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Entraide et Tradition

Les martyrs de la Commune.

publié dans regards sur le monde le 25 mai 2011


Sur Le blog du “Mesnil-Marie”, on lit ce récit des martyrs de la Commune

 Les martyrs de la Commune.

Chers Amis du “Refuge Notre-Dame de Compassion“,

Depuis le mois de mars déjà, diverses associations liées à la “libre-pensée”, des francs-maçons, des anarchistes, associés à des syndicats et autres mouvements de gauche commémorent le cent quarantième anniversaire de la commune insurrectionnelle de Paris, avec la bienveillance de certaines autorités civiles ou politiques (quand leurs manifestations ne sont pas tout bonnement subventionnées avec l’argent public…).

Je n’ai bien évidemment pas le dessein d’écrire ici une histoire complète de cette période de l’histoire. Mais, en marge de ces célébrations, je me crois autorisé à rappeler ici des faits qui (ceux qui me connaissent s’en doutent déjà!) iront à l’encontre de ce que la littérature “hagiographique” laïque et républicaine tend à imposer comme vision des évènements. Je me crois d’autant plus autorisé à écrire que je n’ai, jusqu’à présent, lu ni entendu aucune voix ecclésiastique rappeler ce que furent en vérité ces évènements pour les catholiques et l’Eglise à Paris.

Après les durs mois du siège et l’occupation de la capitale par les Prussiens, les Parisiens pouvaient certes bien légitimement être exaspérés. Je ne nierai pas que la répression exercée par les Versaillais à l’encontre des communards, au cours de ce que l’on appelle “la semaine sanglante”, n’ait été particulièrement cruelle. Mais je ne suis pas manichéen et je sais très bien que la bêtise, la haine, la cruauté et la violence ne se sont pas trouvées d’un seul côté au cours de ces évènements tragiques…

Cela étant dit, je vous invite au préalable à vous souvenir de quelques unes des paroles de la Très Sainte Vierge Marie quand elle apparut à Soeur Catherine Labouré dans la nuit du 18 au 19 juillet 1830, entre minuit et deux heures du matin, dans la chapelle de la rue du Bac.

 

Apparition de Notre-Dame dans la nuit du 18 au 19 juillet 1830 (chapelle de la rue du bac)
“Venez au pied de cet autel…”

 

Ici encore, je ne veux pas refaire le récit détaillé de cette longue apparition (deux heures!). Je me contenterai de citer quelques paroles de Notre-Dame telles que Soeur Catherine les consigna par écrit pour son directeur spirituel.

Dans un premier temps, la Vierge Marie annonce la toute proche révolution de la fin juillet 1830 : “Les temps sont très mauvais, des malheurs vont fondre sur la France : le trône sera renversé, le monde entier sera renversé par des malheurs de toutes sortes”. Sainte Catherine Labouré précise : “La Sainte Vierge avait l’air très peinée en disant cela”. Et Notre Dame poursuit : “Mais venez au pied de cet autel, là les grâces seront répandues sur toutes les personnes qui les demanderont avec confiance et ferveur…”

Puis la Sainte Vierge a continué ses annonces sur des évènements plus lointains : “Le moment viendra où le danger sera grand, on croira tout perdu, là je serai avec vous, ayez confiance, vous reconnaîtrez ma visite et la protection de Dieu et celle de saint Vincent sur les deux communautés. Mais il n’en est pas de même des autres Communautés. Il y aura des victimes” (ici Sainte Catherine note : “La Sainte Vierge avait les larmes aux yeux”). Mais ce n’est pas encore tout, Marie ajoute : “Il y aura bien des victimes, Monseigneur l’archevêque mourra. Mon enfant, la Croix sera méprisée, le sang coulera dans les rues” – ici, Sœur Catherine précise que la Sainte Vierge ne pouvait presque plus parler tant sa peine était grande : “Mon enfant, me dit-elle, le monde entier sera dans la tristesse”. À ces mots, je pensai : “Quand est‑ce que ce sera?” Et alors j’ai très bien compris : “quarante ans“.

Quarante ans! La réponse s’est imprimée dans la pensée de Sainte Catherine Labouré. Et quarante ans plus tard la prophétie de Notre-Dame s’est réalisée.

Dès son déclenchement, l’insurrection s’afficha résolument et violemment hostile à l’Eglise Catholique.
J’ai cherché à savoir si d’autres édifices de culte avaient subi les mêmes profanations que les églises et si d’autres ministres de culte – protestants ou israélites – avaient été victimes de violences comparables à celles qui furent infligées au clergé catholique mais je n’ai rien trouvé à ce sujet.
Est-ce parce qu’il n’y en eut pas ou seulement parce que les historiens ont omis de le noter?

Une barricade en 1871

 

Le jour même de sa proclamation, la Commune décréta la “séparation de l’Eglise et de l’Etat” et interdit la célébration de la Messe dans les hôpitaux.
Très rapidement, de nombreux couvents furent envahis et occupés : les religieuses furent humiliées, moquées et subirent des outrages sous leurs propres toits…
Pourtant, pendant toute la durée du siège – comme toujours – les congrégations avaient fait tout ce qui était en leur pouvoir pour soulager les affamés et soigner malades et blessés!

Plus grave encore, car aucun coeur véritablement catholique ne peut y penser sans frémir d’indignation et de douleur : les fédérés se livrèrent à de très nombreuses profanations délibérées du Très Saint Sacrement…

Le mardi saint, 4 avril 1871, Monseigneur Georges Darboy, archevêque de Paris, l’abbé Gaspard Deguerry, curé de la Madeleine, et Monseigneur Auguste-Alexis Surat, archidiacre de Notre-Dame, sont pris en otages : d’abord enfermés à la prison de Mazas, ils seront plus tard transférés à la Roquette.
Un contemporain note dans son diaire à la date du 5 avril : “La consternation est partout, on vit dans la crainte, on est indigné ; mais on n’ose rien dire. Lorsque l’archevêque a comparu devant ses juges, il leur disait : «Mes enfants», à quoi ils ont répondu : «Nous ne sommes pas vos enfants, mais des magistrats!».

Monseigneur Darboy

 

Le même témoin note le lendemain, jeudi saint 6 avril : “On lit dans les rues des affiches épouvantables, disant qu’il faut piller les églises, assassiner les prêtres”.
Puis le 9 avril, qui était le dimanche de Pâques, il écrit encore : “La commune ne se contente pas d’afficher des proclamations sanguinaires, elle les met à exécution. On a arrêté 200 prêtres, fait fermer plusieurs églises, on a de la peine à trouver une messe”.

De fait, de nombreuses églises sont transformées en “clubs révolutionnaires” et sont le théâtre de scènes épouvantables : le drapeau rouge flotte sur Notre-Dame de Lorette dont un vicaire, l’abbé Jean-Marie-Noël Sabbatier, est emprisonné ; la célèbre Louise Michel, dont l’excitation – voisine de l’hystérie – est à son comble, “pontifie” dans le club qu’elle a installé dans l’église Saint-Bernard de la Chapelle ; Saint-Eustache et Saint-Nicolas des Champs ont tous les soirs des séances qui rappellent les heures les plus sombres de la grande terreur ; à la Sainte-Trinité, c’est un club où se réunissent uniquement des femmes qui montent en chaire pour éructer des horreurs, exhorter au pillage et appeler au massacre des prêtres… etc.
Le témoin que nous avons déjà cité note le 16 avril : “Les prêtres, habillés en bourgeois, se sauvent de Paris et vont chercher un refuge au milieu des Prussiens, près desquels ils sont plus en sûreté qu’avec les communeux qui ne respectent rien.”

Le 17 mai, jour où l’on annonce que les Versaillais vont entrer par la porte Maillot, notre témoin écrit : “Les communeux ont pillé Notre-Dame des Victoires, et y ont fait toutes sortes de profanations. Après des crimes aussi horribles, n’avons-nous pas à craindre que la vengeance de Dieu ne tombe sur cette ville si coupable.”

Les communards aux abois avaient en effet commencé à allumer des incendies en plusieurs points de la capitale : le palais des Tuileries sera l’une des plus célèbres victimes de cette folie incendiaire.
Ils vinrent à la basilique de Notre-Dame des Victoires en trainant des barils de pétrole, malmenèrent les prêtres et les fidèles qui voulaient s’opposer à ce sacrilège, mais avant de livrer l’église aux flammes ils voulurent la piller et la profaner de manière systématique.
Le Tabernacle fut violé, les Saintes Hosties jetées à terre et piétinées ; la statue de la Vierge à l’Enfant fut dépouillée des couronnes offertes par le Bienheureux Pie IX, puis souillée de la plus ignominieuse façon ; les vases sacrés – que le curé avait pourtant tenté de préserver en les dissimulant dans le cénotaphe de Lully – furent profanés par des beuveries blasphématoires ; la châsse de Sainte Aurélie (jeune martyre des premiers siècles retrouvée dans les catacombes et dont les reliques avaient aussi été offertes à la basilique par le Bienheureux Pie IX) fut ouverte et ses ossements jetés au hasard ; le tombeau du saint abbé Desgenettes fut fracturé et sa tête, arrachée de son corps, piquée sur un fusil, fut promenée au milieu des rires et des blasphèmes…
En apprenant ces profanations, Sainte Catherine Labouré déclara : “Ils ont touché à Notre-Dame des Victoires : ils n’iront pas plus loin!”
Le 24 mai, jour de la fête de Marie Auxiliatrice, après sept jours de profanations et de scènes orgiaques, les fédérés s’enfuirent au son du clairon des Versaillais : la basilique du Coeur immaculé de Marie avait été terriblement éprouvée, mais elle avait échappé aux flammes et la statue miraculeuse, malgré les profanations, restait debout!

A la date du 29 mai, le témoin que nous avons déjà cité écrit : “Après de bien mauvais jours, et de terribles émotions, nous voici enfin un peu tranquilles. On n’entend plus le canon ; mais hélas, on sait maintenant toute l’affreuse vérité, et tous les crimes qui ont été commis”.

Parmi les crimes qu’ils ont commis, les communards ont tué “in odio fidei” – en haine de la foi – 31 serviteurs de Dieu dont il serait aisé de reconnaître officiellement le martyre et d’obtenir la béatification si, jusqu’ici, le souci de ne pas trop déplaire à la république n’avait pas retenu “l’Eglise de France” dans cette procédure :

1) le 24 mai 1871, fusillés à la prison de la Roquette vers 20h30 : Son Excellence Monseigneur Georges Darboy, en compagnie de l’abbé Gaspard Deguerry, curé de la Madeleine, de l’abbé Jean-Michel Allard, aumônier des ambulances, et de deux Jésuites : les Révérends Pères Léon Ducoudray et Alexis Clerc (le premier était recteur de l’École Sainte-Geneviève).

La dépouille de Monseigneur Darboy lors de ses funérailles, après la semaine sanglante.

 

2) le 25 mai 1871, massacrés dans la rue en fin d’après-midi à proximité de la Porte d’Italie : les dominicains du collège d’Arcueil. Leur supérieur était le Révérend Père Louis-Raphaël Captier, qui avait fondé le collège. Avec lui furent exécutés quatre prêtres de son ordre : les Pères Thomas Bourard, Constant Delhorme, Henri Cottrault et Pie-Marie Chatagneret, et huit laïcs qui étaient leurs auxiliaires au collège : Louis-Eugène-Antoine Gauquelin (professeur de mathématiques), François-Hermand Volant (surveillant), Aimé Gros (domestique), Antoine Gézelin Marce (domestique), Théodore Catala (surveillant), François-Sébastien-Siméon Dintroz (infirmier), Marie-Joseph Cheminal (domestique) et Germain-Joseph Petit (économe).
Ils avaient été arrêtés le 19 mai et emprisonnés au fort de Bicêtre, où ils souffrirent de la faim et de la soif, puis le 25 mai sous le prétexte de les conduire de Bicètre à une autre prison située avenue d’Italie, ils furent massacrés dans la rue.

Exécution des otages, rue Haxo, le 26 mai 1871.

 

3) le 26 mai 1871, vers 15h, quarante-neuf prisonniers furent extraits de la prison de La Roquette et conduits, sur les hauteurs de Belleville : c’étaient 33 gardes de Paris, 2 gendarmes, 4 mouchards et 10 ecclésiastiques choisis au hasard.
Encadrés par les fédérés, ces otages montent à pied jusqu’à la cité de la rue Haxo qu’ils atteignent vers 17 h 30.
Malgré les réticences de leurs chefs militaires et cédant à une foule qui hurle à la mort, les fédérés tirent à volonté durant un quart d’heure sur les otages, tous exterminés, devant le haut mur qui se trouvait rue du Borrégo, à hauteur de l’actuelle Maison des Jeunes.

Voici la liste des ecclésiastiques qui furent massacrés : les Révérends Pères Jésuites Pierre Olivaint, recteur de la maison de la rue de Sèvres, Jean Caubert et Anatole de Bengy ; les Révérends Pères de la Congrégation des Sacrés-Coeurs de Picpus : Ladislas Radigue, Polycarpe Tuffier, Marcellin Rouchouze et Frézal Tardieu ; un prêtre séculier : Jean-Marie-Noël Sabattier, vicaire à Notre-Dame de Lorette ; un religieux de Saint-Vincent de Paul : Matthieu-Henri Planchat ; et l’abbé Paul Seigneret, séminariste de Saint-Sulpice.
Un oratoire sommaire fut édifié à l’emplacement des exécutions (81 rue Haxo) dès 1889, puis remplacé en 1894 par une chapelle d’environ 250 places agrandie quatre ans plus tard. A la suite de l’urbanisation du quartier, une véritable église fut construite entre 1936 et 1938 par l’architecte Julien Barbier : Notre-Dame des Otages.

4) le 27 mai 1871 enfin, subirent aussi le martyre : Monseigneur Auguste-Alexis Surat, archidiacre de Notre-Dame de Paris, qui avait été emprisonné en même temps que Monseigneur Darboy, et qui fut massacré dans la rue après avoir pu s’enfuir de la prison de la Roquette. Avec lui fut aussi martyrisé l’abbé Émile-Victor Bécourt, curé de Notre-Dame de Bonne Nouvelle.
Le Révérend Père Jean-Baptiste Houillon, des Missions Etrangères de Paris, revenu de Chine pour un congé de maladie en 1869, fut aussi massacré par les fédérés sur le Boulevard Richard Lenoir lors d’un transfert de prisonniers.

Nous conservons pieusement au “Mesnil-Marie” cinq enveloppes cachetées portant les noms des cinq Jésuites martyrisés par les communards les 24 et 26 mai 1871 et contenant des morceaux de leurs soutanes.

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