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Paroisse saint Michel : prédication pour le 2è dimanche après la Pentecôte, semaine du 14 au 20 juin 2009

Paroisse saint Michel : prédication pour le 2è dimanche après la Pentecôte, semaine du 14 au 20 juin 2009

publié dans couvent saint-paul le 14 juin 2009


Prédication pour le 2è dimanche après la Pentecôte
Fête-Dieu

L’année sacerdotale,
En l’honneur du Saint Curé d’Ars

A l’occasion de son 150è anniversaire de sa mort.

Le Saint Père, Benoît XVI, inaugurera « l’année sacerdotale » – qu’il lança en son discours du 16 mars 2009, – par le chant des Vêpres, le jeudi 18 juin en la Basilique du Vatican. Il veut en effet que du 19 juin 2009 au 19 juin 2010, l’Eglise chante la gloire du sacerdoce. Il veut à l’issue de cette année sacerdotale déclarer le curé d’Ars, patron céleste de tous les prêtres. Il l’est déjà de tous les curés.

Je voudrais alors m’unir d’intention à cette merveilleuse initiative toute divine et centrer mon attention sur ce saint Curé pour voir et étudier comment il a pu convertir non seulement sa paroisse qui n’était que « chapellenie » à son arrivée, mais également rayonner de part toute la France et l’Europe.

Il est nommé à Ars près de Lyon en 1818. Accompagné de « mère » Bibost qui lui servira un petit moment de gouvernante, il part avec un très modeste mobilier. Mais il a peine à découvrir sa « paroisse ». Il s’égare, marche quelque temps à l’aventure. Sur une prairie, des enfants sont à la garde de leurs moutons. M Vianney va vers eux. Il leur demande la route du château d’Ars, le croyant situé dans le village. Il doit répéter plusieurs fois sa question. Enfin, grâce à eux, il est remis sur le chemin. « Mes petits amis, vous m’avez montré le chemin d’Ars, je vous montrerai le chemin du Ciel »

Le chemin du Ciel !

Le Pape a raison de nous demander de fixer nos regards sur le saint Curé, lui qui a si bien réussi dans sa tache, lui qui a montré à tant d’âmes le « chemin du ciel ».

C’est comme « vicaire chapelain » d’Ars qu’il est installé en l’Eglise, le dimanche 13 février. Il fut installé par le vieux curé de Misérieux, M. Ducieux. Il vint, entouré du maire, le chercher à son presbytère. Au seuil de l’Eglise, il lui passa l’étole pastorale, symbole de son autorité. Il le conduisit à l’autel dont le jeune prêtre ouvrit le tabernacle, au confessionnal, à la chaire, aux fonts baptismaux. Puis le jeune pasteur célébra sa première grand messe.

En ces quelques mots, nous avons là tout le mystère du saint Curé. Tout son ministère sera centré sur l’autel, sur le tabernacle, sur le confessionnal, sur la prédication, sur la messe.

Il s’occupa plus de son église que de son presbytère. Il voulut l’embellir par respect du Bon Dieu, par respect du saint Sacrement, par l’amour et le respect des saints.

Il commença par la construction du clocher, « un solide clocher de briques, carré et trapu » s’élèvera désormais dans le ciel d’Ars. Il était à peine achevé qu’une seconde cloche, achetée par M Vianney lui-même et qui fut baptisée « cloche du saint Rosaire », y sonna joyeusement, à la main, comme ici, rien était électrique.

« Cloche du Saint Rosaire »

Sa dévotion à la sainte Vierge fut encore un moyen du curé pour convertir sa paroisse. Il entreprit, de fait, d’agrandir la chapelle latérale de l’autel de la Sainte Vierge, « selon son cœur ». Les travaux furent menés rondement. Commencés en janvier 1820, ils étaient achevés pour le 6 août, fête patronale. Le saint Curé aimait y prier et chaque samedi, il y célébrait la messe. . Il fit élever à ses frais une deuxième chapelle qu’il dédia à saint Jean Baptiste. Elle fut bénite et inaugurée en la fête titulaire. Il y fit inscrire : « Sa tête fut le prix d’une danse ». Il perça en 1837 une autre chapelle latérale dédiée à sainte Philomène puis une autre, la cinquième, placée sous le vocable des saints anges, puis une autre dite : « chapelle de l’Ecce Homo ». J’en tire, MBCF, une première conclusion : le saint Curé a développé auprès de ses fidèles le culte des saints. Nous ferons de même. En leur vie, nous trouvons des modèles à imiter. Nous voudrons les suivre sur le chemin de vie. Ici, nous avons saint Roch, saint Jérôme, saint Michel, saint Espédite, la sainte Vierge, saint Antoine Nous saurons les honorer pour marcher à notre tour résolument sur le chemin du ciel.

J’ai parlé aussi de la chapelle dite de « l’Ecce Homo ». Le curé d’Ars eut ainsi une dévotion particulière pour la Passion de Christ, pour son chemin de Croix, son Sacrifice. C’est bien en effet la contemplation du sacrifice de la Croix qui est la raison de notre charité nourrie en vers NSJC : « En ceci nous avons connu l’amour, c’est que Jésus a donné sa vie pour nous…Et nous, nous y avons cru. Dieu est amour et celui qui demeure dans l’amour, demeure en Dieu et Dieu demeure en lui ». (1 Jn 4) Voilà la racine de la sainteté et sa consommation..

Et c’est enfin en 1845 qu’il construira un autre chœur pour recevoir dignement le maître autel.

C’est son église qu’il embellit.

C’est son église qu’il aima.

C’est cette église d’Ars que les fidèles aimèrent. C’est cette église qui est le lieu de la gloire de Dieu. C’est le lieu du tabernacle. C’est le lieu de la Présence Réelle. Rien, pour le Curé d’Ars, n’était trop beau pour embellir la sainte église : les nappes, les ornements, les ciboires, les calices, les chandeliers. Il aimait son Seigneur et Maître. Il voulait l’honorer. C’est ainsi qu’il communiqua à ses fidèles l’amour de l’Eglise, du saint Sacrement.

C’est ainsi qu’il engendrait dans le cœur de ses fidèles, une « vraie piété », celle qui naît d’une belle liturgie qui se déroule dans le recueillement, dans l’adoration. Tout y doit coopérer. Aucun effort n’est superflu : de la chorale à la prédication, de la prédication à l’orgue, de l’orgue aux enfants de chœur, des enfants de chœur aux fidèles contemplants, des enfants de chœur au thuriféraire, du thuriféraire au porte croix, du porte croix aux acolytes.

Voilà ce qui convertit les fidèles et les enfants. Voilà ce qu’aiment les fidèles. Voilà ce qui permet l’adoration et l’adoration l’amour du Maître. Oui, c’est NSJC qui est au cœur de la liturgie. La liturgie n’a pas pour but de fêter l’Assemblée. La liturgie a pour but d’honorer le Maître et c’est parce que le Maître est adoré et aimé que l’assemblée des fidèles est dans la joie. Non e converso, bien sûr !

Ah ! Quel drame, cet humanisme moderne qui se « fête » et qui reste « centré » sur lui-même et qui a pénétré le cœur de certains prêtres, a fait de mal à la liturgie romaine et latine. Il est temps de se ressaisir comme nous y appelle le pape Benoît XVI. Il le dit entre autrs dans son discours de jeudi dernier, fête d’obligation en Italie, du saint Sacrement. Il s’écriait à la fin de son homélie : « Aujourd’hui, il existe le risque d’une sécularisation latente également au sein de l’Eglise, qui peut se traduire en un culte eucharistique formel et vide, dans des célébrations, privées de la participation du cœur qui s’exprime dans la vénération et le respect de la liturgie. La tentation est toujours forte de réduire la prière à des moments superficiels et hâtifs, en se laissant submerger par les activités et par les préoccupations terrestres ».

L’amour des saints, l’amour de l’autel, l’amour de la liturgie, l’amour du saint Sacrifice de la Croix, l’amour de la sainte Eucharistie semblent bien être les moyens qu’utilisa le Curé d’Ars pour convertir ses fidèles. Mais aussi son amour de la sainte Vierge.

Cet amour marial fut notable.
Nous avons parlé déjà de la 2ème cloche qu’il fit installer et qu’il baptisa en l’honneur du saint Rosaire.

Il faut en effet insister sur cette dévotion mariale. Quelle joie fut la sienne lors de la définition du dogme de l’Immaculée Conception par le pape Pie IX en 1854. A cette occasion, le saint Curé manifesta une allégresse extraordinaire, enthousiaste, débordante. En novembre 1854, tandis que Rome s’apprêtait à célébrer magnifiquement la définition du dogme de l’Immaculée Conception, le curé d’Ars préparait son humble paroisse à solenniser ce grand événement. « Quelques jours avant la proclamation de cette vérité de foi, raconte la baronne de Belvey, j’ai entendu le serviteur de Dieu prononcer un discours de circonstance dans lequel il rappela avec des transports de joie tout ce qu’il avait fait pour Marie Immaculée. Un frisson passa dans l’auditoire quand il s’écria en terminant : « Si, pour donner quelque chose encore à la Sainte Vierge, je pouvais me vendre, je me vendrais ». Folie de saint !

Ainsi la fête qui se préparait était l’occasion pour le curé de témoigner à Notre Dame, une affection vielle de 60 ans. Il avait aimé Marie dès l’enfance. Prêtre, il aimait travailler de toutes ses forces à l’extension de son culte. Ars, en effet, était devenu une cité « mariale ». Sous chaque toit, il y avait une image de la mère de Dieu, offerte par le curé. En 1844 l’abbé Vianney avait érigé une grande statue de l’Immaculée au fronton de son Eglise. 8 années auparavant, le 1 mai 1836, il avait consacré sa paroisse à Marie conçue sans péché. Le tableau qui perpétue cette consécration est placé à l’entrée de la chapelle de la sainte Vierge. Peu de temps après, il fit faire un cœur en vermeil qui est aujourd’hui encore suspendu au cou de la vierge miraculeuse ; les noms de tous les paroissiens d’Ars, écrits sur un ruban de soie blanche sont enfermés dans ce cœur. Et les jours de fêtes mariales, le saint Curé parlait avec enthousiasme de la sainteté de la puissance, de l’amour de Notre Dame

Il se surpassa en la journée inoubliable du 8 décembre 1854 où le pape Pie IX définit en vertu de son autorité que la bienheureuse Marie « a été préservée de toute tache du péché original dès le premier instant de sa conception ». Il chanta lui-même la grand messe. Il étrenna avec jubilation un splendide ornement de velours bleu broché d’or. Le chœur et la nef étaient parés de leurs beaux atours.

L’après-midi, toute la paroisse se rendit en procession à l’école des frères et là, le Curé bénit une statue de l’Immaculée, dressée dans le jardin et dont il était le donateur. Tout le village, le soir, fut illuminé. Les cloches sonnaient, sonnaient, si longtemps… qu’on accourut des paroisses voisines pensant que c’était un incendie. Cette fête fut vraiment un des plus beaux jours de sa vie. Il paraissait rajeuni de 20 ans. Jamais enfant ne fut plus heureux de voir triompher sa mère. C’est lui qui avait inspiré et organisé cette immense manifestation de joie.

Amour de l’autel.
Amour de l’église
Amour des saints.
Amour de la Sainte Vierge.
Voilà le chemin du Ciel.

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