Fête de la Très Saine Trinité.
publié dans couvent saint-paul le 2 juin 2012
Ier dimanche de la Pentecôte.
Fête de la Très Saine Trinité.
« Et Jésus s’approchant leur parla ainsi : Toute puissance m’a été donnée
dans le ciel et sur la terre. Allez donc, enseignez toutes les nations, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, leur apprenant à observer tout ce que je vous ai commandé. Et moi, je suis avec vous toujours jusqu’à la fin du monde. »
Cette fête de la Très Sainte Trinité, MBCF, dirige mon regard sur Dieu. Et ces paroles que nous venons de citer de Saint Mathieu, celles –là mêmes de NSJC, m’oblige à croire fermement et à confesser sans aucune hésitation un seul Dieu en Trois personnes : « Allez enseigner toutes les Nations, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit ».
Quel Mystère.
Et c’est, pourtant, ce mystère, que je dois, nous dit le Catéchisme, approfondir et expliquer avec le plus grand soin, afin que vous puissiez, un jour, contempler la gloire de l’infinie Majesté de Dieu.
Et tout d’abord, je crois en Dieu.
Je crois
Croire ici n’est pas seulement « penser, imaginer, avoir une opinion ». Non ! Croire, ici, c’est donner « un acquiescement ferme, inébranlable et constant de mon intelligence aux mystères révélés de Dieu ». Ainsi, croire, c’est avoir une conviction et une certitude exemptes de tout doute. Vous le voyez, Nous sommes loin de la simple opinion.
Ce n’est point que nous voyons les vérités que Dieu nous propose à croire. Nous n’en avons point l’évidence, comme pour les premiers principes de l’intelligence, le principe de non contradiction, le principe de finalité. Non. Mais si je crois fermement c’est en raison de l’autorité de Dieu se révélant. Le motif formel de la foi, c’est l’autorité de Dieu se révélant. Je me repose sur l’autorité de Dieu : « Allez enseigner toutes les nations et baptisez les au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit. ». Dieu est un en trois Personnes, Je les nomme car le Christ Seigneur, les a nommé : « le Père et le Fils et le Saint Esprit ». C’est la Révélation qui me donne la certitude de la foi. Mon esprit se repose entièrement dans la connaissance que j’ai de la vérité révélée. Et je n’ai pas besoin d’investigation plus profonde. Je crois en la parole de Dieu. Et cela me suffit. Le Dieu qui se révèle est véritable, dit l’Apôtre, (Rm 3 4). Enfin, tout de même, vous trouveriez de l’orgueil et de l’insolence si une personne n’ajoutait pas foi à vos affirmations. Vous vous savez sage et prudent, et si cette personne exigeait en plus de votre affirmation que vous prouviez ce que vous avancez par des raisons ou par des témoins, vous le trouveriez bien téméraire et irrespectueux. Alors celui qui entendrait la voix de Dieu Lui-même, et qui oserait demander encore des preuves de l’affirmation révélée de Dieu, comment le jugeriez-vous vous-même, sinon téméraire et irrespectueux. J’entends de mes oreilles, comme les Apôtres, le jour de l’Ascension : « Baptisez les au nom du Père et du Fils et du saint Esprit ». Je pose acte de Foi, en Dieu Trinité. Je le crois sans aucun doute, mais encore sans chercher de démonstration. Dieu a parlé. Cela me suffit. Si je crois à votre parole parce je sais que vous êtes une personne sage et raisonnable et qu’il serait outrecuidant de ne pas vous faire confiance, à plus forte raison s’il s’agit des paroles de Dieu.
Mais je ne dois point me borner à cet acte de Foi intérieur, je dois manifester au dehors par une profession ouverte les sentiments que je porte dans mon cœur, comme aussi de les avouer et de les publier devant tout le monde avec joie et empressement. Je dois avoir cet esprit du Prophète disant : J’ai cru, et c’est pourquoi j’ai parlé. Je dois imiter les Apôtres qui répondaient aux princes du peuple: Nous ne pouvons pas ne pas dire ce que nous avons vu et entendu, (act 4 10) et je dois m’encourager aussi des paroles de Saint Paul: Je ne rougis point de l’Évangile, car il est la force et la vertu de Dieu pour sauver tous les croyants (Rm 1 16); ou encore: On croit de cœur pour être justifié, mais on confesse de bouche pour être sauvé (Rm 10 10).
Je crois en Dieu
Oh certes, la raison, la sagesse grecque et romaine ont bien pu s’élever peu à peu, à l’aide des effets et des perceptions des sens, à la connaissance de Dieu, plus exactement à son existence ; Dieu existe… mais elles ne sont parvenus à contempler les choses invisibles de Dieu, qu’à force de travaux et de peines. Elles purent Le reconnaître et Le comprendre comme Cause et l’Auteur de tout ce qui existe. Mais c’est à peu près tout. La foi, au contraire, peut élever mon intelligence jusqu’au ciel, et là, grâce à la splendeur divine qui l’éclaire, contempler le foyer éternel de toute lumière, Alors je comprends que j’ai été appelé réellement des ténèbres à une admirable lumière, comme dit le prince des Apôtres, et que ma Foi me cause un ravissement ineffable. (1 Pet 2 9 ; Pet 1 8) Et alors je peux confesser que Dieu est toute perfection, qu’il est sans aucun mélange d’acte et de puissance, qu’Il est « Acte pur », qu’en Lui est la plénitude de tous les biens, qu’il est cette source inépuisable et perpétuelle de bonté et de charité qui répand sur toutes les créatures ce que nous y voyons de beau et de parfait ; qu’il est le Sage, l’Auteur et l’Ami de la vérité, le Juste, le Bienfaiteur suprême. Qu’il est la souveraine et absolue perfection. Qu’il est tout puissant, immense, infini, qui s’étend à tout et partout. Voilà ce que nous affirment les saintes Ecritures. Nous croyons toutes ces qualités avec aisance, avec facilité, bien plus facilement que tous les philosophes, laissés à leur seule raison, purent le faire au fil du temps, mais aussi avec certitude et sans crainte de la moindre erreur. La lumière de la foi me fait connaître « l’aséité » de Dieu bien mieux que toute connaissance discursive ne pourra jamais le faire.
Je crois en Dieu. Je crois à l’unité dans l’Essence divine et à la distinction dans les trois Personnes.
Je fais profession d’admettre qu’il n’y a qu’un seul Dieu, et non plusieurs. J’ai dit que je reconnais que Dieu est la bonté souveraine et la perfection même. Or, il est impossible que la perfection absolue convienne à plusieurs. Car celui qui manque de la moindre chose pour arriver jusqu’au souverain et à l’absolu, est par là même imparfait, donc il ne saurait être Dieu. Cette vérité est affirmée en maints endroits dans la sainte Ecriture. Ainsi, contentons-nous de cette citation : Ecoute Israël, le Seigneur notre Dieu est le seul Dieu ( Deut 6 4) La Foi chrétienne croit donc et professe qu’il n’y a qu’un seul Dieu, par nature, par substance et par essence. C’est la définition même du Concile de Nicée, qui a voulu confirmer cette vérité dans son Symbole.
Puis, s’élevant encore plus haut, cette même Foi chrétienne reconnaît l’unité de Dieu, tout en adorant en même temps la Trinité dans son unité, et l’unité dans sa Trinité. C’est le Mystère de ce dimanche.
Je crois en Dieu, le Père, le Fils et le Saint Esprit.
Je crois en Dieu le Père.
Parce que les hommes appellent Père celui qui est l’auteur d’une famille, et qui continue de la diriger par ses conseils et par son autorité, la foi me fait donner également ce nom de Père à Dieu, puisqu’il est le Créateur et le Gouverneur de toutes choses. Les Saintes Ecritures elles-mêmes emploient ce mot lorsque, en parlant de Dieu elles Lui attribuent la Création, la Puissance suprême et cette Providence qui régit si admirablement l’univers. « N’est-ce pas le Seigneur qui est votre Père, qui est votre Maître qui vous a faits et tirés du néant ? »( Deut 32 6) Et nous avons aussi et surtout la belle prière enseignée par NSJC lui-même : « Notre Père qui êtes au Cieux »
Ce nom nous indique, mais aussi la révélation du Seigneur, qu’il faut admettre dans l’Essence divine, non une seule Personne, mais plusieurs réellement distinctes. Il y a en effet trois Personnes dans une seule et même Divinité: celle du Père qui n’est engendré d’aucune autre ; celle du Fils qui est engendré du Père avant tous les siècles ; celle du Saint Esprit qui procède du Père et du Fils, de toute éternité. Le Père est dans l’unité de la nature divine la première Personne, et avec son Fils unique et le Saint Esprit il forme un seul Dieu, un seul Seigneur non point une seule Personne, mais une seule nature en trois Personnes, selon le Symbole de saint Athanase.. Et il n’est pas permis de penser qu’il y ait entre ces Personnes la moindre différence, la moindre inégalité: la seule distinction que l’on peut concevoir entre elles, vient de leurs propriétés respectives. Le Père n’est point engendré ; le Fils est engendré du Père ; le Saint Esprit procède de l’un et de l’autre. Ainsi nous reconnaissons une seule et même nature, une seule et même substance pour les trois Personnes, mais de telle sorte que dans notre profession de Foi relative au Dieu véritable et éternel, nous adorons avec toute la piété et tout le respect possibles, la distinction dans les Personnes, l’unité dans la Substance, et l’égalité dans la Trinité. Dans les trois Personnes, je professe la même éternité, la même gloire et la même majesté. Mais comme le Père est le principe sans principe, nous affirmons avec vérité et sans aucune hésitation qu’Il est la première Personne ; et parce qu’Il n’est distingué des autres Personnes que par la propriété de Père, c’est à Lui seul aussi qu’il appartenait d’engendrer le Fils de toute éternité. Aussi c’est pour nous faire souvenir en même temps que Dieu a toujours été, et qu’Il a toujours été Père que nous joignons ensemble, dans cette profession de Foi, et le nom de Dieu et le nom de Père.
Ainsi, BCF, retenez scrupuleusement les mots d’Essence et de Personne, consacrés en quelque sorte à l’expression propre de ce Mystère, et n’oubliez pas que l’unité est dans l’Essence et la distinction dans les Personnes. Ne cherchez pas trop à scruter les profondeurs de Dieu. Qu’il vous suffise de savoir d’une manière certaine par la Foi que Dieu Lui-même nous a enseigné cette vérité : » Allez, dit Notre-Seigneur Jésus-Christ à ses Apôtres, enseignez toutes les nations, baptisez-les au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Et ne pas croire à la Trinité Sainte serait une insigne folie et un malheur extrême car ce serait ne pas croire à la Parole de Dieu qui a révélé à l’esprit de l’homme le mystère de la Sainte Trinité. C’est en cette confession du Dieu Trinité que nous recevrons la grâce d’être admis un jour dans les tabernacles éternels, pour y contempler cette ineffable fécondité du Père qui, en se considérant et en se connaissant Lui-même, engendre un Fils qui Lui est égal et semblable ; pour y contempler aussi ce bien éternel et indissoluble par lequel l’esprit de charité qui est l’Esprit-Saint, amour parfaitement égal du Père et du Fils, procédant de l’un et de l’autre, unit ensemble et toujours Celui qui engendre et Celui qui est engendré ; pour y voir enfin l’unité d’Essence dans la Trinité divine et la parfaite distinction dans les trois Personnes. Amen.