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Le scandale du latin au bac

Le scandale du latin au bac

publié dans flash infos le 11 septembre 2009


Dans sa chronique hebdomadaire : « génération décervelée » Jeanne Smits, dans Présent du 11 septembre 2009, attaque avec vigueur et intelligence, le choix de l’éducation nationale de faire étudier aux élèves, pour le bac de 2010- 2011, le texte licencieux d’Ovide : « l’’art d’aimer »

Le scandale du latin au bac

Parvenir à imposer la pensée unique jusque dans les études littéraires classiques relève de l’exploit. Voilà comment l’Education nationale s’y est prise. Au lieu de tester, comme jadis, les lycéens latinistes sur
leur connaissance approfondie de la langue, du vocabulaire, de la grammaire latine en les invitant à traduire, et éventuellement commenter un texte de leur niveau, on les invite à une forme de bachotage où les « compétences » dont on parle aux parents passent définitivement au second plan. Une seule œuvre est désormais au programme, alors que, depuis 2001, une approche par thèmes permettait d’aborder de nombreux auteurs des plus classiques, depuis Virgile – en vedette, et c’est bien ainsi – jusqu’aux historiens. Une seule œuvre que l’on étudiera donc jusqu’à plus soif, mais avec une attention soutenue puisque la version, qui reste d’actualité dans l’épreuve écrite du bac, portera à coup sûr sur un extrait de l’œuvre ou de son « contexte immédiat ». Une version de cinq lignes maximum, 50 à 60 mots dont la
traduction adéquate rapporte 40 points au plus sur les 100 possibles. Tout le reste de l’épreuve porte sur un commentaire en français d’un extrait de l’œuvre d’une trentaine de vers ou de lignes de l’œuvre imposée, le texte latin étant fourni, avec sa traduction française en regard, lors de l’épreuve. Le dictionnaire est, bien sûr, autorisé…

Pour les baccalauréats de 2010 et 2011, l’œuvre choisie est donc L’art d’aimer d’Ovide. Naguère, dans les anciens programmes, il était possible de n’en retenir que des extraits abordables par des lycéens. Désormais, il faut étudier ce texte licencieux, où le poète du Ier siècle détaillait en vers la manière de séduire une amante ou un amant en vue du seul plaisir, évidemment en dehors du couple légitime (où l’ennui est de mise, sans doute, et où seul le devoir compte…) et loin des bassesses de la prostitution. Que cette œuvre fasse partie de notre patrimoine culturel ne fait pas de doute, mais son caractère explicite, profondément cynique, foncièrement immoral dans ses leçons de séduction amoureuse le rend inapte et même inepte pour un âge où justement les émois amoureux ne sont pas encore assez maîtrisés par la volonté. Ils n’ont pas besoin d’une apologie de l’inceste, du viol censé plaire aux femmes, de l’adultère, de la tromperie, de la mesquinerie…

La Fraternité Saint-Pie X mobilise

Plusieurs pétitions ont été lancées pour protester auprès des pouvoirs publics et des responsables de l’Education nationale. L’une, proche des différents mouvements de droite nationale, a été lancée par www.deficulturel.net et est à signer en ligne ; au bout de sa semaine de démarrage, elle affiche plus de 600 signatures.

L’autre, qui a l’avantage d’émaner de responsables religieux qui sont aussi responsables d’établissements d’enseignement secondaire, a été lancée par le supérieur de district de la Fraternité Saint-Pie X, l’abbé Régis de Cacqueray. On peut lire l’intégralité de son communiqué sur le site www.laportelatine.org, où il précise :

« L’art d’aimer est une œuvre érotique du poète Ovide uniquement consacrée à exposer aux hommes d’abord, aux femmes ensuite, tous les conseils pour séduire. L’amour est ravalé à un exposé complaisant des moyens les plus dégradés et les plus cyniques pour parvenir à sa fin. L’auteur promeut la multiplication des partenaires et réduit la femme à l’état de proie.

Voilà la littérature dans laquelle les élèves de terminale des deux années à venir devraient se plonger pendant des mois ! Nous protestons et nous invitons tous les Catholiques et tous les hommes à qui il reste un sens moral à protester contre ce programme totalitaire qui constitue une véritable incitation publique à l’immoralité et à la débauche. »

Pourquoi d’autres autorités religieuses ou scolaires, notamment dans le milieu de l’enseignement catholique sous contrat, n’en font-elles pas autant ? Il faut espérer que ce n’est pas pour échapper à d’éventuelles critiques sur leur ringardise ou leur pruderie : il y va quand même de la protection des âmes des jeunes qui leur sont confiées ! Mais on peut supposer que c’est la sempiternelle frousse de se mettre en opposition avec l’Etat, qui les tient comme leur principal bâilleur de fonds… Reste aux parents à faire entendre leur voix. Leur droit quant à l’éducation de leurs enfants leur est de plus en plus confisqué ; ne rien dire face à cette gravissime spoliation, c’est y consentir.

On sait bien, pourtant, qu’il y a très peu de chances pour que de telles protestations soient prises en compte. Le choix de L’art d’aimer, c’est en réalité la partie d’un tout et non point une aberration inventée par quelque fonctionnaire de la rue de Grenelle. Disqualifier la famille, ridiculiser la fidélité, chosifier la femme, faire de l’expression physique de l’amour une activité « récréative », prêcher que dans ce domaine tout va, pourvu qu’on y trouve du plaisir sans aucune contrainte, c’est entrer pleinement dans la logique de l’épouvantable « morale » sexuelle de notre époque malthusienne où l’amour se doit d’être le plus possible infécond pour « protéger la planète ». L’empire romain a crevé, entre autres, de l’anéantissement des vertus familiales, d’une démographie déprimée et de l’entrée massive, du coup, des barbares dans ses forces armées… Cela ne vous suggère rien ?

Comme il y a fort à parier que la mobilisation des parents et éducateurs, pour importante et nécessaire qu’elle soit ne donnera pas de résultat, il faut tout de même trouver une solution ; certaines écoles hors contrat avaient déjà pris leur décision en mai : ne présenter aucun latiniste à l’écrit en 2010 et 2011. L’épreuve en option, à l’oral, repose sur un choix de textes bien plus large et permet en outre de faire davantage de « vrai » latin.

JEANNE SMITS
Génération décervelée. Présent 11 septembre 2009
NB : Le site de La Porte latine propose un modèle de lettre à envoyer aux adresses suggérées ci-dessous, on peut aussi composer son propre envoi en se rappelant qu’une lettre courtoise et argumentée a bien plus de chances de retenir l’attention que l’invective !
Monsieur le Ministre de l’Education nationale, 110, rue de Grenelle, 75007 Paris ; Monsieur Bernard Thomas,
médiateur de l’Education nationale, 61-65 rue Dutot, 75732 Paris Cedex , mediateur@education.gouv.fr

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