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Entraide et Tradition

Le cinquantième anniversaire de la Fraternité Saint Pie X

publié dans nouvelles de chrétienté le 19 octobre 2020


Abbé Michel Simoulin –  Après 36 années dans la Congrégation du Saint-Esprit et du Cœur Immaculé de Marie, Mgr Lefebvre est quasiment ignoré par cette société à laquelle il avait donné tout le meilleur de lui-même. Il part sans que nul songe à lui dire merci ou simplement au revoir.

Il en conservera deux insignes : son cordon reçu le jour de sa profession le 8 septembre 1932, et son chapelet auquel est fixé à la place du crucifix une médaille. Sur celle-ci figure, autour de l’image du Saint-Esprit et du Cœur Immaculé, une inscription : Noli negligere gratiam quae hodie data est tibi, Ne négligez pas la grâce qui vous est donnée en ce jour, et autour de l’image de la Vierge : Tuus sum ego salvum me fac o Maria, Ô Marie, je suis à vous, sauvez-moi ! Il ne s’en séparera pas, et jusque dans ses dernières semaines, il parcourra les couloirs du séminaire avec ce chapelet à la main.

Cela dit, il est libre de ses mouvements, et c’est à lui que je laisserai le soin de raconter ce que furent ces années de notre fondation.

JOURNAL DE LA COMMUNAUTÉ DU SÉMINAIRE (OU CONVICT) INTERNATIONAL SAINT-PIE X – FRIBOURG –

Introduction de Monseigneur Marcel Lefebvre

” Omnia Instaurare in Christo “

— Bref aperçu historique sur les circonstances providentielles de la fondation du Séminaire :

La dégradation de l’enseignement, de la discipline, de la piété, en somme, de toute la formation des futurs prêtres dans les séminaires, depuis une vingtaine d’années, mais brutalement accélérée depuis le concile Vatican II, ne pouvait pas ne pas inquiéter les pasteurs d’âmes zélés, les familles vraiment chrétiennes et les jeunes aspirants au sacerdoce eux-mêmes.

Instinctivement ces responsables de vocations, en France particulièrement, s’interrogeaient sur la possibilité de trouver des institutions susceptibles de procurer une sérieuse formation à leurs protégés. C’est ainsi que l’on vint me demander conseil à ce sujet, dès les premiers mois de mon installation à Paris comme Supérieur général de la Congrégation du Saint-Esprit, soit en 1962.

Espérant faire revivre les saines traditions du Séminaire Français, confié à la Congrégation j’orientais les vocations vers cette maison. C’est ainsi que ces jeunes séminaristes atteignirent le nombre d’une bonne vingtaine. Malheureusement il me fallut bientôt constater que les directeurs du Séminaire, à part l’un ou l’autre, orientaient la maison vers la dégradation, à l’image des séminaires de France, et cela malgré tous mes efforts pour l’éviter.

Après la contamination venue du Concile, puis de la Congrégation des Études, puis de la Grégorienne, le Séminaire Français perdait tout ce qui faisait de lui un séminaire et commença la persécution contre les séminaristes sérieux et vrais. Il fallut se résigner, l’âme meurtrie, à trouver d’autres lieux, d’autres universités. Deux universités gardaient encore un enseignement sûr : le Latran et Fribourg. C’est donc auprès de ces universités qu’il fallait chercher des maisons qui auraient accueillis nos bons séminaristes et leur donneraient une formation digne de leur futur sacerdoce. Devant la difficulté de rentrer au séminaire du Latran, il fallut penser à une Fraternité confiée à la vigilance du si bon et éminent cardinal Siri, Archevêque de Gênes. C’est ainsi que naquit la Fraternité des Frères de Marie sous la houlette d’un homme de Dieu, le R.P. Théodosios, choisi par le cardinal de Gênes.

Mais il était prudent de ne pas négliger les possibilités qu’offrait Fribourg. C’est pourquoi, profitant de notre maison de la rue du Botzet, je dirigeai sur cette université quelques séminaristes, regrettant toutefois que ces jeunes aspirants ne trouvent pas dans ce foyer la formation souhaitable. Ils s ’y trouvaient du moins en paix, loin des brimades des séminaires en décomposition.

Il en fut ainsi jusqu’en 1968, année de ma démission de Supérieur général.

Le nombre de demandes augmentait d’année en année. Le Père Théodosios ne souhaitait pas tellement avoir plus de dix sujets. Il me fallait trouver une autre solution. La maison provinciale de la rue du Botzet ne tenait plus à garder les séminaristes. Dans le courant de 1’ année 68 – 69, je m’informais au sujet des maisons susceptibles de recevoir des séminaristes à Fribourg et de leur procurer une bonne formation. Ici à nouveau je devais constater la carence totale, avouée explicitement par les recteurs du Salesianum et de la maison des Marianistes : « Chez nous, il n’y a plus de règlement ! … » Je cherchais en France désespérément. Cependant, les Frères de Saint-Vincent de Paul acceptaient deux séminaristes. Ce n’était pas la solution. Il ne restait qu’à fonder moi-même une maison à Fribourg. Encouragé, pressé même par le R.P. Philippe, professeur de philosophie à l’Université, par M. Bernard Fây, par l’abbé d’Hauterive, par M. Braillard, chef de service à l’Instruction Publique du canton, je m’en fus trouver Son Excellence Monseigneur Charrière, qui me reçut chaleureusement, fut enthousiasmé par mon projet et m’autorisa volontiers à ouvrir ce « convict » pour séminaristes de tous pays, y compris spécialement l’Amérique du Sud. Ceci se passait le 6 juin 1969 à 15 h 00 à l’évêché de Fribourg. Le Séminaire était né ! Il fallait maintenant passer à la réalisation.

Le 2juillet, chez M. Braillard, 37 route de la Gruyère, était instituée la Société d’aide pour la formation de prêtres catholiques, présidée par M. Braillard, aidé d’un comité de quatre membres, tous Fribourgeois. Monseigneur Rast en était le vice-président. Il a manifesté une grande bienveillance pour notre fondation.

Puis, le 16 juillet, après de nombreuses recherches, je retenais au Foyer Don Bosco, 106 route de Marly, douze chambres pour l’année scolaire 69 – 70.

Providentiellement des bienfaiteurs venaient, visiblement guidés par leurs Anges gardiens, apporter l’aide financière nécessaire, car plusieurs séminaristes ne pouvaient pas payer leur pension.

Seul faisait défaut le collaborateur, qui me paraissait indispensable. Cependant la Providence en jugeait autrement. Je me mis à l’œuvre pour l’accueil des séminaristes, au nombre de neuf, et pour la première organisation et orientation du séminaire. C ’ était sans doute préférable, étant en définitive responsable de cette œuvre vis-à-vis du diocèse de Fribourg et des diocèses ou des familles des séminaristes.

Ainsi est entré dans l’histoire ce Séminaire international Saint-Pie X, visiblement béni par la Providence, par la céleste Mère des prêtres et par son céleste Protecteur.

Fribourg, le 17 novembre 1969 † Marcel Lefebvre

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