fait ouvrir à cette occasion une bouteille de champagne. Comme il était heureux…

4) Je me souviens aussi de l’ouverture du séminaire d’Ecône en Valais (Suisse), Mgr Lefebvre en en ayant reçu l’autorisation de Mgr Adam, évêque de Sion, pour l’année académique 1970-1971, et de l’accueil particulièrement chaleureux des fidèles du Valais et de leur curé M. l’Abbé Epinay, curé de Riddes. Au cours du repas, l’un des assistants prophétisa : « d’Ecône, on en parlera dans le monde entier ».

5) Je me souviens de la prise de position de Mgr Lefebvre contre la nouvelle messe de Paul VI en juin 1971, déclaration qu’il fit d’abord à Ecône et le lendemain à la rue de la Vignettaz, à Fribourg. A l’issue de cet entretien, il nous laissa une feuille résumant les raisons de son opposition.je l’ai gardée et l’ai publiée dans  Fideliter que je créai quelques années après en tant que supérieur de District.

6) C’est là, dans cette paroisse de Riddes, que Mgr Lefebvre, entouré des séminaristes d’Ecône, me conféra, le 17 Octobre 1971, le sacerdoce catholique. Comment l’oublier ? Depuis ce jour, jusqu’à la malheureuse cassure de 2003, tout mon apostolat s’est déroulé dans cette société sacerdotale sous la protection de Mgr Lefebvre, société sacerdotale reconnue canoniquement depuis le 1er Novembre 1970.

7) J’ai participé à la visite canonique réalisée le 11 Nov. 1974 par Mgrs Onclin et Deschamps, en la fête de saint Martin, Dans l’attente de la venue de ces prélats, Mgr Lefebvre m’a dit qu’il eut préféré mourir que de se voir en opposition avec Rome. Il était en effet un évêque ultramontain, tout son apostolat fut dicté par l’amour de Rome, la Rome éternelle.

8) J’ai entendu, de mes oreilles, la fameuse déclaration du 21 Novembre 1974 qui a suivi cette visite canonique ; elle fut faite par Mgr Lefebvre lui-même au cours d’une conférence spirituelle du soir, devant tous les séminaristes à Ecône, enthousiastes !

9) J’ai assisté à l’opposition farouche de plusieurs professeurs à Ecône : pour eux, Mgr Lefebvre, par cette Déclaration, signait son « arrêt de mort ». De fait, Rome prit fait et cause de cette Déclaration pour le condamner lui  et son œuvre sacerdotale ! Il ne fesait que de défendre la Tradition catholique.

10) J’ai connu les tribulations du séminaire d’Ecône en 1976, suite à la suspens a divinis qui frappa Mgr Lefebvre après les ordinations faites à Ecône contre l’avis de Rome. Il ordonnait ses prêtres, entre autres, pour la défense de la messe tridentine. Je me souviens de la visite que Mgr Lefebvre me fit la veille de cette cérémonie dans mon bureau : il se posait encore la question de l’opportunité ou non de ces ordinations… Alors que la fête battait déjà son plein. ll me demandait mon avis, vous imaginez… ?

11) J’ai connu le développement international de son œuvre – c’était pour lui la preuve de la bénédiction du Bon Dieu – en France, en Allemagne, en Amérique, de tous les coins du monde, en Afrique… Je me souviens de son retour du Gabon : il avait subi, juste avant de monter dans l’avion, un orage comme seule l’Afrique en connait, il était trempé jusqu’aux os, et c’est ainsi qu’il supporta tout le vol de son retour en Europe, dans une soutane humide. Il n’était plus très jeune, il grelottait de froid. A Orly, il était épuisé ! Très familièrement, il mit la main sur l’épaule d’un frère canadien qui était venu le chercher avec moi à l’aéroport, pour trouver quelque soutien physique.

12) Je l’ai accompagné jusqu’aux sacres, sans faillir, donnant même un avis favorable à cet acte qui me paraissait nécessaire pour la « survie » du sacerdoce catholique. Les prêtres qui l’ont quitté à cette occasion, fondant des sociétés sacerdotales qui s’appelleront au début « Ecclesia Dei », ont manifestement bénéficié, indirectement, de cet acte héroïque ecclésial. Je ne pouvais considérer comme vraies, comme lui du reste, les sanctions canoniques qu’il dut subir suite à cet acte, les sacres, en raison de ces temps mauvais que la Providence permettait que nous connaissions. Et ce n’est sans doute pas fini…avec ce Pontife François.  Ne nous disait-il pas : « Préparez-vous pour un combat de longue durée ! ». Que va devenir la messe tridentine après les réponses que le Vatican vient de recevoir en juillet du corps épiscopal? Les évêques n’aiment pas cette messe…Elle divise leur diocèse, disent-ils ? Je ne serais pas surpris que le Motu Proprio de Benoît XVI soit annulé par François ? Nous n’avons certainement pas longtemps à attendre…

13) Cet acte, les sacres de 1988, tout comme les ordinations de 1976, n’avait qu’un but : permettre la pérennité de la doctrine catholique, le maintien du sacerdoce catholique et le maintien de la messe tridentine. Commenttout cela  pouvait-il faire  l’objet de condamnations canoniques ? C’était là, manifestement, des abus de pouvoir. C’est du reste ce qu’indirectement Benoît XVI a reconnu dans son Motu Proprio Summorum Pontificum du 7 Juillet 2007, disant que la messe de saint Pie V ne fut jamais interdite, elle pouvait donc  être légitimement célébrée, ce qu’affirmait déjà saint Pie V dans la Bulle Quo primo tempore.

Ce sont là une petite énumération de quelques événements de famille que j’ai vécu de l’intérieur de la FSSPX, qui m’ont attaché à cette œuvre sacerdotale, et qui m’y attache toujours.

B- Un considération doctrinale- La déclaration du 21 Novembre 1974 de Mgr Lefebvre reste la charte de la FSSPX, elle y reste fidèlement attachée, comme le montrent leurs différentes études et divers articles publiés ; elle reste également ma pensée

Cette déclaration de 1974 est aussi la mienne,  membre de l’Institut  du Bon Pasteur (IBP), elle est mon idéal, elle reste la raison d’être de mon sacerdoce. Cette déclaration de 1974 reste un  facteur d’unité. Pourquoi ceux qui la prennent comme idéal resteraient-ils séparés ?

Au présent, mon souhait est que cette même déclaration de 1974 reste  pour toujours la charte de tous les instituts qui célèbrent selon le Missel de Saint Pie V, afin que leur identité liturgique soit accompagnée d’une claire identité doctrinale. C’est en particulier ce que je souhaite à mes confrères de l’IBP, avec lesquels j’ai partagé ces dernières années de mon ministère sacerdotal. C’est autour de cette même déclaration doctrinale qu’ils consolideront toujours davantage leur unité entre eux

 

C– La nullité des sanctions canoniques.

Cette déclaration de 1974, qui explique tout l’apostolat de Mgr Lefebvre, fut malheureusement  la raison de toutes les sanctions canoniques qu’il dut supporter; toutes ces sanctions sont autant d’abus de droit ; elles restent son honneur. Je tiens à ce qu’il soit le mien, aussi je me suis toujours senti disciple de Mgr Lefebvre et membre de cœur de la FSSPX, membre de cœur, sinon de droit car, je le confesse, j’ai jusqu’en 2008-2009 toujours fait parti du diocèse de Clermont-Ferrand, mon diocèse d’origine mit à la disposition de la FSSPX par Mgr de la Chanonie ! C’est du reste cet évêque de Clermont-Ferrand qui a donné à Mgr Lefebvre, les « démissoriales » pour mon ordination sacerdotale, et qui a accepté que je reste à la disposition de cette même société saint-Pie X pour accomplir mon ministère.

CONCLUSION

Ainsi pour toutes ces raisons, les circonstances actuelles le permettant, le Supérieur Général de la FSSPX m’ayant accueilli généreusement le 17 Octobre 2019, à la Maison Générale, j’ai pensé qu’il devrait être possible d’assister aux cérémonies du cinquantième anniversaire de la fondation du séminaire d’Ecône le 24 septembre prochain, –d’autant que le corps de Mgr Lefebvre devrait être transporté à la crypte de la nouvelle église du séminaire, ainsi qu’au  cérémonie du cinquantième anniversaire de la Fondation de la FSSPX, étant donné le rôle que la Providence et l’amitié de Mge Lefebvre m’ont permis de jouer à l’intérieur de cette société sacerdotale.

Tristesse je n’ai toujours pas reçu d’invitation ni pour l’une ni pour l’autre des cérémonies et je n’en recevrai pas…et je le regrette profondément et veux le dire à mes amis.

Abbé Paul Aulagnier

Le 23 septembre 2020

PS: J’ai regardé sur Youtub toute la cérémonie du 24 septembre. La messe fut magnifique,  avec des ornements très beaux, le sermon de Mgr Fellay fut très bien: il cita longuement Mgr Lefebvre en lisant de très beaux passages de son livre: « Spiritualité sacerdotal », son testament. La translation du cercueil de Mgr Lefbvre dans la crypte de l’église, fut très émouvante. Je rends grâce à Dieu d’avoir ainsi pu, grâce au progrès moderne, participer à cette cérémonie historique, avexc seulement un jour de décalage. Deo Gratias!.

 

 

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